Un futur scandale sanitaire ?

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Le magazine So Foot de novembre 2017 (n°151) a été l’un des premiers en France à révéler l’ampleur d’un problème de santé publique qui sur de nombreux points rappelle le scandale de l’amiante. Il s’agit du matériau de remplissage utilisé sur les terrains de sport en synthétique pour empêcher l’herbe artificielle de s’aplatir et pour amortir les chocs lorsque les joueurs heurtent le sol.

Le matériau le plus couramment utilisé pour remplir ce rôle est constitué de granulés obtenus en broyant des pneus usagés. Ces granulés, répandus périodiquement, sont très visibles sur les terrains synthétiques. Ils se présentent sous la forme de particules et de poussières noires que les crampons des joueurs soulèvent et font voler, qui collent aux vêtements et chaussures dans lesquels ils s’infiltrent, et qui contiennent un grand nombre de substances dont le caractère cancérigène est avéré.

Il ne fait aucun doute que les joueurs, dont des enfants et des adolescents, inhalent ces particules et poussières de pneus broyés. L’article de So Foot révèle, entre autres choses, qu’une entraîneure de l’université de Washington a recensé 237 cas de cancer (essentiellement cancers du sang) chez des joueurs ou joueuses ayant évolué sur des terrains synthétiques. Parmi ces joueurs et joueuses, plus de 60 % sont des gardiens de but – ce qui n’a rien de surprenant, car les gardiens de but sont souvent amenés à « plonger », et de toute façon à respirer abondamment les granulés et poussières répandus sur les terrains.

Si les études probantes des composants chimiques des granulés ne manquent pas, les rares enquêtes épidémiologiques menées sont encore en cours. En attendant, les industriels qui fabriquent les granulés à partir de vieux pneus, tout comme la plupart des responsables de clubs, affirment la non-nocivité du produit, arguant de l’absence de preuves. On a déjà entendu ce genre de discours rassurant…

Des responsables de clubs sportifs émettent les recommandations suivantes : les joueurs/joueuses doivent se doucher soigneusement après les matchs ou séances d’entraînement, doivent éviter de consommer de la nourriture sur les terrains, les vêtements et chaussures doivent être bien nettoyés… Pourquoi ces recommandations, si vraiment  il n’y a pas de danger ?

Il existe plusieurs solutions de remplacement, telles que l’utilisation de débris de liège ou de fibres de coco. (Ce site  énumère 7 de ces solutions.) Le fait qu’elles soient un peu plus onéreuses ne doit pas empêcher leur mise en place.

Attend-on pour agir que ce produit nocif ait fait des milliers de morts  – comme on l’a fait pour l’amiante il y a quelques années ? Les pouvoirs publics doivent, de façon urgente, prendre la mesure qui s’impose : interdire l’utilisation, sur les terrains de sport en synthétique, des granulés faits à partir de vieux pneus.

Paul Larreya

Voici quelques liens vers des sites qui ont traité la question (les deux derniers sont en anglais, mais ils donnent des informations plus détaillées) :
http://www.europe1.fr/technologies/les-terrains-synthetiques-sont-ils-dangereux-pour-la-sante-3491510
http://www.20minutes.fr/sport/football/2165351-20171108-foot-amateur-billes-noires-terrains-synthetiques-cancerigenes-joueurs
http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/2016/10/12/27001-20161012ARTFIG00163-les-terrains-synthetiques-cancerigenes.php
http://www.dailymail.co.uk/health/article-4165320/Hundreds-footballers-diagnosed-cancer-field.html
https://www.nbcnews.com/storyline/artificial-turf-debate/how-safe-artificial-turf-your-child-plays-n220166
Crédit photo : http://www.footamateur.fr / Benjamin Bénéat

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6 commentaires

  • Un article dans Sud Ouest paru en soirée qui reprend le problème :
    http://www.sudouest.fr/2017/12/11/terrains-synthetiques-presentent-ils-des-risques-pour-les-pratiquants-4025169-4696.php
    (Article réservé aux abonnés de la Section, ah ah!)

  • …. » Il ne fait aucun doute que les joueurs, dont des enfants et des adolescents, inhalent ces particules et poussières de pneus broyés…. »
    On s’ inquiète aujourd’ hui pour les footballeurs, mais le problème est aussi vieux que
    l’ existence des véhicules à moteur. N’ oublions pas que l’ usure des pneumatiques au contact du goudron dégage exactement les mêmes particules et sûrement pire, car dans ce cas se sont des nano particules, qui pénètrent au fin fond des poumons et même jusqu’ au cerveau. Le problème est qu’ elles ne sont pas biodégradables, ou à très long terme. Les riverains de routes, d’autoroutes et aéroports sont sûrement plus à plaindre, emportées par le vent, elles pénètrent dans les habitations. Imaginons ce que cela doit être dans les métros ou l’ atmosphère est confinée, avec maintenant tous les métros à pneu. Les fumeurs de cigarettes y sont les plus exposés, mais n’ oublions aussi les consommateurs d’ eau indirectement et involontairement exposés. Le ruissellement des eaux sur les routes entraîne ces nano particules dans les eaux de sources. C’est bien de se réveiller, mais c’ est peut être un peu tard, cette pollution sournoise est globale.

    • Absolument, analyse entièrement partagée.

    • Michel Lacanette a raison de stigmatiser la pollution par les poussières de pneus dont tout le monde est victime. Mais en conclut-il qu’il ne faut rien faire pour empêcher qu’une partie de nos enfants et de nos jeunes soient empoisonnés gravement par une pollution qui, pour chacun d’entre eux, est quantitativement PLUSIEURS FOIS SUPéRIEURE à celle que nous inflige la circulation automobile ? Et je répète ma question : faut-il attendre pour agir qu’une épidémie de cancers se soit développée chez nos jeunes joueurs de foot avec une ampleur semblable à celle qui a atteint les Etats-Unis ? On ne peut pas empêcher les voitures de circuler, mais on peut interdire l’utilisation des pneus broyés sur les terrains synthétiques – ce qui conduira tout naturellement à leur remplacement par un matériau non toxique.
      Paul Larreya

      • Je n’ en conclut surtout pas qu’ il ne faut rien faire, bien au contraire. Je m’ en inquiète depuis des années. Mais ma crainte est que sous le couvert de la jeunesse et de l’ image médiatique qu’ a le foot, les autorités de tutelle agiront uniquement sur le problème des terrains de foot en négligeant les autres, alors que le problème est global.
        Personnellement je pense que le problème des terrains de foot c’ est à peu près 5% du problème. Pour agir efficacement le plus logique serait de faire un bilan global pour connaître les zones les plus impactées, en hiérarchisant leur urgence de traitement en fonction de leur impact sur l’ homme et l’ environnement et agir en fonction.
        A ce moment là peut être que le traitement des stades sera une urgence ou pas.
         » On ne peut pas empêcher les voitures de circuler,…. »
        Bien sûr que non. Par contre je pense que l’ on pourrait agir sur les fabricants de pneumatiques pour qu’ il produisent des pneus à faible rejet de particules nocives. Aujourd’ hui les publicités nous vantent les fameux  » pneus vert », pour la diminution de consommation de carburant, mais peut être sont bien plus dangereux en matière de rejets de particules que des pneus normaux. J’ ai cherché désespérément si une norme de rejet existe. Aucun seuil de rejet trouvé à ce jour. Peut être pourrait’ on commencer par agir sur ce plan là en imposant des normes aux fabricants et par effet boule de neige l’ emploi de ces pneus pour les terrains de foot ne sera plus dangereux et le problème disparaîtra naturellement.
         » ….une pollution qui, pour chacun d’entre eux, est quantitativement PLUSIEURS FOIS SUPéRIEURE à celle que nous inflige la circulation automobile ?  »
        Cela reste à prouver, malheureusement aucune mesure n’ est actuellement disponible du moins en français. Peut être que quelque’ un en a connaissance.

      • Larreya, Contribution personnelle à votre intervention.
        Effectivement, (Karouge) Sud Ouest fait paraître un article sur le sujet ce matin mardi: le résumé est dans le titre:«Terrains synthétiques: le gros doute.» Deux grandes pages et une grande photo évocatrice.
        L’alerte est lancée; ça va dans le bon sens, mais est-ce que cela ira plus loin?
        Sur le même journal, on trouve que les travaux du futur stade du Pau FC ont démarré. Bayrou était sur le terrain pour faire le point; on peut y lire que le terrain dédié aux matchs de championnats du Pau FC sera en revêtement naturel et celui réservé à l’entraînement des jeunes du club en synthétique!!
        Peut-être une occasion de lui conseiller la lecture de l’article de Sud Ouest et de s’informer?
        Je n’ai pas trouvé l’information évoquant une pollution «qui, pour chacun d’entre eux, est quantitativement PLUSIEURS FOIS Supérieur à celle que nous inflige la circulation automobile» et je ne vois pas comment on pourrait le mesurer mais le danger est évident et je comprends votre réaction.
        Quand vous écrivez:«ce qui conduira tout naturellement à leur remplacement par un matériau non toxique.», je le souhaite mais en êtes-vous certain? Les contraintes économiques sont toujours là pour modifier la logique.Il y a plein d’exemples où le remplacement de pesticides ou herbicides par d’autres molécules n’a pas été dans ce sens!
        La contrainte économique est dans ce cas considérable. On ne peut pas arrêter, dîtes-vous, les voitures de circuler; cela signifie donc qu’on ne peut pas arrêter les pneus de s’user, y compris ceux des acteurs qui participent de près ou de loin à la pratique du sport et réclament la suppression justifiée des granulats de pneus!
        Qu’est-ce qu’on en fait alors? Ailleurs, mais surtout pas dans les terrains utilisés par nos jeunes! Compréhensible, mais d’autres utilisateurs pourraient à juste titre réclamer la même chose car on cherche partout où pouvoir les recycler! J’ai trouvé sur Internet:
        Applications principales:
        Gazons synthétiques, Aires de jeux, sols sportifs, sols équestres, tapis antivibratoires et amortisseurs de chocs (éclisses), objets moulés, mobilier urbain, roues, bétons, écrans acoustiques, filtration des eaux usées, pièces automobiles (pneus rechappés)..
        L’utilisation par les agriculteurs pour le maintien des bâches d’ensilage…..
        C’est grave car c’est une dynamique globale. L’économie du «haut» demande de plus en plus de croissance, de créativité…, d’argent qui rentre, mais accompagnée de plus en plus de causes de pollution, alors que l’économie du «bas» s’inquiète de son argent qui sort du fait des dépenses de santé provoquées par les conséquences!
        contact@mesopinions.com diffusent des propositions de pétitions à signer?