Zénith, une file d’attente dangereuse
Le courrier des lecteurs dans les journaux locaux, La République et l’Éclair, est, dans certaines circonstances, particulièrement instructif. Ceux qui écrivent font part de leur préoccupations citoyennes parfaitement louables. Ici deux écrits attirent notre attention sur un problème grave celui qui concerne la sécurité. En ce temps d’état d’urgence, il revêt un relief bien particulier.
Le premier document date du 11 janvier 2017. Il est signé de Madame Lucie Abadia et s’intitule : « Fausse note au concert du nouvel an ? ». Elle ne critique pas le concert, lui-même qui, dit-elle, était parfait, mais elle décrit « La fausse note visible avant l’entrée dans l’enceinte sécurisée du Zénith, dans l’interminable queue formée par les milliers de spectateurs qui traversait le parking. Une queue si longue et si dense qu’elle touchait au boulevard du Cami Salié ». C’était le dimanche 8 janvier 2017 à 10 h 30 et cette file d’attente était constituée de familles avec enfants et de personnes âgées. Devant cette description, comme l’a fait l’auteur de ce courrier, on pense à Nice, mais également à Berlin, à Jérusalem et plus récemment à Melbourne.
Les contrôles et les fouilles étaient organisées non pas à l’intérieur de la grille mais à l’entrée de celle-ci. On aurait pu en effet s’organiser autrement surtout à une époque où notre pays a mis en place des dispositifs soi-disant draconiens dictés par l’ « État d’urgence ». C’est vrai qu’on ne peut penser à tout, mais dans ces circonstances particulières et en regard de certains drames, il faut s’obliger à prévoir le pire, savoir s’adapter.
Le second document est un autre courrier des lecteurs dans la publication de Pyrénées Presse datée du 19 janvier 2017. Il est signé par Madame Marie-Anne Michaud, directrice du Zénith de Pau. Elle fait référence à l’écrit de Lucie Abadia et souhaite apporter quelques précisions « à la mise en cause de l’organisation ». Il est important ici d’en citer les termes : « L’ensemble des actions de vigilance, de surveillance et de contrôle est appliqué lors de chaque manifestation pour la sécurité de chacun ». Voilà une phrase d’une portée très générale qui manque de précision. Quelles sont donc ces actions de vigilance, de surveillance et de contrôle ? Obligent-elles ou non, à prendre en considération la constitution d’une file d’attente si importante ? « Que ce soit pour un concert de musique classique ou de variétés, nous adaptons les dispositions en fonction de chaque événement. (…) Nous constatons cependant qu’une grande partie du public rejoint le Zénith très peu de temps avant le début du spectacle. Cela a pour conséquence de créer une file d’attente plus importante voire même un départ retardé du spectacle. Quand les spectateurs échelonnent leur arrivée, la fluidité de contrôle s’opère sans difficulté permettant un début de spectacle conforme à l’horaire indiqué dans le respect des artistes ». Retenons que, selon elle, si les spectateurs étaient plus disciplinés, voire mieux organisés, on ne rencontrerait pas ce genre de problème. Autrement dit : ce n’est pas sa faute, c’est la leur ! Retenons également que l’essentiel des préoccupations de Mme la directrice, se situe dans le respect à la fois des horaires et des artistes. Bon, et les autres !
Alors Madame la directrice, avec tout le respect qui vous est dû, avez-vous imaginé qu’il pouvait s’organiser par vos soins, ou par les soins du service de sécurité, une file d’attente en serpentin à l’intérieur des grilles ? Il semble qu’alors le danger potentiel serait moindre. Vous faites, Madame, par vos propos, un constat qui en aucun cas ne constitue une justification.
Mais il y a plus grave. Lorsque j’ai demandé à plusieurs témoins s’ils avaient observé la présence de la police (nationale ou municipale), ils m’ont répondu par la négative. Sauf à considérer qu’ils sont de mauvaise foi ou qu’ils ont des problèmes visuels, cela paraît inconcevable. On sait que la police nationale se montre dans notre ville de plus en plus discrète. Mais on sait par ailleurs que notre maire à décidé de doter la police municipale d’armes à capacité létale en arguant du fait que ce qui s’était passé à Nice était pour lui la raison incontournable.
Les forces de l’ordre ne doivent-elles pas se trouver là où existe un danger réel ou potentiel ?
Pau, le 25 janvier 2017
Joël Braud
Néo-Béarnais depuis 3 ans, je viens d’expérimenter par 2 fois le Zenith de Pau.
Constats, dans l’ordre arrivée/départ :
• Filtrage & guidage des automobilistes aux abords du site : inexistant ;
• Guidage des automobilistes sur le/les parkings du site : inexistant ;
• Contrôles de sécurité : légers. Seuls les sacs sont « fouillés » (simplement ouverts), et le contrôle électronique est aléatoire ;
• Guidage à l’intérieur du Zenith : inexistant ;
• Filtrage & guidage des automobilistes en sortie de parking : inexistant. D’où l’attente interminable avant de pouvoir avancer d’un mètre. Ce que certains mettent à profit pour « diner » sur le pouce, je veux dire sur le capot de leur voiture…
• Guidage des automobilistes en sortie du site : inexistant.
Résultat : Expérience Utilisateur déplorable.
Monsieur Braud, je suis agréablement surprise que mon billet d’humeur ait retenu votre attention tout comme la réponse faite par madame la Directrice du Zénith. Il se trouve que je viens de lui adresser ce courrier ainsi qu’à d’autres responsables. Je me permets de vous le transmettre. En vous remerciant.
Bien dit. Une réponse claire serait le bienvenu.
pas de souci : d’ici quelques jours la République des Pyrénées nous pondra un article intitulé : « l’accès au Zénith est-il vraiment sécurisé ? »
Pour une fois qu’on peut aider la Presse locale !
Monsieur Braud,
quelle est la responsabilité du préfet dans le système que vous décriez, lui qui est chargé réglementairement de désigner les lieux et de préciser les modalités des contrôles aux entrées de enceintes sportives et des salles de spectacles dès lors qu’il y a plus de 300 spectateurs?
Vous avez raison de le souligner, le préfet a une responsabilité majeure. Il gère les services de l’Etat et à ce titre la police nationale. Il a pour première charge le respect de l’ordre public et partant la mise en place des dispositifs pour qu’il soit respecté. Dès lors, et vous avez raison, qu’il y a un rassemblement, pour quelque motifs que ce soit, il y a risque de trouble à l’ordre public. Les services de l’Etat doivent être présents. N’oublions pas qu’en plus nous sommes en « Etat d’urgence ».
Le nombre de spectateurs en soi n’intervient pas.
Les gens se pressent au concert du nouvel an parce que le prix des places est ridiculement bas: de 8 à 27 euros! A Vienne, pour le même concert (ou plutôt le concert du même nom), il faut débourser entre 35 et 1 090 euros pour une place.
La solution au problème de sécurité est donc évidente: Il suffit d’augmenter drastiquement le prix des places, ce qui évitera tout encombrement des lieux par les curieux désargentés et désoeuvrés qui pourront rester douillettement chez eux regarder « vivement dimanche » à la télé.
JB: « Alors Madame la directrice, avec tout le respect qui vous est dû, avez-vous imaginé qu’il pouvait s’organiser par vos soins, ou par les soins du service de sécurité, une file d’attente en serpentin à l’intérieur des grilles ? Il semble qu’alors le danger potentiel serait moindre. Vous faites, Madame, par vos propos, un constat qui en aucun cas ne constitue une justification. »
je ne comprends pas trop. En résumé, il faudrait un premier contrôle « extérieur » à l’enceinte (contrôle de l’aspect des individus), puis un second à l’intérieur (palpations, observation des contenus des sacs à main). Car l’impact sur une longue file, en cas d’attentat terroriste serait moindre que sur un serpentin de gens en attente, la concentration d’individus étant plus étalée sur un linéaire par rapport à un conglomérat.
Sauf dans le cas de voiture folle, mais ne provoquons pas les fous, le parking du Zénith est bourré de piliers en béton.
Le problème est en effet que les gens se pointent en dernière minute au spectacle, le fameux quart d’heure béarnais, et n’ont aucun sens du respect des artistes qui passent sur scène, du dérangement qu’ils procurent aux autres spectateurs qui sont venus à l’heure, sans parler des goujat(e)s qui blablassent et téléphonent durant la représentation.
Quant à la présence de policiers municipaux, tant que le parking du Zénith sera gratuit…suivez mon regard !
Karouge, premier point, il n’existe pas de dispositif qui ne comporte aucun risque. Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il convient de limiter celui-ci au maximum.
Le vécu de Nice, Berlin, Jérusalem et Melbourne, a permis de savoir que des véhicules conduits par des terroristes foncent sur une foule. Pour diminuer la vulnérabilité de ces longues files d’attente il faut les sécuriser dans une enceinte; il existe effectivement une enceinte fermée par une grille devant le Zénith de Pau.
Organiser la file d’attente en lui donnant un forme de serpentin lui permettrait d’être contenu pour la plus large part, dans cette enceinte grillagée et, de ce fait, être moins vulnérable.
Le contrôle serait toujours unique et n’aurait alors lieu qu’à l’entrée du bâtiment.
Quant au comportement individuel des spectateurs qui arrivent tous en même temps, personne n’a trouvé le moyen d’organiser les choses autrement. Alors, oublions.