Rendons à César ce qui appartient à César.

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image-jvLe seuil, dit d’alerte (l’alerte étant déjà réelle depuis bien longtemps !), aux particules fines a été dépassée en décembre dans plusieurs métropoles de France : alternance, pastilles, ciblage de véhicules jugés plus polluants…, de nombreux bricolages sont prévus ou appliqués à titre temporaire, levés provisoirement pour des raisons commerciales, mais jamais vraiment programmées pour un résultat à moyen et long terme. D’ailleurs, on n’en parle déjà plus, jusqu’au prochain pic !

Ne rentrons pas dans le détail des différents composants de la pollution, ils sont excessivement nombreux, partout, et en quantité dramatique pour la santé.

La gestion de notre économie générale est en cause.

Comme, bien sûr, à chaque séquence préoccupante et dans chaque domaine, il faut trouver un coupable et l’éliminer, pour résoudre le problème ; actuellement on évoque prioritairement le rôle des particules fines (PM) liées à la circulation des véhicules en ville. On vante les mérites des véhicules récents, des voitures électriques…., c’est la déferlante contre le diesel.

Le problème est, là encore, bien plus complexe !

>Le «volatile déchaîné» du 21/12/16, rarement contesté, montre que les véhicules modernes ne sont pas aussi irréprochables qu’on le laisse supposer ! « Parle à ma particule…», il évoque un article de «Les Echos» du 9/12 :
«42% des émissions de particules fines PM10 sont dues aux coups de frein et aux stop-and-go de l’ensemble des véhicules en circulation, quel que soit leur mode de production, y compris les voitures électriques».
Cherchant infirmation ou confirmation, je me suis rendu sur Google : PM10 et nanoparticules, voitures électriques, moteur essence, autant coupable que le diesel dans la pollution aux particules fines…, cela m’a alors permis d’aller plus loin !

Filtre à particules : Les moteurs essence aussi. Que Choisir. Publié le 08/07/2016. «l’actuelle norme Euro  6.b autorise les moteurs à essence à injection directe à émettre dix fois plus de particules que les moteurs Diesel….»or, » la norme Euro 6.b est applicable à tous les véhicules vendus depuis le  1er septembre 2015 !!!
«l’Euro 6.c (filtre à particules) devrait(!!) entrer en vigueur dès septembre 2017 pour les nouveaux moteurs, puis septembre 2018 pour tous les véhicules.».
On comprend mieux les pics actuels !
>Challenges.fr, 24/03/2015 : Particules : l’essence et l’hybride pires que le Diesel.
Si «le Diesel est montré du doigt pour ses émissions de particules, il convient de relativiser sa nocivité. En effet, les moteurs essence peuvent rejeter jusqu’à dix fois plus de particules».
Ce fait est corroboré par :
>Moteurs à essence à injection directe ? consomag. www.consoglobe.com ›
«Des études récentes,comme celle effectuée par les chercheurs indépendants allemands de TUV Nord, montrent que les nouveaux moteurs à essence à injection directe émettent jusqu’à 10 fois plus de particules fines cancérigènes que les moteurs diesel propres récents. Les forces de compression plus élevées dans les cylindres de moteurs à injection directe font que les cylindres émettent 1000 fois plus de particules toxiques. En favorisant le développement de véhicules essence plus sobres, les États ont poussé les constructeurs à réaliser des moteurs plus petits et plus performants. Ces derniers ont alors conçu des moteurs de trois à quatre cylindres turbo à injection directe, comme les moteurs diesel. Pas moins de 40 % des nouveaux véhicules essence immatriculés sont aujourd’hui dotés de ce type de moteur. En injectant directement dans la chambre de combustion le carburant au lieu de passer par les soupapes d’admission, le mélange oxygène-carburant n’est pas homogène et produit des particules fines en nombre (PN»).
>Le Monde.fr du 19/01/2015. Le moteur diesel n’est pas seul responsable de la pollution automobile, l’abrasion des pneus, du revêtement routier et des freins(plaquettes) est responsable de 41% des particules fines en suspension émises par le trafic routier francilien.

Les pneus, les freins et l’usure des routes émettent donc presque autant de microparticules que le moteur diesel.

S’il est vrai, et c’est tant mieux, que les améliorations apportées aux moteurs des véhicules a fait baisser sensiblement le taux de CO2 et autres gaz dangereux émis, la voiture électrique étant la championne en la matière, il conviendrait d’élargir la réflexion en constatant que ce n’est pas en tendant vers le zéro émission de CO2 ou de gaz que l’on diminuera le niveau des particules fines et des nanoparticules beaucoup plus dangereuses, à court terme et localement, pour les organismes ! Les microparticules sont le nouveau biomarqueur du cancer (Inserm: 7/10/2015).

Les voitures diesel, sont depuis longtemps montrées du doigt pour leur nocivité, ce qui n’est pas faux mais, au niveau des voitures modernes recommandées, depuis l’ajout des filtres à particules d’un côté et la conception des nouveaux moteurs à essence, il semble que le rejet de particules soit maintenant comparable dans les deux cas ; supprimer le diesel ne modifierait aucunement le déversement des particules fines si elles sont remplacées par des véhicules modernes à essence ; tous les véhicules sont à mettre dans «le même sac de particules !» : de la moto à l’énorme camion semi-remorque (plus il y a de roues et de pneus plus c’est polluant !), surtout quand ils circulent en ville (arrêts, départs à répétition). Si les voitures électriques, au niveau moteur, ne produisent pas de particules, ce n’est pas le cas quand on s’en sert ! Même le métro est concerné ! Les taux de PM 10 seraient 3 fois plus élevés dans le métro que dans la rue. Paris Match 18/07/2016 !
www.adica.com : Embrayage et freins.
«Ces deux organes mécaniques ont en commun de fonctionner par frottement sec et à l’air libre. Leur usure, leur utilisation intempestive, notamment en milieu urbain (là où les démarrages, les coups de freins et les manœuvres sont les plus nombreux), ont comme conséquence des émissions massives dans l’atmosphère de nanoparticules extrêmement fines qui restent en suspension dans l’air et finissent au plus profond des poumons des citadins. On estime qu’en moyenne, une voiture émet 1,5 kilogramme de nanoparticules chaque année, rien qu’à partir de l’embrayage et des freins, et il y a des millions de voitures en circulation…
On estime qu’en moyenne, une voiture disperse dans la nature environ 1,3 kilogramme de gomme chaque année, sans parler des pneus qui seront brûlés, et il y a des millions de voitures en circulation…».

L’objectif devrait donc être bien plus ambitieux que de supprimer le diesel, si on veut réduire voire enrayer la pollution dans les villes ; c’est celui de limiter le plus possible la circulation des véhicules en général. C’est donc toute une révolution dans notre façon de vivre qui devient impérieuse : urbanisation, habitat, travail, loisirs, commerce, agriculture, industrie… Les nouvelles technologies pourraient y contribuer si cela devenait leur objectif ! Hélas ! Pour les transports, pourquoi, entre autres, ne pas relancer la recherche à partir du travail de Jean Bertin de 1960 : le véhicule à sustentation par coussins d’air abandonné au profit du TGV.

En attendant la suppression des véhicules en ville, il convient progressivement de développer des pistes cyclables protégées, des transports en commun électriques gratuits adaptés à l’évolution de l’urbanisation, alléger les voitures, mettre au point un nouveau logiciel de gestion des flux de circulation.

En ce qui concerne le problème des particules fines, la résolution ne passe donc pas seulement par la disparition du diesel ni par la présence de véhicules, à essence ou électriques, de nouvelle génération, mais bien par la réduction drastique de l’intensité et de la densité de la circulation de tous les véhicules, une éventualité qui n’est pas envisageable, malheureusement, du fait de l’intérêt, non pas de la santé des gens, notion en voie de disparition, mais de celle de l’économie !

Georges Vallet

crédits photos:sante-medecine.journaldesfemmes.com

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  • C’est au tour des particules fines.
    Loin de moi l’idée de minimiser ou nier leur nocivité,mais il me semble qu’il faudrait élargir le débat.
    On doit rappeler qu’à l’époque du Grenelle de l’environnement, un bonus-malus a été mis en place, basé sur les émissions de CO2, d’où une mesure entrainant l’incitation à l’achat de moteurs diesels moins émetteurs de CO2 car plus économes.
    Aujourd’hui, la mode est aux particules fines, donc le lobby du diesel insiste sur les émissions des véhicules à essence modernes et aussi des véhicules électriques en rappelant que des filtres ont été imposés aux diesels récents.
    On ne parle plus des NOX, c’est à dire des émissions d’oxydes d’azote NO et NO2,
    polluants et gaz à effet de serre.
    Le besoin de mobilité doit être revisité, les chiffres montrent que l’addiction à la voiture est maximale dans le sud-ouest de la France, Bordeaux, Pau, Bayonne.
    Il est bon d’évoquer ici la nocivité du lobby local du BTP, lobby financé par l’argent public, lobby réclame toujours plus de routes et autoroutes.

  • Soit dit en passant, les particules fines issues des freins et des pneus, non seulement représentent une bonne partie des microparticules émises, mais sont extrêmement nocives du fait des métaux lourds qu’elle contiennent (comme le cadmium)

  • Ce qui fondamentalement est à remettre en cause, c’ est la mobilité excessive, qui pourrait être diminuée, sans porter préjudice au fonctionnement de notre société.
    Aujourd’ hui, elle est rentrée dans nos moeurs, avec sa cohorte de problèmes qui en découlent sans que personne ne la remette en cause, sous le couvert de la liberté individuelle. Mais doit on se donner ce droit, au détriment de millions de concitoyens qui voient leur vie diminuer ou se complexifier au nom de la négation des problèmes par certains.
    On pourra améliorer techniquement tous les moyens de déplacements, l’ homme en est capable, à condition d’ y mettre le prix, mais si la société n’ arrive pas à maîtriser les déplacements inutiles cela ne servira à strictement rien.
    Il serait souhaitable de savoir la quantité de camions de 40 T sur nos routes chargés de 4 ou 5 T de marchandises qui traversent l’ Europe. Combien de déplacements inutiles de personnes, alors qu’ un simple coup de téléphone ou mail, pourraient régler le problème.
    Il serait judicieux de connaitre le coût économique,environnemental et sécurité du fameux  » juste à temps » qui a mis sur nos routes des centaines de milliers de camions.
    La mobilité excessive est la drogue moteur de notre société. Rien n’ est plus facile que de tourner la clé de démarrage d’ une voiture pour aller chercher un baguette de pain, à prix soi-disant défient toute concurrence,(!!!!!) mais en faisant parfois 10 km sans se rendre compte.
    Essayez volontairement de faire un seul jour sans utilisation de la voiture, vous serez surpris de voir votre façon de vivre complètement transformée et ce n’ est qu’ un jour.
    C’ est là que l’ on se rend compte que nous sommes drogués de mobilité, avec le consentement de nos responsables, qui eux voient là de la modernité.

  • « du fait de l’intérêt, non pas de la santé des gens, notion en voie de disparition, mais de celle de l’économie ! »
    Ceci présuppose que les citoyens sont idiots puisqu’ils préfèrent continuer à se servir de leur voiture et respirer des polluants. Et c’est la réalité.
    Car le problème n’est pas économique, il est politique. Il suffit de mettre une taxe carbone de 1 euro (voire plus s’il faut) par litre de carburant pour voir diminuer drastiquement les déplacements en voiture, voir les particuliers y réfléchir à deux fois avant de construire leur pavillon dans un village éloigné, etc. Mais le problème c’est que les citoyens n’en veulent pas, et que les politiciens veulent être ré élus.

    Le mécanisme est exactement le même pour toutes les atteintes à l’environnement, à la disparition des espèces, à la surpêche, à la disparition des abeilles, …etc

    •  » le problème n’est pas économique, il est politique. Il suffit de mettre une taxe carbone de 1 euro (voire plus s’il faut) par litre de carburant pour voir diminuer drastiquement les déplacements en voiture, »

      L’expérience montre que la circulation ne varie guère quand le prix du carburant augmente!

      Je suis d’accord sur l’intérêt d’appliquer une taxe carbone sur tous le produits carbonés, cela fera rentrer de l’argent pour, espérons-le la bonne cause!, mais, ce n’est pas cela qui réduira la consommation pour la grande majorité de ceux qui ont les moyens (et il y en a!). Et puis, si le carburant augmente, le transport aussi donc les prix des denrées, donc les revendications salariales justifiées!
      L’attraction du nouveau produit est irrésistible! C’est la force de l’économie et non des politiques!

      Le lien entre la politique et l’économie est tellement étroit que la responsabilité est tout à fait partagée. Après ce que j’évoque sur le rejet de particules par les voitures à essence modernes, la publicité hypocrite pour les nouveaux modèles « moins polluants » s’entend ou se lit systématiquement sur la publicité des marques; ce n’est pas politique, c’est économique!

      Enfin,la taxe carbone sur le carburant n’a rien à voir avec les micro et nano-particules!
      Je développe le fait que 41% de ces particules ne proviennent pas du moteur mais du roulement; mêmes les voitures électriques, le métro…dégagent ces polluants redoutables!

      • « l’expérience montre que la circulation ne varie guère quand le prix du carburant augmente! »

        Et non !
        lorsque les prix augmentent de 1%, la consommation de carburant diminue à court terme de l’ordre de 0,25% à 0,35%….
        a long terme de 06 à 0,7%..
        Ainsi, toutes les catégories de ménages, quel que soit leur niveau de revenu, adaptent à long terme leur consommation de carburants à une hausse de prix. Cela révèle une efficacité importante du signal prix et conforte les politiques utilisant cet instrument. »
        (Commissariat Général au Développement Durable Etude du 4 Avril 2011)

        Et bien sûr, moins on roule, moins on use les pneus et les freins…

        • « lorsque les prix augmentent de 1%, la consommation de carburant diminue à court terme de l’ordre de 0,25% à 0,35%….
          a long terme de 06 à 0,7%.. »

          Pour arriver à une baisse significative d’au moins 50%, ce qui serait déjà un minimum, combien faudrait-il d’augmentation du prix? Sans aucun doute, avant ce résultat, la répercussion se ferait sentir dans bien d’autres domaines!

      • Tarbes et son aéroport, vus mercredi 21 décembre 2016, par grand beau temps depuis le refuge de Refuge Aoulhet, au-dessus de St Pè de Bigorre : La chape de particules est là. Dessous, on respire un air « vicieux ».

        Il n'y a pas qu'à Paris, Lyon ou ailleurs...

  • Entièrement d’accord avec vous sur votre constat. Nous jouons à l’autruche actuellement. Les particules fines s’immiscent insidieusement en nous tous, jour après jour, par la respiration. Elles mettent aussi à forte contribution toute la faune, petite et grande.

    Et si les lecteurs ne croient pas en cela, je les invite à me suivre en moyenne montagne, au-dessus de la plaine. Depuis là-haut, nous découvrirons ensemble qu’une chape grise couvre, jour après jour, toute notre région. Même par grand beau temps.

    Pas besoin d’aller à Paris ou Pékin pour constater les dégâts. Il suffit de monter sur n’importe lequel des belvédères qui dominent le piémont.

    La chute est terrible : La mort se rapproche plus vite que jamais de tous les êtres vivants.

    • C’est vrai que cette chape marron-gris est… saisissante et dégueulasse.
      Elle est malgré tout à relativiser par rapport à d’autres endroits du monde qui ne voient jamais le soleil, ou même par rapport à ce que réussit à se coller dans les poumons le fumeur moyen (une personne sur 3) ou même par rapport à la pollution générée par le chauffage au bois dans nos belles campagnes (hors chaudières performantes), où mieux vaut habiter dans un endroit ventilé que dans une cuvette.