Anonymat, pseudonyme et courage…
Cela n’a pas manqué ! Une fois encore, un internaute mécontent de ce que j’écris, a choisi de fustiger ma présumée couardise parce que je m’exprime sur Alternatives Pyrénées sous couvert d’un pseudonyme. Pour certaines bonnes âmes, comme mon détracteur, intervenir sous une identité virtuelle relèverait de la pleutrerie ou de la dissimulation. En fait, chacun peut avoir de bonnes raisons d’utiliser un pseudonyme, raisons qui n’ont rien à voir avec le courage supposé de leurs utilisateurs.
Sur Alternatives Pyrénées, nous sommes nombreux à agir ainsi, y compris des membres bien connus du bureau de l’Association. En vérité, le recours au pseudonyme est depuis longtemps généralisé sur l’ensemble des réseaux sociaux. Certains internautes utilisent même plusieurs pseudos, choisis en fonction des réseaux auxquels ils appartiennent ou du thème de leur intervention.
Il faut d’abord noter que le recours au pseudonyme est un droit reconnu et même encadré par la loi, notamment par le code de la propriété intellectuelle. Les pseudos ne fleurissent pas que sur internet. Leur usage est fréquent dans le domaine artistique. Les pseudonymes sont aussi couramment utilisés par certains hommes politiques ou hauts fonctionnaires quand ils signent des tribunes publiques dans la presse.
Ensuite, qui dit pseudonyme ne dit pas anonymat. Plus personne n’est anonyme sur la toile. Avec l’adresse IP, il est très facile de retrouver l’auteur de n’importe quel message. Pour intervenir sur Alternatives Pyrénées, nous devons fournir une adresse internet valide qui rend encore plus facile notre identification. En ce qui me concerne, la direction d’Alternatives Pyrénées connaît parfaitement mes véritables noms et prénoms ainsi que mon adresse. Cela ne me gêne en aucune mesure car j’ai confiance dans leur discrétion.
Dès lors l’usage d’un pseudonyme ne dégage pas les internautes de leur responsabilité envers ce qu’ils écrivent sur les réseaux sociaux. Beaucoup s’en sont rendus compte à leurs dépens. En cas de dépôt de plainte, suite à des messages diffamatoires ou injurieux, la justice pourra se procurer sans difficulté les coordonnées réelles de l’internaute indélicat et des poursuites pourront être engagées.
Alors pourquoi utiliser un pseudonyme ? Les raisons en sont multiples. Pour de nombreux internautes, il s’agit de créer une distinction entre sa vraie vie et sa vie sur la toile. Le pseudonyme permet de se créer une nouvelle identité, virtuelle celle là ; Dès lors, une nouvelle vie, une seconde vie s’offre à nous, partagée avec les membres du réseau que nous avons librement choisi de fréquenter. L’usage du pseudo va faciliter la libération de l’expression, permettre d’échanger positivement et utilement et sans doute améliorer l’image que l’on a de soi. Il n’y a rien de mal à cela, bien au contraire, dès lors que cette autre vie donne à tout un chacun la possibilité de s’épanouir grâce à la toile.
Il faut savoir que l’un des principaux opposants à l’anonymat sur la toile est Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. La raison en est bien simple : si les internautes se construisent des vies imaginées, il devient plus difficile de s’en approprier les coordonnées réelles et de déterminer leur profil précis de consommateur, cher aux annonceurs.
L’utilisation d’un pseudo peut aussi relever de raisons plus prosaïques. Nous ne sommes pas tous entièrement libres de notre expression. Nous pouvons chercher à éviter que notre famille ou nos connaissances soient au courant de notre vie virtuelle, simplement par pudeur ou retenue. Nous pouvons aussi vouloir protéger un parent ou un proche de la publicité donnée à nos propos, bonne ou mauvaise. Parfois, il s’agit d’éviter que notre employeur ou nos collègues soient au courant de notre activité d’internaute, surtout si l’on écrit sur des thèmes qui pourraient être perçus comme contraire aux intérêts de la société qui nous emploie… ou simplement parce que l’on veut éviter le reproche d’utiliser son temps de travail à d’autres fins que celles pour lesquelles on est payé.
Bien sur, l’utilisation de pseudos peut conduire à des dérives nuisibles. Ainsi les fauteurs de trouble, dénommés « trolls » ont plus de facilité à étaler leur capacité de nuisance sur les réseaux. Mais ils restent très minoritaires. En outre facilement repérables, ils sont généralement vite isolés par les autres utilisateurs tandis que les gestionnaires du réseau ont toujours la possibilité de bannir leur compte.
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. L’utilisation de pseudonymes obéit généralement à des motifs légitimes. Elle a permis une appropriation collective d’internet et une créativité sans égal des internautes. En y voyant un manque de courage, on se prive de comprendre les motivations véritables des acteurs de la toile.
Émile
Rien de neuf dans tout cela, et on ne sait toujours pas pourquoi Emile signe Emile…
Emile serait-il un transfuge de Romain Gary, inventé par Ajar?
Quid dames !
Je suis tout à fait d’accord !
Anne HONYME.