« La ville s'endormait et j'en oublie le nom »

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A bien des égards nos amis landais ou gersois nous donnent des leçons que nous ferions bien de retenir nous qui nous complaisons dans une autosuffisance hautaine. Elles ne datent pas d’hier mais nous n’y avons guère prêtée attention. Ainsi, pour commencer, nous devrions applaudir des deux mains au succès du festival de Marciac. Né de la volonté d’une personne, dans un endroit improbable et qui a fait tant pour la renommée et l’économie de sa petite commune de 1247 habitants située dans une région improbable mais belle de sa beauté sauvage, de ses coteaux boisés, de ses villages minuscules et de ses fermes isolées qui seraient abandonnées si elles ne s’étaient transformées en gîte rural pour l’occasion.
41ème édition de ce festival connu du monde entier et qui a accueilli les plus grandes stars du jazz : Archi Shepp, Nina Simone, John Mac Laughing, Joe Cocker, Al Jarreau et tant d’autres, petits ou grands. Le festival a ses fans, ses habitués qui viennent chaque année et pour dire les choses de manière prosaïque : consomment sur place. Certains restent sur place plusieurs semaines, les autres passent une soirée. Mais les hôtels, les commerces, les restaurants sont pris d’assaut. Car la culture contrairement à ce que l’on dit trop souvent ce n’est pas un supplément d’âme –même si cela touche l’âme- c’est aussi une source de profits très matériels et concrets –en monnaie sonnante et trébuchante.
A quelques dizaines de kilomètres, Vic-Fézensac accueille « Tempo Latino » -après que la petite cité ait organisé une féria toujours aussi populaire. C’est un festival qui ne dure que trois jours qui s’adresse à une clientèle plus restreinte et différente de celle du jazz et qui a connu des difficultés. Mais qui n’en a pas dans ce type d’organisations ? En tout cas on s’accroche du côté des organisateurs et on est toujours là. L’idée, le concept est décliné de manière différente à Dax au mois de septembre où la Salsa est mêlée sans complexe à la tauromachie. C’est « toro y salsa ». Une manifestation qui attire les foules et qui est mieux dimensionnée que les fêtes de Dax qui désormais atteignent des proportions que beaucoup jugent excessives.
On peut citer aussi nos amis montois qui ont su créer de toute pièce un festival de flamenco devenu une référence dans ce milieu fermé mais qui gagne en popularité. On a fêté les trente ans du festival cette année. C’est une manifestation impulsée à ses débuts par le conseil général des Landes. Il s’agissait d’une volonté politique. Elle s’est avérée aussi légitime que de construire des ponts, des routes ou des tram-bus… plus sympa en tout cas pour la population et l’économie locale. On pourrait aussi citer le festival Garorock de Marmande qui a connu cette année des déboires liés à la météo mais qui persévère. Ou encore Musicalarue né à Luxey, dans la Haute Landes, de la main d’un groupe de copains qui mêle les arts de la rue et la chanson dans un lieu vraiment perdu en plein centre du désert de la pignada.
Toutes ces initiatives existent car elles ont été aidées ou voulues par les élus et surtout elles n’existeraient pas sans leurs bénévoles ni l’accueil enthousiastes des habitants qui mettent pour une bonne part la main à la patte. Attention ! Toutes ces manifestations réussissent car elles ont une véritable exigence de qualité et c’est la raison fondamentale de leurs réussites. Autrement dit il ne suffit pas de faire des effets d’annonce, il faut aussi une proposition de qualité qui réponde à un besoin. Autrement dit, définir un concept clair, porteur, exigeant.
Cela donne à penser. L’été à Pau cela évoque les vers de la belle chanson de Jacques Brel :
La ville s´endormait
Et j´en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait

Pierre Vidal

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4 commentaires

  • Sans être exhaustif : l’organisation d’un festival lancé la plupart du temps par des passionnés (ainsi que l’a écrit « Joseph »), nécessite beaucoup de bénévoles qui sont indispensables : sans eux, pas de festival et leur nombre varie en fonction du type de festival : un festival de spectacles dans les rues n’en nécessite pas autant que l’organisation d’un festival de musique; de plus, pour ce dernier genre de festival, il faut un minimum de salariés qui organise la programmation une ou deux années avant, sinon plus… + autorisations auprès des autorités compétentes, organisation des réunions et communication auprès des différents médias, sécurité, etc…
    Salariés + bénévoles forment un couple indissociable, une bonne gestion des bénévoles est d’autant plus importante, que l’on peut repérer d’éventuels futurs responsables dans son équipe pour de… futurs festivals !
    Régulièrement, des organisateurs de festival, recherchent des bénévoles prêts à s’impliquer dans la convivialité et… dans l’efficacité, sans perdre le sourire lors de coup(s) de bourre ou d’imprévu(s); de plus est-il utile de préciser que beaucoup de festivals n’existent ou ne subsistent que grâce aux bénévoles…
    Par ailleurs, il faut un outil (logiciel spécifique : gestion du planning pour les bénévoles et/ou les équipes, gestion de la billetterie et autres…) pour gérer toute l’organisation d’un festival important (supervisé par le management et bien évidemment aidé par un ou plusieurs salariés…), la professionnalisation des différents métiers nécessaires à une telle organisation, constitue une réalité depuis très longtemps…
    En bref et… effectivement : il ne suffit pas de souligner un manque d’animation durant la saison d’été à Pau ou ailleurs dans le Béarn, encore faudrait-il que les personnes qui souhaiteraient voir un festival d’importance à Pau, outre « une proposition de qualité et le soutien des élus » (…), puisse s’y investir et le fassent savoir : bonne disponibilité à presque, sinon longueur d’année et surtout bon courage, car… « long is the road ! »
    « Last but not least » : un peu de lecture pour mieux comprendre… (Exemples)
    A) Sur l’organisation d’un festival :
    1) Site Animafac : « Les guides pratiques d’Animafac » (60 pages)
    URL : https://www.animafac.net/media/Organiser-un-festival-culturelBD2.pdf
    2) Site du CIDJ : « Organisation d’un festival : de la programmation à la production . CIDJ »
    URL : https://www.cidj.com/orientation-metiers/secteurs-a-decouvrir/organisation-d-un-festival-de-la-programmation-a-la-production
    3) Site Hype Gallery : « Comment organiser un festival de musique local en 10 étapes » (URL : http://hypegallery.fr/organiser-festival-de-musique-local-10-etapes/
    B) Pour avoir une petite idée, même à minima… : imaginez un peu (???), l’organisation de l’un des festivals listés parmi les 3 liens ci-après, que je vous propose :
    1) Site France Festivals
    URL : http://www.francefestivals.com/
    2) Site ConcertAndCo (Rubrique : « Festivals »)
    URL : http://www.concertandco.com/festivals/
    3) Site Wikipédia : « Festival de musique »
    URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Festival_de_musique

  • L’été à Pau est gratuit .. heu payé par le contribuable plutôt. Les festivals sont payants ce qui indique bien qu’ils ont un cout réel. La gratuité attire, en plus d’un public « intéressé » par les artistes, un public de promeneurs du soir qui ne s’y rendraient pas si cela était payant. Pas étonnant que les gens soient de plus en plus réticents à payer leur place de concert ou bien qu’ils trouvent que les places soient trop chères. Ils n’ont certes pas tord sur le prix excessif de certains concerts mais les artistes sont très gourmands et la production d’un spectacle coute de pus en plus cher (sans oublier qu’un ticket est taxé: tva, sacem ..etc). Bref, il serait temps que Pau se dote d’un vrai festival en aidant (et non pas en finançant à 100%) les producteurs locaux (s’il en reste ..). Il serait temps aussi de faire payer « Les idées mènent le monde », ne serait ce que 5 €, et on verrait le résultat en fréquentation. Mr Bayrou ne veut pas prendre le risque de voir la fréquentation de « son » festival se réduire à peau de chagrin. La gratuité n’est gage de popularité et d’intérêt. C’est un leurre …

    • Il y a plein de choses qui sont « gratuites » (financées par le contribuable, on est d’accord) et qui ne suscitent pas forcément un grand intérêt : le mérite de l’Eté à Pau est que le succès ne se dément pas au fil des années. La thèse de l’article était que Pau était endormie l’été, ce qui est assez faux si on y regarde bien.
      L’Eté à Pau n’a pas été conçu comme un festival pour attirer des touristes, mais comme une animation pour les palois qui restent à Pau, ou pour les gens de passage mais qui ne viennent pas spécialement pour ça. Je n’ai plus le budget en tête mais de mémoire c’est très raisonnable car la majorité des artistes invités n’est pas très connue. Et si ces concerts attire aussi un public de « promeneurs » qui ne fréquentent pas habituellement les concerts, c’est très bien et je dirais même que c’est le but. Transformer l’Eté à Pau en un festival classique ce serait le dénaturer.

  • En général ce sont des passionnés qui lancent les festivals, pas les élus. Ces derniers accompagnent, mais ce ne sont pas eux qui sont moteurs au départ.
    « L’été à Pau cela évoque les vers de la belle chanson de Jacques Brel : La ville s´endormait »
    Il vous a sans doute échappé que l’été à Pau il existait… « l’Eté à Pau » : des concerts gratuits au théâtre de verdure, avec un mix plutôt réussi entre artistes connus et découverte de jeunes groupes. Ces concerts font quasiment toujours le plein, et souvent il y a même bien plus de monde que ce que le théâtre peut contenir. Ce n’est pas un festival au sens courant, mais c’est une vraie animation de qualité qui s’étale sur tout l’été. On peut ajouter les séances de ciné en plein air.
    Et il y a aussi Hestiv’Oc qui marche plutôt bien, même si personnellement ce n’est pas ma tasse de thé.
    Le tableau à Pau n’est pas si noir que vous le dîtes.
    « après que la petite cité ait organisé une féria »
    après que la petite cité a organisé… (pas de subjonctif après « après que »)