Désinfection et infection, les deux mamelles du déconfinement.
Une petite prospection dans l’espace médiatique permet de se faire une idée d’une face cachée du «vouloir bien faire».
Faut-il désinfecter les rues, les rames de métro, les bus et autres bâtiments publics ?
Désinfecter c’est utiliser un produit désinfectant des surfaces ; il doit y avoir, à la concentration d’emploi préconisée, une activité bactéricide, fongicide, virucide. Dans la lutte contre le Covid-19, un virucide doit être considéré.
Les principaux virucides sont les péroxydes, comme l’eau oxygénée, les halogénés comme les hypochlorites, les aldéhydes comme le formol, les tensio-actifs (ammonium quaternaires) ; chacun agissant plus ou moins sur des molécules différentes du virus : ac.nucléiques, protéines, lipides. Suivant le but recherché, un choix de produits et de lieux de dispersion est à faire.
Plusieurs élus de grandes communes comme Bordeaux, parlent de dispersion de « produits toxiques » ou de produits chimiques « qui au mieux, se retrouvent dans les stations d’épuration, au pire, dans les fleuves ».
Didier Lepelletier, président du conseil scientifique de la SF2H, et également vice-président d’une des quatre commissions du haut conseil de la santé publique (HCSP) le confirme : « Le coronavirus est sensible aux désinfectants comme l’eau de Javel fortement diluée, l’alcool (éthanol) dilué entre 70 et 80 %, l’ammonium quaternaire et enfin aux rayons ultraviolets, mais autant est-il efficace d’aseptiser les surfaces le plus souvent touchées à l’intérieur de son domicile – poignée de porte, interrupteur électrique, bouton d’ascenseur, rampe d’escalier, table de cuisine… – autant il ne semble pas efficace de désinfecter les « surfaces » extérieures d’une ville, les rues et trottoirs. En toute rigueur, il faudrait d’abord nettoyer la surface au moyen d’un détergent avant d’asperger le désinfectant. En revanche, il faut nettoyer puis désinfecter la plaque de plexiglas installée devant les guichets, les étalages de vente ou les taxis pour séparer le chauffeur du client, ou encore, dans les véhicules en commun, notamment les ambulances ayant transporté des patients contaminés .»
La RATP fait nettoyer et désinfecter les rampes et poignées des portes des métros et tramways deux fois par jour. Pourquoi deux fois alors qu’elles sont manipulées des centaines de fois par jour !
L’excès en tout est un défaut : Coronavirus, attention aux accidents de désinfection !
Suite à une recrudescence d’appels aux centres anti-poison en lien avec le nouveau coronavirus, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a tenu à rappeler, jeudi 2 avril, l’intérêt du «bon» usage des désinfectants et autres nettoyants. Elle alerte en particulier sur les dangers des vapeurs toxiques et insiste pour que les particuliers ne mélangent pas plusieurs produits, notamment eau de Javel et détartrant, qui ensemble produisent des vapeurs de chlore. Il ne faut pas non plus passer ses aliments à la Javel, ni utiliser de désinfectants de surface sur la peau.
Les gels hydro-alcooliques ont été passés aussi au crible par une étude de l’université du Missouri, aux Etats-Unis. Le constat des chercheurs est sans appel : «L’utilisation régulière de gels hydro-alcooliques serait dangereuse pour la santé, car ils favorisent l’absorption par la peau de perturbateurs endocriniens particulièrement nocifs.»
En 2012 déjà, l’Afssaps (aujourd’hui ANSM, agence nationale de sécurité du médicament) avait publié une étude sur les gels hydro-alcooliques en se basant sur les statistiques des Centres antipoison et de toxicovigilance.
Ces centres avaient recensé en un an 248 cas d’intoxication au gel hydro-alcoolique. Les enfants de moins de quatre ans étaient les plus touchés (près de la moitié des cas), beaucoup d’enfants étant attirés par les arômes fruités des gels désinfectants. Les symptômes étaient nombreux : agitation, ébriété, somnolence voire coma pour quatre d’entre eux.
La revue médicale Prescrire avait, quant à elle, fait état du cas d’une fillette de quatre ans amenée aux Urgences après avoir ingéré « environ 170 ml d’une solution hydro-alcoolique ». La petite fille était consciente, mais son alcoolémie était de 2,2 g/l, un taux dangereusement élevé même pour un adulte.
Rien ne vaut le savon.
Conclusion:L’ARS juge l’arme de
la désinfection massive des espaces publics contre-productive. Non
seulement «inutile»,
mais
«dangereuse pour
l’environnement». Le
texte ne précise pas les dangers en cause, mais divers experts les ont déjà
évoqués, pointant en particulier le risque pour les cours d’eau où peuvent
s’écouler les désinfectants utilisés. La possibilité que certaines personnes
soient gênées par l’inhalation de relents de ces produits a aussi été
mentionnée.

Coronavirus : faut-il désinfecter les rues ? courrier-picard.fr
Infecter c’est polluer, contaminer, transmettre des germes infectieux.
Dans le cadre de la lutte contre le virus, on oublie d’être aussi exigeant dans la gestion des retombées de l’utilisation du matériel que dans son utilisation.
Que deviennent les eaux de lavage des vêtements et matériels contaminés, les gels hydro-alcooliques renversés ou non utilisés…?
Sud Ouest évoque le sujet :
Un nouveau type de pollution apparaît, lié aux protections contre le virus
On était parvenu, avec beaucoup d’efforts, à se fixer des objectifs clairs : zéro déchets, fin du plastique, interdiction des produits jetables à usage unique…
Or,
Lingettes désinfectantes, flacons de gel hydro-alcoolique, masques et gants de protection, fleurissent un peu partout : au fond d’un chariot, coincés dans un buisson ou dans un caniveau, au fond des toilettes… Les poubelles ménagères reçoivent des lingettes, des gants ou des masques, ces derniers fabriqués avec «des non tissés polypropylènes», comme les couches ou les serviettes hygiéniques, mettront 450 ans à se désagréger ! Sud Ouest précise que les gants et les masques doivent être jetés dans un sac spécial, résistant et disposant d’un système de fermeture. Ce sac doit être refermé et conservé 24 h avant d’être jeté dans le sac poubelle du tout-venant. Combien le font ?
Si vous sortez en dehors des heures ou des limites autorisées, vous avez une amende de 135 euros, si vous polluez tout un quartier avec votre poubelle ou votre égout, voire plus, êtes-vous poursuivi ?
Si l’on ajoute à cela la lutte contre les moustiques tigres qui arrivent et les demandes du Medef et de l’Association française des entreprises privées (Afep) qui ont récemment plaidé pour une mise entre parenthèses de certaines normes environnementales, la pollution, plus grave que le Covid, sera en pleine croissance !
Ce sera alors pire qu’avant !!!
Signé Georges Vallet
crédits photos:Coronavirus:faut-il désinfecter les rues? courrier-picard.fr
Masques, gants… la crise sanitaire pourrait aggraver la pollution …lepoint.fr