La danse des abeilles

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(…) « Cette étrange petite république, si logique et si grave, si positive, si minutieuse, si économe et cependant victime d’un rêve si vaste et si précaire « .

Maurice Maeterlinck « La Vie des Abeilles » Prix de Nobel de littérature en 1911.

Les grands discours sur le climat et l’ostracisme à l’égard de ceux qui doutent, se multiplient sans qu’aucune mesures concrètes ne soient prises. On fait de Greta Thunberg, une enfant, une sorte d’cône reçue à l’Assemblée Nationale mais quelles décisions de la part de cette vénérable assemblée ont succédé à cette visite très médiatisée ? Tout cela n’est que rideau de fumée : Bolsonaro défriche l’Amazonie, Trump favorise le pétrole de schiste, la Chine le charbon, etc., etc. Que dit la France ? Rien. L’Europe est silencieuse, elle aussi car, sans doute, certaines de ses pratiques ne sont guère meilleures. Que peut-elle faire d’ailleurs… ? Plus près de nous, à Pau, on nous parle d’environnement mais on coupe, ou on menace de le faire, les arbres qui agrémentent les places ou ombragent les avenues…

Sans doute les actions concrètes en faveur de l’environnement, s’effectueront à un niveau plus modeste, sans que la classe politique dont on voit bien la médiocrité n’intervienne, tandis que l’Etat, Ponce Pilate moderne s’en lave les mains. C’est dans la vie quotidienne du citoyen que se passent les choses, avec la bonne volonté de chacun. De ce point de vue je voudrais mettre en avant l’action de l’association « La Danse des abeilles », rencontrée par hasard au cours d’une promenade aux alentours du Château de Franqueville de Bizanos. De là, c’est une digression utile, la vue sur les Pyrénées est splendide. Je vous la recommande…

Un peu à l’écart de la majorité des promeneurs sont installées des ruches d’une forme nouvelle. Rien à voir avec les bournacqs en bouse de vache de nos grands-parents ni avec ces sortes de caisses traditionnelles que les apiculteurs transportent en fonction des saisons, effectuant ainsi une transhumance discrète.  

Comme le rappelle l’association sur son site http://www.dansedesabeilles.org/ « Les abeilles sont indispensables à la société humaine: – en France 70% des 6.000 espèces de plantes sauvages ou cultivées sont pollinisées par des insectes pollinisateurs, au premier rang desquels figure l’abeille (sources INRA).

– pourtant en France, 300.000 ruches sont détruites chaque année par l’utilisation des pesticides ».

L’association soutenue par le « Lions’club » palois, la Fondation de France et la ville de Bizanos  a adopté un type de ruches nouvelles. Pas vraiment nouvelles d’ailleurs, puisqu’elles étaient utilisées dans l’Antiquité. Ce sont des ruches horizontales conçues par des chercheurs canadiens dans les années en 1970, des ruches dites Kenyannes car elles ont été installées dans ce pays à leurs débuts.

Ecoutons les explications de ces apiculteurs amateurs et passionnés : « Cette ruche se présente sous la forme d’une boite en bois d’environ 1,20 mètre de long donc les côtés les plus longs sont inclinés à un angle de 120°. Horizontales, elles s’ouvrent par le toit. Chaque ruche est posée sur quatre pieds et se trouve à hauteur d’homme, ce qui simplifie les interventions et ménage le dos de l’apiculteur. Elle est munie d’une vitre sur l’un de ses côtés, ce qui limite les ouvertures de la ruche pour contrôler ce qui se passe à l’intérieur. Sauf interventions particulières, la conduite de cette ruche nécessite un nombre d’ouvertures annuelles très réduit ».

La productivité de ces ruches Kenyannes est moins importante que celles des ruches traditionnelles plus sollicitées par les apiculteurs qui naturellement ont des impératifs commerciaux. Il ne s’agit pas d’opposer les uns aux autres : « Le rucher école » de Gelos, par exemple, fait lui aussi du bon boulot en faveur des abeilles et nombre d’apiculteurs indépendants conduisent parfaitement leurs ruches produisant un miel excellent et maintiennent un cheptel indispensable à la nature.

Le but de « La Danse des Abeilles » est aussi de favoriser le repeuplement de l’abeille noire qui est en fait l’abeille autochtone. Elle est en forte diminution car elle est moins productive que les autres et les premières observations de ces apiculteurs d’un genre nouveau sont positives.

Au fait, pourquoi la « danse des abeilles » ? La danse des abeilles c’est la communication par laquelle des abeilles butineuses transmettent à leurs copines restées dans la colonie la distance et la direction de la source de nourriture où elles peuvent obtenir le nectar et le pollen des fleurs. Au cours de ces danses, elles émettent avec les ailes un son particulier et transmettent l’odeur du nectar dont elles communiquent la position. Alertées, guidées les abeilles jusque-là inactives s’envolent à la recherche de cette nourriture.

Voilà donc une action discrète mais exemplaire en faveur de l’environnement. Elle nous change des grands discours et de la culpabilisation des individus. Il y a beaucoup à faire pour une planète plus propre : contribuer au repeuplement des abeilles, y consacrer du temps et par là soutenir la biodiversité n’est-ce pas un geste considérable ?  

Pierre Michel Vidal

Photo: Les ruches de Bizanos, http://www.dansedesabeilles.org

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6 commentaires

  • Texte très intéressant, je me permets d’ajouter que, quand on évoque les «abeilles» et leur intérêt pour la pollinisation, les abeilles domestiques ne représentent qu’une petite partie de ce monde; un millier d’espèces, sauvages solitaires ou sociales, participent à cette fonction indispensable à la nutrition humaine. Toutes sont concernées, avec les autres pollinisateurs, par cette calamité des pesticides et de la pollution en général.

    Contribuer au repeuplement des «abeilles» est une nécessité, sans aucun doute, mais l’action à entreprendre est colossale car c’est une autre approche globale de l’économie qui est à promouvoir et ce n’est sûrement pas le «copain» affiché de Macron qui lui soufflera la bonne orientation (l’environnement, ça commence à bien faire, rappelons-le!).

    «Voilà donc une action discrète mais exemplaire en faveur de l’environnement»
    C’est un exemple en effet qu’à aucun moment je me permettrais de mésestimer seulement il est de l’ordre du «petit pas».

    Je rejoins les propos de M.Lacanette:
    +«malheureusement «la politique des petits pas» ne fait pas vraiment bouger les choses.»

    La part de chacun est de l’ordre «du petit pas».
    Classer les déchets diminue l’encombrement, facilite le traitement mais ne diminue pas la somme des déchets!
    Mettre sur les produits consommables des informations, pastilles, quantité de chaque composant…la plupart du temps illisibles, c’est bien, mais cela laisse aux consommateurs le choix de l’obésité du diabète ou…..; acides gras saturés ou pas! Qui sait ce que cela veut dire?, ou non lues car, quand on fait ses courses au supermarché, combien ont le temps ou envie de lire combien il y a de sucre dans le produit ou les 100g…? C’est le prix qui compte pour beaucoup! Une seule référence a vraiment de l’intérêt car bien plus visible: bio ou pas, de France.

    +«fuite en avant effrénée de la part des instances dirigeantes et des milieux scientifiques pour accélérer le processus de destruction,»
    Je me demande même si ce monde libéral des investisseurs, de la croissance éternelle… ne se réjouit pas des calamités du réchauffement et de la pollution car cela génère reconstruction, replantation, transformations adaptatives coûteuses, production de nouveaux produits, profits donc..

    +Effectivement, le bulletin de vote ne va pas au bon endroit car le consommateur est ignorant du fonctionnement écosystémique humain, il est addict à la consommation croissante, incapable de changer de comportement, considérant que c’est une contrainte inadmissible le rendant adepte de la formule «après moi le déluge!».
    Pourtant, pour les prochaines échéances, les calamités et souffrances dans de nombreux domaines de l’habitat, la santé ou l’agriculture…, les informations diffusées par des structures scientifiques vraiment indépendantes et objectives devraient militer pour le bulletin qui ferait changer la couleur des choses!

    • Michel LACANETTE.

      Je me demande même si ce monde libéral des investisseurs, de la croissance éternelle… ne se réjouit pas des calamités du réchauffement et de la pollution car cela génère reconstruction, replantation, transformations adaptatives coûteuses, production de nouveaux produits, profits donc..

      Bien sûr que oui, c’ est exactement cela. Ce qu’ il faut c’ est faire tourner » la machine  » économique peu importe son impact. Impact négatif, rendu dans la limite du possible, le plus lointain possible au delà du mandat électif de façon à ne pas avoir à répondre de ses conséquences.
      Dans ces engagements de campagne Emmanuel Macron s’ était engagé à moderniser les établissements de
      l’ Etat, afin de les rendre plus économes en consommation d’ énergie, mais devant l’ effort financier à engager il préfère passer sa proposition aux oubliettes, car cela relève du long terme, de crainte de manquer de financement pour des projets militaires ou autres à court terme, qu’ il pourra concrétiser pendant son mandat et les mettre ainsi à son tableau d’ honneur pour son prochain mandat. Ainsi va le monde.

  • Sur un sujet qui devrait faire très largement consensus, cet article trouve le moyen de justifier une course à l’échalote idéologique sur le sens des mutations de notre Société.

    Je rappelle une citation de P. Veltz ; « En fait «le tournant local de notre société est déjà engagé positivement avec notamment une dimension écologique : Recréer de la valeur locale dans les chaînes d’activités au lieu de figurer simplement comme point de départ, de transit ou d’arrivée de flux logistiques».
    C’est dans ce contexte que je lis le développement ou le renouveau de l’apiculture.

  •  » C’est dans la vie quotidienne du citoyen que se passent les choses, avec la bonne volonté de chacun.  »

    Oui c’ est vrai, mais malheureusement « la politique des petits pas » ne fait pas vraiment bouger les choses.
    La crainte est que les impacts négatifs sur l’ environnement soient bien plus rapides que les actions que peuvent mener les hommes à petite échelle.
    N’ assistons nous pas à une fuite en avant effrénée de la part des instances dirigeantes et des milieux scientifiques pour accélérer le processus de destruction, comme s’ ils avaient peur d’ un retournement de tendance, qui ferait qu’ ils soient obligés de freiner leurs ardeurs. Face à cette situation le seul moyen efficace est l’ utilisation, à bon escient, du bulletin de vote, mais comme l’ abstention gagne à chaque fois un peu plus de terrain, c’ est pas gagné.
    L’ avenir des abeilles n’ en sera que plus compromis.

  • Égoïsme du monde actuel, qu’allons nous léguer à nos enfants! Cette consanguinité entre pouvoir et lobbyistes étouffé notre mère nature petit a petit mais sûrement !

  • Triste constat et/ou triste réalité, qui sont dus entre autres, aux pesticides (sauf dans les zones de montagne 😉 ) et aux conséquences d’une météo capricieuse !
    En effet, la lecture de certains articles ci-dessous, sont plutôt édifiants :

    1) Source : site web « France inter », article par France Inter publié le 11 août 2019 à 10h27 :
    « 2019 sera l’année noire pour le miel et les abeilles, du jamais vu en 70 ans »
    Chapeau de l’article : « 2019 sera une année noire pour les apiculteurs. La sécheresse et les deux épisodes caniculaires n’ont pas aidé, mais c’est surtout un printemps froid et pluvieux qui a mis en péril certaines ruches. Les apiculteurs de Drôme et d’Ardèche tirent un premier bilan, même si la récolte n’est pas encore terminée.  »
    URL : https://www.franceinter.fr/societe/2019-sera-l-annee-noire-pour-le-miel-et-les-abeilles-du-jamais-vu-en-70-ans

    2) Source : site web « Emploi vert », article « Les abeilles, une espèce officiellement reconnue en voie de disparition« , publié le mercredi, 14 août 2019 – 16:57 (Provenance de l’article : site web « Bioalaune », article de Donna So publié le 02/11/2016 : https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/34781/abeilles-espece-officiellement-reconnue-en-voie-de-disparition ) :
    Chapeau de l’article : « The United States Fish and Wildlife Service (USFWS) vient de classer les abeilles comme espèce en voie de disparition. Une menace plus que dangereuse pour la survie de l’humanité puisque ces insectes représentent un pilier de l’environnement »
    URL : https://www.emploi-vert.fr/content/les-abeilles-une-espece-officiellement-reconnue-en-voie-de-disparition

    3) Source : « Un blog pour les abeilles » (Le blog de l’équipe d’un toit pour les abeilles)
    Lire svp, entre autres, les articles suivants :
    . « Retour sur la saison Apicole 2019, avec Denis Apiculteur Un Toit Pour Les Abeilles… » (publié le 14 août 2019)
    . « Printemps 2019, une récolte de miel catastrophique ! » (publié le 26 juin 2019)
    . « Prendre soin en commun des abeilles » (publié le 15 mai 2019)
    . « L’Exposition des abeilles aux pesticides » (article a été écrit par Yves ROBERT, apiculteur, arboriculteur et formateur en agro écologie, membre du réseau Un toit pour les abeilles, publié le 22 juin 2018)
    URL : https://www.untoitpourlesabeilles.fr/blog/category/labeille-en-danger/

    4) Source : site web « Abeille & Nature », article « La Mortalité des abeilles dans les ruchers: un sujet piquant » par Bernard NICOLLET, Abeille & Nature – Date de révision: 13/05/2019
    Chapeau de l’article (extrait) : « Année après année ce sont des années noires pour de nombreux apiculteurs qui découvrent un phénomène étrange de mortalité des abeilles sans trouver d’explication rationnelle. Un nombre impressionnant de colonies mortes dans les ruchers est à déplorer dans tous les départements de France sans exception.  »
    URL : https://www.abeille-et-nature.com/index.php?cat=apiculture&page=mortalite_des_abeilles_2018