Sélection ? Vous avez dit sélection ?

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Ou plutôt vous ne l’avez pas dit. Le mot fait peur. Il est vrai qu’il y a des antécédents fâcheux. Mais on ne pouvait rester dans le système d’inscription APB, qui conduisait à bien des aberrations, comme le tirage au sort.
Et si l’on élargissait la vision de la question ? Presque partout dans le monde les universités pratiquent la sélection, retenant ainsi les meilleur.e.s étudiant.e.s pour les études les plus longues. En France, on fait l’inverse : bien des filières courtes sont sélectives, tandis que les filières longues, qui exigent des capacités affirmées, ne le sont pas ! On marche sur la tête !
Il en résulte un gâchis important, même si des étudiants peuvent s’épanouir, se révéler, dans le système universitaire. Les syndicats étudiants et enseignants minimisent ce gâchis (*), mais il existe.
Que se passerait-il si l’on ne faisait pas de sélection pour le XV de France ou pour les jeux olympiques ? Pourquoi la sélection serait-elle bonne quand il s’agit de sport, de musique ou d’arboriculture, mais pas lorsqu’il s’agit d’orienter les étudiants en fonction de leurs capacités et de leur motivation ? Cette dernière doit être certes prise en compte, et mieux que dans le nouveau système « parcoursup ». Mais elle doit s’appuyer sur des évaluations des capacités afin que le taux de réussite soit aussi élevé que possible. Les universitaires le savent bien : ils pratiquent la sélection pour l’entrée en mastère. Et quant à la sélection par l’échec en première année d’université, ce n’est pas la meilleure, loin de là. Il faut en sortir, sortir de l’hypocrisie et faire appel au bon sens.

Jean-Paul Penot

(*) https://nuage.univ-pau.fr/index.php/s/mpCUJEo9iEQC6br

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4 commentaires

  • C’est l’article le plus pointu et le plus fouillé que j’ai pu lire sur la question de la sélection à l’université, on sent que l’auteur maîtrise son sujet.

  • Je voudrais bien savoir pas quel raisonnement vous incriminez le système APB ? A partir du moment où il y a plus d’étudiants qui demandent des places que de places disponibles dans l’ensemble des formations, on arrive forcément à un problème, APB ou pas. APB ne peut pas inventer des places qui n’existent pas, ni sélectionner des candidats sur les formations déclarées « non-sélectives ».
    Supprimer APB a été une ânerie que l’on va mesurer dès cette année, mais il fallait donner l’impression qu’on prenait des mesures utiles.

    • Je suis d’accord avec vous : il n’est pas de système parfait, capable de faire des miracles. Mais à partir du moment où APB laissait irrésolus les problèmes les plus aigus, conduisant à faire des tirages au sort, il fallait bien le réformer. Le système APB (admissions post bac) avait l’intérêt de faire une large place aux voeux des candidats. Il semble que « parcoursup », le nouveau système, ne prenne pas en compte une hiérarchie des choix des candidats, sauf pour le choix de l’établissement, ce qui est une régression et un pas vers un système de concurrence entre établissements. APB souffrait aussi d’une certaine complexité qui pouvait induire des comportements comme au poker: un candidat pouvait faire le pari d’attendre pour fixer ses choix définitifs, mais, ce faisant, prenait le risque de voir ses choix prioritaires disparaître des offres.
      Mon point principal est que le nouveau système ne met pas fin à l’aberration du système universitaire français: les filières courtes (IUT, BTS, petites écoles…) prennent le pas sur les filières longues, alors que celles-ci, surtout dans le domaine scientifique, auraient besoin d’être assurées que leur recrutement a une qualité suffisante afin de conduire les étudiants à la réussite et de fournir au pays les cadres qualifiés nécessaires à son économie dans la compétition internationale.
      Il faut arriver à un compromis entre l’adéquation aux souhaits des candidats et le jugement de celles et ceux qui les encadreront ou les ont encadrés. Ceux-là doivent avoir leur mot à dire en raison de leur expérience et de leur connaissance des débouchés. Présentement ils ne font que subir, bras liés. La concurrence exacerbée fait oublier la qualité de la formation, son adéquation aux capacités des bacheliers, parce que l’on fait miroiter des débouchés à court terme et que l’on offre des stylos à bille et des sourires dans les salons. Est-ce cela que les enseignants veulent pérenniser?

      • Ce n’est pas APB qui laissait des problèmes irrésolus. Ces problèmes sont structurels : certaines formations sont déclarées non-sélectives, alors qu’on sait par avance qu’il va y avoir plus de demandes que de places. Donc ces formations improvisaient des tirages au sort après coup puisqu’elles n’avaient pas le droit de « sélectionner » (en réalité certaines le faisaient sur des critères complètement idiots), ce qui est un dévoiement complet du fonctionnement d’APB.
        Et pour résoudre le problème il n’y a pas 36 solutions : soit il faut augmenter le nombre de places dans les formations non sélectives, mais ça coûte très cher et ça ne s’improvise pas en un an, soit il faut instaurer une sélection officielle dans toutes les formations, mais dans ce cas on fait quoi des bacheliers qui restent sur le carreau ?
        Les mesures prises actuellement sont en grande partie de la poudre aux yeux : les universités vont pourvoir faire une pseudo-sélection en orientant certains élèves vers une remise à niveau, ce qui va effectivement désengorger les filières en tension. Mais dès l’année prochaine le problème va revenir : ceux qui auront fini leur remise à niveau vont s’ajouter à tous les nouveaux bacheliers, donc il y a aura encore plus de demandes !
        Et je crois que vous ne comprenez pas très bien comment fonctionnait APB : le « pari d’attendre » n’était pas un coup de poker, mais une façon pour le postulant de sécuriser une offre de formation reçue au 1er ou au 2ème tour, tout en restant dans les listes d’attente des formations mieux classées (par lui) pour les tours suivants. Ca fonctionnait très bien, et c’est un algorithme optimal.