Jérôme de Kréville une histoire moderne

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Quand Jérôme Kerviel devient Jérôme de Kréville et que la véridique histoire est en fin révélée par ce diable de PYC.

Acte 2 le staff delta one qui accueille Jérôme.

Eudes de Glanville : le chef

En fait le desk où Jérôme était affecté, avec son nom improbable de section d’assaut ou de commando de film de série Z, possédait dans la banque une position aussi particulière qu’éminente : Une position d’élite, agissant en électron libre, avec des conditions de travail et des règles tout à fait dérogatoires compte tenu des personnalités atypiques et prestigieuses qui le constituaient. Des personnalités singulières, excessivement brillantes, que n’importe quelle banque du monde auraient souhaité s’attacher. Ce prestige ne venait par forcément des volumes des profits engendrés. Ils n’étaient pas systématiquement les plus élevés. Mais par la nature des nouveaux produits inventés presque en jet continu et avec lesquels les autres desks ou centres de profit après les avoir intégrés à leurs panoplies généraient des montagnes de cash au profit de la banque.

Le desk delta one de la société générale n’était constitué que de sept titulaires qui, à la différence des autres desks, ne possédaient pas la dénomination de « chief traders » ou de « seniors et junior traders ». Mais, à l’exemple des banques d’affaires, étaient désignés par leur fonction propre au desk auquel ils appartenaient ou de leur fonction à l’intérieur de l’organigramme général de la banque ou de son conseil d’administration.

Le comité de direction propre au desk était dirigé par Eudes de Glanville, baron de son état.

C’était un homme tout à fait paradoxal. Par son patronyme, son statut historique, ses costumes rayés de la meilleure coupe son maintien et son éducation il pouvait passer comme la quintessence du banquier à l’ancienne. Polyglotte et distingué.

C’était pourtant un littéraire dans ce monde préempté par les ingénieurs et les mathématiciens.

A l’école normale supérieure de la rue d’Ulm, dans les années 70,en lisant Braudel,  il avait préparé un doctorat d’histoire médiévale et avait pris goût à l’économie au point de préparer, à Harvard, un diplôme spécialisé dans l’histoire des techniques bancaires. Dans la section économique de cette prestigieuse université il avait eu la surprise de constater que l’école française de mathématiques avait pris un temps d’avance dans la modélisation des phénomènes économiques et, singulièrement, dans celle des produits bancaires.  Si bien, qu’après avoir appris les mathématiques idoines, il était revenu en France en 1975. Il était alors considéré comme un des meilleurs experts mondiaux dans le domaine des mathématiques financières en plus de ses compétences en économie classique et de son excellent background culturel. Une sorte de mouton à cinq pattes de la finance désormais mondialisée.

C’était une intelligence forte et originale. Avec un sens de l’humour aiguisé et subliminal, que seuls les esprits les plus subtils étaient à même d’apprécier. Durant cinq années il s’était retiré sur ses terres normandes dans le fantomatique mais néanmoins somptueux château des Glanville. Il prenait juste le temps de se rendre, deux jours par semaine, à Genève ou à Paris pour donner des conférences et animer des séminaires spécialisés dans le traitement comptable des nouveaux produits financiers. C’était pour les banques les administrations et surtout les agences de notation un sujet d’une importance qui s’avérait tout à fait exceptionnelle. Aussi étaient-elles tout à fait prêtes à les payer aux prix stratosphériques demandés par Eudes de Glanville. Ces rémunérations lui permettaient de faire face aux frais d’entretien du château et des terres à l’entoures qui n’étaient pas données en fermage. Le temps qui restait lui permettait de s’adonner à ses autres marottes.

Par ailleurs en intellectuel curieux et passionné c’était une opportunité exceptionnelle d’avoir sous ses ordres quelques-unes unes des intelligences les plus affûtées et surtout les plus originales du temps. Surtout dans ce monde gris et compassé et un rien servile de la banque traditionnelle comme dans celui des golden boys prétentieux et mercantilistes et, pour tout dire, un peu vulgaire qui prenaient le pouvoir dans ces vénérables institutions. En particulier il était tout à fait impatient de travailler avec Griska Pomarev. Il connaissait, naturellement, les études sur la valorisation des produits dérivés qui devaient être au cœur de son département dont il état un des très rares banquiers à en comprendre l’économie générale. Même si ses capacités mathématiques, pourtant exceptionnelles, ne lui permettaient pas d’en apprécier la dynamique et la substance la plus intime.

Pour cela il avait accepté de passer de très longues journées dans ses tours absurdes où s’agitaient des armées de cadres imbus de leurs personnes. Alors que les technologies de l’information auraient permis de travailler de manière plus efficace et plus rapide dans des petites structures mieux distribuées dans l’espace.

Anna Maria Rilke von Stauffenberg ;

Dans le staff du nouveau service delta one dont, avec son humour décalé, il n’avait pas souhaité modifier la dénomination il allait être secondé par Anna-Maria Rilke von Stauffenberg. Cette femme, encore jeune, était une légende de la banque suisse et germanique. Elle était d’ascendance prussienne et polonaise, élevée en Allemagne de l’Est, avec la rigueur et le charme de ses deux origines.

Ce qui était curieux et amusant c’est que par trois fois les maisons des de Glanville et celle des Rilke von Stauffenberg s’était rencontrées dans l’histoire : Une première fois au cours de la guerre de 30 ans dans les batailles obscures et sanglantes entre Poméranie et Bohême. C’était dans les années 1620 où les forces protestantes et catholiques se disputaient les territoires de l’Europe centrale autant que la défense de leurs foies respectives. Et, une seconde fois, en 1871 où les troupes prussiennes, commandées par le général Heinrich Rilke von Stauffenberg, avaient pris leur quartier général dans une dépendance appartenant aux Glanville dans la vallée inférieure de la Seine. Mais surtout en 1944 quand le grand-oncle d’Anna-Maria qui appartenait à une grande famille catholique de l’Allemagne du sud, peut-être influencé par des écrits religieux trouvés par son ancêtre dans le château des Glanville, avait définitivement décidé de participer à l’attentat manqué contre Hitler. Ce qui l’avait amené à être fusillé et, à Hitler et sa clique nazie, à avancer encore un peu plus dans l’horreur et la désolation.

Anna-Maria était une femme magnifique et lumineuse. Avec un esprit excessivement tranchant subtil et précis. C’était une scientifique de formation. Une physicienne spécialiste de la thermodynamique. Elle avait été formée à Leipzig puis à Tomsk en Sibérie occidentale.  Mais ,à l’écroulement de l’Allemagne de l’Est, en 1989, son diplôme est-allemand ne pouvant lui permit pas de trouver un poste à sa mesure dans la nouvelle Allemagne. Elle fut donc recrutée à Zurich en Suisse alémanique à l’institut de mathématiques financières. A ce prestigieux institut des professeurs de finance, plus curieux que d’autres, comprirent que sa connaissance des mathématiques complexes appliqués à la thermodynamique formaient une base idéale pour se frotter à la nouvelle science financière qui commençait à se développer. Alors, faute de poste dans sa discipline d’origine, elle avait opté pour la finance, sans enthousiasme excessif, mais avec beaucoup de curiosité et tout l’engagement et la détermination dont elle était capable.

Elle possédait , également, une capacité particulière à jauger les hommes autant que les produits financiers sans jamais laisser transparaître ne fût-ce qu’un souffle d’émotion. C’était ,dans le traitement des hommes comme dans celui des produits complexes, un évidente supériorité une manière de briser, à son profit, la symétrie de l’information.

Jean-Martin Soulé Susbielle  :

Le troisième personnage du staff delta one c’était,comme dans beaucoup de bureaux de traders parmi les plus efficients, contrairement à l’image bling-bling qui leur ait accolée,  un garçon calme et travailleur brillant sous son apparence un peu terne et ses complets grisâtres.  Il s’appelait Jean-Martin Soulé Susbielle et était sorti, à 20 ans à peine, major de l’école centrale. Il était monté à Paris depuis son Béarn natal seulement pour suivre son école d’ingénieur. Au lieu de passer ses congés à l’autre bout du monde aux Maldives ou en Floride il rentrait dans la ferme familiale où cohabitaient ses parents et ses beaux-parents dans la plaine de Nay. Entre Pau et Lourdes, entre Béarn et Bigorre. Il était issu d’une lignée de paysans de ce pays complexe de gascons des montagnes à la personnalité puissante modérée et tenace…

Pierre yves Couderc

PS : Rassurez vous il  y a un nombre limité de chapitres

Précédemment : Les Kréville de Hastings à Quimper :
La suite : Jérôme dans la tour d’ivoire

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