Qui réalisera les réformes qu’attendent les Français ?
Question épineuse posée dans de nombreux débats, résolue, bien sûr, par la proclamation des candidats, dans leurs vrais faux discours, mais que certains se posent à l’approche de participations « éventuelles » aux désignations à réaliser aux primaires et ensuite à la présidentielle.
Est-elle une bonne question ?
Suivant le dicton bien connu, «il faut réfléchir avant d’agir !»
1°) Les Français : de qui parle-t-on ?
Bien qu’ils soient, depuis peu, tous «d’origine gauloise», il est prouvé qu’ils sont très différents. La population est loin d’être homogène dans sa constitution, ses besoins, ses «attentes». De nombreux critères les rassemblent ou les séparent : origine et milieu social, situation familiale, âge, profession, homme ou femme, au travail ou pas, région et habitat considérés : vie urbaine ou rurale, engagements…
La question est donc faussée d’avance par manque d’identification précise des demandeurs.
2°) Les réformes sont-elles attendues de tous ? Pas si sûr !
En admettant, quand même, que beaucoup en souhaitent, on est obligé de déduire, compte tenu de l’interrogation précédente, que les réformes souhaitées seront tout à fait différentes suivant les Français et en rapport avec leurs convictions et leurs besoins spécifiques.
Ainsi, beaucoup réclament des réformes de fond visant à diminuer considérablement la pollution de l’air, de l’eau, de la terre, de l’alimentation, source de pathologies graves souvent létales. Motus et bouche cousue !
Avec la gastronomie industrielle, Pierre Rabhi ne souhaite plus « bon appétit, mais bonne chance ! »
D’autre part, dans la systémique complexe de la société en équilibre très précaire, toute modification ou réforme souhaitée par les uns entraine aussitôt des effets secondaires sur les autres, pas toujours à leur avantage ! Toutes les prestations des ténors de la droite sont très primaires, au sens propre et figuré : Suppression massive de fonctionnaires, baisse drastique de la dépense publique, abandon des 35 heures… réduction du pouvoir des syndicats….
Le débat est resté muet sur les conséquences : vie quotidienne, soins, sécurité, éducation, mouvements sociaux violents…….!
La moindre des choses est de l’admettre et d’en tenir compte.
Or, la pensée unique consiste à réformer pour aller uniquement dans le sens des besoins de l’économie libérale française, européenne et mondiale ; le reste est sans intérêt ; peu importe les retombées négatives pour des masses de citoyens. Les ordonnances ou le 49/3, rompez, il n’y a rien à voir, débrouillez-vous !
L’évidence est que les progrès des connaissances scientifiques font évoluer la technologie de plus en plus vite, alors que «la technologie» biologique, donc aussi psychologique, des Français, prend de plus en plus de retard ; elle va à son rythme imposée par la nature. Des aménagements structurels et fonctionnels sont donc nécessaires pour s’adapter à ces transformations et à ces décalages. Pour cela, il convient de :
Réfléchir, expliquer, comprendre, communiquer, prévoir et anticiper.
L’objet des politiques, entre autres, doit être de permettre à tous les citoyens de ne pas être sacrifiés sur l’autel du profit et de la rentabilité, ce ne sont pas des machines ; il est d’anticiper l’avenir au lieu d’attendre la catastrophe de la rupture. Dans une collectivité culturelle comme la nôtre, le devoir des représentants élus est de fournir aide et assistance quand l’individu est en difficulté.
L’empathie est une valeur intrinsèque animale et humaine, liée à la vie sociale. La sensibilité est une troisième dimension a introduire dans l’économie !
Ce n’est pas du tout s’opposer à la mondialisation, c’est s’y adapter et en profiter collectivement, et le plus possible égalitairement : cela passe par la nécessité de prévoir et catalyser des mesures assurant le passage entre les besoins sociologiques du passé et les nouveaux. Avec la numérique, des masses d’emplois vont disparaître, des requalifications seront indispensables ; on le sait ; alors ?
Avant des licenciements prévisibles, inévitables et nécessaires, on doit prendre des mesures anticipées de recyclage et réorientation par une formation appropriée, pour éviter les drames du chômage, de l’exclusion, de la pauvreté…L’accompagnement financier est à partager équitablement par tous.
Oui, c’est possible, mais, hélas, c’est aussi changer de culture !
Ainsi, tous les citoyens retrouveraient la confiance dans leurs représentants élus et dans les entreprises. L’efficacité au travail serait accrue car comment imaginer, comme maintenant, un investissement positif dans son travail, sans considération, avec un CDD de quelques mois, parfois moins, et l’angoisse d’être jeté du jour au lendemain. Le pouvoir et le patronat redeviendraient respectables, ce qui n’est pas du tout le cas en ce moment, en assurant une vie normale pour tous.
«La confiance doit venir d’en bas et le pouvoir d’en haut» Joseph Sieyès
La question est donc aussi faussée d’avance car tous les Français n’attendent pas les mêmes réformes !
Alors, qui est capable de réaliser ces réformes ? Comme la sœur Anne, je ne vois rien venir et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, un individu seul, homme ou femme, ne peut rien faire, il faut une équipe et un programme cohérent, équilibré, tenant compte de tous les citoyens ; or nous vivons le culte de la personnalité ; c’est une grave erreur. Le jeu des « supputations » actuelles, à longueur de journée, par les médias, le théâtre des primaires, tout cela est lamentable !!! L’hypocrisie de tous ces candidats est au service d’un ego démesuré.
Nous sommes en démocratie, la moins mauvaise des solutions ; même si la majorité a toujours raison, un Président élu est devenu, par définition, le représentant légitime de tous les Français. Si la majorité a le pouvoir, elle se doit de respecter les minorités, leur donner une part consultative et participative, si elle veut conserver respect et confiance. Or, aujourd’hui, tout ce qui est proposé par l’un est systématiquement raillé et refusé par l’autre !
Le développement des médias, des réseaux sociaux, les contraintes environnementales de plus en plus pressantes et volontairement ignorées, les politiques étrangères des autres États, ont développé un contre pouvoir anarchisant imprévisible ; les précédents nombreux montrent que les engagements, sincères ou pas, sont rarement tenus soit du fait d’une opposition intérieure diverse et puissante, soit d’une opposition extérieure imprévue. La volonté d’un homme n’est pas suffisante loin de là !
La question est donc faussée d’avance car l’homme providentiel n’existe pas.
Alors !
Avant de vous décider, une fois de plus, il convient de réfléchir avant d’agir ; attention aux réformes tonitruantes mirobolantes car, comme le Héron de la fable :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner
Gardez-vous de ne rien dédaigner.
et
A méditer pour l’avenir :
«Nous ne pouvons pas changer le monde, mais nous pouvons changer d’idée» L’Aube du temps qui vient ; Roger Mondoloni.
«L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde» Daniel Pennac / La Petite Marchande de prose.
«Si vous avez l’impression d’être trop petit pour pouvoir changer quelque chose, essayez de dormir avec un moustique et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir.» Dalaï Lama
Conclusion :
Toi qui tiens dans tes mains
Nos désirs et nos destins
Le pouvoir de changer nos lendemains
Si ton cœur s’ouvre un peu
À la pluie qui mouille nos yeux
Aux blessures de notre planète bleue
Tu sais tout peut changer
Il suffit d’un peu de volonté
Plus d’égalité, de fraternité
Change le monde
Change le Monde. Paroles Michael Jackson ; traduit Serge Serezam.
signé Georges Vallet
crédit photos: agoravox.fr
« Pourra-t-on revenir en arrière ? »
Sûrement pas, mais était-ce vraiment bien mieux avant? par contre on peut progresser dans le sens d’un comportement au service de tous.
Parfaitement d’ accord. Il ne faut surtout pas revenir en arrière, mais non plus bannir le passé, qui doit servir de base pour envisager le futur.
Actuellement la société, riche de nombreuse innovations technologiques, semble vouloir nous projeter dans le futur, sans tenir compte de nôtre histoire, ni de nôtre culture, encore moins de nos comportements humains. En somme, un monde deshumanisé,sans aspérité,tout cela fait froid dans le dos.
Il y a eu des sondages pour faire ressortir que la majorité des Français désirait des réformes. Mais là où les divergences apparaissent c’est lorsqu’on demande de classer par priorité les réformes que chacun désire. Entre la réforme de l’Etat, l’économie, l’éducation nationale ( ce serait une réforme de plus), la, décentralisation, l’administration, personne ne fait le même choix. Je me pose une question à partir de votre texte qui fait une large place à ce que l’on pourrait appeler la réforme de l’environnement. L’amélioration de nos conditions de vie, à mon sens ne pourrait résulter d’une réforme, mais d’un ensemble de dispositions légales ou réglementaires fixant des obligations ou des interdits. Il s’agit là plus d’un état d’esprit que d’une décision prise par un décideur.
L’homme providentiel n’existe pas et il faut le regretter. Il n’y a, selon ce que vous écrivez, que des politiques de petite envergure à l’ego surdimensionné. Pourra-t-on revenir en arrière ?
« Il s’agit là plus d’un état d’esprit que d’une décision prise par un décideur. »
Bien d’accord,mais « les dispositions légales ou réglementaires » ne peuvent être prises que par un décideur élu par « un état d’esprit » qui semble majoritaire d’après les sondages.Il y a donc un non respect de « l’état d’esprit » de la base par les décideurs car ils sont manipulés par « d’autres états d’esprit »plus efficaces!
« Pourra-t-on revenir en arrière ? »
Sûrement pas, mais était-ce vraiment bien mieux avant? par contre on peut progresser dans le sens d’un comportement au service de tous.
Vu le peu de commentaires pour ce texte, c’ est à croire que les Français sont frileux quand on leur parle de réformes. Surtout ne touchons à rien pour que ça dure, quitte à hypothéquer l’ avenir des générations futures.Si nous n’ anticipons les réformes nous aurons à les subir bêtement.Le réveil risque d’ être difficile.