Mais, au fait qu’est-ce qu’un bon maire ?
S’il n’est pas facile de décrire d’une façon universelle ce que doit être un bon maire, il est cependant possible d’en retenir les caractéristiques principales. Après tout, c’est bien le moment d’en parler, d’une part parce que dans maintenant moins de quinze jours nous allons voter et d’autre part parce que nous sommes abreuvés de projets aux titres tous plus reluisants les uns que les autres.
Tout d’abord et-il réellement utile de s’attacher à ces projets. Ils dénotent, il faut le reconnaître, une réflexion mais répondent à ce sentiment qu’il faut absolument réaliser quelque chose pour attirer les suffrages. Seront-ils tenus et en l’espèce sont-ils tenables ? Souvent également la langue de bois n’y est pas absente. Pour la détecter et ne pas s’y laisser prendre, il faut considérer que personne n’osera dire le contraire de ce qu’elle affirme. Lorsque par exemple on vous clame haut et fort qu’il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour améliorer la sécurité de nos concitoyens, il ne se trouvera personne pour contester le bien fondé de cet engagement. Le problème est alors de savoir si les fonctions de maire permettent de tenir ces promesses.
Le maire est plébiscité par la majorité des citoyens comme étant l’élu de proximité par excellence. Alors la proximité c’est quoi ? Pour certains c’est d’abord et avant tout être non seulement écouté mais aussi être entendu. Chacun a bien évidemment ses petites réclamations qui ne concernent d’ailleurs que lui-même. Le souci du demandeur est d’obtenir une réponse positive. Si cela devait être systématique nous nous trouverions dans une sorte de démagogie préjudiciable à l’intérêt général. Cette proximité doit s’attacher à répondre, et surtout toujours répondre, quelle que soit la nature de la sollicitation et aussi se contraindre à expliquer la motivation du refus. Il y a souvent une impasse voire une antinomie entre le risque de mécontenter un électeur et celui de privilégier l’intérêt du plus grand nombre.
Le plus grand risque, qui dépasse et de loin toute autre considération, est d’être un maire absent. Vous savez celui qui est retenu par d’autres obligations. L’électeur de la commune considérera alors que cet ailleurs est un investissement plus important que la gestion de la ville. Il en retirera une forme d’amertume, de déception dont l’édile aura grand peine à se relever. Alors qu’importe de se sentir d’une importance d’un niveau supérieur à sa fonction de maire si on ne répond pas aux demandes et aux attentes immédiates de ses électeurs.
Enfin le respect de l’électeur passe d’abord et avant tout par le respect du contribuable. On ne peut pas trop demander à ce dernier d’autant que souvent, il en retire le sentiment que l’argent qu’on lui soutire ne sert pas vraiment l’intérêt général mais sert plutôt à vanter les mérites d’un édile qui, grâce au pognon des soumis à l’impôt, aura réalisé des investissements qui ne serviront qu’à enrichir la réputation de celui qui se targue d’en être à l’origine. Ce comportement finit par indisposer. D’autant que plus forte est la recherche d’une valorisation de soi-même plus sont surdimensionnées les dites réalisations. Être maire c’est rendre un service, ce n’est pas agir pour sa propre gloire. Une gestion doit être mesurée, comparable à celle d’un bon père de famille, pour faire allusion à une notion d’une autre époque. L’endettement d’une ville pèsera inévitablement sur les générations à venir ; il n’est pas indispensable qu’une commune soit endettée. La folie des grandeurs éloigne de la mesure et du raisonnable.
La recherche d’une réélection conduit à vouloir faire toujours plus, toujours plus cher, toujours plus grand, toujours plus beau. Là se trouve, selon beaucoup, le versant négatif de la démocratie. L’idéologie politique à laquelle certains se réfèrent n’est en réalité qu’un faux nez. L’exercice de la fonction de maire est, pour paraphraser Napoléon, un art tout d’exécution.
Pau, le 3 mars 2020
par Joël Braud
«il est cependant possible d’en retenir les caractéristiques principales. Après tout c’est bien le moment d’en parler»
Un complément n’est peut-être pas inutile.
Quand on évoque le rôle des Maires et des conseils municipaux on oublie la plupart du temps d’évoquer leurs engagements dans la politique nationale.
Aux élections sénatoriales votent:
l’ensemble des conseillers départementaux ;
des conseillers régionaux élus dans le département ;
des députés ;
des sénateurs ;
des délégués des conseils municipaux.
Les délégués des conseils municipaux ?
Ces délégués, membres des conseils municipaux, constituent plus de 90% du collège électoral pour les élections sénatoriales.
Dans les communes de plus de 9000 habitants, tous les conseillers municipaux de nationalité française sont délégués de droit. Dans les communes de plus de 30000 habitants, les conseils municipaux élisent des délégués supplémentaires à raison d’un délégué pour 800 habitants.
Dans la situation nationale actuelle survoltée, la position politique et l’influence des Maires va prendre une importance qui risque bien de contrebalancer ce qui devrait être la seule vocation de ces conseils municipaux, celle d’être uniquement au service des citoyens de la commune.
Le cas va se présenter à Pau où la position du Maire
+ de soutenir sans faille le gouvernement,
+ d’ordonner aux députés du Modem de s’associer à ceux de la LREM,
+ d’intervenir dans ce sens lors des prochaines élections des sénateurs..
va certainement influencer négativement des électeurs qui auraient pu trouver sans cela un bilan plutôt positif localement.