La folie sécuritaire
Le G7 qui vient de s’achever à Biarritz nous a donné un aperçu de ce que peut être une ville prise en otage pour des raisons de sécurité. Jusqu’où peut-on aller pour la protection des puissants de ce monde ? La peur qu’ils ressentent pour leur personne, cette paranoïa, atteint maintenant des extrémités dont les plus modestes font les frais. Une véritable folie en effet.
« Ce G7 réuni à Biarritz et transformé en blockhaus interdit aux citoyens ordinaires pue le mépris des « gens » et l’arrogance des (faux) puissants. Bref un monde effectivement sans vertu. » Jean-Claude Guillebaud – Sud Ouest dimanche 25 août 2019.
Le dispositif sécuritaire mis en place à l’occasion de cette réunion des pays les plus riches du monde est devenu une caricature. Celui-ci résulte-il de la volonté des politiques ou du zèle de tous ces fonctionnaires obnubilés par un risque surestimé ? Il faut avoir quelque peu connu les coulisses de ce genre d’organisation pour savoir que l’escalade des dispositions prises ne résulte pas que de la seule crainte des politiques. Le premier concerné est le préfet du département. Son rôle est essentiel du moins pour ce qui concerne le dispositif initial. Il devra réunir des forces de police et de gendarmerie, prévoir des mesures préalables de protection et de sécurisation de certains sites et enfin rédiger un document de plusieurs centaines de pages qui sera soumis au ministre de l’intérieur. A partir de là, il ne maîtrise plus grand chose et à son initiative se substitue les ordres venant d’en haut. Évidemment ces instructions vont dans le sens du toujours plus, chacun étant soucieux à son niveau de justifier son emploi par une exigence à laquelle personne n’avait pensé avant lui. Du moins le croit-il. Et c’est ainsi que d’escalade en escalade, les mesures envisagées voire imposées deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus prégnantes.
Il y a donc un très grand nombre de « chargés de sécurité » qui s’agitent aux plus hauts niveaux. Dans la réalité les politiques eux-mêmes ne formulent que peu d’exigences sinon celle incontournable, de faire en sorte qu’il n’y ait aucun incident. C’est déjà beaucoup. Et c’est à ce moment là que les services de sécurité des pays dont le représentant participe à ce regroupement interviennent. Généralement ils se déplacent et jugent à l’aune de leur propre protocole de sécurité des mesures qui s’imposent. Et là encore la barre est placée plus haut. Les champions, parce que les plus exigeants à ce jeu là, sont les Américains. Par leur façon de regarder les autres de haut, ils en imposent à tout le monde et tout le monde se soumet. Les autres pays tels que l’Allemagne, l’Italie ou la Grand Bretagne ont des exigences plus modestes et surtout conformes aux règles de notre pays.
Si c’est donc l’entourage de politiques qui adopte un dispositif extrêmement contraignant pour les services de sécurité d’une part et pour la population d’autre part ; il n’en demeure pas moins que les politiques eux-mêmes apprécient d’être entourés de gardes du corps. Cela flatte leur ego. Il y a d’ailleurs une grande différence entre ce qui se pratique en Italie, en Allemagne et en Grande Bretagne par exemple et ce qui se pratique aux USA. En France les politiques sont très protégés. Nous avons une certaine tendance à en rajouter au prétexte que certaines menaces demeurent. Du G7 de Biarritz on retiendra la photo de Brigitte Macron, épouse du Président de la République qui, à l’occasion d’un déplacement était entourée de pas moins de cinq gardes du corps. On retiendra également cette époque où dans un village proche de Pau, un ministre de l’Éducation nationale, puis un ancien ministre de l’Éducation nationale bénéficiait d’une protection dont tout le monde s’était interrogé sur sa réelle utilité. C’est ainsi : je suis quelqu’un d’important, donc il faut assurer ma sécurité.
Le plus difficile à accepter, au moins pour ce G7 de Biarritz, c’est le peu de considération accordée aux habitants et commerçants de la ville et aux touristes en cette période d’août. Attention messieurs les politiques, même s’il n’y a pas eu d’incident, le peuple ne supporte plus cette attitude arrogante voire méprisante à son égard. Il est fini le temps des seigneurs. Qui paiera les conséquences financières subies par certains ?
Pau, le 2 septembre 2019
par Joël Braud
Crédit photo : radio Vinci autoroutes
L’inauguration de la nouvelle mairie de mon village a rassemblé ce 31/08, les habitants de la commune, les élus des villages voisins, un grand nombre d’élus de la CCLO, du CD , nombre de représentants de l’administration, M. le Député David Habib ainsi que Préfet M. le Préfet Eric Spitz ; sa dernière apparition publique jusqu’aux élections municipales.
Pour l’essentiel les discours ont étalé surtout des remerciements, des satisfecits ainsi que des considérations comptables, au centime près, et également une certaine stigmatisation des sceptiques (dont je fais partie; cf. https://alternatives-pyrenees.com/2019/02/04/maire-rural-et-modernite/).
Il a fallu les interventions de M. le député et de M. le Préfet pour que le débat s’échappe de considérations domestiques.
M. Habib s’est voulu optimiste pour le Béarn en associant tout le 64, Biarritz, Espelette et son piment à la réussite du G7. Cette réussite donne une formidable image de notre territoire, image qui balaye toutes les critiques qui ont précédé ce G7 (Biarritz ville morte, sous cloche, bunker par exemple).
M. Habib a également évoqué le local, notamment la situation industrielle dont il faudra s’occuper, ceci devant M. le Président de la CCLO, MM les maires de Mourenx et d’Artix qui en ont certainement entendu (et dit) d’autres. Il a également stigmatisé les manifestations qui s’attachent à dénigré les industries du bassin de Lacq et qu’on ne peut accepter.
M. Spitz a, bien sûr, appuyé le satisfécit sur le déroulement du G7 ; déroulement qui ne fait que confirmer la capacité de la France à organiser de grands rassemblements internationaux (cf. coupe du monde de foot par exemple) et sera de nouveau utile, notamment pour les Jeux Olympiques de Paris.
Un buffet de clôture, très convivial, a suivi la visite de la mairie sans qu’aucune problématique locale ne soit abordée publiquement. Situation économique, sociale du village, les enjeux, les ressources, les faiblesses, les opportunités, les menaces. Les élus savent certainement tout, ont vraisemblablement des réponses et n’ont pas besoin de les évoquer lors d’une manifestation publique.
Ainsi je pensais que M. Le Préfet aurait pris le temps de visiter une ferme modèle qui s’est échappée avec succès du modèle de l’agriculture traditionnelle. Ça n’a pas eu lieu. Pourtant l’Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron était venu bénir cette ferme lors d’une visite pastorale l’an passé…
« Les autres pays tels que l’Allemagne, l’Italie ou la Grand Bretagne ont des exigences plus modestes et surtout conformes aux règles de notre pays. »
Sommet du G 8 à Gènes :
« Au terme de trois jours d’émeute et de répression, le bilan est de un mort (Carlo Giuliani), 600 blessés du côté des manifestants, près de 200 voitures brûlées, des dizaines de banques, stations essences, agences immobilières et autres symboles du capitalisme vandalisés, etc »(Wikipedia)
Je préfère, et de très loin, l’organisation de Biarritz dont le coût est en plus très certainement bien plus faible que celui de Gènes…
Si tout ce » beau monde » avait la conscience tranquille ils n’ auraient nullement besoin d’ être surprotégés.
Le moindre Elu ou haut fonctionnaire en déplacement a besoin d’ une escouade de gardes pour se rendre au fin fond d’ une campagne. Cela fait le bonheur des sociétés de gardiennage, mais ne rassure pas les citoyens, notamment les citoyennes qui doivent se déplacer la nuit pour se rendre à leur travail ou tout simplement travailler de nuit. Maintenant reste à savoir si le » gorille costaud » est là pour impressionner le public ou pour rassurer le personnage en déplacement. ?
Effectivement une sécurité probablement sur-dimensionnée à Biarritz la semaine dernière. Mais Monsieur Braud, c’est le jugement donné a posteriori quand ça s’est plutôt bien passé autour du G7.
Or votre papier omet de relever que les manifestants du black bloc n’ont pu réellement développer leur action au sein de la ville. De fait ils étaient bien là mais tenus à l’écart par des forces de police bien positionnées qui les ont empêchés de profiter de l’occasion. Il ne faut pas être naïf, on sait bien qu’ils auraient profité de la moindre faille s’ils avaient senti qu’ils pouvaient mettre le chaos, voire s’en prendre directement à des symboles de l’autorité. Leurs »exploits » antérieurs en Allemagne, à Seattle, etc ne laissent pas d’ambiguïté sur leur détermination contre l’ordre établi et leur désir d’une insurrection contre notre système politique.
Alors soyez réaliste monsieur Braud, comment proposez-vous d’anticiper une sécurité efficace tout en tenant compte de l’action plus que possible/probable de manifestants déterminés, et pouvant être violents, comme les black blocs?
Hier, lors du forum des associations, M.Bayrou et sa cour passaient de stand en stand, « protégés » par au moins un gorille costaud, qui se plaçait contre une cloison, en position d’avoir une vue d’ensemble. Un vrai pro de la sécurité.
Pourtant on n’était pas au G7.