Yannis
L’alternative de Yannis, El Adoureño, a été, dimanche dernier, dans les arènes de Dax, pleines pour l’occasion (7000 spectateurs), le point d’orgue d’une semaine taurine très chargée. Elle en a laissé beaucoup perplexes car Yannis, l’enfant de Nogaro, a su se montrer à la hauteur de l’événement et couper une oreille, sans souffrir de la comparaison avec deux monstres du toreo : Enrique Ponce et Alejandro Talavante.. Surtout il s’est montré à la hauteur de deux très bons toros ; le sixième étant sans doute le meilleur de la temporada dacquoise. On le sait : être bien avec un bon toro c’est ce qui est le plus difficile. Ainsi, Yannis a coupé court aux critiques de la meilleure manière : en toréant -même s’il y a dire sur les mises à mort…
Ce résultat heureux il faut s’en réjouir même s’il a été obtenu d’une manière peu orthodoxe. Car Yannis a une histoire taurine chaotique. Il a, à ses débuts, alors qu’il était encore sous la houlette de Richard Milian, matador retiré et désormais directeur d’une école taurine, séduit les spectateurs. Je me souviens d’une sortie à Saint-Sever où il avait, sans picador, impressionné. Il disparut du paysage par la suite –sans que l’on en sache les raisons véritables- pour revenir plus tard, après un certamen réussi, exclusivement en Espagne. On lisait alors ses exploits sur les sites spécialisés ; ils étaient surprenants : avec un bilan qui le mit troisième à l’escalafon. Il gagna le zapato de oro d’Arnedo alors qu’il était remplaçant de la dernière minute.
Fondée exclusivement sur cette réputation -car qui l’avait vu en Espagne ?-, sa temporada française fut faîte en tout début de saison ; la plupart des arènes du sud-ouest faisant appel à cet enfant du pays méconnu; réparant ainsi une injustice en somme. Plus surprenant, l’alternative fut programmée avant même qu’il n’ait été vu dans aucune de ces arènes. Une sorte de prime aux références passées, si on veut, octroyée par la commission taurine dacquoise. C’était une démarche inédite, un but mais aussi une pression forte sur les épaules du jeune homme. A posteriori on comprend que cet objectif ait été le fil blanc de la saison.
On le voit désormais ce fut une saison habilement menée par Yannis et son entourage. Elle en laissa beaucoup sceptiques mais il sut éviter adroitement les écueils des novilladas dures où il y a peu à gagner quand on a en ligne de mire une soirée comme celle proposée dimanche à Dax. Il sut gérer les pièges, avançant sans que l’amertume causée par cette gestion habile ne le perturbe. Dans la vie on ne se fait pas que des amis, dans ce milieu encore moins…
Il était donc attendu au coin du bois pour ce jour cérémoniel. Il avait certes ses inconditionnels mais une bonne partie de l’aficion doutait de sa réussite. C’est assez remarquable de sa part d’avoir été là le jour J, retournant les plus sceptiques : [i] »ces hommes de peu de foi »[/i]… et d’avoir su cacher son jeu précédemment. Ce parcours inattendu, ces surprises qu’il nous a réservées et sa capacité à être présent au bon moment augurent bien de la suite de sa carrière; même si le chemin est ardu. Sans doute, avec Yannis, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
Pierre Vidal
Les Toros – Jacques Brel | Parole de Chanson NET
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Les toros s’ennuient le dimanche. Quand il s’agit de courir pour nous. Un peu de sable du soleil et des planches. Un peu de sang pour faire un peu de boue.
J’attends l’avis du taureau avant de me faire une opinion.