Grand débat palois acte III
Vendredi 22 février 2019 à 18 h 00 avait lieu le troisième grand débat palois au parc des expositions. Beaucoup moins de monde que pour les deux précédents, cela est sans doute dû au sujet qui était « la transition écologique », sujet qui passionne moins le public. Pourtant, et c’est là mon avis, ce grand débat était le plus réussi, le plus abouti.
François Bayrou, toujours dans le rôle de l’animateur, précise que transition écologique peut revêtir plusieurs formes : développement durable, protection de l’environnement, économie d’énergie etc. Pas moins de huit grands témoins pour « affronter » un public pas très jeune, il faut bien le reconnaître et, pour la première fois, sans aucun gilet jaune.
Ces grands témoins sont :
Pierre Hamelin, directeur de Soliha – rénovation de l’habitat, ancien Pact du Béarn.
Véronique Mabrut, Directrice régionale de l’Agence de l’eau, Adour Garonne.
Patrick Baleyre, ingénieur d’études au CNRS – IPREM
Eric Schall, maître de conférence à l’Université de Pau et Pays de l’Adour, chargé de mission, transition énergétique et développement durable.
Jean-Marc Sotiropoulos, directeur de recherches au CNRS – IPREM, chimie.
Benoît de Guillebon, Directeur de l’APESA, centre technique au service des transitions.
Maryvonne Lagaronne, vice-présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques.
Philippe Tugas, journaliste en retraite, ancien chef d’agence à Sud Ouest et ancien rédacteur en chef de La République et l’Éclair.
Pas moins donc de huit personnes, si à certains cela peut paraître beaucoup, il faut souligner que devant un sujet protéiforme, des spécialistes aux diverses compétences sont nécessaires. D’ailleurs à la différence de ce qui s’était passé lors des deux éditions précédentes, les connaissances et réflexions de ces « grands témoins » ont été largement mises à contribution ce qui est une explication de la réussite.
On peut s’interroger pour comprendre l’absence de jeunes participants à ce débat. D’autant que le sujet met en jeu l’avenir de tous mais principalement des jeunes générations. On en est réduit aux conjectures pour trouver une raison valable.Un match de rugby, un sujet qui ne motive pas parce que tant de fois répété ?
L’absence de gilets jaunes, contestataires et parfois agressifs, a permis de bénéficier d’une ambiance plus sereine. Les interventions des particuliers étaient pour la plupart opportunes et réfléchies. Il est toujours difficile pour la fonction « d ‘animateur » qu’assumait François Bayrou, de maîtriser certaines prises de paroles souvent longues et déroutantes. Une personne a cru indispensable de nous lire une longue page d’un écrit de Fred Vargas après nous avoir précisé que, selon elle, la transition écologique est un non sens. Mais surtout l’intervention d’un homme portant une chemise à carreau qui n’en finissait pas de nous déblatérer des théories, ses théories à lui, qui lassaient tout le monde. L’autorité de Bayrou n’en venait pas à bout malgré plusieurs tentatives pour mettre un terme à sa logorrhée. Bon on se consolera en considérant que cet homme est un convaincu (qui aura sa revanche) par ses propres propos.
Voilà donc pour la forme. Sur le fond très vite a été abordé le sujet du glyphosate, Monsanto et les lobbies. Ce qui a conduit François Bayrou à rejeter l’idée qu’il existe un complot universel. Mais surtout ce qui a donné l’occasion à Maryvonne Lagaronne de défendre le monde paysan auquel elle appartient. Ce monde a reçu pour mission de nourrir la population au moindre coût et dans le respect de la nature. L’enjeu a été compris, nourrir avec des prix de plus en plus bas. Le monde paysan a répondu. Les molécules actuelles, a-t-elle dit, sont bien moins toxiques que celles utilisées autrefois. Dans notre département la culture du maïs représente seulement un tiers des cultures. La majorité des terres sont en herbe. Lorsqu’on parle de lobbying, il faudrait, à son avis, préférer le terme d’acteurs économiques. Ce sont les principaux acteurs de recherches et à ce titre, ils agissent à la place de l’État. Enfin elle termine sa première intervention en précisant qu’actuellement les agriculteurs reviennent sur des pratiques mécaniques pour réduire l’utilisation des produits chimiques. Dans le monde ce sont 800.000 tonnes de glyphosate qui sont consommées. La France n’en utilise que 1%. Les principaux pays utilisateurs sont la Canada , l’Amérique du Nord et l’Argentine.
C’est vrai que tous les sujets abordés prêtent à discussion et à échanges. Mais c’est vrai aussi que Maryvonne Lagaronne a été, à mon sens, parce que d’une certaine façon, elle ramait un peu à contre courant en voulant s’attaquer à certaines idées reçues, la personne qui a émergé du débat. Elle s’exprimait facilement, clairement et de façon construite. Par la suite elle a pu évoquer un sujet d’actualité qu’est l’écobuage. Pratique ancestrale qu’il convient de comprendre lorsqu’on a le souci de remettre le pastoralisme en montagne. Que deviendrait en effet la montagne sans cette pratique ? Il y a actuellement moins d’animaux qu’autrefois ce qui fait que les territoires ont tendance à se fermer par l’expansion des ronciers. Elle a également évoqué à sa façon par un exemple survenu dans la commune dont elle est la maire, la nécessaire cohabitation ou proximité entre les animaux et les humains. C’est l’histoire d’un gypaète barbu… Pour autant elle n’a jamais nié qu’il y avait beaucoup à faire pour lutter contre la pollution renvoyant chacun à ses responsabilités propres puisqu’on constate une diminution de la consommation d’énergie sauf au niveau individuel.
Pour conclure, deux choses : en me focalisant sur les interventions de Maryvonne Lagaronne, je n’oublie pas les autres interventions toutes très instructives. Un débat qui a beaucoup apporté même si parfois on avait le sentiment d’avoir déjà entendu ces différentes prises de positions. Peu importe il est toujours utile de le dire et de le redire car il y a urgence.
Et enfin, une dernière observation, même s’il faut reconnaître à François Bayrou, une présence certaine et un art consommé pour mener les débats, sa position de maire a parfois transpiré. Ainsi lorsqu’il nous fait le panégyrique du bus à hydrogène, lorsqu’il rappelle que Pau est la deuxième ville de France de moins de 150.000 habitants, après La Rochelle, pour le kilométrage des pistes et voies cyclables on ne peut s’empêcher de penser que la campagne électorale pour les municipales c’est en 2020 et que si certains pouvaient encore douter qu’il sera candidat, les voilà maintenant rassurés ou inquiétés, c’est selon.
Pau, le 25 février 2019
par Joël Braud
Pendant que tout ce beau monde » réfléchissait » au futur de l’ agriculture à faible taux de carbone, nos montagnes brûlaient de tous leurs feux, sans les émouvoir plus que ça, avec tous les risques que cela comporte en matière d’ érosion des sols et
d’ appauvrissement de la micro faune. Il y a deux jours lors de mon passage à Jaca la ville était noyée dans la fumée des incendies français et à Villanua à16h il fallait les feux de croisements allumés, tellement il y avait de fumée. Ça aussi ça fait partie de
l’ agriculture du futur que certains veulent imposer en disant que l’ écobuage est devenu un moyen » compétitif » d’ entretenir la montagne, alors qu’ ils sont en train de la saccager
avec l’ assentiment des autorités de tutelle.
Mme Lagaronne a subjugué son auditoire y compris M. Braud. Cela semble naturel pour une éleveuse de bœufs, même si elle ne les a pas connu mis au joug.
Mais on peut effectivement pressentir que Mme Lagaronne comptera dans le monde politique local.
J’ai assisté à une réunion sur la Transition énergétique « Un défi à relever pour l’agriculture » à Morlaàs le 11 décembre 2018, organisée par la Chambre d’Agriculture.
Mme Lagaronne a abordé d’une manière remarquable la problématique production de viande et production de carbone dans une présentation intitulée « Ferme bovins viande bas carbone ».
La viande est considérée, notamment par Bruxelles, comme le plus gros producteur de carbone. L’élimination des protéines « viandes » réduirait d’1/3 la production de carbone.
Mais les éleveurs et, je suppose, toute l’interprofession contestent ce constat. Ils avancent qu’il faudrait identifier ces bilans carbone en considérant, l’eau, le sol, le territoire et l’air.
Toutefois cette intervention de Mme Lagaronne, au demeurant très convaincante, ne m’a pas renseigné sur les arguments opposés par Bruxelles.
Subjugué, le mot est un peu fort. Sa position était à contre courant de ce que disaient les autres participants. Je ne dis pas qu’elle avait raison sur tous les points abordés mais qu’elle a eu le courage d’exposer d’autres arguments et défendre sa profession.
On peut effectivement regretter, alors qu’ils sont les plus concernés par le futur (Thème de ce « Grand débat palois, acte III »), le peu de jeunes présents, même avec un match international de rugby au stade du Hameau, la cérémonie des Césars à la télévision ou tout autre raison : c’est peut-être le manque d’intérêt des jeunes pour la chose politique ou que les politiques soient, à leurs yeux, tout simplement un peu décrédibilisés (et ici, « un peu » est peut-être même, une expression plutôt faible…).
Regrettable aussi, l’absence de ceux que l’on appelle « les pauvres » (les plus précaires aux conditions de vie difficile…) , personnes qui n’ont peut-être pas l’envie ou les moyens de se déplacer pour assister aux débats qui ont lieu. Le grand débat national me semble occulter un peu beaucoup les préoccupations de cette catégorie de population qui semble oubliée ; cette remarque concerne aussi les personnes âgées et isolées (…).
Sauf erreur de ma part et depuis le début de la tenue de ces débats locaux, j’ai peu ou pas entendu un(e) seul(e) représentant(e) d’une association oeuvrant dans le domaine de l’exclusion ou des acteurs de la solidarité…
A part, la lectrice philosophe ainsi que la « personne portant chemise à carreaux » qui est intervenue, hélas, plusieurs fois et ce, jusqu’à la fin, ce débat fut le plus intéressant des 3 débats qui ont déjà eu lieu.
Je peux me tromper, mais à l’écoute et observation, l’assistance était plutôt composée pour une grande partie, de personnes retraitées ou proche de la retraite (Classe moyenne sinon… supérieure pour certains intervenants, la classe moyenne étant, à mon humble avis, un groupe social très hétérogène, surtout en ce qui concerne les revenus…), assistance qui a parfois posé de très bonnes questions ou formulé des observations pertinentes, questions ou observations auxquelles ont très bien répondu, les « grands témoins » qui étaient à la tribune.
Je reste très perplexe à la lecture de vos CR de ce débat.
La planète brûle et on parle du glyphosate qui est vraiment ultra secondaire par rapport par exemple au réchauffement climatique.
Quelles sont les propositions phares de ce débat ?
Quelles sont les propositions urgentes ?
Au « Sieur » Daniel Sango : pour changer un peu et pour remplacer le dessin animé « Bisounours », ou revoir « La petite ferme dans la prairie » ou même éventuellement tous les épisodes de la série « Dallas » 😉 😉 ;-), vous pouvez visionner à loisir et autant de fois que vous le souhaiterez, la retransmission des 3 débats qui ont eu lieu à Pau.
Pour répondre, même partiellement, à vos questions sur ce qui a été débattu lors du « Grand débat palois, acte III » sur le thème « La transition écologique« , veuillez svp trouver ci-après, un récapitulatif de ce que vous pouvez voir et… revoir sur ce troisième débat.
1) « Le Grand débat national : 22 Février 2019 à Pau » (Réunion publique en 6 vidéos) :
via l’URL suivante (Site « Pau.fr ») = https://www.pau.fr/article/le-grand-debat-national–six-videos-pour-revivre-la-troisieme-reunion-publique-a-pau
2) Nota 1 : vous pouvez aussi visionner ce dernier débat, en tapant entre guillemets via « Google » : « Pau Grand débat national youtube »
Exemple sur « Le Grand débat national : 22 Février 2019 à Pau » :
Introduction : https://www.youtube.com/watch?v=NoQklXsO334
introduction suivie de plusieurs parties (Exemples parmi les 6 vidéos) :
URL (Partie 1) = https://www.youtube.com/watch?v=KkxmGvW6W9g
URL (Partie 2) = https://www.youtube.com/watch?v=Vli1M8aNeQQ
URL(Partie 3) = https://www.youtube.com/watch?v=ou2UNfvaVZE
URL (Partie 4) = https://www.youtube.com/watch?v=tnfsQ7eQ1Ao
Conclusion (avec, après quelques interventions et questions de participants, les réponses des 8 « grands témoins »)
URL : https://www.youtube.com/watch?v=K2sLrQVcw3U
Nota 2 : vous pouvez aussi visionner les 2 précédents débats (25 janvier + 6 février 2019), enregistrés et filmés :
1) Première réunion publique (25 janvier 2019) : « Le Grand débat national » : huit vidéos pour revivre la première réunion publique à Pau (Introduction + Présentation + 5 parties + Conclusion)
2) Deuxième réunion publique (6 février 2019) : « Démocratie et citoyenneté » : six vidéos pour revivre la deuxième réunion publique à Pau (Introduction + 4 parties + Conclusion)
Voir svp ci-après, les informations, pour accéder aux vidéos des 2 premiers débats :
« Grand Débat National : troisième réunion publique le 22 février à Pau (Site « Pau.fr ») via l’URL : https://www.pau.fr/article/grand-debat-national–troisieme-reunion-publique-le-22-fevrier-a-pau
Pour information et/ou rappel :
« Grand Débat National : « Impôt, finance publique, fiscalité et économie », thème de vendredi 1er mars » (Acte 4 du Grand Débat National organisé au Parc des expositions sur le thème « Impôt, dépense et action publique, fiscalité et économie »).
URL : https://www.pau.fr/article/grand-debat-national–les-deux-prochaines-reunions-publiques-le-1er-et-le-8-mars
C’est un débat ou, comme avec le président de la République au plan national, une démonstration du savoir personnel du premier magistrat de la cité et de ses invités (ces fameux grands témoins) ? On ne doute pas de leur culture ni de leur compétence. On aimerait entendre la base. C’est ça le débat. La vérité est plurielle à l’heure de « la pensée complexe » et on peut craindre que ce « grand débat » n’ait pas l’effet désiré et ne remplisse pas les objectifs annoncés… puisque ni le Président ni le Maire de Pau n’ont l’intention de changer les axes fondamentaux de leur politique.