Les grandes compétitions internationales : est-ce vraiment une bonne affaire ?

0
(0)

GV 06 11 mediaLa pression par les médias atteint des doses hallucinantes ; le ras le bol est à son comble pour ceux, et c’est leur droit, dont le sport professionnel, en tant que spectateur, payant ou pas, n’est pas la tasse de thé !

Si encore la réussite d’une telle prestation pouvait améliorer sûrement l’économie française, diminuer le chômage, augmenter le pouvoir d’achat des salariés, renforcer la sécurité ! Mais,

Rien n’est moins sûr !

Rappelons que l’Euro 2012 a provoqué une dette gigantesque en Pologne, qu’actuellement, pour trois semaines de matchs dont l’issue victorieuse pour les «bleus» est incertaine, 1,7 milliard d’argent public est engagé.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Rue 89.

Dans le quotidien Sud Ouest de jeudi dernier, l’interview de Richard Duhautois, chercheur au Centre d’études de l’emploi, apporte quelques lumières plus circonstanciées, à celles déjà présentes dans l’esprit de chacun.

Pour lui, les retombées ne sont pas systématiquement gagnantes. Cela dépend des études car il en existe deux types :

celles qui sont faites avant et celles qui sont faites après !

Les résultats ne sont jamais les mêmes !!!!

>Avant, c’est réalisé par l’UEFA pour l’Euro, la FIFA pour la Coupe du monde, le CIO pour les Jeux Olympiques ; les prévisions, jamais tout à fait objectives, sont toujours positives ; pour l’Euro 2016 les retombées devraient être de 1,6 milliards d’euros.

>Après, pour le bilan auprès des citoyens, on comptabilise ce qu’on veut ! Bien des dépenses, suivant les besoins et intérêts politico-économiques, ne sont pas envisagées. D’autre part, la répartition des profits et des pertes, suivant les secteurs, n’est jamais énoncée.

Ainsi :

  • D’un côté, les gains des entreprises privées de construction (BTP), de bureautique, de conseils, les financiers bénéficiaires des emprunts contractés, le commerce local, les médias, ……, trouvent, au moins dans l’immédiat, des avantages pouvant être importants ; or, c’est toujours l’immédiat qui compte, donc tout est pour le mieux !
  • De l’autre, il conviendrait de comptabiliser les dépenses supplémentaires énormes pour l’État, afin de développer le renseignement, l’organisation, l’entrainement, la codification des mesures… pour la gestion de base d’une part, et surtout celle que les menaces terroristes, en «vigilance rouge», font peser sur les spectacles et les spectateurs. Le service public, déjà affaibli par les économies souvent drastiques réalisées, est sous pression permanente : police, pompiers, armée, urgences de l’hôpital, remboursements par la sécu des malaises, accidents,…. Ces dépenses, payées par le contribuable, seront-elles récupérées sous forme d’impôt provenant de ceux qui ont fait des bénéfices ? Là aussi :

Rien n’est moins sûr !

Pour l’économiste Richard Duhautois, les différents travaux n’ont jamais réussi à montrer l’existence d’un impact positif :

«Il n’y a pas d’effet sur la croissance, le taux de chômage ou l’activité touristique.»

Comme toujours, quand, en économie ou en politique, on veut favoriser et démontrer l’intérêt financier pour quelques uns, on ne considère jamais la situation dans son ensemble mais seulement très partiellement. Comme je l’ai dit cent fois, on ne voit, par intérêt, pas plus loin que le bout du nez ; alors que

le problème à aborder est complexe et systémique, on l’aborde toujours de façon linéaire donc réductionniste !

Exemples :

  • Si on considère l’afflux de touristes étrangers qui viennent en France pour la manifestation, le bilan est positif au niveau commercial ; on oublie de déduire que ces touristes venus en juin ne viendront pas en juillet. De plus, ceux qui seraient venus en France en juin pour d’autres raisons comme la tranquillité en dehors de l’afflux estival, ne viennent pas car les prix des hôtels, des restaurants… s’envolent… Pourront-ils ou voudront-ils venir plus tard ????
  • Les inconvénients supplémentaires, non chiffrables, comme l’angoisse justifiée d’attaques terroristes, l’énervement…, pour ceux qui travaillent pendant ce temps de «réjouissance», du fait, et indépendamment des grèves,  d’une circulation bloquée, déviée, des parkings surchargés pour garer le plus près possible de son lieu de travail, de la perte de temps donc, des éventuels remarques désobligeantes, au mieux, du fait de retard, des responsables du personnel dans le milieu professionnel.
  • Une autre retombée indirecte est souvent sous-estimée ; les structures nouvelles ou adaptées aux besoins du moment seront-elles un avantage ou un fardeau dans l’avenir du fait de l’entretien à réaliser, de l’utilisation plus ou moins rentable par la suite. Bien des constructions importantes sont conclues en P.P.P, ce qui contribue à alourdir la dette pour nos descendants.

Les J.O. de 2004 ont ruiné la Grèce.

  • L’événement a sans doute créé des emplois, juste pour des besoins très provisoires, des entreprises en ont profité pour vendre du matériel adapté à la circonstance, souvent bleu blanc rouge, mais combien de temps cela va durer ? Créer des emplois très précaires, ce n’est pas lutter contre le chômage !

« Ce sont des pédasses ! »me  disait un paysan d’Amou ! (1}

Qui a occupé ces emplois ? Pour quel salaire ? C’est la cascade des profits des sous-traitants, donc de ceux qui ne font rien et qui exploitent des travailleurs étrangers et entretiennent le chômage des Français.

L’avantage annoncé est un mythe, une dépense supplémentaire pour l’État, sans contre partie,  ou alors c’est l’injure si on ose augmenter les impôts locaux. L’argument positif est entretenu par les organisateurs, des entreprises, et par les politiques locaux qui pensent en retirer un impact électoral.

Pour Duhautois, certains avancent qu’il y a quelques effets positifs : les gens sont plus heureux, le nombre de suicides diminue.

>Heureux ? Est-ce le bon mot ? Ils oublient pendant ce temps la galère de la vie quotidienne et pour certains leur esprit revendicatif ; l’intérêt est donc triple : ils apportent de l’argent, ils ne revendiquent pas, ils épuisent leur adrénaline. Illusion, exaltation, émotion, plus que bonheur !

>Les suicides ? Cela reste à approfondir ! Admettons, mais ne faudrait-il pas ajouter le nombre de morts supplémentaires du fait de l’alcoolisation : si la Garonne pouvait parler !!, des stupéfiants, des bagarres entre supporters… Marseille a déjà des problèmes avec ses étrangers, il faut qu’elle canalise en plus les  rivalités entre les supporters irascibles Russes et Anglais !

Quant à l’intérêt pour l’image de la France évoqué souvent, notre économiste prétend qu’il ne pourrait éventuellement être perceptible que sur le long terme. Comment comptabiliser l’avantage d’un événement sportif sur quelque chose qui aura lieu dans 4 ou 5 ans ? D’autant plus que d’ici 4 ou 5 ans il se passera bien d’autres événements imprévisibles !

«L’un des pires démons de la civilisation technologique est la soif de croissance, laquelle est attirée par d’innombrables facteurs institutionnels allant du prestige international à la promotion immobilière et à d’autres formes de publicités commerciales.» René Dubos

Par Georges Vallet

 

(1)« pédasses » terme landais qui signifie  des bouche-trous. Quand le pantalon est troué on y met des « pédasses » pour boucher les trous!

 

crédit photos: europe1.fr

 

 

 

 

 

Notez cet article

Cliquez sur une étoile

Note moyenne 0 / 5. Nombre de note : 0

Aucun vote jusqu'à présent ! Soyez le premier à noter cet article.

Nous sommes désolé que cet article ne vous ait pas intéressé ...

Votre avis compte !

Souhaitez vous nous partager un avis plus détaillé ?

Un commentaire

  • « pédasse »
    Complément d’information.
    Terme d’origine occitane utilisé jadis aussi en provençal, par exemple dans:
    Cristoou et Fresquière ou la queue de l’âne arrachée
    comédie en un acte et en vers provençaux. 1825

    Cristoou
    Monssié, qui fa le trou il faut qu’il le pédasse