Un système électoral à revoir ?

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Le résultat du premier tour des élections législatives est tout à la fois un rappel et un avertissement. Un rappel parce plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes, manifestant ainsi un désintérêt voire du mépris pour l’expression qu’on prétend démocratique. Un avertissement parce que quand un système électoral ne reflète plus la réponse des urnes, il conduit tôt ou tard à sa disparition.

Quand,  avec au mieux 17 % des inscrits un mouvement est assuré d’une représentation largement majoritaire,  il n’y a que les aveugles pour ne pas voir qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est une de ces anomalies que le peuple ne comprend pas avant de dire d’une manière ou d’une autre qu’il ne l’admet plus.

L’abstention en est une manifestation pacifique, une révolte passive qui pourrait un jour prendre une forme plus vive. Les gouvernants, et beaucoup d’élus, n’en veulent pas, les uns parce qu’ils prétendent qu’ils ont besoin d’une majorité pour diriger le pays, les autres parce qu’une répartition proportionnelle des sièges en condamnerait beaucoup à une retraite forcée ou au chômage. Chacun a les justifications qui l’arrangent, mais pourront-elles indéfiniment prospérer devant des évidences aveuglantes et contraires au bon sens le plus élémentaire, la vérité mathématique dont la rigueur est implacable. La proportionnelle n’empêche pas de gouverner, elle condamne parfois à des compromis. Mais est-ce moins injuste que de considérer des millions d’électeurs comme des sans voix ou des laissés pour compte.

Le premier ministre vient d’évoquer la possibilité d’instiller une dose de proportionnelle. Sans doute pour tempérer  les réactions et gagner du temps car cette dose de proportionnelle sera sans effet réel. Tôt ou tard il faudra en venir à la proportionnelle et pour une moralisation complète au scrutin à un tour comme dans la plupart des pays démocratiques.

Pierre ESPOSITO

Crédit image : La Croix.com

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  • Quand Mitterrand a instauré le vote à la proportionnelle intégrale (pour barrer la route à la droite) et favoriser le vote FN, qui a démissionné de son poste de Ministre? c’est Michel Rocard un des rares socialistes lucides et selon sa conscience de probité politique, loin des « combines » de son patron.

  • Voyage vers la Macronaisie : (demain il fera nuit, si l’aveuglement est roi. Les borgnes seront ministres et les muets deviendront porte-paroles d’un peuple exténué. Envoyez la musique écoutez les paroles, et comme dirait Guaino…
    https://www.youtube.com/watch?v=elH4J6t8axw

  • Voilà donc un vieux serpent de mer qui refait surface (Pas vous M. le Bâtonnier, mais le sujet que vous abordez).
    Qui se souvient des aléas de la IV ème République, régime parlementaire, proportionnelle à l’assemblée, instabilité ministérielle (durée de vie moyenne 7 mois) ? Personne. Impossibilité de mettre en place une réforme.
    Pourquoi seuls les petits partis (Modem – FN) sont-ils mordicus pour ce mode d’élection ? Parce que justement ce sont des petits partis et qu’ils ont besoin de financement.
    Savez vous ce que serait aujourd’hui la composition de l’A.N. si le vote de dimanche dernier avait eu lieu à la proportionnelle ? Non Eh bien, le FN aurait eu 80 sièges, le PC 50 et le parti du président n’aurait pas eu la majorité absolue.
    Savez-vous que par le passé une majorité aussi importante a déjà été constaté ? Non, alors je rafraîchis votre mémoire : 1968 la droite obtient 394 sièges sur 485 – en 1981 la gauche obtient 333 sièges sur 491 – en 1993, la droite obtient 458 sièges sur 577. Donc la situation n’est pas nouvelle.
    Qui peut affirmer que la forte abstention de dimanche est due au mode de scrutin ? Personne.
    Qui se souvient que Sarkozy s’était engagé pour une dose de proportionnelle ? Personne, il n’a pas tenu son engagement.
    Qui se souvient que Hollande s’était également engagé pour une dose de proportionnelle ? Personne, il n’a pas tenu sa promesse.
    Pourquoi n’ont-ils pas tenu leur promesse ? Parce qu’ils avaient la majorité.
    Qui se souvient de la composition de l’assemblée nationale aux législatives de 1986 ? Personnes.
    Qui se souvient que cela a été la cause de la première cohabitation ? Personne.
    Qui se souvient qu’en 1988, avec l’accord de Mitterrand, qui pourtant avait mis en place la proportionnelle, on est revenu au vote majoritaire ? Personne.
    Qui se souvient du motif qui a fait qu’on est revenu au vote majoritaire ? Personne. Parce que ça ne marchait pas.
    Pensez-vous qu’avec des partis divisés en leur sein même et une multiplicité de petits partis sans majorités à l’assemblée on pourrait voter des lois ? Non.
    Pourquoi ne rappelez-vous pas que le Sénat n’appartient pas à la majorité présidentielle ? Il a pourtant un rôle à jouer dans le fonctionnement démocratique et dans le contrôle du gouvernement.
    L’intérêt général qui a le souci du bon fonctionnement de nos institutions ne s’accorde pas avec l’intérêt des partis. S’il y a eu une telle abstention c’est parce que les Français en ont ras-le-bol de cette campagne électorale qui n’en finit pas et non parce qu’il s’estiment mal représentés.
    Enfin lorsqu’on parle de compromis on peut aussi parler de compromission.
    Relisez le discours de Bayeux.

    • M. Braud, ouvrez un peu les yeux. Vivez avec votre temps et votre continent au lieu d’agiter à tout propos le chiffon rouge de la 4ème République.
      En Europe, il n’y a que deux pays à ne pas appliquer la proportionnelle : la France et le Royaume-Uni. Les autres pays vont-ils si mal ? sont-ils ingouvernables? Évidemment non.
      Seule la proportionnelle permet à chaque citoyen de sentir représenté de manière équitable. La France y viendra, avec la 6ème République.

  • « Le premier ministre vient d’évoquer la possibilité d’instiller une dose de proportionnelle. »

    Vous faites comme si vous découvriez cela, pire vous le présentez comme une éventualité. C’est pas sérieux.
    La mise en place d’une dose de proportionnelle est dans le programme de Macron. Il l’a dit et répété cela se fera donc, en même temps que la diminution du nombre d’élus. Là, petite déception, il parlait de passer a 400 députés alors que de mémoire j’avais le chiffre de 300 pour chacune des assemblées.
    Mais cela va dans le bon sens.

  • Avant tout il conviendrait que les politiques soient soumis à une obligation incontournable de résultat et de respect de leurs engagements.
    Tout est là et reste à l’origine de la désacection des électeurs qui n’ont pas d’autres moyens à ce jour pour contester.
    La démocratie commence d’abord par le respect des engagements qui ont conduit à être élu.
    Qu’un politique qui promet et qui ne tient pas soit remercié et soit soumis à une obligation de remboursement des aides et subventions électorales qu’il aura perçues.
    Et pas question de prétexter avec des argumenst(s tels que « on ne savait pas, on a mal estimé ..;’ car dans un job auquel on a posé candidature, ce genre de prétextes est la porte imméduiatement, comme dans un job dans le privé.