A Pau, la pauvre avenue du Bezet

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Une avenue paloise bien tranquille qui ne demandait rien à personne et voilà que par une décision aussi impromptue qu’incompréhensible elle vient de se transformer au point d’être devenue difficilement praticable.

Pour ceux qui ne la situeraient pas, il s’agit d’une avenue en double sens qui relie le boulevard du Cami Salié au boulevard de la Paix. Elle est parallèle, à l’ouest, avec l’avenue Didier Daurat et, à l’est, avec l’avenue de Montardon. Tout cela dans le quartier dit Lartigue, à proximité de l’hippodrome.

Elle coulait des jours tranquilles, connaissait une circulation automobile raisonnable à une vitesse mesurée et, en deux endroits, freinée par des ralentisseurs dits aussi coussins berlinois, lorsque, tout à coup, surgit d’on ne sait où, une entreprise de peinture qui entreprit (c’est le propre des entreprises d’entreprendre) de matérialiser au sol, à l’aide de peinture blanche, des bandes cyclables. Ce qui parut curieux à certains habitués du secteur, c’est que cette entreprise a effectué les travaux le dimanche matin. Comme si, il s’agissait de se faire le plus discret possible. Jusque là, les vélos et bicyclettes y pédalaient gaillardement sans encombre mais avec effort puisqu’elle est en pente dans un sens comme dans l’autre. Et pour parfaire à la poésie, il n’est pas inutile de dire que cette avenue enjambe une rivière du doux nom de l’Ousse-des-Bois.

L’entreprise a agi en plusieurs étapes. La première a consisté à fixer au sol des plaques de béton et en d’autres endroits des sortes de bourrelets cimentés. Au début, ces maçonneries n’étant pas peintes, plusieurs voitures ont bien évidemment endommagé leurs pneus. D’autres intrépides, voulant chevaucher les obstacles, ont raclé le dessous de leur voiture. Peu importe au concepteur du dispositif, il suivait une logique qui n’appartient qu’à lui.

Ce qui demeure incompréhensible et qui sera bien sûr expliqué par les autorités en responsabilité (c’est comme ça qu’on dit), c’est que maintenant, en trois ou quatre endroits deux voitures ne disposent plus de la largeur de rue suffisante pour pouvoir se croiser. Si, malgré tout, elles insistent pour le faire, il leur faudra empiéter largement sur la bande cyclable. Subséquemment (!!) c’en est terminé de la sereine cohabitation qui régnait entre automobilistes et cyclistes… grâce à un intellectuel inspiré. D’où le fait que certains s’interrogent sur la réelle utilité d’un tel dispositif.

Mais ceux-là ne sont que des esprits chagrins, mal intentionnés, à la critique top facile. Ils vont même jusqu’à dire, rendez-vous compte, que le dispositif est dangereux. Ils oublient ces pisse-froid que les statistiques guettent et que pour atteindre des normes d’équipement en voies cyclables, il ne faut pas hésiter à donner du pinceau… même si cela est inutile et dangereux. Espérons que lorsque les statisticiens seront passés, la raison et la prudence l’emportant, tout redeviendra comme avant.

Pau, le 24 février 2020

par Joël Braud

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14 commentaires

  • Robert Contrucci

    Les questions que l’on peut se poser… :
    . Est-ce que plusieurs riverains ont, pour diverses raisons , demandé la pose de ces « plaques de béton et en d’autres endroits des sortes de bourrelets cimentés » ?
    . Est-ce que les riverains ont été consultés avant d’effectuer ces travaux ?
    OU… est-ce une initiative des seules « autorités en responsabilité » et si oui, pourquoi ?

    Par ailleurs, le rond-point de l’Hippodrome qui est sensé favoriser une circulation fluide et/ou apaisée, rate un peu son objectif avec l’aménagement du giratoire ; pourtant, il n’y avait pas besoin de simulation sur ordinateur en 3D pour s’apercevoir qu’un élargissement avec retrait pour l’arrêt de bus T2 aurait pu permettre une meilleure fluidité…
    Faire une simulation avec un bus à l’arrêt aurait permis « de visu », d’éviter cette bévue à moins, qu’il y ait eu un manque de concertation avec toutes les parties concernées : les autorités en responsabilité (entre autres, le Département de l’urbanisme…), le SMTU Pau Béarn Pyrénées (Ex : la direction du réseau Idélis…) et la ou les entreprises chargées d’aménager ce giratoire (Etudes et travaux) ?

    Rappelons qu’environ 10 000 véhicules passent chaque jour sur l’avenue Jean-Mermoz vers l’avenue Didier Daurat et vice-versa…

    • Bonjour,
      les riverains n’ont pas été consultés, nous avons eu le vendredi 22 novembre un petit mot dans nos boîtes à lettres, pas le temps de réagir puisque dès le lundi 25 soit 3 jours après les bordures de béton grises étaient posées. Dès les premiers jours des voitures n’ont pas vu ses bordures et les ont franchi, résultat plusieurs voitures épaves, moteurs casés ou les voitures sévèrement abimées. J’espère sincèrement que ces personnes ont déposé plaintes.
      Ils n’ont peint les pistes cyclables qu’après le 16 janvier et les bordures en blanc que le dimanche 9 février à partir de 7h00 du matin. Nous avons des photos datées pour garder des preuves. J’ajouterais que nous avons vu des accidents de personnes âgées très choquées ne voyant pas la différence entre la ligne cyclable blanche et la bordure blanche, même des personnes jeunes ou d’âges moyens se prennent les bordures (à ce jour 8 enjoliveurs sur le haut de l’avenue). Il n’y a eu à aucun moment des panneaux indicateurs précisant la modification de la circulation et malgré nos mails à Monsieur le Maire, rien ne bouge.

  • Nous venons de commencer une collection d’enjoliveurs de toutes les marques il nous manquerait BMW , Alfa Romeo……. ceci est notre quotidien sur le haut de l’avenue, sans compter le nombre de frayeurs que se font les automobilistes, de nombreux courriers sans réponses ont été envoyés à ces statisticiens, demandant au minimum une signalisation verticale, sans compter la peinture qui pourrait être de couleur différente au niveau des obstacles à faire un dimanche matin vers 0700 comme c’est de coutume.

  • Ceci s’appelle une « Chaussée à voie centrale banalisée », et ce n’est pas la première rue aménagée de cette façon à Pau. Cela existe depuis longtemps aux Pays-Bas ou en Suisse, et cela permet d’améliorer la sécurité des cyclistes sur les voies qui ne sont pas assez larges pour créer de vraies bandes cyclables.

    http://voiriepourtous.cerema.fr/IMG/pdf/mieux_comprendre_la_chaussee_a_voie_centrale_banalisee_cle879d22-1.pdf

    https://www.au5v.fr/IMG/pdf/fi01817_velo-n37-cvcb_chaussee_voie-centrale-banalisee.pdf

    • Oui à la condition, comme le prévoit le code de la route, que les lignes de rive soient franchissables par les véhicules motorisés ce qui n’est pas le cas sur la totalité du dispositif de la rue du Bezet. Ont été placés des îlots bétonnés qui rendent ce franchissement impossible. Pour comprendre il faut se rendre sur place et y circuler soit en bicyclette soit en voiture, ce que je fais régulièrement.

      • Ces îlots ne sont pas contraire au code de la route et semblent même correspondre aux recommandations d’aménagement.

        Page 5 du 2ème lien que j’ai fourni :

        « Il peut être utile de rappeler la CVCB à intervalles plus ou moins réguliers par un artifice d’aménagement afin d’encourager les automobilistes à ne pas emprunter la rive en marche normale. »

        La photo d’illustration montre justement à titre d’exemple un rétrécissement formé par des îlots empêchant localement les voitures d’emprunter les rives (« Rappel de la CVCB par aménagement d’une écluse simple avec rétrécissement axial »)

        • @PierU
          Désolé mais l’aménagement est contraire au code de la route…
          En sortant de la rue des MERENS, il y a en face des places de parking qui empiètent sur la chaussée, dès l’instant où 2 véhicules ne peuvent se croiser à cause de véhicules garés… le parking y est interdit.
          Et dans cet entonnoir, il peut y avoir des véhicules dans les deux sens (vers et venant du Cami Salié), et ceux venant des rues adjacentes.
          Qui peut avoir eu des idées aussi stupides !

    • D’accord, mais le vivez-vous au quotidien pour savoir que c’est incroyablement dangereux? Et je vous rappelle qu’une certaine avenue Copernic à Pau, il y a quelques temps étaient de même et très étrangement, ses chicanes ont disparu, faute à quoi, la dangerosité, la plainte des habitants?
      On sera ce qu’il faut voter en mars…

  • Ce genre de démarche est la philosophie Bayrou : pas de place pour l’automobile à Pau.
    Mais c’est une tendance générale : on diminue la largeur de la voie automobile au point que deux camions ou bus ne peuvent plus se croiser sauf au pas…et encore.
    Le summum de la stupidité a été atteint sur le nouveau giratoire de l’hippodrome.
    Alors qu’il existe une largeur incroyable disponible, l’arrêt du bus a été implanté sur la voie de passage entrainant systématiquement le blocage de la circulation derrière le bus à l’arrêt !!!
    Il était très simple de faire un élargissement avec retrait pour l’arrêt de bus permettant une circulation fluide…Mais non !
    Qui est l’auteur de cette honteuse stupidité ?

    • Les mêmes auteurs que pour les travaux de l’Avenue du Bezet … irréfléchi et irrationnel
      Comme vous ce rond point m’a choqué, on y passe juste avec une voiture, alors un camion ou un bus, dur dur.

      • Merci pour ces témoignages qui vont dans le sens de ce que j’ai voulu démontrer. En voulant mettre en place un dispositif soi-disant sécurisé on crée un danger. Ces accidents ne seront pas médiatisés car, peu graves, ils n’entraînent pas de conséquences corporelles. D’autre part, il aurait sans doute été opportun d’installer un panneautage adapté pour, au moins, informer les usagers du danger résultant de cette installation.