Pau, architecture et patrimoine immobilier
Le dimanche, personne ne s’en étonnera, je lis le journal Sud Ouest Dimanche. Celui daté du 23 juillet 2017 comporte à la page 14 une rubrique signée de Marc Dugain. Avec un style brillant, il y fait, sur un ton à la fois acerbe et amusé, la critique de l’architecte tel que l’on peut le rencontrer. La ville de Pau n’a pas échappé à une certaine évolution architecturale.
Les termes employés par l’écrivain sont parfois violents. Je cite :
En matière de paysages, rien n’est plus à craindre que l’architecte branché à la mode. L’architecte branché doit normalement avoir l’air soucieux, préoccupé, parce que conscient de ses responsabilités qui sont de remodeler, de révolutionner un paysage abandonné au confort des habitudes pour lui insuffler une nouvelle dynamique durable dans un espace à redéfinir en fonction de son esthétique, au service de fonctionnalités lourdement exprimées par d’humbles élus fiers de recourir à cette essence de génie qui sait faire passer un blockhaus pour une orangerie d’agrément. […] il a fallu un sacré baratin pour convaincre les élus de construire Mériadeck, cette verrue d’art contemporain qui semble avoir été placée là pour faire réfléchir le Bordelais sur le thème : « Si vous n’avez pas devant les yeux une construction vraiment laide, comment pourrez-vous rester convaincus que l’architecture classique de votre ville est vraiment belle ». […] à Paris, il est d’ailleurs recommandé aux touristes qui voudraient se remplir des beautés du Louvre ou de Notre-Dame de commencer leur visite par la Grande Bibliothèque ou par les colonnes de Buren, qui sont à l’architecture ce que le pyjama est à la haute couture.
Un ami m’a récemment prêté un livre intitulé « Un siècle à Pau et en Béarn » de Louis-Henri Sallenave (Presse et Éditions de l’Adour). Au fil des pages certaines photos permettent de connaître ce Pau d’autrefois. Démarche indispensable tant il est vrai que rares sont ceux capables de se remémorer l’immeuble qui existait avant qu’il ne soit démoli pour laisser la place à une construction contemporaine.
Qui se souvient en effet du visage de la place Clemenceau telle qu’elle était en 1933 par exemple ? Qui a conservé dans ses souvenirs l’image de la chapelle des Ursulines et de son couvent en 1929 ? Elle a cependant été démontée pierre par pierre pour être reconstruite rue du Général Dauture. C’est sur son emplacement qu’ a été érigé le Palais des Pyrénées. Est-ce une réussite ? Sans doute pas mais seulement une construction capable de matérialiser le centre-ville.
Si l’on se tourne vers le boulevard des Pyrénées, on peut imaginer qu’à la place de certains immeubles particulièrement inesthétiques existaient de belles villas anglaises, du style sans doute de la banque de France et de l’immeuble de la caisse d’allocations familiales. Elles ont été remplacées par des immeubles sans âme.
Enfin la médiathèque André Labarrère qui fait la fierté de nos élus n’appartient pas à ces structures architecturales capables de s’inscrire dans la tradition de notre ville. Il est évident que par sa laideur extérieure elle dépareille son entourage. C’est ainsi, c’est le choix de certains élus en responsabilités, comme on dit, à ce moment là.
Ne parlons pas, s’il vous plait des halles, qui viennent d’être détruites. Quelle horreur ! le seul avantage est que maintenant on ne pourra pas faire plus laid.
A Pau, il serait possible de multiplier les exemples de ces villas, dites anglaises, témoins d’un passé riche (Pau, ville anglaise. Par Pierre Tucoo-Chala – éditions librairie des Pyrénées et de Gascogne à Pau. Novembre 1999). Trop riche sans doute puisque la principale raison de leur disparition tient au fait qu’il ne s’est plus trouvé, à un moment donné, de fortune suffisante pour assurer leur entretien. Les terrains ont été vendus après avoir été morcelés et cela pour le plus grand bonheur des promoteurs immobiliers. Et c’est ainsi que la gent des architectes, décrite par Marc Dugain, s’est emparée de notre ville pour en faire ce qu’ils avaient décrété être « le beau ».
Pourtant, parce qu’il convient de ne pas être uniquement négatif, il faut savoir se réjouir de la rénovation du Palais Beaumont. Qu’on le veuille ou non, une ville possède un style architectural propre qui devrait guider ou inspirer ceux qui construisent et qui prétendent vouloir enrichir notre patrimoine.
Pau, le 26 juillet 2017
Joël Braud
Crédit photo : detours-pyrenees.com
D
s
Uper article..qui donne envie de re-découvrir Pau et ses villas.pourquoi ne pas en construire de nelles ds un moderne style?
Comme M Braud le signale, le coût d’usage pour ces villas dites anglaises (construites souvent pour le prestige) est inhérent à leur conception initiale, avec des volumes énormes, des cages d’escalier démesurées et de grands parcs qui correspondaient alors au mode de vie de leurs occupants… tout en procurant du travail pour des Béarnais. En effet ces étrangers se déplaçaient avec seulement une ou deux personnes à leur service et ils recrutaient localement les personnels de maison et autres serviteurs.
Les Prince en 1906 à la Villa Régina employaient 10 domestiques. La famille Ridgway a habité la Villa Sainte-Hélène (avant les Prince et avant le Préfet) où ils avaient 10 domestiques. Ensuite ils sont allés s’établir à la Villa Les Allées (actuelle villa Ridgway) où ils employaient en 1911 15 domestiques, 2 couturières, une culottière (suite aux accidents équestres?), 3 jardiniers, un piqueur, un cocher, une femme de chambre, une cuisinière et deux mécaniciens. De même il y avait douze domestique à la Villa Formose chez les Tardieu. Alors même la division en appartements ne pouvait/ne peut en faire des habitations adaptées aux exigences du XXIème siècle.
Vous avez vraiment une culture paloise très importante. Bravo.
La conclusion de M. Braud « Qu’on le veuille ou non, une ville possède un style architectural propre qui devrait guider ou inspirer ceux qui construisent et qui prétendent vouloir enrichir notre patrimoine. » et le commentaire de PierU « Les villes bougent, évoluent, se transforment, on ne doit pas les confire dans un passé quelconque. »
me renvoient au débat actuel sur l’identité nationale ou régionale. Mais je suis certainement hors sujet.
Le commentaire de Karouge me semble monter que la construction d’une ville implique deux (voire trois) intervenants principaux : l’architecte mais également et surtout l’urbaniste. Ce dernier trace les grandes lignes d’un projet suivant des fonctionnalités les plus diverses. L’architecte construit dans un espace restreint. Entre les deux, il faudrait aussi intercaler l’aménageur.
A noter que seul le métier d’architecte est reconnu et encadré. Les habits des autres peuvent être enfilés par n’importe qui ou presque.
A Paris je pense que le Baron Hausmann, avec les trouées des avenues et autres boulevards, a fait office d’urbaniste. Le Notre qui a ouvert la perspective des Champs-Elysées, également.
A Pau, le Boulevard des Pyrénées a vu l’intervention d’Alphand. Dommage que la percée entre la place Gramont et la place de la Libération (rue Tran) qui fut en balance avec la création du boulevard des Pyrénées, n’ait pas été réalisée par la suite. La création de l’espace Bosquet à la place de l’ancien hôpital est l’œuvre d’un urbaniste. Idem pour la création de l’escalier qui relie le Hédas à la rue Taylor (j’aurais bien vu de l’eau tourbillonnante, comme Place de la Libération, dans un lieu qui autrefois devait être bruyant).
Dans l’aménagement des halles (en fait le quartier qu’un moment, j’ai pensé habiter) la vision d’un urbaniste me semble absente.
Personnellement je regrette que le départ des avenues Dufau/Lyautey depuis le bd Alsace-Lorraine n’ait pas fait l’objet d’une grande place.
L’aménagement actuel de la place de Verdun, aurait pu être l’occasion d’élargir le trottoir côté rue de Liège.
Oloron est cité comme un exemple d’aménagement réussi. Je crois qu’Oloron a fait appel au cabinet d’urbanisme Panerai qui est renommé.
Orthez a aménagé des quartiers (visitandines) et des bâtiments (Cinéma, école maternelle en cours) sur des espaces disponibles sans se préoccuper du fonctionnement global. A ma connaissance pas de vision d’un urbaniste.
Orthez se distingue par le rôle d’un aménageur : Le Directeur d’Intermarché (bientôt Super U) est intronisé dans ce rôle avec l’aménagement de la ZAC des Soarns (cf. La Rep qui publie régulièrement des articles sur ce sujet).
Concernant Billère, j’ai en mémoire une conférence de M. Cantal-Duparc (Urbaniste) sur l’aménagement du Château-d’Este.
L’urbaniste avait défini le projet global centré sur la construction de l’escalier monumental. Le géomètre avait calibré le bas mais a fait une erreur de métré. La rue qui mène à l’escalier est trop étroite et l’escalier n’est pas mis en valeur. L’architecte avait construit le haut. Les immeubles vus depuis la D817 paraissent quelconques. J’en avais conclu que les architectes et le géomètre avaient saccagé ce projet et… ce site.
M. Cantal-Duparc assistait à l’inauguration du Hédas. M. Bayrou a cité son apport du temps de MM. Pompidou et Labarrère. A l’époque, M. Labarrère aurait accueilli froidement M. Cantal-Duparc qu’il pensait être un agent de M. Pompidou. A ses yeux, ils avaient un point commun, le… Cantal.
Lors de l’inauguration du Hédas, M. Cantal-Duparc était accompagné de M. Lamaison (cf. Camborde/ Lamaison). Ils semblaient bons amis. Cela m’a amusé. M. Cantal-Duparc est un adepte du vélo et est politiquement très proche de M. Mamère et Mme Duflot. M. Lamaison est l’ancien Président de BAP, opposé à l’ours en vallée d’Aspe et critique sur le chiroptéroduc au-dessus de l’A65. Mais M. Lamaison a pris sa retraite et M. Camborde fils qui a pris sa suite se réfère à l’écologie.
Cela dit, au-delà des divergences, il y a quand même des tas de choses qui peuvent réunir des hommes. Heureusement.
Le palais des Pyrénées actuel a été modifié depuis sa construction A l’ origine les deux immeubles qui le chapeautent, n’existaient pas. Le passage central ouvert avec vue sur les Pyrénées non plus. C’était donc un grand bâtiment rectangulaire à un seul étage. Puis on a ouvert sa partie centrale et enfin, on a construit les deux immeubles. Des images au cour du temps ? Suivre le lien :
http://www.cparama.com/forum/pau-place-georges-clemenceau-palais-des-pyrenees-t16639.html
Le beau et le laid? Vaste débat! Ces notions sont purement subjectives donc du ressort de la vérité de chacun.
Souvent, en art, ou supposé tel, le beau est ce qui rapporte «beau»coup; les filous sont nombreux.
Le beau et le laid évoluent au cours du temps, suivant des modes, montrant le relatif de la chose.
La cohabitation est laide dans un besoin de conservatisme, de tradition, de culture personnelle, d’âge…., elle peut être belle dans une recherche de nouveau, de rupture, de syncope, donc en phase avec l’évolution de la nature et de la culture; la pyramide du Louvre m’a d’abord choqué, je trouve cela tout à fait remarquable maintenant, bien des tableaux ou des morceaux de musique, contemporains, expliqués et répétés plusieurs fois passent d’une émotion superficielle spontanée négative à une sensation cérébrale réfléchie positive.
Pau est passée des chasseurs de gibiers aux chasseurs de clients; la ville a été amenée à s’adapter aux besoins d’une population changeante, à des contraintes financières changeantes, à des intérêts personnels changeants, à des oppositions changeantes, d’où cet aspect de «bric et de broc»(PierU).
L’objectif architectural depuis pas mal d’années, n’est plus « la beauté », l’harmonie, l’équilibre d’un ensemble mais le provisoire, l’individuel, l’efficacité, la rentabilité momentanée; tout cela explose dans l’architecture de nos hypermarchés!
Nous vivons le « temps de l’impatience économique ». Cyria Emelianoff.
La culture de l’éphémère et du transitoire ne laisse pas la ville intacte. Les modes de vie ont parfaitement intégré, sous l’injonction des stratégies marketing, la réduction du temps de vie des biens de consommation. Ces stratégies, remarque encore Cyria Emelianoff, « importent leurs vues dans la culture architecturale urbaine, célébrant les produits changeables, cosmétiques, fardant ou rehaussant le quotidien des hommes.»Cette culture imprègne jusqu’au bâti. Une autre ville émerge en conséquence, dont «l’architecture et les projets d’urbanisme se font « jetables ». Les exemples, à Pau sont innombrables: grandes surfaces, magasins périphériques, médiathèque, zones commerciales, artisanales et industrielles, les banques, les panneaux publicitaires etc., mitent le cœur patrimonial et la périphérie.
Le temps battu en brèche conduit au développement d’autres valeurs au sein meme de la ville, comme le développement des espaces dédiés à la consommation et aux loisirs. « Cette ville transitoire n’est pas une transition, elle n’appelle que son renouvellement perpétuel, promouvant une vie faite de clips, de coupés-collés, de zapping ou de surf » conclut Cyria Emelianoff.
Croyez bien que je le déplore profondément mais il faut, paraît-t-il, vivre avec son temps; les fouilles archéologiques montrent, dans l’analyse des strates superposées, les transformations considérables des villes au cours des millénaires. Nous sommes un arrêt sur image.
Merci M. Vallet. Je retiens entre autres votre dernière phrases. Ce que démontrent les fouilles archéologiques est exact, mais il faut aussi considérer l’importance que nous attachons à ce fouilles, elles témoignent de notre histoire.
pardon je ne retrouve pas le sujet sur la Place Clemenceau (et la photo de 2005)..
« Le beau et le laid? Vaste débat! Ces notions sont purement subjectives donc du ressort de la vérité de chacun » je reviens sur une opinion précédente : ce matin ( manif des retraités),j’ai trouvé très jolie la Place Clemenceau avec ses petits parapluies roses et le SOLEIL .j’ai une jolie photo mais je ne sais pas l’insérer .. oops
https://i11.servimg.com/u/f11/16/78/88/58/20170913.jpg
Fortiche, Annie!
Pour participer à des rencontres avec des professionnels de l’architecture (Conférences et présentations), visiter des lieux très intéressants à Pau et ailleurs en Aquitaine, je ne peux que vous suggérer d’adhérer au « Pavillon de l’Architecture » de Pau qui est depuis 1993, pour cette association, un « lieu de diffusion et de transmission de la culture architecturale ».
« C’est un lieu de rencontre, d’échanges et de débats auprès des professionnels mais également un lieu de découverte et de médiation auprès du grand public. »
C’est, à mon humble avis, une, sinon la meilleure façon de découvrir l’historique de certaines villas et autres lieux remplis d’histoires avec les explications (bis repetita) de … professionnels et ce, outre les projets d’urbanisme à Pau et ailleurs ! 😉
URL : http://www.pavillondelarchitecture.com/
Pour plus de détails, n’hésitez pas à consulter, entre autres, les 2 rubriques suivantes sur ce site web :
1) rubrique « Nos actions » :
URL : http://www.pavillondelarchitecture.com/nos-actions/
2) rubrique « Les rendez-vous Grand Public » :
URL : http://www.pavillondelarchitecture.com/category/rencontres-grand-public
Les villas anglaises sont certes des témoins d’une certaine époque faste pour Pau, mais de là à en faire une caractéristique d’un style architectural palois il y a un pas que je ne franchirai pas. D’autant que cette époque faste n’a en réalité pas duré très longtemps (50 ans tout au plus ?).
Les villas qui existaient au niveau du boulevard des Pyrénées ont été « victimes » de la construction du boulevard lui-même, pour lequel il a fallu exproprier les jardins de ces villas (notons d’ailleurs le courage politique qu’il a fallu à l’époque pour prendre ce genre de décision), et de la transformation de ce qui n’était qu’un gros bourg en une petite ville, avec une densification nécessaire du centre-ville (donc des immeubles à la place des villas).
Il n’y a en réalité aucun style architectural palois : c’est une ville hétéroclite faite de bric et de broc tout à fait quelconque, avec quelques éléments intéressants parsemés de ci et de là et un périmètre historique qui est de la taille d’un gros village. Et contrairement à la thèse de l’article, on peut dire que dans sa période moderne Pau n’a pas souffert des architectes, elle a au contraire souffert d’une absence de projets architecturaux ambitieux et cohérents. Avec la circonstance aggravante d’avoir eu un hyper-centre remodelé au cours d’une des pires périodes, à savoir de la fin des années 50 jusqu’au début des années 70, où on bâtissait souvent « utile » sans trop de préoccupations architecturales justement. Donc non, la « gent des architectes » ne s’est pas emparée de la ville, bien au contraire.
En fait le cas de Pau est assez éloigné des préoccupations de Marc Dugain, dont je ne sais pas ce qu’il vaut comme écrivain, mais qui question architecture ne fait qu’exprimer un conservatisme gnangnan (sans doute du genre « à Paris il faut faire du style haussmannien ad vitam aeternam »).
D’accord avec Pier U : Pau n’est pas une ville où règne un ensemble architectural compact. Rien à voir avec, par exemple, Nantes. Dans le coin, le meilleur centre ville se situe certainement à Oloron, qui a su conserver un ensemble architectural assez cohérent, y compris par des aspects novateurs ( passerelles, la Médiathèque, Jeliotte)), qui donnent à la ville un charme auxquelles peu d’autres cités locales (Orthez, Navarrenx, Mourenx!), si ce n’est Salies de Béarn, peuvent se comparer.
Pau est un conglomérat de constructions qui n’ont aucune unité, et, comme la ville a une Histoire, certains bâtiments rappellent certaines époques. La Poste centrale, la Société Générale, la banque Inchauspé, la place Gramont, l’hôtel Continental, l’ex-hôtel de France, les bains douches de la rue d’Orléans, la caserne Bernadotte…
Ensuite, les constructions « guerrières » des années 70 : le Palais des Pyrénées, les immeubles du boulevard du même nom, le foirail, les Halles, et, plus récemment, la Médiathèque, vraiment horrible (on aurait pu avoir du Zaha Hadid quelque part (en dehors du parc Beaumont), qui serait venu booster la ville par le tourisme (tous les lecteurs de ce site sont allés au musée Guggenheim de Bilbao). Pau n’a pas d’identité culturelle propre. Voyez Bayonne ou Saint Jean de Luz, Saint Sébastien… Il faut faire avec. Ce n’est pas en repavant les rues qu’on redonnera une ambiance globale, attirante, si les immeubles restent sans joie, sans réhabilitation phonique, peinture, ravalement, etc.
Il y aurait beaucoup à dire.
Donc, je m’en tiens à deux points, vus ce matin même, 27 juillet.
Boulevard Alsace Lorraine, rue Péré :
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Dans peu de temps un nouvel immeuble s’érigera, en continuité des autres. Ce boulevard est d’une tristesse insigne !
Passé devant la villa Formose, ex école des Beaux Arts : le champ est une vaste prairie avec des herbes de presque un mètre de haut. Mais je crois que le bâtiment a été vendu (à confirmer).
La villa Nitot, où mes soeurs allaient faucher des cigarettes aux vieux ( c’était alors une maison de retraite), qui ensuite est devenu le siège du GRETA, a elle aussi dû être vendue au privé, qui retape (également à confirmer). Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : les villes vivent plus longtemps que leurs habitants. Elles se transforment, et chacun de nous en a fait l’expérience, s’étendent comme des poulpes leurs tentacules banlieusardes. Elles charrient et drainent leur propre consanguinité, on a détruit des immeubles à l’Ousse des Bois pour dégrafer le côté ghetto mais repeindre les façades de la rue Monseigneur Campo est-ce bien suffisant ? La tour Isabe de Saragosse est-elle une tour de Pise qui penche, ou simplement le diktat d’une politique urbaine qui pourrait se modifier avec l’avis des habitants qui, semble-t’il, sont contre. Mais de ce point de vue, les médias locaux et la municipalité ne mettent pas la puce aux oreilles des palois qui, soit seraient pour, soit seraient contre, mais avec un grand débat local. Car ce n’est pas en lisant les journaux que le clampin que je suis peut se faire une réelle opinion du problème.
D’ailleurs, à la relecture de mon commentaire, je m’aperçois que je ne suis pas du tout d’accord avec Pier U. Mais qu’il est d’accord avec moi. Mais non, je blague !
Bonne réflexion, Karouge.
Dans les années 1950-60, la villa Nitot a aussi été l’internat du Lycée de Jeunes filles Marguerite de Navarre. Lycée construit à la place de l’école primaire Bosquet, boulevard Barbanègre à Pau et actuellement collège Marguerite de Navarre. Quant à regretter la démolition des villas, petits châteaux particuliers, dans de grands parcs à hauts murs, je veux bien… mais à la même époque, les plus démunis des Palois et les émigrés Espagnols étaient logés côte de la Fontaine à Pau. Les immeubles y étaient tellement insalubres que les parents devaient veiller à ce que, la nuit, les nourrissons ne soient attaqués par les rats…
Exactement ,Hélène Lafon, j’allais le dire ! et la villa Formose,avant d’être l’école des beaux-Arts la fac de lettres (où j’ai commencé mes études d’anglais !!)
Avec des élèves ,j’avais fait des « travaux Croisés sur le thème » Pau ,ville anglaise » et quand même il y a (avait ,) une unité architecturale,là ,non ? apres, plus récemment ,l’unité ce sont les tours Carlitos ,Isabe etc ..;donc je ne suis pas mécontente qu’il y ait une prairie du côté de la villa Formose …
-je ne savais pas qu’il y avait eu tant d’insalubrité à Pau (émigrés espagnols )
« je ne savais pas qu’il y avait eu tant d’insalubrité à Pau (émigrés espagnols ) »
Une phrase qui prête à confusion. Peut-être devriez vous la réécrire.
A moins que vous ne soyez une fan du discours d’Orléans de J. Chirac ?
Il est faux de dire que la présence des Anglais à Pau n’a duré que 50 ans. Rappelons en 1814, Wellington, venant d’Espagne passe à Pau. En 1838, Alexander Taylor s’installe à Pau et fait sa réputation. Selon Marie Antoinette Mathieu (Thèse à l’Université de Pau, Recherches sur la colonie anglo-américaine de Pau, 1870 – 1940)) leur présence s’est étalée de 1838 à 1940. Et alors ! cette période n’aurait-elle duré que 50 ans, elle a marqué l’histoire de Pau par la construction en particulier de villas et par un style de vie. En 1893, il y avait 325 villas dites anglaises répertoriées. Beaucoup ont été détruites pour laisser la place à des constructions « modernes ». Dans les années 1980, Labarrère a fait prendre par le conseil municipal, la décision de ne plus détruire les villas dites anglaises afin, disait-il, de respecter un patrimoine architectural constitutif de l’histoire de Pau (Pau ville jardin – André Labarrère – Editions Arthaud, Marrimpouey).
J’ai eu dans mes relations un architecte des bâtiments de France en fonctions à Pau. Selon lui l’autorisation de construire ces deux immeubles sur le boulevard des Pyrénées côté Palais Beaumont n’aurait jamais été accordée en raison de la proximité du palais. Il en a été décidé autrement, dans les années 1970, à une époque où les Zones de protection du patrimoine architectural urbain n’entraient pas encore dans la compétence de ce représentant du ministère de la culture. Ce n’est qu’en 1983 que cette fonction lui a été attribuée. Il y a donc eu, mais après la destruction de nombreuses villas, un souci de préservation de ce patrimoine accompagné de la volonté de maintenir une personnalité à la ville en rapport avec son histoire.
Rappelons également que le boulevard des Pyrénées a été construit entre 1898 et 1899 et que l’hôtel Beauséjour a été rasé pour laisser la place à ces immeubles que Pierre Tucoo-Chala (in Pau ville anglaise) qualifie d’ensembles immobiliers qui ont complètement défiguré la perspective du Boulevard en supprimant les jardins et la verdure qui le doublaient sur sa partie septentrionale. Bien entendu avant l’ouverture du Boulevard, toutes ces demeures avaient des jardins très profonds s’étendant jusqu’au rebord de la terrasse.
Alors, c’est vrai à l’époque, on bâtissait utile comme vous le dites sans se préoccuper de préserver un ensemble, une harmonie, ce qui a fait de Pau une ville hétéroclite et c’est cela qu’il faut regretter.
Je vous laisse la responsabilité du qualificatif dont vous affublez Marc Dugain.
Je parlais de l’âge d’or de la présence anglaise, qui n’a pas été si long qu’on l’imagine généralement, même si la présence en elle-même s’étale sur une plus longue période. La 1ère guerre mondiale par exemple y a mis fin, et même avant cela le tourisme climatique palois déclinait déjà si je me souviens bien de mes lectures.
Que l’on préserve une partie des villas anglaises, bien sûr il le faut à titre de témoignage du passé, mais de là à dire que c’est l’alpha et l’omega de l’identité paloise et que qu’il ne fallait pas en toucher une, il y a un pas. Le problème sur le boulevard des Pyrénées ce n’est pas d’avoir remplacé des villas anglaises par des immeubles, c’est d’avoir construit des gros immeubles moches, ou tout moins sans style.
Enfin bon, pour faire le Paris actuel il a fallu raser au 19ème siècle (donc il n’y a pas si longtemps que ça) des quartiers entiers, quartiers qui définissait l’identité parisienne à l’époque. Aujourd’hui ce qui définit l’identité parisienne ce sont ces boulevards haussmanniens qui ont pourtant remplacé le vieux Paris. Les villes bougent, évoluent, se transforment, on ne doit pas les confire dans un passé quelconque.
Monsieur Braud rapporte le commentaire de M. Tucoo-Chala « ensembles immobiliers qui ont complètement défiguré la perspective du Boulevard en supprimant les jardins et la verdure qui le doublaient sur sa partie septentrionale ». Ça n’est pas cohérent! Le boulevard a été créé en supprimant justement les jardins privés et clos de murs qui s’étendaient au Sud de toutes les propriétés et des couvents. La construction des immeubles n’a fait que »parfaire » la destruction engendrée par le percement du boulevard.
C’est l’apport des étrangers qui a imposé un supposé style au XIXème siècle, puisque ces étrangers anglais, russes puis américains ont fait réaliser pour eux-mêmes ce qu’ils ne trouvaient pas pour les héberger.
Quant au style et à l’architecture de Pau il faut être conscient que depuis l’époque de Louis XIII le gros bourg très pauvre qu’était Pau ne cherchait ni à s’ouvrir ni à s’embellir . Le plus souvent la population comme les élites paloises et le Parlement se sont opposées aux projets. Pour preuve les deux seules réalisations architecturales se sont limitées à la place Gramont (réalisée à ses frais par l’architecte!) , à la »petite » place Royale réalisée par les Etats de Béarn (il fallut attendre 1860 env. pour qu’elle soit agrandie et ouverte sur les Pyrénées), les autres idées étant discutées pendant des années et n’arrivant jamais à un consensus ni à un financement. La communication directe du Château vers la ville n’existait pas et a du attendre 1835 et la reconstruction du Château par les architectes de Louis Philippe suivis par ceux de Napoléon III pour voir apparaître une vraie porte sur la cour Est et la création du pont de Nemours communicant vers la ville . Malgré cela un axe principal traversant la ville du Château jusque vers la route de Tarbes ça ne semblait pas présenter d’utilité pressante…puisque la route économique principale passait au Cami Salié qu’on rejoignait élégamment(!) avec la construction du pont Bordenave d’Abère au-dessus du ravin du Hédas!
Je crois qu’à Pau le manque de vision urbanistique des responsables a été et demeure. Pour exemple j’avais eu une courte discussion avec Mme Lignières Cassou au tout début de son mandat. Comme je m’étonnais qu’il n’y ait pas un urbaniste de métier associé aux projets -supposés structurants- de la municipalité elle m’avait asséné »on ne peut pas prendre un urbaniste puisqu’on ne sait pas ce qu’on veut faire pour dans cinq ans ». Effectivement, vu de cette façon…