Adieux France 4 ! Adieux France Ô !

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Dans quelques semaines, le Service Public de l’Audiovisuel pour lequel tous les citoyens cotisent sans jamais être consultés –ni respectés-, sera amputé de deux chaînes de télé appréciées de nombreux téléspectateurs : France 4 et France Ô . A partir du 9 août prochain, pour être précis, ce sera pour elles écran noir.

La première d’entre elles était consacrée aux enfants avec de nombreux dessins animés, souvent de qualité. On sait que l’animation est devenue, depuis plusieurs années, un secteur d’excellence reconnu dans le monde entier. La 4, c’était un débouché indispensable pour les studios français. Désormais, ce créneau, asphyxié financièrement, ne sera plus le fleuron de l’industrie du dessin animé, envié par les grands pays qui ont dans ce domaine, une longue tradition de production, comme les Etats Unis. Bon ! Les meilleurs de nos dessinateurs iront travailler chez Disney. Au diable le patriotisme économique!

Le manque à gagner du débouché amené par la 4 ne sera pas compensé par les aides annoncées. Les patrons des studios d’animation l’ont dit nettement: Ils doutent d’ailleurs l’arrivée concrète de ces aides. Le pouvoir a fait de l’embrouille -on le voit dans sa « gestion » de la « réforme » des retraites- son quotidien. Les producteurs de dessins animés s’inquiètent légitimement de l’avenir de leur outil de travail et de leurs salariés…

On nous dira à juste titre : nos chères têtes blondes sont trop « accros » aux écrans. Moins c’est bien ! Soit ! mais les mêmes qui ferment France 4, nous assurent que désormais France 2, France 3 et des « plateformes » dédiées (?), se substitueront à cette disparition. Okoo, la fameuse plateforme, nous l’assure s’adressant aux enfants :

Vos héros vous suivent partout !

« Télévision, mobile, tablette, Okoo c’est sur tous les écrans ».

Les parents seront donc harcelés encore plus. Il leur sera plus difficile de lutter contre les écrans. Cette fermeture ne s’inscrit pas dans un projet pédagogique qui aurait pu avoir sa raison d’être. Elle se place dans une logique terre à terre. Sa raison d’être: faire des économies, au bout du compte réduites; sa motivation: la réforme, pour régenter ici les loisirs des Français.

Plus grave, et très symbolique aux yeux des républicains attachés à l’idée de Nation, la fermeture simultanée de « France Ô ». La chaîne avait pour objectif de se faire l’écho des sensibilités des populations -certains diront des peuples- qui vivent dans les territoires d’Outre-mer : de Polynésie à Saint-Pierre et Miquelon en passant par les Antilles, Mayotte, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Réunion.

Elle y réussissait assez bien, même si son audience n’a pas vraiment décollée. C’est la justification de l’écran noir fatidique. Faire de l’audience c’est donc désormais le but du Service Public ? On comprend mieux alors la médiocrité des programmes proposés tirés par le bas et la partialité de la plupart de ses journaux bien qu’elle ne soit pas nouvelle. La fermeture brutale de France Ô a courroucé les populations concernées qui ont vu là une marque de mépris : une négation de la fameuse continuité territoriale qui en fait des citoyens français de pleins droits, qui font la diversité de notre République.

Un rapport sénatorial, publié le 9 avril dernier, « sur la représentativité et la visibilité des Outre-mer dans l’audiovisuel public », préconisait, le maintien de France Ô.  Comme l’a dit au journal Télérama Michel Magras, président LR de la Délégation sénatoriale aux Outre-mer lors de la présentation des conclusions du rapport : « L’annonce de la suppression de France Ô a provoqué une onde de choc.» 

L’économie est infime au regard du déficit abyssal dans lequel nous sommes plongés. Le coût politique, pour ce qui concerne France Ô, sera lourd, dans des territoires sensibles. Pour la 4, qui faisait le bonheur de nos (petits) enfants, on déplorera une décision autoritaire, un nouvel arbitraire inutile.

Comme le disait Michel Magras, en présentant le fameux rapport sénatorial : « Le gouvernement décide d’abord pour réfléchir ensuite ».

Pierre-Michel Vidal

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6 commentaires

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  • « sera amputé de deux chaînes de télé appréciées de nombreux téléspectateurs : France 4 et France Ô »

    Pour les « nombreux téléspectateurs » c’est pas sérieux
    France 4 se classe 15 ème avec une part d’audience de 1,6 % a égalité avec Gulli
    Pour France Ô c’est calamiteux, avant dernière avec 0,4 % de part d’audience

    Bien sûr qu’il faut les supprimer !

  • « Le Servie public … amputé de deux chaînes de télé appréciées de nombreux téléspectateurs : France 4 et France Ô ».
    Nombreux les téléspectateurs? Tout est relatif, puisque ces chaînes ont selon Médiamétrie une audience de 1,6% pour France 4 et probablement moins de 0,2% pour France O (dont le chiffre n’est pas communiqué, allez savoir pourquoi). A comparer avec un peu moins de 10% pour France 3 et 2,6% pour Arte.

    L’audience n’a pas forcément à voir avec la qualité des programmes, encore que… Si les populations des Outre-mers ne veulent pas regarder il faut oser poser la question: est-ce qu’elles ne comprennent pas la richesse de cette chaîne ou est-ce définitivement l’offre qui ne les intéresse pas du tout?

    Quant à  »ce créneau, asphyxié financièrement, ne sera plus le fleuron de l’industrie du dessin animé », je crois que vous n’avez pas regardé récemment France 4, ce supposé fleuron, qui passe et repasse des dessins animés de 3ème zone.

  • La gestion de l’audiovisuel public est un scandale de laisser aller et la fermeture de ces chaînes est anecdotique.
    A la Réunion Mayotte, les Antilles ce sont les chaînes locales qui sont regardées et les chaînes nationales, pas France Ô qui d’ailleurs quand elle traite de ces collectivités passe et repasse les mêmes documentaires (ce qui représente très peu)
    C’est aux chaines nationales et régionales de traiter de l’actualité dans ces départements au lieu de systématiser leur opposition au gouvernement. Le traitement de l’information européenne et internationale y est nul et remplacé par quelques chats écrasés français…
    Plutôt que de parler de ces deux chaînes il serait plus fondamental de parler de la façon honteuse dont est traité l’information sur France Info radio gauchisante qui déforme l’info par omission, qui débat trop souvent avec exclusivement des personnalités de gauche sans le clarifier souvent . Idem pour la 2 et la 5 avec le summum de la propagande dans C Politique.
    Il serait intéressant de parler de nos journaux régionaux de France 3 Pau sud Aquitaine ou des journalistes en tenue négligée, évitent tous les sujets de fond pour déblatérer sur les malheurs de la section paloise ou faire de la pub pour les stations de ski : pitoyable.

    Le service public de l’audiovisuel c’est la SNCF de l’information . Heureusement ils sont en grève depuis deux mois pour quelques postes qui vont être supprimés alors que la comparaison avec leurs concurrents non subventionnés montrent qu’ils sont beaucoup moins performants, résultat de la fonctionnarisation de la France.

    • Pierre-Michel Vidal

      Vos affirmations sur les audiences sont fausses. Pour les radios: France Inter est loin devant les autres et France Culture est celle qui progresse le plus. Pour ce qui concerne France O son but est de donner une visibilité en métropole aux Territoires d’Outre mer. Il y a sur place d’excellentes chaînes locales. Ces médias de Service Public ou non existent depuis longtemps. On a pas attendu M. Macron pour inventer le fil à couper le beurre ni pour le réformer.
      Pour ce qui concerne le contenu des médias de Service Public, il y a beaucoup à dire, j’en conviens. Il est à l’image de ce que souhaite le public, de la société dans son ensemble. Sans doute faudrait-il une plus grande exigence. Mais la concurrence est là, les chaînes ou les stations privées font dans une toujours plus grande démagogie et il y a la culture du résultat, la course à l’audience qui tire l’édifice vers le bas. Justement France O avait de bonnes émissions, des reportages ou des débats.C’est peut-être ce qu’il a perdu.
      On ne gagnera pas au change, je le crains…
      Pour le reste vous n’êtes pas obligé d’écouter C dans l’air ou France Info. Là où vous voyez des gauchistes d’autres voient des ultra-libéraux. C’est plutôt bon signe les journalistes (je veux dire les professionnels) ne sont pas là pour faire plaisir.

  • Les chaînes de télévision à la papa, avec grille de programmes à heures fixes, c’est fini. Les jeunes privilégient de plus en plus les contenus à la demande, et il est logique que les programmes qui s’adressent à la jeunesse suivent cette tendance.