Quand la pauvreté s'éveillera
Il y a quelques années, j’ai écrit ce texte … en observant autour de moi, en écoutant les silences pesants des indigents sur quelques trottoirs devenus des mouroirs, les rires des opulents … en côtoyant la rue désolée d’être mise à nue, la main tendue pour quelques-uns, trop nombreux, de plus en plus nombreux … en suivant les pas de certains repus quelques fois ignorants de la misère et combien elle prospère pourtant, à visage découvert … j’ai écrit ce texte comme l’on raconte une histoire tandis que faisant face à la pauvreté, celle-ci exhalait déjà, surgis du fond des poitrines enflammées, des râles contenus devenus des souffles aspirant à la dignité et qui, loin de s’épuiser s’élèvent, hostiles, criant de vérité la colère si longtemps emmagasinée !
La seule conquête dont l’homme peut se vanter d’avoir en sa possession est le respect qu’il témoigne envers son prochain. Pauvres, différents, minorités … civilisations que le puissant conquiert et pille savamment, de la Terre à ses précieux ornements et de manière calculée aux fins de bénéfices le plus souvent immérités conduisant à la pénurie quand ce n’est pas à la perte d’un pays, des conflits à l’appauvrissement extrême de certaines populations de la Terre. Entre guerres offensives et celles défensives, des êtres humains sont sacrifiés, mis à mort sur le terrain détruit, miné, où les sacrifiés sont hâtivement enterrés sans le moindre regret. L’argent et son pâle reflet … l’or et le cours de sa monnaie s’échangent, fluctuent, se rangent, et se monnayent, passent de machines à tuer en bourses où se négocient les finances de spéculateurs acharnés, les richesses des pays pauvres détroussés transitées vers les pays chichement édifiés où se paie comptant la mort d’innocents épuisés, mourants de faim. Rentabilité, productivité, pétrole, consommation immodérée de produits superflus, des règles édictées par ceux-là qui mondialisent à tout va, engrangeant des profits au détriment des petits, détruisant sans la moindre repentance le lit où se repose la vie. Quand la pauvreté s’éveillera il sera temps alors de se lever, réveillés par nos consciences, nos présences et leurs différentes nuances, toutes nos connaissances faisant de nous des valeurs sûres et non des immatures bradés, disséminés sur des sols empreints des larmes et du sang d’existences lasses d’être humiliées, moralisées, mises à mal, affaiblies par une mauvaise santé physique et mentale tels des individus marginalisés … précaires, handicapés, minorités abjurées, mises au banc des sociétés par une poignée d’impérialistes dominants avisés.
Bien à vous.
Samie Louve
Dans un monde où on peut suggérer à un chômeur de traverser la rue pour trouver du boulot, il est bien plus difficile de demander à un technocrate imbu de tout son savoir un peu de considération pour les plus démunis. N’allons pas jusqu’à demander de la compassion, ce n’est pas au programme.
bien d’accord avec vous Hotoctone cependant que nous pouvons lui demander des comptes … bien à vous.
Encore une fois j’ai pris un grand plaisir à vous lire Madame, et je vous remercie de ce si bel article ! Ne changez rien et surtout, surtout, continuez à nous faire cadeau de votre magnifique écriture ! Merci !
Je m’associe entièrement aux propos de Béatrice ainsi qu’à la chaleur humaine et au réalisme du contenu. Qu’en termes choisis et émotionnants ces choses là sont dîtes!
Daniel Sango a souvent l’habitude de conclure ses textes par « Quand les Palois ou les citoyens, ou le peuple s’éveillera »; je doute alors de son intention d’y associer « la pauvreté »; vous venez de combler ce vide par les élans de votre cœur, les gilets jaunes le comblent actuellement par les élans de leur colère, dans la rue.
Ils n’ont rien d’extraordinaires côté émotion ces termes dont je connais le vécu Georges, mais sans doute l’aviez-vous compris, et si j’ai gardé de ce temps-là quelques souvenirs poignants, s’agissant de la pauvreté et ce qu’elle draine de frustrations comme d’animosités, de pleurs enfouis, j’ai réussi au fil du temps à évacuer mes amertumes les maintenant au loin pour demeurer lucide (mais tout aussi rêveuse) tandis qu’au fil du temps la pauvreté change de mains, toujours aussi gueuse bien qu’elle soit travailleuse … et doucement me suis prise au jeu des mots, me souvenant des maux, des miens, des leurs, venant de loin, mais hélas si présents aujourd’hui, si prégnants, toujours les mêmes nous signifiant combien la pauvreté n’a rien d’humain. Bien à vous et douce soirée.
merci en retour pour votre lecture Béatrice … je fais de mon mieux 🙂 Bien à vous et douce soirée.