Il y a de la friture sur la ligne !
L’actualité, telle que nous la vivons, dans tous les domaines : médiatique, financier, économique, social, politique…, montre que la société devient victime des progrès fantastiques accomplis dans le monde de l’information et de la communication. Comme toujours, on glorifie les intérêts présents ou possibles de certaines avancées, mais jamais les inconvénients déjà existants !
Informer signifie mettre en forme, donc donner du sens, de l’émotion.
Communiquer, c’est partager, mettre en commun.
L’association a donc pour but de faire partager du sens entre tous.
Alors qu’on aurait pu penser, tout au moins espérer, que le développement et l’extension des technologies dans ce nouveau monde basé sur la communication, pourrait être la source d’un progrès considérable dans la qualité des échanges, de la diffusion de la connaissance, de la culture, de la compréhension, donc de l’entente entre les personnes et les états, on constate qu’il n’en est rien, bien au contraire. Observons et écoutons la vie de tous les jours :
«Tout le monde veut parler, tout le monde communique avec tout le monde en réseaux innombrables.» dit Michel Serres.
Si on laissait à chacun, à tour de rôle, le temps de profiter de l’information c’est-à-dire de réaliser les opérations de base :
recevoir l’information, la stocker, la transformer en savoir, réfléchir et diffuser son opinion par le biais de la communication,
chacun pourrait avancer et faire avancer. Or ce n’est pas le cas car tout le monde parle en même temps et n’écoute pas l’autre ; c’est le matraquage, la mitraillette dialectique se déchaîne dans tous les sens, de plus en plus fort et vite.
Les mots ne parlent plus, n’instruisent plus, ne chantent plus, n’émotionnent plus, ne rêvent plus, n’expliquent plus :
Ils font du bruit.
Les médias, les réseaux sociaux, le langage politique, économique, financier, social… génèrent un «bruit» intense et perpétuel,
c’est ce fond qui manque le moins.
Les messages, réduits souvent à des slogans, s’entrecroisent, se superposent, se contrarient, souvent falsifiés ou incomplets, parfois incompris ! Bien des tragédies de l’histoire en ont découlé; c’en est une en politique actuellement.
Cette pulvérisation des annonces, souvent non vérifiées et non «digérées», parasitent et tuent l’information et la communication.
Le bruit asphyxie, étourdit, anesthésie, insensibilise; c’est la lassitude, le désintéressement, le renoncement, le sauve qui peut personnel, le repli sur soi, pour certains ; pour d’autres, c’est l’utopie et bien plus grave, la violence et les extrémismes.
Tout cela, bien sur, profite :
- À la «cuisine» qui alimente la vie politique, économique, financière, sociale, etc.
- Au blanchiment intouchable des comportements scandaleux,
- À l’indignité nationale qu’est la fraude fiscale. Par contre, nous affirme-t-on, il faut prendre «les mesures indispensables et prioritaires» !!!!, c’est-à-dire faciliter la précarité, la destruction du collectif au profit de l’individuel, l’effondrement de la protection sociale !
- À la dynamique antisociale, révolutionnaire et totalitaire.
J‘ai beaucoup apprécié la façon imagée dont Michel Serres explique et aborde la façon dont le «Parasite» s’insinue dans la société.
Pour lui, dans «Les bijoux de la Castafiore», Hergé montre les fondements positifs de l’échange en évoquant ses ratés.
«Au château de Moulinsart, on ne sait plus qui parle, qui écoute, qui répond…il est envahi par les vocalises et le bruit des gammes ; le Capitaine répond au téléphone où l’on demande la boucherie Sanzot, mais il s’adresse en fait au perroquet Coco, en le traitant de vieille perruche ; la demanderesse prend l’insulte pour elle, elle se dispute avec le Capitaine qui se fait mordre par le perroquet….
Bilan: erreur à l’émission, faux dialogue, quiproquo, blessure à la réception, victoire finale du bruit. La communication est nulle et non avenue. Du brouillage de la télévision à la déformation des noms par la Castafiore, l’album est un véritable traité du parasitage.»
Telle est l’atmosphère dans laquelle nous vivons.
Dans les relations rapprochées comme à l’école, dans les cités et la vie de tous les jours, c’est aussi l’incompréhension ; c’est l’invasion des sigles, des termes anglo-saxons ; on assiste de plus à une déconnexion, à la fois sur le langage, la pensée, la présence au monde, l’intelligibilité des choses. «Rien n’est plus dangereux que l’apparition d’une langue appauvrie et verrouillée, d’un patois dissident, au sein de la cité ;..
Les mots sont perdus et on ne s’entend plus.»J-Cl Guillebaud.
Pour M.Serres, le sujet de la parole s’est évadé, le langage en miette défait l’homme.
«C‘est le paradoxe de la société de communication, elle est devenue une société de l’incommunicable.»
Les acteurs de l’information et de la communication, c’est-à-dire tout le monde, envahissent l’espace au maximum et engendrent le minimum.
C’est le visage sublime et absurde de la communication ratée : tout est parasité
par Georges Vallet
Crédit Photo : le Républicains lorrain
« Les mots ne parlent plus, n’instruisent plus, ne chantent plus, n’émotionnent plus, ne rêvent plus, n’expliquent plus :
Ils font du bruit. »
Entre les cris âcres de la pie se moquant du chat (ce matin), les miaulements de Trompette, quatre chatons à allaiter, et les merles qui sifflent le soir dans les branches, et ma petite femme qui me susurre je t’aime à l’oreille, je survis peut-être à la folie des hommes !
Mais c’est de courte durée : les gendarmes (à côté de chez nous) ont lancé une opération « chats errants ». Léo, Mimosa, Trompette, Zig, Puce, Lapin, Queue coupée, le Tigre, les quatre tout petits (Pim Pam Poum et Capitaine) vont finir à la SPA, sans compter les chats sans nom qui nous environnent depuis un ou deux ans…
Les mots ne parlent plus, ils hurlent et rendent sourds !
https://www.youtube.com/watch?v=jRYv_FijW-k