Pau, la vérité en chiffres

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Chacun le sait, selon la formule, les chiffres sont têtus. Intéressons-nous à certaines données qui figurent dans le dépliant de la campagne électorale de François Bayrou. L’occasion de vérifier si ces écrits correspondent à la réalité ou non.

Ainsi à la page 53 du fascicule, nous pouvons lire : « Dès 2014, nous avons parfaitement contenu les dépenses de fonctionnement qui représentent 75 % du budget global. Ces dépenses courantes d’un montant de 90,6 millions d’euros pour 2019 n’ont progressé que de 10 % en six ans, taux inférieur à l’inflation. Cette maîtrise des dépenses de fonctionnement nous donne des marges de manœuvre pour financer notre politique d’investissement. »

Il est donc écrit que durant les six dernières années, le taux de l’inflation a été supérieur à 10 %. Sans réellement en préciser le montant. En vérité, durant la période à laquelle il est fait références, le taux de l’inflation a été de 4,6%. Voir ci-dessous les données de l’INSEE :

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2122401

A la même page il est écrit : « Au cœur (au cours sans doute) des six dernières années, nous avons réalisé des investissements structurants pour un montant total de 157 millions d’euros, inférieur aux dépenses d’investissement du mandat précédent ». Pourtant lors de la campagne que vous menez actuellement, Monsieur Bayrou, le jeudi 5 mars 2020, salle Jean Bruno à Pau, vous avez dit que cette dépense d’investissement était de 159 millions d’euros (et non 157). Vous avez même précisé qu’elle était inférieure à celle de la mandature précédente de 400.000 euros. Alors 157 millions ou 159 millions ?

Ensuite, nous pouvons lire : « Dans le cadre d’un plan pluriannuel d’investissements établi pour le prochain mandat, nous avons prévu un montant d’investissement de 170 millions d’euros portant sur des opérations importantes comme par exemple : foirail, Saragosse, Voirie, trottoirs etc. » 170 millions d’euros, dites-vous, mais c’est plus que durant les six années qui viennent de s’écouler. La frénésie dépensière poursuivra donc son cours et même s’amplifiera. Pauvre contribuable palois !

Et pour continuer : « Aujourd’hui, la dette par habitant de la ville de Pau est inférieure de 30% à la moyenne nationale des villes comparables ». Vous omettez soigneusement de préciser la moyenne nationale de la dette par habitant. Dans mon article intitulé : « Pau en chiffre » en date du 3 février 2020, je rapportais des chiffres fournis par l’IFRAP, (Le point n° 2474 du 23 janvier 2020) qui précisait que la dette par habitant en 2018, à Pau, était de 2.089 euros, en hausse par rapport à 2014. Selon les chiffres dont je dispose, la moyenne nationale, toutes villes confondues, de la dette par habitants est de 956 €. En 2018, elle était de 1372 € par habitant dans les villes de 50.000 à 100.000 habitants. Donc Pau est plus endetté que la moyenne. J’ajoutais qu’à partir de cette donnée, le montant total de la dette de la ville de Pau pouvait se chiffrer à 165 020 550 €. Rappelons simplement qu’en 2014 cette dette était 106 millions d’euros. Vous avez donc, selon ce calcul, fait progresser l’endettement de la ville de Pau de 60 %.

Et la dernière phrase de cette intéressante page nous permet d’apprendre : « Sur le plan des impôts locaux, depuis 2014, nous avons baissé chaque année les taux de la taxe d’habitation et de la taxe foncière. Et alors que la taxe d’habitation va disparaître (pour seulement 80% des contribuables), nous continuerons de baisser le taux de la taxe foncière de 0,2% par an au cours des six prochaines années ». Alors soyons clairs : le taux communal de la taxe d’habitation qui était de 22,26 % en 2014 est en 2019 de 22,12 %. Pour être plus précis, ce taux a baissé de 0,12 % en 2014, de 0,67 % en 2015 puis a augmenté de 0,84% en 2016, de + 0,18 en 2017, de +1,19 % en 2018 et de + 2,24% en 2019. Mais au total le montant de la part communale de la taxe d’habitation a augmenté durant ces six ans de 5,20 % tandis que dans le même temps l’inflation n’était que de 4,6%. Pour la taxe foncière, contentons-nous de dire que le taux communal a augmenté tous les ans, sauf en 2014. Au final le montant de cette taxe progresse de 4,88% en six ans, plus fortement que l’inflation.

Heureusement que ce chapitre s’intitule : « Nous continuerons à aimer et à pratiquer l’excellente gestion et la grande qualité de nos services publics municipaux. » Et si vous vous aimiez les contribuables palois. En tout cas vous êtes épinglé par le « Canard en chaîné » du 4 mars 2020 dans « La noix d’honneur » On y lit :

Attribuée à François Bayrou, maire de Pau et candidat à sa réélection. Le président du MoDem a confié son émotion au « Figaro » (3/3) : « C’est la première fois de ma vie politique que j’ai le sentiment d’être aimé par les électeurs. » Bayrou s’est présenté pour la première fois aux élections en 1982. Presque quatre décennies pour se faire enfin aimer des électeurs. Heureusement qu’entre temps il a été très aimé par lui-même ». 

Le jour où vous aimerez les électeurs vous vous attacherez sans doute à répondre à leur courrier, à les recevoir quand ils sollicitent un entretien et à faire baisser les impôts locaux et pas seulement dans vos discours. Ce sera pour la mandature à venir ?

Pau, le 9 mars 2020

par Joël Braud

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3 commentaires

  • J’aime beaucoup la petite note optimiste finale. Excellent. Encourageant en tous cas.
    Que vous soyez entendu est tout ce que je souhaite. Le reste est bien inquiétant

  • Boni-menteur, c’est le mot juste. Bayrou vient encore de le confirmer en affirmant que le château de Pau se plaçait juste après celui de Versailles pour les visites, « oubliant » les châteaux de la Loire…

  • Excellent.
    Bayrou : boni menteur