Bonjour facteur !

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La Poste vient de lancer un nouveau service. Il s’agira pour les préposés, ou facteurs, de vous renseigner, à votre demande, sur la santé de vos proches. « Veiller sur mes parents » est un service payant qui traduit une curieuse idée de la solidarité. Alors évolution ou régression ?

Si vous le souhaitez, vous pouvez demander à La Poste de prendre périodiquement des nouvelles de vos parents, grands-parents ou autres, âgés et éloignés. Il vous en coûtera la somme de 19,90€ (puis 39,90€ à compter de 2018) par mois pour une visite hebdomadaire ou 139,90€ par mois pour six visites par semaine. Un compte-rendu, détaillé bien sûr, sera adressé au demandeur et précisera l’état de santé du parent éloigné.

Considérons qu’en effet le courrier est de moins en moins volumineux, concurrencé par les moyens informatiques et que la poste doit chercher d’autres ressources. Logique. Alors le lien social est en effet une source de revenu. Tout s’achète et tout se vend. Ceux qui paieront ainsi le service rendu auront, on peut l’imaginer, la conscience tranquille et pourront estimer avoir rempli leur devoir envers ces proches si éloignés. Ils auront également œuvré pour leur maintien à domicile.

Sans vouloir jouer les nostalgiques d’une époque ancienne, pas forcément meilleure, il faut se souvenir du rôle assumé autrefois à la campagne par les facteurs, pardon les préposés. Ils rencontraient les habitants du village, taillaient une bavette, étaient des colporteurs de nouvelles des uns et des autres et n’oubliaient jamais de commenter les pages locales du journal. Ils étaient reçus avec beaucoup de chaleur partageaient parfois une partie du repas et acceptaient volontiers un verre de vin ou un produit de la ferme. Ajoutons à cela que leur qualité de fonctionnaires les plaçaient dans une catégorie sociale dite favorisée, ils étaient considérés.

La solidarité était d’une rigueur naturelle, comme un réflexe entre les habitants du village et on ne se posait pas la question de savoir si cela devait se faire ou pas se faire et surtout il aurait été injurieux de demander à être rémunéré pour cette attention aux autres. Les temps ont changé. Les villages se sont désertifiés et il existe certaines zones de campagne où, à part le facteur, on ne voit personne de la semaine. Et encore le positionnement des boîtes aux lettres fait qu’on ne rencontre même plus ce préposé. Il est loin le temps où le courrier se remettait en main propre.Triste solitude qui tient en partie à la disparition de ces services de proximité.

Alors le service public de la Poste, si c’en est encore un, profite d’une occasion pour faire du social, de la proximité, si vous préférez. Un retour en arrière en quelque sorte, mais devenu maintenant payant. Le tissu social s’effiloche et l’entreprise « Veiller sur mes parents » a trouvé là un créneau. L’opportunité de combler le vide laissé par l’individualisme.

Pau, le 4 juillet 2017
Joël Braud

Crédit photo : dossierfamilial.com

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2 commentaires

  • Tout ceci était AVANT, tout fout le camp mon brave monsieur. Cet article est pétri de nostalgie. Celle-ci n’est plus ce qu’elle était et n’est plus de mise.

    • Au contraire, cet article a le mérite de nous faire réfléchir sur la marchandisation accélérée de la société, y compris en ce qui concerne les formes les plus basiques de la solidarité entre proches.
      Que l’on soit amené à recourir à un service payant pour vérifier que ses parents sont en bonne santé en dit long sur le délitement du lien social au sein des familles et des communautés.
      Que La Poste en mal de missions pour conserver son personnel se livre à ce jeu est tragique.