« Connais-toi toi-même », tu connaîtras ton ennemi.

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C’est le règne de l’incohérence !

On s’angoisse des pollutions urbaines, des tempêtes, du recul de nos côtes, des inondations et des feux, des pertes agricoles, de la fonte des glaciers…, «du monde qu’on va laisser à nos enfants», mais on se réjouit de la vente des rafales et qu’Indigo Partners, Vietjet, le Qatar et la Chine… commandent des Airbus pour des milliards d’euros ; on espère que le transport aérien va doubler tous les 15 ans !

La désertification et la famine forcent des millions de personnes à fuir leur pays, au péril de leur vie, pour chercher refuge chez ceux qui ne veulent pas d’eux, pour conserver l’opulence et la consommation sans frein , la surproduction, la sur-alimentation, la domination.. qu’ils sont incapables de réguler, au péril de leur vie, eux aussi,(catastrophes climatiques, maladies, agressivité, racisme, ……, guerres).

Pourquoi, alors que nous avons les moyens d’y remédier, accélérons-nous cette incohérence létale ?

Nous sommes notre propre ennemi.

Nos hommes politiques font penser à ces moines du XVème siècle qui faisaient des prières pour faire reculer l’épidémie de peste noire !»

Ignorance, incompétence, responsabilité et culpabilité.

Des progrès considérables ont été réalisés dans les neurosciences, ils permettent, de mieux en mieux, la compréhension de ce comportement; elle est dans l’origine de la vie, de son maintien, de son évolution.

Parmi tous les chercheurs, Sebastien Bohler nous livre une analyse basée sur les résultats de très nombreuses expériences et sur des constats observés chez des personnes traumatisées ou intoxiquées, au CO, entre autres.

La survie, de la cellule à l’organisme le plus sophistiqué comme l’homme, a été le résultat de la sélection d’un programme capable de réaliser, dès le début, les objectifs essentiels de base pour perdurer et lutter contre les prédateurs, la faim, les maladies : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, glaner le maximum d’informations sur son environnement.

Depuis le précambrien(1/2 milliard d’années) jusqu’à l’époque actuelle du dirigeant d’entreprise, ce fonctionnement basique n’a pas changé.

Chez tous les vertébrés, on distingue dans le cerveau, en simplifiant à l’extrême :

+ Une zone cérébrale profonde appelée parfois striatum formée de plusieurs parties ; elle est à l’origine des incitations, elle pousse à l’action en poursuivant toujours les mêmes objectifs, depuis des millions d’années : trouver de la nourriture, des partenaires sexuels, se procurer un statut social, acquérir du territoire et des informations ; tout ce qui est indispensable à la survie.

+ Plus bas, à la limite avec la moelle épinière, une zone de fabrication de dopamine d’où partent des neurones qui s’irradient vers le striatum où ils libèrent la molécule de la récompense, du plaisir, en cas de succès des comportements ci-dessus.

+ Le cortex ou écorce est corrélé au traitement de l’information, à la mémorisation, l’organisation sociale, la fabrication d’outils, la communication….

Le cortex propose, le striatum ordonne.

Chez l’homme, à la différence des autres vertébrés, si le stiatum n’a pas changé, le cortex s’est hypertrophié et élabore des technologies sophistiquées que ce soit dans le domaine alimentaire, l’information, la production de biens matériels…Ce cortex est capable de procurer au striatum de plus en plus d’outils et d’armes.

« Notre cerveau est configuré pour en demander toujours plus, tout de suite, même quand les besoins sont satisfaits. »

Ainsi, on meurt plus de suralimentation que de dénutrition (OMS 2016). Aux USA, le taux d’obésité a dépassé 33% de la population, en France la cote des 15% est dépassée.

En effet pour continuer à stimuler la production de dopamine il faut augmenter à chaque fois les actions de consommation, de records, d’acquisition de biens, de réussite sociale ou politique…..de «likes» dans les réseaux sociaux….!

A aucun moment il ne viendrait à l’esprit de ce cerveau reptilien de se limiter, il n’a jamais intégré cette donnée d’autant plus qu’à chaque fois il reçoit la récompense !

Le vrai maître du monde est celui de la récompense !

Si bien des emplois ne font plus recette, sont les promoteurs du burn out et des «Raisins de la colère», c’est qu’ils ne sont plus porteurs de dopamine, de récompense, de considération, de reconnaissance.

Nos gouvernants prennent des engagements,  des citoyens les croient ; ils ne seront jamais tenus mais ils auront reçu leur dose de dopamine en lisant, juste après, les sondages !!

Cette recherche, programmée à l’origine, de la récompense, explique la volonté permanente d’atteindre le sommet de la planète, d’être le premier de cordée, l’origine des hiérarchies croissantes….

«Nous passons notre temps à nous situer par rapport aux autres. L’essentiel est de gagner !»

«La comparaison sociale est un ressort puissant ancré dans nos gènes depuis des centaines de millénaires. Les personnes aiguillonnées par une forte comparaison sociale sont certes toujours sur le qui-vive, jamais contentes, angoissées de ne pas être au faîte de la hiérarchie… mais de fait, elles auront accès à plus de biens matériels, de pouvoir, de reconnaissance et de sexe que les autres.»

Les exemples d’ambition, de recherche de domination et de bouffées d’euphorie ne manquent pas comme dans l’olympisme, la marque des chaussures ou des montres, les restaurants fréquentés, les lieux de vacances, le quartier d’habitation, les statuts des cadres et des employés, la dynamique des politiques…

Ce déterminisme, qui a eu son utilité, est entrain de polluer non seulement nos modes de vie et notre environnement mais aussi les rapports humains.

Ce qui a été la réussite essentielle de la survie de l’humanité devient la cause essentielle de sa disparition.

«Nous tombons dans un esclavage ne faisant que suivre les programmes biologiques profonds de notre cerveau reptilien, gouvernés par les flux de dopamine qui remplace la libre décision par la mécanique de l’inflation des besoins et des désirs».

Ne nous étonnons pas que le modèle libéral soit aussi important, il n’est que la permanence du système gestionnaire de nos ancêtres singes puis hominidés. Nous sommes figés dans le fonctionnement d’une structure cérébrale archaïque à l’intérieur d’un monde que nous avons fait changeant et qui nous dépasse maintenant.

Au cours de notre histoire, de nombreuses tentatives ont cherché à s’opposer, inconsciemment, à l’emprise du cerveau reptilien. Les Grecs (Platon, Socrate…), les Latins (Lucrèce…), les religions (christianisme, islam…) ont mis en avant des commandements moraux et le culte de l’effort de la volonté pour s’opposer à la tentation. Les péchés capitaux y correspondent en partie : gourmandise, luxure, orgueil, paresse, péchés d’envie, de colère… Maintenant, les régimes amaigrissants prolifèrent… Finalement, comme les tentatives précédentes, c’est l’échec.

Pourtant, la plasticité du striatum n’est pas nulle et peut provoquer chez bien des personnes du plaisir lors d’un comportement altruiste.

Mais, là encore, on ne peut forcer les gens à trouver du plaisir en partageant, sauf peut-être par un conditionnement préalable !

Avec une bonne préparation familiale, scolaire, médiatique, publicitaire, politique «Un jour, le nec plus ultra du snobisme sera d’être sobre et respectueux de l’environnement et non de posséder un 4X4 sur équipé».

Alors, on est foutu, on mange trop ?

Absolument pas, notre cortex peut nous permettre d’amener notre conscience au niveau de notre intelligence en se nourrissant de connaissances. L’avenir de l’humanité est à ce prix.

La connaissance partagée et non sélectionnée, la culture,sont les seules armes efficaces pour lutter contre ces pulsions primitives destructrices.

Les volontés politiques actuelles et les réformes en cours, dans l’enseignement entre autres, vont, hélas, tout à fait en sens opposé, pourtant :

«C’est à la société entière de mettre à l’honneur la connaissance et ses figures de proue, de manière à la rendre attractive et valorisante pour nos cerveaux….Le jour où les plus grandes audiences télévisées ne seront plus réalisées par des matchs de foot (ou de show-biz)…nous serons en présence d’un indicateur sérieux d’une possible bascule vers la croissance mentale.»

signé Georges Vallet

crédits photos: C’est l’ignorance, et non la connaissance, qui dresse …Citations.com

(1)Le texte est inspiré et comprend des extraits de: «Le bug humain» de Sébastien Bohler, ingénieur, ancien élève de l’Ecole polytechnique, titulaire d’un DEA de pharmacologie moléculaire et cellulaire puis d’une thèse de neurobiologie moléculaire à l’université Pierre-et-Marie-Curie, préparée dans le laboratoire de Jean-Pierre Changeux à l’institut Pasteur, sur le fonctionnement des récepteurs neuronaux impliqués dans la dépendance à la nicotine.

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9 commentaires

  • Du fait, probablement, d’un manque de dopamine de la part de l’auteur ainsi que l’assurance manifestée de celui qui sait, je suis obligé d’intervenir pour corriger le contenu des propos visant à transformer totalement l’esprit de mon article.
    Mon texte est bien le fruit d’une analyse personnelle.
    Après de nombreuses années d’ouverture au monde, d’études prolongées et continues de la nature, de la biologie, de l’évolution des encéphales de vertébrés, de la complexité du vivant, d’expérience acquise, de lecture, de contact dans de nombreux domaines avec des spécialistes, d’acquisition de connaissances, de données comme on dit maintenant, de constat que la dopamine est déterminante dans tous les comportements (voir ceux des politiques actuels)…cela a débouché, dans cette deuxième partie de ma vie, sur une exploitation réfléchie de toutes ces données, l’évolution des neurosciences jouant un rôle déterminant.

    Si j’ai tenu à analyser, sur notre site, les grandes lignes des idées proposées dans ce livre, ce n’était pas nouveau pour moi mais cela correspondait à cette conviction profonde que j’avais acquise et qui était ainsi confortée par beaucoup plus spécialisé, documenté, et éloquent que moi. Je souhaitais de diffuser au plus grand nombre cette interprétation de l’évolution dramatique et insoupçonnée de notre monde.

    Je remercie Philippe H de me rejoindre en conseillant la lecture de ce livre dont le contenu étoffera, à partir de nombreux exemples, la nécessité de plus en plus urgente d’en prendre conscience et d’agir dans le sens évoqué dans la conclusion, le sort de l’humanité se joue en ce moment.

    «En réalité l’Homme n’a pas tellement eu à corriger ses erreurs jusqu’à aujourd’hui»

    Cela mériterait un développement car, s’il est vrai, que la faible population n’avait que des actions locales, elles ont généré quand même des sélections, et de nombreuses adaptations subies à la suite des guerres, des maladies, des techniques agricoles inappropriées, des changements climatiques; les fluctuations démographiques ont été nombreuses.

    • Que cela soit nouveau pour vous ou pas, cela ne change pas le fait que votre texte est un résumé du livre (ce qui n’a d’ailleurs rien d’infâmant)

      Sinon, pouvez-vous nous communiquer les références des publications de vos travaux ?

      • « Sinon, pouvez-vous nous communiquer les références des publications de vos travaux ? »

        Le forum d’Alternatives Pyrénées n’est pas le lieu de publication de curriculum vitae; de toute manière je ne suis plus en recherche d’un emploi.

  • Comme dit dans la note de bas de page, ce texte n’est pour l’essentiel pas une analyse personnelle mais un résumé du livre « Le bug humain », que je vous encourage donc à lire.

    Et je me permets une correction : notre « espèce » n’a selon les connaissances actuelles que 300.000 ans environ. La révolution du néolithique, qui marque le début de la transformation systématique de son environnement par l’Homme, date de moins de 10.000 ans. En réalité l’Homme n’a pas tellement eu à corriger ses erreurs jusqu’à aujourd’hui : sa faible population limitait tellement l’impact de ces erreurs qu’elles pouvaient paraître mineures. Et ce que l’on sait -ou devine- des épisodes où elles ont eu un fort impact laisse penser que l’Homme n’a pas souvent corrigé grand-chose. Le défi est donc immense.

    • (ma réponse s’adressait à Jan-Paul Picaper)

    • Michel LACANETTE.

      En réalité l’Homme n’a pas tellement eu à corriger ses erreurs jusqu’à aujourd’hui : sa faible population limitait tellement l’impact de ces erreurs qu’elles pouvaient paraître mineures.

      L’ impact de ses erreurs se sont manifestées dès la préhistoire, surtout à partir de sa sédentarisation et de la maîtrise de l’ agriculture, qui a créé de gros dégâts dans tout le Moyen Orient, dont aujourd’hui’ hui encore nous en subissons les conséquences. Déjà à l’ époque, je pense que certains hommes avaient parfaitement compris que cette façon de se comporter serait source de problèmes. Ils n’ avaient pas les moyens de les mesurer, ni de les extrapoler sur d’ autres régions, mais ils en soupçonnaient parfaitement les causes. Peut être par manque de moyens de communications n’ ont ‘ils pas su transmettre le message. Peut être aussi que le poids des religions a pesé de tout son poids. Certains disaient :  » Multipliez vous, la terre vous appartient » On voit aujourd’ hui ce qu’ il en ait advenu. Dommage qu’ il ait fallu attendre le xxI siècle pour qu’ on commence à peine à en prendre conscience.

    • Bien avant les voitures et les centrales à charbon, les Romains ont massivement brûlé du bois et décimé des forêts pour se nourrir et entretenir leur mode de vie. Des activités qui ont significativement modifié le climat de l’époque, preuve que l’Homme était déjà un gros pollueur il y a 2.000 ans.
      La pollution des Romains à l’origine d’un … – Futura-Sciences
      https://www.futura-sciences.com/planete/…/changement-climatique-pollution-romains-…

  • Cette analyse de nos maux collectifs tape dans le mille. Elle est utile, nécessaire, urgente. L’homme a parfois réussi à corriger ses erreurs et c’est ce qui a permis à notre espèce de survivre tant de millions d’années.
    Permettez-moi de la citer, de l’envoyer à des amis, sur notre blog interne. D’en parler aussi lors de causeries et conférences. On aimerait mieux connaître l’auteur. Que fait-il dans la vie ? Ou qu’a-t-il fait s’il et retraité ?
    Jean-Paul Picaper
    Palois d’origine, vice-président de Paneurope France (CFUP)
    Région Grand Est – Allemagne