Municipales, manque de candidats.
L’homicide de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes dans le Var, place sous les projecteurs les prochaines élections municipales. Elles sont programmées pour le mois de mars 2020. L’occasion surtout de s’exprimer sur le rôle des maires dans notre pays.
Les fonctions de maire sont à la fois prenantes et difficiles. Certains parlent d’un sacerdoce. Cependant il n’y a rien de comparable entre les maires des petites communes et les maires des grandes villes. Bien qu’il n’ait jamais été établi de critère de distinction entre les petites et les grandes communes, il faut souligner que dans notre pays 75% des communes ont moins de 1000 habitants. Dans la perspective des prochaines élections municipales, il a été révélé par une enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité que 49% des maires sortants, interrogés, disent vouloir abandonner tout mandat électif, notamment dans les petites communes. Il est probable que parmi eux, certains agitent cette menace afin que soit reconnu par le législateur le statut qui doit être le leur. Ils rappellent d’ailleurs à cette occasion qu’un sondage fait apparaître que 71% des personnes interrogées disent que le maire est l’élu préféré des Français
Les difficultés rencontrées sont certaines. L’exemple du maire de Signes (2800 habitants) en est la preuve. Ils disent devoir faire face à trop de responsabilités, trop de stress. Le manque de moyens les empêche de disposer de structures suffisantes, au point qu’ils sont à la fois, garde-champêtre, policier (OPJ), magistrat, assistant social, conseiller familial et même parfois conseiller patrimonial. Face à l’incivisme, à l’individualisme grandissant, ils disent craindre pour leur sécurité personnelle. Le Sénat, représentant des élus locaux en raison du mode d’élection de ses membres, va lancer un questionnaire pour évaluer cette insécurité. Il parlent de comportements de plus en plus exigeants de la part de leurs administrés. Ils disent également que le risque de pénalisation est maintenant quasi systématique. Selon leurs observations, il existe dans notre pays une rupture entre les représentants de l’État, de la République, et les citoyens. Cette défiance met en danger la démocratie, disent-ils. Toute forme d’autorité est maintenant contestée. Ils ressentent une déprime de la classe politique en général.
Mais ce qui conduit principalement à un manque d’intérêt de la fonction est la perte d’autonomie, la dilution des responsabilités. D’un côté des administrés qui les tiennent pour responsables de tout et de l’autre une dépossession de leurs compétences au profit des intercommunalités. Les maires critiquent la loi NOTRe qui n’a pas su définir les responsabilités de chacun. Personne n’a actuellement une idée très précise de l’organisation du territoire. Peut-être fallait-il préférer une fusion des communes à une association. Faut-il supprimer les départements comme cela avait été envisagé, les régions, certaines communes ? Personne n’a une idée très précise de ce qu’il convient de faire. Ils laissent entendre que la suppression de la taxe d’habitation, qui devrait être compensée à l’euro près, demandera une réorganisation de la fiscalité locale. Ils savent bien que l’État impécunieux ne tiendra pas toujours cet engagement. Et de ce fait, loin d’être naïfs, ils craignent qu’à terme ces dotations diminuent.
Les difficultés et la démotivation pour un renouvellement de mandat de maire concerne principalement les petites communes. Dans les grandes, les services sont suffisamment étoffés pour que le rôle du maire soit très différent. Il y a d’un côté l’homme orchestre et de l’autre le chef d’orchestre, rien à voir ! Mais que se passera-t-il en l’absence de candidature ? Le Préfet exercera la tutelle puis à terme, l’État décidera d’une fusion de communes.
Pau, le 12 août 2019
par Joël Braud
La situation des Maires ne découle t’ elle pas du fait que pendant des décennies ils ont considéré leur fonction comme une chasse gardée, dont ils ont maintenu les citoyens éloignés. Ne sont ‘ ils pas leurs propres victimes?
L’ avenir ne serait’l pas à une professionnalisation de la fonction de Maire, mais pas une fonctionnarisation, comme certains partis politiques le souhaiterait. Cela après un examen de capacité ( licence ou autre) fonction de
l’ importance de la commune. Le Maire sous contrat à durée déterminée deviendrait ainsi un Syndic de Commune.
A ce moment là les élections municipales ne concerneraient que les Conseillers.
Face à la complexité administrative, si demain l’ on veut que les communes soient encore gérées sainement au plus près des administrés, il faudra mener cette réflexion avec la fusion.