Sarkozy – Bayrou

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A l’approche des vacances et dans un souci commercial, Nicolas Sarkozy vient de sortir, ce 27 juin 2019, un livre intitulé « Passions » *. Bien qu’il se défende d’écrire un pamphlet sur certains hommes politiques, il faut reconnaître qu’il ne manque pas d’en égratigner certains ; comme s’il avait des comptes à régler. Parmi ceux-ci, François Bayrou.

Dans cet esprit, plutôt que de prendre à son compte un jugement sur le maire de Pau, il préfère faire parler Simone Veil. Chacun appréciera cette façon de procéder. Ainsi, il écrit :

Elle (Simone Veil) avait deux têtes de turc favorites : Alain Madelin et François Bayrou. Le premier parce qu’elle le trouvait trop libéral, et ne se privait pas de lui en faire le reproche. « La vie n’est pas une théorie », disait-elle fréquemment. Le second parce que, à ses yeux, il personnifiait « les trahisons successives ». Dès qu’il s’agissait de lui, Simone Veil se livrait sans retenue, racontait mille anecdotes illustrant son propos, concluant invariablement par : « Et en plus, il se dit chrétien.» Le tout conclu dans un immense éclat de rire pour signifier l’étendue de son mépris à l’endroit de l’intéressé. » (page 62).

Simone Veil n’est plus là pour confirmer ou infirmer que ces propos ont effectivement été tenus et que Sarkozy bénéficie de son aval pour les reproduire dans son livre. Mais il faut admettre que la charge est sévère. Pourtant dans l’incipit de son livre, il n’hésite pas à écrire : « Régler des comptes, blesser, critiquer systématiquement sont des activités qui, pour être courantes, n’en sont pas moins inutiles et peu dignes de ceux qui, comme moi, ont eu de grandes responsabilités, une situation sinon enviable, du moins plus que privilégiée. […] J’ai par ailleurs une méfiance ancienne et viscérale pour les donneurs de leçons. Ce n’est certainement pas à ce moment de ma vie que je voudrais en servir à quiconque. ».

Et tout au long de son ouvrage, où il expose surtout la passion de lui-même, Sarkozy se livre à des phrases assassines, à des portraits saignants des hommes politiques qui ne trouvent pas grâce à ses yeux. Ça balance à tout va ! L’épisode concernant le maire de Pau ne constitue qu’une infime partie de ces coups de griffe d’une plume acérée. Il serait d’ailleurs long et fastidieux d’en dresser ici la liste. Il faut dire, parce que cela est à la fois ancien et connu, qu’il n’a jamais existé une considération réciproque entre les deux hommes. Il n’est d’ailleurs qu’à se reporter au livre écrit par François Bayrou : « Abus de pouvoir »** pour constater que Sarkozy n’avait pas non plus été épargné. Il aura fallu dix ans à Sarkozy pour riposter. Des ennemis de vingt ans !

Alors, ils sont comme ça les hommes politiques de notre pays, affublés d’un ego tellement surdimensionné qu’ils sont toujours en rivalité avec un autre et qu’ils ne pardonnent jamais. Mais pourrait-on réussir en politique sans ces deux prédispositions ?

Pau, le 1 juillet 2019

par Joël Braud

* Éditions de l’Observatoire – 359 pages – 19,50 € – juin 2019

**Éditions Plon – 261 pages – 18,90 € – avril 2009

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6 commentaires

  • Tres bien lire andre santini »maire célibataire « 

  • Mme Veil a publié les lignes citées par Sarko, la véracité de la citation n’est pas à mettre en cause, par contre l’ancien président aurait effectivement du citer ses sources. J’ai bien apprécié cet article de M. J. Brau mais je me suis trompé d’étoile en cliquant trop vite 😉

  • Simone Veil détestait aussi Douste Blazy qu’elle appelait Douste blabla ( et il est vrai que…)

  • Pierre-Michel Vidal

    Il est vrai que madame Veil n’était pas commode malgré tout le respect qu’on lui doit . Tout le monde sait qu’elle portait bien ces jugements sur ces deux hommes politiques, rapportés par Sarkozy avec une certaine délectation. Elle n’en faisait pas mystère. D’ailleurs, ils n’ont pas été contestés.

  • « Cachez ce sein que je ne saurais voir »