Quelle démocratie ?

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Le référendum sur le maintien ou le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne avait quelque chose de surréaliste. Il était demandé aux britanniques de se prononcer sans connaître les conditions dans lesquelles se réaliserait un éventuel retrait, autrement dit de donner un mandat en blanc aux dirigeants pour négocier en cas de succès du Brexit .
Jamais un gouvernement de culture cartésienne n’aurait imaginé un tel processus, mais il faut reconnaître à nos voisins une conception très forte du principe démocratique. Le peuple s’étant prononcé son choix doit être respecté même si un référendum n’est jamais qu’une question posée à un moment donné, dans des circonstances données, à une population qui ne sera jamais celle à qui la réponse sera imposée.
Mais on ne peut pas sourire devant l’originalité britannique, parce que les manifestations qui paralysent la France depuis des semaines sont la démonstration de la relativité du pouvoir des urnes que ceux-là mêmes qui défilent sont les premiers à invoquer lorsqu’ils sont détenteurs d’un mandat ou de pouvoirs obtenus après une consultation de leur base. La reconnaissance démocratique leur confère alors le droit de faire même ce qui n’était pas dans leur programme.
Le droit de manifester interpelle le bon sens dans un pays où les trois pouvoirs démocratiques sont organisés par la loi constitutionnelle.
Il est bon que des voix se fassent entendre en dehors des assemblées parlementaires, elles sont utiles à la réflexion du législateur, mais leur action ne peut pas empêcher le fonctionnement naturel des institutions.
Les députés sont les représentants démocratiquement élus par des citoyens régulièrement consultés et, n’en déplaise à ceux qui en contestent les pouvoirs, ils sont plus légitimes que ceux qui, défendant plus souvent des privilèges (dont ils revendiquent d’ailleurs la suppression quand ils concernent d’autres catégories sociales) que des intérêts généraux, écornent par leur mouvement le droit de circuler, de travailler et se comportent même comme les propriétaires de biens publics s’autorisant à les occuper ou en priver la population ainsi soumise à leurs diktats.
France, pays des droits de l’homme, une formule bien prétentieuse et vide de sens quand le droit des uns (les manifestants) contrevient aux droits des autres (voyageurs, commerçants, travailleurs de toutes conditions).
Nous sommes le pays le plus avancé s’agissant des droits sociaux, d’où son attrait pour les étrangers, de la durée du travail, de l’âge légal du droit à la retraite, mais Monsieur Philippe MARTINEZ, le secrétaire général d’une centrale syndicale qui se nourrit de la lutte des classes, en veut toujours davantage ! «Travailler moins et gagner plus» est le fond de sa pensée. Le bolchevisme a disparu de tous les pays qui ont pu s’en libérer. En France certains y aspirent encore.
A preuve ce que ce personnage a déclaré ce jour :
« Aujourd’hui, il y a deux projets de société qui s’affrontent »
« Soit on écoute, soit on gouverne contre son peuple « .
Autrement dit libéralisme ou communisme, d’une part et le pouvoir est à la rue, non à l’Assemblée Nationale, d’autre part !
De belles perspectives quand on sait ce que ça a donné en URSS. Mais l’Histoire des uns c’est comme l’expérience, elle ne sert jamais aux autres. Il faut souffrir pour l’apprendre.



Pierre ESPOSITO

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3 commentaires

  • Citation : « Si le gouvernement… (parce que ce jour là, il y aura un gouvernement), si donc le gouvernement conserve à sa disposition les moyens de paiement, c’est à dire la Banque de France, occupe les monuments publics, la C.G.T. aura beau décréter la grève générale, le gouvernement, lui, pourra tenir plus longtemps qu’eux. Oui, sans doute, les trains s’arrêteront de rouler… Oui, sans doute, les téléphones demeureront silencieux… Oui, sans doute, la production s’arrêtera… Oui, sans doute le ravitaillement n’arrivera plus dans les villes… Mais ne croyez-vous pas que toutes ces choses deviendront souverainement impopulaires ? Et alors : dès que les ouvriers comprendront que la grève, non seulement ne leur apporte rien, mais encore qu’ils y perdront, alors la C.G.T. perdra la face. Et c’est le moment que choisira le gouvernement pour la coffrer (sic). Car, on lui dira, à la C.G.T. : « Voilà les comptes que vous avez à rendre pour avoir attenté à la sûreté de l’État en des circonstances périlleuses pour notre souveraineté ».
    Charles de Gaulle en réponse à Passy (Dewavrin André dit), le mardi 8 avril 1947. In « En écoutant de Gaulle » de Claude Guy – éditions Grasset.

  • Pierre-Michel Vidal

    « Le droit de manifester interpelle le bon sens dans un pays où les trois pouvoirs démocratiques sont organisés par la loi constitutionnelle ». Je rêve… Vous êtes donc un adepte de Poutine ou du régime chinois (qui a désormais son antenne Paloise). Dans ces pays, en effet, les dirigeants ne disent pas autre chose. On n’y manifeste pas, sauf à la gloire du « sauveur suprême »… Les citoyens y sont-ils plus heureux ? Plus libres ?
    Quand à l’idée de travailler moins et gagner plus, ne s’inscrit-elle pas dans la logique des progrès des sciences et des techniques ? Au début du siècle dernier, les enfants descendaient dans les mines à 14 ans et les congés payés n’existaient pas.
    C’est l’idée de progrès qui vous révulse. On ne change pas…

    • « Quand à l’idée de travailler moins et gagner plus, ne s’inscrit-elle pas dans la logique des progrès des sciences et des techniques ? Au début du siècle dernier, les enfants descendaient dans les mines à 14 ans et les congés payés n’existaient pas. »

      C’est évident, les progrès technologiques ont permis la fabrication de machines qui produisent plus de richesses(donc gagner plus) en permettant à l’homme de travailler moins.
      Comme cette logique n’est pas appliquée (les privilégiés ne sont pas ceux qu’on nous désigne), on utilise les machines pour supprimer des emplois et constater ensuite qu’il y a moins de cotisants pour la retraite. C’est pourquoi il serait normal que les machines cotisent pour payer le chômage, la formation et la retraite de ceux dont elles ont supprimé les emplois.
      L’universalité et l’égalité passent par la participation de chacun: salariés, machines, actionnaires. Une retraite de plus en plus tôt se substituerait à une retraite de plus en plus tard, libérant des places pour les jeunes, plus dynamiques et moins coûteux que les séniors, une baisse du chômage donc plus de cotisations pour les caisses de retraite.