La faillite démocratique ou " la force prime le droit " .

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Alors que le droit est censé être le fondement de toute démocratie, la violence semble devenue une nouvelle source de légitimité et la décision du gouvernement concernant l’aéroport défunt de Notre Dame Des Landes en est la dernière illustration.
La dernière, parce que par deux fois au moins auparavant, dans une période récente, les gouvernements se sont assis sur des décisions légalement adoptées .
Ainsi en fut-il du référendum du 29 juin 2005 sur le projet de constitution européenne rejeté par 54,68 % des suffrages exprimés.
Comme la décision populaire ne fut pas ce que le gouvernement espérait alors que tous les sondages donnaient un grand avantage à une réponse positive, on tergiversa et par un tour de passe-passe ignoré bien sûr de la plus grande majorité des citoyens, le gouvernement fit adopter par la voie parlementaire, le traité de Lisbonne qui reprenait l’essentiel du projet rejeté par référendum.
Certes il ne s’agissait pas d’une violence de rues, mais elle en était moralement une à l’égard de ceux qui n’avait pas été favorables à une constitution européenne. C’était une violence étatique organisée, légalement inattaquable par le citoyen lambda.
Mais c’était un mauvais exemple car quand les gouvernants profitent de leurs pouvoirs pour contredire les vœux du peuple, tout le monde peut s’estimer fondé à s’opposer à une décision démocratiquement établie.
Et c’est ce qui arriva avec l’écotaxe contestée violemment par  » les bonnets rouges » à partir de 2013. Des occupations de ponts, des destructions de portiques, de radars routiers, ont eu raison de la taxe qui fut remplacée par une hausse du gazole de quatre centimes d’euro pour l’année 2015.
L’histoire a entraîné 190 licenciements de salariés d’Ecomouv, société qui devait collecter la taxe, 957,58 millions d’euros de résiliation du contrat passé par l’État avec cette dernière, sans compter 70 millions pour la mise en œuvre puis la suppression des équipements, bref une belle gabegie que supportent seuls ceux qui paient des impôts. Évidemment aucun responsable !
Et voilà que la violence vient de payer avec la suppression du projet d’aéroport de  NDDL, car c’est bien de cela qu’il s’agit puisque le projet qui date de 1973 n’a jamais été mis en œuvre. Les opposants ont utilisé toutes les manœuvres possibles !
Des recours judiciaires qui auraient conduit à 178 ou 180 décisions, on s’y perd tant elles sont nombreuses et variées, non exécutées par l’État tout simplement parce que les  » zadistes  » avaient une autre arme en réserve : la violence physique et armée car on a laissé à ces fauteurs de troubles le temps de s’organiser avec un arsenal qui peut faire craindre de grands tumultes quand le gouvernement envisagera l’usage de la force pour les déloger. Pauvres gendarmes mobiles !
Le Président de la République et le Premier Ministre qui, tous deux, étaient déterminés à faire respecter les décisions judiciaires et un référendum donnant 55% de votes favorables au projet afin de ne pas affaiblir l’autorité de l’État cherchaient en fait une porte de sortie pour éviter l’affrontement avec les  » zadistes « . Ils ont nommé des médiateurs qui avaient en fait pour mission de préparer l’opinion à l’abandon du projet en suggérant une alternative par l’augmentation de la capacité de l’aéroport existant .
Et maintenant quelles conséquences ? Des milliards d’euros avec l’indemnisation de VINCI qui devait exploiter l’aéroport défunt pendant 55 ans , des marchés de travaux abandonnés et une capitulation qui sera mal récompensée car les  » zadistes « , des citoyens sans foi ni loi qui n’apportent rien à la société, ont pour but final de faire plier l’État . Ils n’y parviendront sans doute pas , mais à quel prix ? L’État a perdu l’honneur, il ne peut pas perdre la guerre.
Et cette faiblesse encourage tous ceux qui s’opposent à un vivre ensemble, ceux qui agressent les forces de l’ordre, les pompiers, les gardiens de prison, les enseignants etc. Nos gouvernants ne voient ils pas que le tissu social se détricote ou sont-ils incapables d’enrayer l’hémorragie de l’autorité légitime ?
 

Pierre ESPOSITO

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7 commentaires

  • … »l’autorité légitime »
    Avant de déblatérer, pose toi, dans ce cas, la question de la légitimité de cette autorité. En 1942, « l’autorité légitime », à laquelle un grand nombre se soumettait, faisait la chasse à quelques uns qu’elle nommait terroristes, reconnus par la suite résistants et aujourd’hui décorés.
    Patrick T.

  • Non il n’ y aura pas de faillite démocratique, pas plus que la raison du plus fort sera la force. La démocratie en sortira grandie.
    Cette affaire était enlisée depuis des décennies, par le manque de courage de certains de voir en face la réalité des évolutions de la société. C’ est la fin de la société du  » toujours plus », au profit de celle du mieux ou aussi bien, avec moins.
    Heureusement que le bon sens à prévalu, c’ est l’ intérêt général qui a été le plus fort. Maintenant à l’ Etat de faire respecter ce choix, mais surtout à aller au bout de sa démarche. Sans une reforme des enquêtes d’ utilité publique, cette dém.rche ne sera que lettre morte. Dorénavant, il faut que les enquêtes d’ utilité publiques prennent en compte les projets alternatifs, à la condition qu’ ils répondent à des besoins réels de la population, en l’ associant en amont aux études.
    Les décisions arbitraires de l’ Administration ne doivent plus être la ligne de conduite incontestable des futurs projets. Sinon demain, on s’ exposera de nouveau à ce type de situation déplorable.
    Personne ne sort vainqueur de cette affaire, seule la nature et le bon sens ont gagné.

  • Merci aux zadistes pour leur recherche d’une société plus solidaire et écologique.

  • Prenez une aspirine et ça ira mieux.

    • Suite à l’article intitulé « Forum d’Alternatives Pyrénées » j’ai du mal à comprendre que ce commentaire sarcastique qui dénigre le rédacteur n’ait pas été éliminé. Ou alors je n’ai pas compris?

  • Ce ne sera pas ni la faillite démocratique, ni la force qui primera sur le droit, mais bel et bien la raison. Ce qui est nouveau, c’ est que de plus ce ne sera pas la raison du plus fort qui prévaudra, mais la raison de l’ intérêt général, qui depuis des décennies était bafouée sous le couvert d’ enquêtes d’ utilité publique, dont le résultat était connu par avance,sans prise en compte de solutions alternatives. Il n’ y aura ni vainqueurs, ni vaincus, car ce projet était complètement enlisé depuis le départ dans une incohérence la plus totale depuis des décennies. Cela était devenu en Europe l’ exemple même de l’ Administration Française figée dans ses bottes.
    La seule victoire qu’ il pourra y avoir dans le temps, c’ est que de cette prise de décision courageuse se dégage une suite législative, pour une refonte totale des procédures
    d’ enquêtes d’ utilité publique, afin d’ y intégrer l’ examen de solutions alternatives qui correspondent à des besoins réels de la population concernée.
    Si ce travail avait été fait en amont à NNDL, on n’ en serait jamais arrivé à cette situation de blocage, ni à cette méprise de l’ intérêt général.
    Osons espérer que l’ Etat et son Administration sauront tirer la leçon de cette affaire et iront jusqu’ au bout de la démarche, sinon ce type d’ action stimulée par son dénouement se reproduira plus tard, mais sans raison. Cela risque d’ être la porte ouverte à tous les abus.