C’est pour quand, pour quand, pour quand ?
Il n’y a rien de plus éprouvant, irritant… d’entendre, dans les émissions de vulgarisation sur le virus et la pandémie, à C dans l’Air entre autres, notre belle et motivée, mais limitée scientifiquement, Caroline Roux, demander à ses invités, grands journalistes spécialisés, chercheurs en virologie, patrons de grandes unités hospitalières, pharmaciens ou urgentistes : «la fin du confinement, du déconfinement, le vaccin, le pic, le plateau, …, la décroissance (pour une fois souhaitée !),
c’est pour quand ?
Parfois le petit sourire aux lèvres, imperturbablement, courtoisement, compatissant sans doute, ils répondent, chacun à sa manière, toujours avec un très riche vocabulaire, la même chose, mais différemment, en attendant une nouvelle question du même type !
«Comprenez, les gens ont besoins de savoir !»
Pour eux, la science c’est le savoir et non l’incertitude !
Or «l’Incertitude» est le fondement de la réponse aux questions. Tout dépend :
+ Des mesures décidées par le gouvernement et des moyens mis en oeuvre.
+ De la politique environnementale nationale, européenne et internationale.
+ De l »orientation économique et sociologique.
+ De l »évolution scientifique du virus, de la pandémie, de la recherche.
Besoin de savoir ? Une grande partie de nos contemporains a toujours considéré, à l’école, que la science était trop difficile pour eux ; certains se glorifient encore d’être nuls en maths ! C’est donc un peu tard pour beaucoup ; pourtant, la connaissance de son corps, de son fonctionnement, de sa force et de ses faiblesses, ses impératifs, ses relations avec son environnement., … tout cela, c’était bien plus utile pour une gouverne individuelle et le sort du pays, que l’apprentissage du commerce ou le choix des produits boursiers !
Sans cette indigence, nous n’en serions sûrement pas là !
Quant au monde des infiniment petits, c’est l’ignorance infiniment grande ! Or,
+ Il y a dans le corps 10 fois plus de bactéries que de cellules ; chaque bactérie étant une cellule, 90%, des cellules ne nous appartiennent pas !
+ Un gramme de sol végétalisé contient environ 1 milliard de bactéries dont la plupart ne sont pas encore connues.
+ Chez l’homme, en 2001, on a découvert qu’une partie non négligeable du génome , environ 8%, provient de rétrovirus ; on en connaît plusieurs, dont le HIV du Sida ou le HLTV de la leucémie. Issus de nos ascendants, ils iront chez nos descendants ; ils ont été et sont les acteurs de l’évolution.
Sans eux nous ne serions pas humains !
Des traces d’un vrai virus dans le génome humain – Futura …
www.futura-sciences.com › sante › actualites › genetique-traces-vrai-v…
18 janv. 2010 – Santé. Des traces d’un vrai virus dans le génome humain !
Résultat de cette pathologie cognitive ?
Ils se trouvèrent fort dépourvus quand la bise fut venue.
Et allèrent crier famine chez les spécialistes, leurs voisins.
Le vivant, contrairement à ce que défendait Descartes, et qui est très ancré dans l’esprit français, n’est pas une machine à fonctionnement linéaire sans incertitude, mais un milieu ouvert à emboîtement d’écosystèmes complexes, au fonctionnement imprévisible, en recherche d’équilibre dynamique, dans un milieu changeant en permanence. Riche en émergences insoupçonnées, il est à l’origine de la vie et de l’évolution.
Cela change toute la perception que nous devons avoir de la politique à mener. Toute action sur un milieu complexe : climat, pollution, déforestation, biodiversité.. , déclenche une rupture d’équilibre et une évolution vers un nouvel équilibre (ou un chaos !) ainsi que des émergences évolutives nouvelles : les pandémies, les tornades, les sécheresses, inondations, la météo, climat.., les crises sociales ou autres, sont des exemples. Sociétalement, le libéralisme et la croissance sont les facteurs fondamentaux de ces déséquilibres. Plus que les petits pas vers la transition écologique, la solution serait de faire l’inverse : partir d’une gestion écologique et par petits pas, modifier l’équilibre pour une adaptation à une croissance modérée.
Bien plus mortel que le Covid : le libéralisme et la croissance.
«Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant», a promis Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée du 16 mars dernier.
La progression du virus risque de faire changer les prévisions : Juliette Gréco disait :
Il n’y a plus d’après
………..
Plus d’après-demain, plus
d’après-midi,
Il n’y a qu’aujourd’hui
Il était prévu une réorganisation au profit des malades, de la médecine, de l’hôpital ; l’augmentation des salaires de ceux qui nous ont permis de passer des jours difficiles, depuis les premières lignes jusqu’aux dernières: caissières, balayeurs, éboueurs… Il est grand temps :
Le coronavirus va-t-il nous engloutir sous une montagne de déchets ?
http://futurasciences.fr/tk/t/2/41780708752801/9762793e14/81247f7ec/42031189e7/
Des centaines de milliards de masques et de matériel médical à usage unique s’accumulent. Il y a de plus en plus d’achats de produits suremballés et de sacs plastique jetables. Des centres de tri sont à l’arrêt et des décharges sauvages se multiplient. La crise a relégué aux oubliettes les problématiques environnementales et génère un gaspillage sans précédent. Plastique, carton : la demande d’emballages explose. La désinfection à l’eau de Javel est dangereuse pour l’environnement.
«Peut-on guérir une économie malade de la peste du prix le plus bas et de la réduction des coûts humains?» P. Picq
Les premières décisions gouvernementales ne laissent rien présager de bon. Tout se met en place pour un retour à la politique du passé, en pire même, car il faut rattraper le temps et l’argent perdus, remonter le PIB et rembourser la dette.
Pour certains, vraiment, le Covid-19, cela commence à bien faire !
Les industries les plus polluantes, comme le secteur aérien, s’activent déjà pour bénéficier des efforts de relance, obtenir de nouvelles dérégulations, enterrer les normes environnementales et sociales, au prétexte de retrouver une croissance économique en réalité fondée sur des activités toxiques et sources d’inégalités.
Il n’est absolument pas question de repenser le libéralisme un instant envisagé par le Président lui-même, pour la com… Les européens, après des heures de débats, sont tombés d’accord pour partager les conséquences financières de la pandémie ; les «valeureux» pays du Nord surveillant étroitement les pestiférés du Sud.
Alors que le nombre de morts liés à la pandémie est insupportable, la politique néolibérale nous anesthésie et nous fait admettre, sans réagir, un nombre infiniment plus considérable de morts, dans des conditions souvent bien plus douloureuses, du fait du silence, voulu et entretenu et du laisser aller, sans aides, de leur existence.
Quelques chiffres approximatifs mais suffisamment révélateurs :
+ Selon une étude parue dans le magazine scientifique Lancet en octobre 2017, en 2015, 9 millions de personnes seraient mortes à cause de la pollution en comptant les décès liés à la pollution des sols et de l’eau et ceux liés à la pollution en milieu professionnel.
+ Les accidents de la route sont la première cause de décès des 15 à 29 ans selon l’OMS. Par an en France : 4 000 personnes sont tuées sur la route.
+En 2017, 11 millions de morts, soit un décès sur cinq, étaient associés à une mauvaise alimentation, révèle une étude parue dans The Lancet. En cause : une consommation excessive de sel, d’aliments sucrés et transformés au détriment de céréales complètes et de fruits.
+ 815 millions de personnes souffriraient d’une insuffisance nutritionnelle dans le monde, selon le FAO. En 2015, il y aurait eu 9,1 millions de morts dans le monde à cause de cela, et de 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans chaque année.
+Environ 2,6 millions de personnes dans le monde meurent chaque année du manque d’accès à l’eau potable et près de la moitié de la population mondiale boit de « l’eau dangereuse pour la santé. LeFigaro.fr avec AFP, publié le 18 mars 2015, alors que l’eau potable lave nos voitures !
+L’OIM compte près de 17 000 morts et disparus en Méditerranée entre le 1er janvier 2014 et le 30 juillet 2018 …
+Nombre de décès du corona virus dans le monde le 9 avril 2020 : 88360
Des voix s’élèvent, au sein de la majorité même (Barbara Pompili et autres) ; des pétitions circulent, il faudrait qu’elles se multiplient et rentrent en résonance, au moment des élections par exemple.
Pascal Picq, paléoanthropologue, a le mérite de pouvoir replacer le problème dans son ensemble historique, je retiendrai deux passages :
«Après la crise, je conseille fortement à tous les managers et à tous les étudiants(es) en buisness schools, management, administration, finances, ressources humaines et autres «fonctions supports» de faire un stage dans les hôpitaux. Ils comprendront ce que sont les ressources des humains. Les personnels soignants n’ont pas eu besoin d’eux. Ils l’ont fait et continuent à le faire».
«Si nous sommes dans une crise aussi grave, ce n’est pas à cause d’un virus et d’un pauvre bougre qui a infecté le marché aux animaux de Wuhan. Un bouc émissaire bien commode. A mes yeux c’est un modèle économique qui, par-delà les origines de la pandémie, a permis sa diffusion et entraîné une réponse tardive».
signé: Georges Vallet
crédits photos:Savoir accepter le doute et l’incertitude de la clangagecommun.canalblog.com
Pour les initiés qui souhaitent aller plus loin dans la connaissance des relations génome-virus-évolution, je signale:
Intégration des rétrovirus dans le génome humain – HAL-Pasteur