Que vont-ils faire de nos votes ?
C’est la question qui se pose maintenant. Il est clair que les élections européennes marquent une recomposition du paysage électoral. Il semble que les partis politiques se préoccupent plus de leur avenir que de l’avenir du pays et de l’Europe. On ne saurait trop le leur reprocher. Il est naturel qu’une organisation se soucie de sa survie ou de son développement. Mais il serait dommage que les enjeux auxquels collectivement nous devons faire face passent au second plan.
N’épiloguons pas sur le sort de petites listes qui savaient à l’avance que leur score ne pourrait être élevé. Relevons que tous les partants sont désormais face à un défi. Le Rassemblement national a su tirer les marrons du feu, bien des électeurs préférant l’original à la copie. Mais il n’a pas été en mesure de proposer des solutions concrètes et humaines à la crise migratoire ni éviter la fuite de la Grande Bretagne qui aurait pu lui être une alliée, les Britanniques étant très sensibilisés à l’installation de ressortissants étrangers chez eux. Pourtant la marine anglaise est forte et pourrait conjuguer des efforts avec la marine française pour patrouiller les mers, sauver des vies, reconduire dans leur continent d’origine des migrants économiques sans qu’il en coûte trop aux contribuables comme les retours en avion. La République en marche a sauvé la mise mais n’a pas gagné son pari et désormais ses racines libérales sont plus visibles que jamais. Les Républicains sont les grands perdants et leur conservatisme n’attire plus. Les écologistes font certes un très beau score, surtout en Allemagne, mais leur influence réelle sur les décisions et sur le comportement des citoyens reste encore à prouver. La gauche socialiste n’a pas succombé, mais elle reste émiettée. La France insoumise a perdu son charisme. Bref, cet aperçu à gros traits montre qu’il y a du travail en perspective pour tout le monde.
Je me suis tu ces dernières semaines, ne me sentant pas le droit d’influencer le vote de qui que ce soit. Par ailleurs, durant la semaine précédant les élections je me trouvais au cœur de l’Europe, dans les Sudètes, sans accès aux médias français. Le paysage cependant n’était pas sans rappeler certains coins des Vosges ou de l’Auvergne. En voyant défiler une troupe de collégiens je n’ai pu m’empêcher de penser aux années noires que l’Europe a connues avec la faiblesse de ses dirigeants face à un histrion comme Hitler porté par une nation humiliée, revancharde, inquiète devant une inflation galopante et à la recherche de solutions simplistes. Et ce pantin a fait basculer dans l’horreur tout un continent. Ne l’oublions pas : l’Allemagne était un pays avancé, de grande culture et pourtant elle a cédé au nazisme, au racisme, à la haine et à la peur.
Aujourd’hui la situation de la France et de l’Europe ne peut être considérée sans une analyse des tendances mondiales et des rapports de force. Or l’Europe est dans une situation de vassalité. Pour preuve, il suffit de mesurer l’importance que M. Trump accorde à l’Europe. De plus, les grandes entreprises du numérique la mettent en coupe réglée. Elles bénéficient de la complaisance des consommateurs, trop heureux de bénéficier de Facebook, des jeux, films et séries que l’on trouve sur internet, de la simplicité d’utiliser Google plutôt que de chercher un site de recherche d’ici, trop enclins à commander sur Amazon plutôt que de faire vivre une enseigne locale. Par ailleurs la Chine est en mesure de dominer le monde commercial et sa pénétration est patente dans les maillons faibles comme l’Afrique et l’Europe.
Bâtir une Europe plus forte, plus solidaire, plus exemplaire est une nécessité plus ardente que jamais.
Paul Itaulog
En mettant tout cul par dessus tête, nos dirigeants ont transformé l’ Europe en jeu de mikado, où l’ équilibre y est précaire et ne demande qu’ à s’ effondrer sur celui qui tentera d’ en tirer profit. Pour la France Emmanuel Macron
qui se voulait être le futur leader européen est en train de comprendre que cette situation est devenue explosive.
Nos votes n’ auront servi qu’ à conforter cette situation, qui fait le jeu des démagogues et des grandes puissances, qui n’ hésitent plus à s’ essuyer les pieds sur le paillasson EUROPE. Ne pouvant plus faire leur propre jeu au sein de l’ Europe avec leurs partis traditionnels, nos dirigeants européens n’ hésiteront pas d’ ici peu à attribuer cette situation sur le dos des électeurs.