Causes et conséquences, rien ne change !
Depuis plusieurs semaines de nombreux Français et petits maires ont été conviés à s’allonger sur le «divan» pour des séances d’analyses ; l’objectif est d’extirper de leur inconscient le mal qui les ronge ; en effet, ils pensent, injustement dit-on parfois !!, qu’ils sont délaissés, méprisés, inconsidérés, qu’ils vivent dans une société injuste, que certains se lèvent tard, spéculent, et gagnent beaucoup alors que bien d’autres se lèvent tôt, travaillent et gagnent très peu… L’objectif est de rendre aux Français l’énergie économique positive qui est immobilisée par ces conflits inconscients.
En fait, c’est une analyse car le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête mais ce n’est qu’une fausse-vraie analyse, intéressée, car il est guidé dans une révision de son histoire intime pour lui donner un sens nouveau et actualisé, au service de l’intérêt supérieur de la politique économique du moment ; les analystes n’ont donc pas la neutralité bienveillante qu’ils devraient avoir, ils jugent les patients et leurs actes, précisent même le prix des séances que leurs comportements aberrants les amèneront finalement à débourser.
Il faut que cela s’arrête, il est temps de se réconcilier ! C’est évident, mais est-on prêt, de part et d’autre, au dialogue et surtout aux compromis ? J’en doute !
Le barrage a cédé pour deux raisons ;
+ les responsables ont laissé la mise en charge se faire au-delà de la limite de sécurité. Il aurait fallu faire des lâchers périodiques pour libérer les contraintes et redonner l’équilibre.
+ Les responsables n’ont pas pris soin de surveiller, d’assez près, par des informations remontantes périodiques, la résistance des infrastructures.
Dans le premier cas, ce sont les charges variées, toujours plus importantes et nombreuses, imposées aux citoyens depuis des années.
Dans le deuxième cas, c’est le manque d’écoute des alertes issues des petits maires ; ces derniers sont les baromètres et les thermomètres de l’état de la météo locale, ceux que l’on veut réduire de plus en plus, car trop coûteux. L’actualité montre que c’est encore plus coûteux de s’en priver !
En se vidant, la force de l’eau et la surface couverte se sont amplifiées, elle s’est écoulée largement et s’infiltre lentement dans la nappe phréatique, prête à rejaillir en d’autres sources, mais, plus grave, des berges, elle a détaché des blocs dormants dans la paroi, à droite et à gauche ; entraînés le long du parcours, ce sont eux qui, libérés, ont provoqué les dégradations et dégâts collatéraux redoutables entraînant, dans les villes et villages, destruction, violences, pillages puis, maintenant, haine, racisme, sexisme, antisémitisme au sein de toute la société.
On peut parler de déficit de gouvernance, depuis les hauts sommets on voit surtout des mers de nuages ! Un travail colossal, difficile et extrêmement coûteux est à entreprendre pour combattre et éteindre le feu et les braises de ces philosophies nauséabondes et destructrices que les générations comme la mienne ont connues.
Mais, beaucoup plus grave, il n’y a pas que la gouvernance, loin de là ; à C dans l’air, Brice Teinturier faisait remarquer que l’ignominie n’était pas, dans les sondages, marquée par une réprobation écrasante de l’ensemble de la population ; manifestement on note une imprégnation ou une indifférence coupable. Seuls, les politiques ne pourront rien s’il ne sont pas massivement suivis par les Français. Quand on pose la question de savoir ce qu’ils pensent sur les raisons de la fuite des juifs vers Israël, 62% n’ont pas d’avis !!!
Une fois de plus, on se plaint ; à juste titre, on se désole, car on subit les conséquences, mais on n’a pas cherché à lutter contre les causes de ce fléau en sommeil.
Si on élargit le problème à l’Europe, seule une Europe citoyenne, non uniquement financière, non concurrentielle mais unie, solidaire, est capable de défendre nos valeurs et notre puissance dans le monde. C’est mal parti !
On parle beaucoup, jusqu’à présent, dans le grand Débat, du pouvoir d’achat, de la notion de «riche», de classe moyenne, termes qui restent vraiment encore à définir, du service public, de la mobilité, surtout dans le monde rural, de nouvelles institutions dont les orientations discutées devraient peut-être se souvenir de la définition de la démocratie d’Albert Camus :
«La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité»
Par contre, le pouvoir n’a pas prévu d’évoquer la Culture et la transition «écologique», la réforme sans doute la plus importante pour le court et moyen terme de notre société, est laissée largement de côté, par les gilets jaunes aussi d’ailleurs, sauf, en parallèle, massivement, par les jeunes ; cette réaction est vraiment une bouffée d’optimisme pour l’avenir, par rapport au triste comportement sclérosé des Politiques en place depuis le début de la Vème République.
La façon dont le pouvoir voulait l’aborder était mauvaise car elle était empreinte de la plus grande injustice ; encore une fois, les gros pollueurs étaient et sont toujours détaxés et donc privilégiés ; la liste serait longue, dans les transports, l’industrie, l’agroalimentaire… entre autres.
Futura-Sciences 03/12/2018 «Il faut dire que les navires de croisière sont régulièrement pointés du doigt pour leur pollution et leur contribution aux gaz à effet de serre. Le fioul lourd, peu raffiné, affiche des teneurs en soufre 1.500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures. Un gros paquebot émet ainsi quotidiennement autant de particules fines qu’un million de voitures, selon l’association de protection de l’environnement allemande «Nabu.» Bordeaux en voit souvent !
Trois fléaux menacent l’humanité au XXIème siècle : obésité, sous-alimentation et changement climatique. Longtemps considérés séparément, ces trois phénomènes interagissent et ont un moteur commun, de puissants intérêts commerciaux.
Là encore, on subit les conséquences et on ne fait rien contre les causes.
Pour Philippe Dessertine.
«Le problème majeur qu’affronte l’humanité est bien le climat. L’origine de son dérèglement est la poussée démographique. Appliquer à 7,5 milliards le modèle économique occidental avec son utilisation effrénée d’énergies, ses modes de consommation, de travail, de production, de plus en plus intensifs, la planète n’y tiendra pas longtemps. Le diagnostic est clair, il faut aller vers un changement radical de modèle économique. Un tel bouleversement n’est possible qu’en période de révolution industrielle et technologique comme au début du du XIXème puis au début du XXème…Nous sommes dans une nouvelle révolution industrielle aux conséquences incalculables………»
Alors, changer les institutions, le nombre d’élus, le mode d’élection, proportionnelle ou pas, cela ne changera pas grand chose si on ne change pas la façon de penser et d’agir !
«Le digital, l’intelligence artificielle, et d’autres marches vont arriver très vite, elles nous ferons rentrer dans cette nouvelle révolution.» Ph.Dessertine.
Cet néo-homo économicus aura-t-il conservé quelques gènes de l’homo sapiens d’origine ? Les expériences du passé ont montré, à chaque fois, que si des progrès étaient faits, ils étaient toujours accompagnés d’un asservissement de plus en plus grand à l’argent, à la machine, à l’énergie, au temps, à l’homme lui-même, au détriment de l’humanisme qui devait, disait-on, en résulter !
Alors ? Scepticisme !
On a supprimé des enseignants pour faire des économies, on devrait plutôt faire des économies en créant des postes car le manque de civisme, l’ignorance de la démocratie, la haine des autres, nous coûtent bien plus cher en ce moment.
Dans toutes les classes, de la maternelle à l’université, échelonnés tout au long de l’année, adaptés à l’âge, de la Seine-Saint-Denis à Neuilly, des cours, débats, conférences seraient institués pour forger à la fois l’esprit critique et les connaissances sur la République, les institutions, la votation, le fonctionnement de l’Etat, des Mairies, du député, sénateur…., la démocratie, le respect de la richesse culturelle de notre diversité…. sans oublier les dangers du dérèglement climatique !
Signé Georges Vallet
crédits photos: https://www.lepoint.fr/il-y-a-50-ans-la-catastrophe-du-barrage-de-malpasset-
L’analyse de Georges Vallet est bien française, s’il y a des problèmes (et il y en a ) c’est la faute à l’Etat.
Pourtant la cause majeure de nos problèmes de société viennent des échecs dans l’éducation. Et ce n’est pas la faute des enseignants ni de leur nombre qui n’est pas insuffisant. C’est l’éducation familiale qui est défaillante.
L’Etat éduque gratuitement le jeune a le devoir de participer activement à cette éducation.
Ce n’est plus le cas en France depuis des décennies. On a là une machine à créer des chômeurs, des marginaux, des délinquants.
Et ce n’est pas une question de nombre d’enseignants…