Aux larmes citoyens !
Vous allez trouver que je suis bien inconséquent ou versatile : après avoir prôné le rire et surtout le sourire, je vous promets des larmes. Je vous répondrai que c’est là le propre de la nature humaine ; Shakespeare l’a illustré mieux que personne. De plus, au début de la pandémie, l’angoisse collective montrait le bout de son nez ; or rien ne vaut l’humour pour la combattre.
Ce que l’on peut craindre désormais, c’est la légèreté, pour ne pas dire l’impavidité ou l’inconscience de nos concitoyens. On constate plus de monde dans les rues. Heureusement, ici les distances de sécurité sont largement observées. Mais il ne peut en être ainsi dans les grandes métropoles et l’on voit bien que les queues pour les tramways ne sont pas espacées.
Les larmes sont déjà là, souvent retenues derrière les paupières. Mais quand il y aura 30.000 morts en France dues à la pandémie, nous serons plus nombreux à être touchés par la disparition d’un ami ou d’un proche. Et la fin du confinement ne signifiera pas la fin des risques de contamination. Une seconde vague plus meurtrière peut survenir. Et notre connaissance du phénomène sera sans doute encore bien incomplète.
Quant à nos moyens de le combattre, qui peut affirmer qu’ils sont satisfaisants ? Aurons-nous assez de masques pour tout le monde ? Dire que les tests seront réservés aux personnes présentant des symptômes, c’est avouer qu’il n’y en aura pas assez pour déceler les dangers les moins flagrants.
Pour autant, il ne faut pas céder à la panique. On peut déceler plus de maturité et de prudence chez les uns et les autres. Si dans ma rue les habitants sont plus sortis dimanche dernier c’est que le temps printanier incitait à le faire et à saluer ses voisins et même des inconnus.
Ce besoin de fraternité (une idée bien oubliée, même si elle figure sur les frontons de nos mairies), on le retrouve dans de multiples initiatives pour venir en aide aux plus défavorisés. Des collectes s’organisent, des sites internet se montent ou s’étoffent pour aider ceux qui en ont besoin :
o blablahelp (pour mettre en relation ceux qui ont besoin d’aide et ceux qui peuvent en apporter)
o poiscaille (pour mettre en relation pêcheurs locaux et consommateurs)
o l’aide scolaire et universitaire se généralise
o les médias font des efforts remarquables pour divertir leurs auditeurs ou téléspectateurs.
Les métaphores guerrières doivent céder la place à l’évocation de l’ardeur des conscrits de Valmy qui ne cédèrent pas aux autocraties liguées contre eux et surent réussir l’amalgame des vieux briscards et des jeunes recrues (en passant, ne pourrait-on pas songer à remplacer quelques statues glorifiant les maréchaux des guerres coloniales par celles de Carnot, Dumouriez, Kellerman et d’autres?) Et offrir un coup de chapeau à nos voisins britanniques qui gardèrent leur humour et leur civisme sous les bombes des nazis.
On peut donc avoir l’espoir que le déconfinement se passera dans une ambiance responsable et empreinte d’empathie. Pour ma part, j’ai fait l’achat d’une bouteille de champagne pour fêter une ère nouvelle : vous voyez que je ne broie pas du noir et que je cultive l’héroïsme ( 😉 dans mon soutien aux vignerons sinistrés…
Jean-Paul Penot
Bonjour. L’unique solution (comme en math) est de trouver un (des) vaccins et un (des) traitements. Dans la mesure où il y a eu en un mois plus de 20 000 morts, je crois que les essais cliniques sur les humains sont plus urgents que toute ethique habituelle.
Profitez bien des bulles. Dans notre famille, on a profité de s’acheter due foie gras que l’on a dégusté.
Bien à vous, cher Professeur. j’espère de vos nouvelles.