Mozarito

0
(0)

Cette campagne électorale accumule les paradoxes. Et parmi les plus visibles, la préparation et la propulsion accélérée de la candidature Macron par un certain nombre de personnalités du monde économique et des médias, que des politiques du ventre mou socialo-centriste viennent rejoindre chaque jour, d’une manière qui parait tellement peu relever du hasard qu’on finirait par en sourire, laisse pensif.

Si on se réfère en effet aux vérités en vigueur, ces milliardaires roses devraient être restés enfermés dans les pâtures suspectes du néo-libéralisme et de la mondialisation dont ils devraient avoir su habilement traire les mamelles. A gauche, on devrait se pincer le nez en évoquant leurs noms. Drahi, Niel, Hermand, Pigasse, Simoncini, Bolloré, Lagardère qui tous directement ou par médias (ceux qu’ils contrôlent) ou carnets de chèques interposés, soutiennent le petit Mozart de chez Rothschild. Enfin, « On devrait se pincer le nez», pas moi, je veux dire puisque je ne suis pas de gauche. Et comme je ne suis pas non plus d’un naturel envieux ce qui va souvent ensemble, je ne leur reprocherai jamais leur réussite. Même si elle a été construite sur le Minitel rose et les sites de rencontre. Faut être moderne que diable. Je ne reprocherai donc pas non plus sa réussite au jeune « banquier » qui a sans doute mérité ses bonus, même s’ils ont disparu depuis de ses déclarations officielles. A ce propos, ce titre honorable quoiqu’assez suspect de «banquier» dans la France d’aujourd’hui, ne refléterait que partiellement la fonction antérieure d’Emmanuel Macron, si on ne lui collait pas immédiatement derrière, le qualificatif «d’affaires». Banquier d’affaires, c’est-à-dire organisateur de noces et banquets pour entreprises. Côté face, stratège et visionnaire et côté pile, prédateur chirurgien orthopédiste et destructeur d’emplois. En conséquence, il faut bien reconnaître que l’expérience entrepreneuriale de Macron se limite strictement à des restructurations de hauts de bilans sur des tableaux Excel, même s’il a l’habileté de prétendre le contraire. Mais bien peu nombreux sont ceux capables d’en juger.

Donc ces Messieurs les milliardaires ont fait leur choix. Celui de ce jeune homme bien sous tous les rapports, formé par les meilleures écoles de la République et ouvert à l’économie de marché. Mais aussi vacciné par 5 années de Hollandisme mi-chèvre, mi-chou, marqué à l’oreille gauche mais se refusant du socialisme, fils spirituel et enfant prodigue, héritier et successeur. Une sorte de jeune Bayrou en plus compétent, mais non moins arrogant et sûr de savoir.

Logiquement ces milliardaires là devraient soutenir une candidature de droite assumée libérale. Pas ultra-libérale, entendons-nous bien, c’est strictement impossible en France. Mais simplement réaliste dans le monde d’aujourd’hui et qui prévoit de laisser les entreprises libres de leur business et l’État concentré sur le sien qui passe prioritairement par une cure de minceur, avant que des médecins du FMI ne viennent s’occuper eux-mêmes des séances de gymnastique du pachyderme obèse et impotent. Ce sont les conditions élémentaires d’un redressement durable de ce pays et surtout d’une baisse significative de la dette et donc du chômage, comme nous le démontrent nos voisins. Mais il parait qu’il ne faut plus en parler, «parce que nous on n’est pas pareils et qu’on en a marre d’être comparés aux allemands».

Devant un projet libéral tout le monde, sauf la CGT, et en général tous ceux qui se sont installés dans le fromage des subventions publiques, devrait battre des mains. En particulier les grands chefs d’entreprise si prompts à nous vanter les mérites de la liberté d’entreprendre et sa contrepartie, la rémunération du risque. Surprise, ils n’en font rien.

Et pour cause. Ils savent bien ces gaillards, que le succès de leurs affaires, passe par la relation incestueuse qu’ils entretiennent depuis toujours avec l’État en France et tout particulièrement avec son budget. Ceux qui sont cités plus haut sont largement plus dépendants des subsides publics ou de leurs dettes que de leur capacité réelle à affronter les marchés mondialisés. Ce qui leur fait vraiment peur, c’est d’avoir affaire à un État redevenu maigre, concentré sur la diminution de ses dettes et qui les laisserait affronter seuls leur concurrence et leurs marchés, sans subsides et avec moins de marchés publics ou une société française provisoirement bloquée par des mesures économiques et sociales indigestes mais indispensables, alors qu’il est tellement plus simple de promettre et d’attendre. Alors ils ont envoyé vers l’Élysée un missile de leur fabrication, qui parle comme eux, qui fonctionne comme eux et qu’ils n’ont même pas besoin de téléguider. Il saura prendre les bonnes décisions.

Et le bougre a du charme, il sait comment godiller avec adresse entre les idées de Monsieur Hue et celles de Monsieur Madelin. Tiens un autre authentique libéral, probablement le seul en France dans la sphère politique qui le soit ou l’ait été véritablement. Et que l’on retrouve pendu dans la salle des trophées que l’aimable Macron a su constituer patiemment au retour de ses parties de chasse. A côté d’un grand dix cors béarnais. Il n’a pas fini de les admirer, tous alignés, bien sages.

Freewheels

Notez cet article

Cliquez sur une étoile

Note moyenne 0 / 5. Nombre de note : 0

Aucun vote jusqu'à présent ! Soyez le premier à noter cet article.

Nous sommes désolé que cet article ne vous ait pas intéressé ...

Votre avis compte !

Souhaitez vous nous partager un avis plus détaillé ?