Réflexions sur le baccalauréat.

Avant de faire une analyse plus approfondie du problème, on peut constater que cette valeur déclinante ressentie s’inscrit dans une évolution continue, depuis x années, des diplômes.
Pour mes grands-parents, le certificat d’étude était une valeur sûre pour s’insérer dans la société et dans le monde du travail.
Pour mes parents, le certificat d’étude était dévalué, le brevet élémentaire le remplaçait; il était devenu nécessaire, par exemple, pour passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale.
Pendant mon enfance, le bac représentait une qualification intellectuelle et une nécessité pour passer le concours d’entrée à l’EN, entrer à l’Université et un plus pour trouver une embauche qui, à l’époque, d’ailleurs, ne posait pas de vrais problèmes.
Pendant mes activités professionnelles, le bac s’est dévalorisé car pour passer le concours de professeur des écoles il a fallu le niveau Bac+2 puis Bac+3. Maintenant, les mentions interviennent pour s’orienter.
Allons-nous vers son aménagement, sa disparition, son remplacement?
Cherchons des explications possibles à cette «dévaluation»progressive. Pourquoi une telle escalade pour poursuivre des études et entrer dans le monde du travail?
En réalité, si le nom de «bac» n’a pas changé, le contenu s’est totalement transformé, dans le fond, la forme, la diversité. On ne parle plus de la même chose!
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Les candidats ne sont plus les mêmes, ils n’appartiennent plus au même milieu social.
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Les objectifs du bac ne sont plus les mêmes non plus; on est passé d’une vérification d’un niveau culturel à un critère pour entrer dans l’enseignement supérieur dont l’objectif lui aussi a changé, ou intégrer un monde du travail de plus en plus évolutif. Jadis il fallait un certain niveau de spécialisation pour entrer dans une profession que l’on pratiquerait toute le vie; maintenant il faut un éventail étendu de connaissances et de savoir-faire, de base, pour s’adapter à changer de profession plusieurs fois dans la vie.
Jadis, on demandait à une élite sociale d’acquérir une culture et de suivre les avancées de la connaissance; maintenant on demande à l’enseignement de masse de s’adapter à l’évolution des besoins de l’économie.
Il y a un décalage de plus en plus large et profond entre l’évolution ultrarapide de la technologie, et la lenteur contrainte de la diffusion de la connaissance et de son appropriation par l’enseignement. Il faut des années pour former des ingénieurs dans une infinité de domaines, il faut quelques jours parfois pour créer une nouveauté technologique et obtenir le personnel compétent pour la gérer.
Le diplôme court, sans jamais les rejoindre, après les besoins des entreprises!
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La mondialisation nécessite d’élargir l’éventail des matières, les langues en particulier; la technologie impose une maîtrise de plus en plus grande des matières scientifiques….Vouloir définir un niveau d’ensemble est irréel; bien des choses ne sont plus enseignées, elles sont remplacées par d’autres qui ne l’étaient pas. Pour comparer?
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Au nombre limité de filières adaptées aux exigences de jadis pour la classe sociale qui accédait au lycée, on a substitué de multiples orientations du fait de la diversité des candidats qui arrivent au bac et des débouchés spécialisés qu’il faut approvisionner. D’où des différences de nature et non de valeur. Vouloir en faire une valeur globale et comparer dans le temps, cela n’a aucun sens!
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Les méthodes, le contenu, les exigences pédagogiques sont très différents; il s’agit de moins en moins de savoir (internet y pourvoira!), mais d’aptitude à l’analyse, la réflexion, et à l’adaptation au changement. Les résultats montrent par exemple que de brillants ingénieurs font plein de fautes d’orthographe! Scandaleux pour nous autres, à la retraite! Peu important, la machine est là! D’ailleurs de plus en plus, c’est en vrai faux anglais que l’on échange!
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Les nouveaux outils de diffusion de l’information nécessitent un comportement différent face à l’acquisition des connaissances; l’esprit critique est devenu une nécessité, peu abordée jadis, car la connaissance annoncée n’était pas mise en doute. L’enseignement doit en assurer la formation.
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Les options participent à l’obtention des mentions, un peu à l’américaine: le sport…..Si cela montre un éventail de compétences nouvelles, ce n’est pas forcément la preuve d’une maîtrise plus importante dans le fond de la filière choisie. Cela complique la sélection pour les orientions post bac. Par contre, le fait d’avoir des compétences musicales, en sport, en ski, en langues diverses est la preuve d’un esprit ouvert et plus facilement globalisant, qualités qui peuvent être un plus dans un CV.
Ce ressenti de l’abaissement du niveau du bac, du fait de l’augmentation des % de réussite, doit donc être abordé avec plus de discernement que la critique. Je pense que c’est plutôt une bonne nouvelle. Ce n’est pas parce qu’il y a plus de bacheliers qu’ils sont forcément plus faibles! La diversité des filières permet à la diversité des personnes de mieux réussir et de mieux s’intégrer dans la diversité des besoins; si cette intégration ne se fait pas c’est un autre problème!!!
Bon nombre d’entre nous, parmi les critiqueurs professionnels auraient beaucoup de mal pour passer le bac actuellement. je serais bien incapable de répondre à des masses de questions posées dans les différentes filières, à comprendre même parfois les questions! L’étendue des matières enseignées n’a rien à voir avec notre passé.
Le niveau a, au contraire, considérablement augmenté!!!!!
Plus nuls qu’avant? Cela dépend des critères et de l’échelle de référence choisie.
Une faiblesse existe pourtant, il ne faut pas le nier; elle est redoutable car ce sont les piliers des échanges, de la compréhension, de la vie sociale….
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En français: pauvreté du vocabulaire, de l’expression…, ce qui limite la compréhension des questions, des textes, etc., cela retentit sur tout le reste. Notre langue n’est pas facile, elle est d’une très grande richesse en subtilités qui donnent du sens; la massification et le pluralisme des origines est à considérer!
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En Mathématiques c’est aussi capital; c’est «une langue» et la base de la compréhension des disciplines scientifiques et de la technologie, incontournable pour évoluer dans la société actuelle.
Des efforts sont indispensables pour y remédier, non pas dans les classes terminales, mais bien avant, dans le premier cycle!
>Remplacer le bac:
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Par un contrôle continu est on ne peut plus inégalitaire.
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Par des QCM, c’est lui retirer toute considération intellectuelle synthétisante et globalisante; la place laissée au hasard est importante, c’est écarter l’aptitude à rédiger et à exprimer sa pensée, le morcellement des connaissances interrogé ne permet pas de juger l’aptitude à la synthèse, c’est le retour à la conception de l’homme machine! Et, en plus, l’organisation serait aussi difficile, longue et coûteuse!
>Supprimer le bac alors que l’on multiplie, dans tous les domaines, les indicateurs de référence permettant de définir un niveau: compétitivité, pollution, finance, danger dans tous les domaines, état de santé, vitesse, rythme de travail….., c’est je crois chercher à faire des économies financières mais pas des économies d’efficacité dans les bilans, les orientations et les embauches; le bac n’est qu’un indicateur mais il est utile; d’autre part, c’est une étape dans la vie, une mise à niveau d‘une valorisation personnelle pour les jeunes, un contact avec les réalités des difficultés de la vie, un renseignement pour la nation afin d’évaluer le niveau intellectuel moyen de sa population: un autre P.I.B.:
le Potentiel Intellectuel de Base.
Si le niveau des bacheliers est jugé insuffisant, il est grand temps alors de se poser la question de ceux qui ne l’ont pas!
Complément intéressant:
http://www.letudiant.fr/bac/conseils-methodo/pourquoi-le-bac-vaut-encore-quelque-chose.html
Par Georges Vallet
crédit photos:digischool.fr
Le bac change de nature, comme la vie ! Sans doute qu’il n’est plus du même niveau qu’il y a 50 ans, mais les conditions de vie étaient différentes. Alors, pourquoi comparer ? Faisons-le évoluer, comme le brevet des collèges.
Deux choses :
C’est pourtant bien le contrôle continu qui compte, même si le mot n’est jamais prononcé, pour l’admission dans la grosse majorité des filières post-bac : la sélection se fait sur le dossier de 1ère et Terminale bien avant que le résultat du Bac soit connu, ce qui revient totalement à un contrôle continu. Certaines filières (une minorité) mettent en plus des conditions de mentions, mais c’est bien le dossier qui reste la première étape de sélection.
C’est tout sauf un argument, ça ! Se remettre dans un contexte d’examen scolaire, portant sur un programme précis, ne s’improvise pas quand on est passé dans le monde professionnel avec des habitudes de travail complètement différentes. Ca ne permet absolument pas de conclure sur la variation (ou) de niveau du Bac entre hier et aujourd’hui.
Monsieur Vallet avance »maintenant on demande à l’enseignement de masse de s’adapter à l’évolution des besoins de l’économie ». Une demande, où le »on » ne paraît surtout pas émaner du ministère de l’Education nationale.
Pendant des décennies l’honneur(?) des syndicats de profs a été de revendiquer haut et fort que l’enseignement devait refuser l’intrusion(!) de l’économie. Avec leur diatribes virulentes contre les voies de formation en alternance, où des »patrons » sont amenés à transmettre des connaissances, un savoir-faire et, très souvent, un savoir-être à ces jeunes.
Tout n’est pas perdu , c’est la société civile qui rue maintenant contre ces conservateurs honteux et qui attend un renouveau des idées. Il n’y a qu’à voir l’intérêt soulevé par E. Macron.
Une occasion de sourire: on observe le virage en cours de l’Onisep
http://rue89.nouvelobs.com/2016/07/13/fait-youtubeur-cest-metier-264575
Compte tenu du coût de l’organisation du bac, le supprimer devrait permettre « des économies financières. Est ce certain ?
Majoritairement, les professeurs considèrent que le remplacement du bac par une décision prise par le conseil de classe suite à un contrôle des connaissances se traduirait par un taux de redoublement de la terminale en nette augmentation. Et ces redoublements ont un coût.
Supérieur au coût du bac ?
A calculer , mais je pense que le calcul a été fait …
Pierre Lafon.