Lettre ouverte à un ami qui aimait les « tapas »
On aime tous faire une escapade à Saint Sébastien, à Bilbao ou ailleurs pour déguster les excellentes tapas que nous propose l’Espagne voisine. Excellentes au goût et à l’allure, elles le sont. Mais, qu’en est-il pour notre santé ?
Le média internet « El Confidencial » vient de publier un rapport, très complet, intitulé : « l’Espagne, championne d’Europe dans l’utilisation et les abus de produits chimiques dans l’agriculture » (España, campeona de Europa en el uso y abuso de químicos para la agricultura). De quoi regarder d’un autre œil les appétissantes tapas…
Le sujet est accompagné de nombreux tableaux statistiques d’EUROSTAT et de la Banque Mondiale compréhensibles de tous (même si on ne parle pas espagnol).
On y découvre, pêle-mêle, que si en France, en Italie et au Portugal, il a été vendu environ 1 kilo de produits chimiques pour l’agriculture par habitant, en Espagne, leader européen en la matière, le chiffre est de 1,6 kilo par habitant. L’Allemagne est,elle, à 0,6 kilos par habitant. (source : EUROSTAT 2015)
D’un point de vue global, l’Espagne a consommé 77.216 tonnes de produits phytosanitaires pour l’agriculture en 2015, devant la France, l’Italie et l’Allemagne avec respectivement 67, 63 et 48 mille tonnes.
Bien entendu, ces chiffres doivent être rapportés aux surfaces cultivées des différents pays. L’Italie détient le record : 8,3 kilos des produits pesticides par hectare. L’Espagne : 5,1 k., l’Allemagne 4,2 k., la France 4,1 k, la Pologne 2,2 k et la Roumanie 1,1 k.
Bref, il n’y a pas que les tapas à regarder d’un « drôle d’œil ». La pizza Margherita semble elle-aussi mal partie, le rôti de porc bavarois aussi etc. Au final, il serait plus raisonnable de manger des sarmales roumains (petits rouleaux de chou saumurés et farcis) ou des bigos polonais (ragoût aux choux).
L’article de « El Confidencial » débouche alors sur la conséquence de l’utilisation de ces produits chimiques. D’abord pour les agriculteurs, eux-mêmes. En Espagne, il n’y a pas d’association des professionnels victimes de l’utilisation des pesticides. L’agriculteur « meurt dans son coin » de tout type de pathologies : cancer de la peau, du poumon et autres maladies graves. En France, il y aurait au moins 8 associations, selon l’enquête de la page web espagnole, et de citer : Générations Futures qui a lancé une coordination nationale des victimes de pesticides et une carte répertoriant les victimes.
L’article poursuit sur le glifosate, Monsanto, les lobbies etc. et un tableau qui montre que, malgré les appels réguliers « à la retenue » sur l’utilisation des produits chimiques dans l’agriculture, les volumes des ventes de ceux-ci restent (globalement) constant en Europe (période 2011-2015).
Il termine sur une note (un peu) positive quant aux produits espagnols, en rappelant que l’Espagne est le pays d’Europe qui a le plus de « surface écologique » avec 10% de la surface agricole totale (source Eurostat et Banque Mondiale pour 2014), devant, dans un ordre décroissant, l’Italie (16,3%), la France (5,6%) et l’Allemagne (8,6). Reste à trouver, chez les nombreux revendeurs de produits espagnols du sud-ouest, les produits en provenance de ces 10% de « surface écologique »… et s’assurer qu’il s’agit bien de surface écologique. Ce qui est loin d’être certain tant au-delà des Pyrénées qu’en deçà !
Quant aux tapas, dans le doute, il ne nous reste plus qu’à boire, « cul sec », deux ou trois « tintos » avant de s’y attaquer, l’esprit libéré !
Bernard Boutin
https://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter/preparer-une-ratatouille
Ce n’est un secret pour personne : l’agriculture intensive en Espagne (et dans quelques autres pays dans le monde…) est de nature à susciter quelques doutes sur la qualité des produits.
Personnellement, il y a très, très longtemps que je n’achète plus de fruits et légumes en provenance d’Espagne et même du Maroc…
QUID de l’agriculture écologiquement intensive ? : à suivre…
Merci pour cet article.
C’est pour les raisons exposées, en plus de la préférence que nous devons donner aux produits locaux et aux circuits courts, qu’il faut absolument boycotter tous les fruits et légumes espagnols, même ceux certifiés biologiques, du fait de leur dangerosité pour notre santé.
En cette saison, attention en particulier aux fraises espagnoles qui sont bourrées de pesticides. Rien vaut les bonnes gariguettes bio du Lot et Garonne.
« Produits locaux » ne veut absolument pas dire bio et « circuits couts » concerne avant tout une démarche écologique de la part du consommateur en ce qui concerne le transport. Elle n’implique pas la qualité elle-même des produits.
Oui, je sais bien. Soit je me suis mal exprimé, soit vous avez mal lu ce que j’ai écrit.
Je voulais dire qu’il faut boycotter les produits espagnols à la fois pour les raisons que vous exposez et aussi parce que nous devons privilégier les circuits courts et les produits locaux. Ce sont deux raisons indépendantes mais complémentaires pour éviter les fruits et légumes espagnols.
Des chiffres a regarder avec beaucoup de recul et un peu plus dans le détail
Bernard nous parle des tapas, mais il oubli dans ses statistiques le tinto qui les accompagne…et celui ci fausse les statistiques !
En France la viticulture occupe 3,7% des surfaces agricoles et consomme 20% des pesticides…
On retrouve fort logiquement Espagne Italie et France en tête… a ne pas comparer avec la Pologne ou la Norvège …
Ceci dit boire de l’eau du robinet est loin d’être une garantie…relisez mes articles sur ce sujet …
Tu as tout a fait raison sur les chiffres. On leur fait dire ce que l’on veut !!!! L’idée maîtresse : se méfier partout et encore de ce que l’on achète ou que l’on nous met dans l’assiette.