Européennes, les petites phrases

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Depuis le vendredi 3 mai 2019, en France, les listes électorales sont closes et le journal officiel vient d’en publier le détail. On attendait entre 14 et 15 listes et bien pas du tout, il y en aura 33. Difficile d’expliquer une telle inflation sinon en évoquant le peu d’intérêt que les électeurs qui auront à se prononcer ce 26 mai éprouvent pour ce scrutin. Un scrutin qui, il faut le rappeler, se fait à la proportionnelle sur des listes nationales de 79 candidats chacune.

Le manque d’intérêt et l’inconsistance des débats ne sont sans doute pas les seules raisons d’une campagne qui ne démarre pas. En attendant, chacun, candidat ou pas, y va de ses petites phrases ou de ses bons mots histoire de se faire remarquer.

A commencer par notre locale à nous, Laurence Despaux épouse Farreng, candidate du MoDem (Mouvement Démocratique) inscrite en quinzième position sur la liste de la majorité présidentielle. Elle n’a pas hésité à fustiger un certain François Bellamy, tête de liste du parti « Les Républicain » en disant : « Il est étonnant de lire (dans le journal Le Monde) que le philosophe François Bellamy n’a jamais lu « L’Idiot » de Dostoïevski. Lui qui sait si bien faire pour ne pas dire pour qui il n’a pas voté au deuxième tour de la présidentielle. »

Elle apprend vite la candidate. Cependant il faut reconnaître que pour l’électeur lambda, il n’y a pas là matière à savoir quelles sont ses convictions européennes. C’est plutôt gênant pour une élection de ce niveau. Il faut dire à sa décharge qu’elle n’a pas encore reçu les éléments de langage auxquels il lui faudra se référer.

Elle aurait sans doute été mieux inspirée en considérant qu’il existe dans l’agglomération des élus qui sont du même parti que Bellamy et qui goûtent peu ce genre d’attaque. Il y a même un comité de soutien à la liste « Les Républicains » qui s’est fendu d’une réplique que l’on pourrait qualifier de cinglante.

Voilà donc une campagne qui nous conduira à très peu parler de l’avenir de l’Europe mais qui permettra de goûter avec délice ces petites piques destinées à affaiblir l’adversaire. Ah ces attaques personnelles, comme c’est amusant, et surtout comme cela évite d’aborder les sujets de fond ! Ce serait prendre le risque d’afficher son ignorance.

Autrement dit, nous allons bien nous amuser mais nous ne saurons pas pour qui voter.

Pau, le 6 mai 2019

par Joël Braud

Crédit image : service public.fr

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3 commentaires

  • Je constate une certaine carence de la voix de l’Europe. Quand Israël décide de construire de nouvelles colonies de peuplement en Cisjordanie ou à Jerusalem au mépris des résolutions de l’ONU avons nous entendu la réaction de l Ministre européenne des Affaires Etrangères. Que nenni, c’est le grand silence. Comment voulez vous que l’Union Européenne soit crédible sur le plan international.

  • « il y en aura 33. Difficile d’expliquer une telle inflation sinon en évoquant le peu d’intérêt que les électeurs qui auront à se prononcer ce 26 mai éprouvent pour ce scrutin »

    Curieux syllogisme : comment expliquer qu’il y ait 33 listes le 3 mai par un peu d’intérêt le 26 ?
    Quelque chose m’échappe

    • En effet à première vue cela peut paraître un peu hermétique. Dans la réalité les listes sont des listes que l’on appelle nationales en ce sens qu’elles vont choisir cette opportunité pour se faire connaître plus que pour parler de l’Europe. Il n’en n’est pas moins vrai qu’actuellement, les organismes de sondage chiffrent à 40% le taux de participation. L’autre point qu’il faut souligner est que la proportionnelle est un scrutin qui est favorable à ce genre d’inflation. En Allemagne par exemple, il y aura 40 listes.
      Enfin permettez-moi de citer ici le politologue Stéphane Rozès, professeur à Sciences-Po :« L’écart très important entre l’Europe souhaitée et ce qu’est l’Union européenne (…) entraîne une crise de la représentation politique, qui entraîne à la fois une forte abstention et un éclatement des familles politiques. D’où le nombre de listes ».