Une colère électorale
A sa manière, François Bayrou entre en campagne électorale pour le second tour de l’élection municipale. Sa colère porte sur la modification des vols Pau Paris et Paris Pau par Air France. Selon ce qu’il nous dit, la compagnie, n’assurera plus que deux liaisons par semaine au lieu de dix par jour avant le confinement. Le maire de Pau s’affiche comme celui qui conduit une révolte, rien que ça !
Pour se rendre compte, il faut citer certains passages de ses déclarations : « Air France nous prend pour des ploucs ! » Selon lui « la situation est extrêmement grave pour Pau, pour l’agglomération et pour la région ». Il entend réagir à « une situation qu’il juge inique ». Il dit craindre un « ré-enclavement pour le territoire ». Toujours selon lui, la compagnie Air France qui vient de recevoir sept milliards d’euros de la part de l’État, argent du contribuable, se doit de maintenir un service public. Il envoie même Josy Poueyto au mastic. La députée, en fidèle petit soldat, a donc pris la parole à l’assemblée nationale pour évoquer le problème. Elle a osé une comparaison avec le trajet effectué en train qui, selon ce qu’elle a dit, dure « parfois 7 heures ». En réalité depuis l’existence de la LGV entre Bordeaux et Paris, il faut 4 h 20. Sans doute voulait-elle par cette confusion souligner qu’elle ne prenait jamais le train.
Le débat est donc, grâce à cette intervention, élevé au plan national. Le secrétaire d’État aux transports, Jean-Baptiste Djebarri est interpellé. Jusqu’alors le membre du gouvernement n’a pas pris d’engagement et n’a pas non plus répondu à la députée.
Ceci étant exposé, il faut tout de même se livrer à quelques réflexions. En premier lieu, dire que nous sommes en campagne électorale et se donner le rôle du chevalier blanc qui vient sauver le Béarn d’un isolement, ne peut qu’apporter des voix au candidat. Mais le raisonnement qui tient au fait que parce que l’État a versé sept milliards d’euros pour sauver la compagnie aérienne, obligerait cette dernière à maintenir ses trajets entre la capitale du Béarn et Paris est pour le moins alambiqué. Ces vols, au nombre de dix quotidiens, étaient en réalité déficitaires et ont contribué à l’endettement d’Air France. Maintenant, en raison du confinement, l’État doit sauver la compagnie aérienne et participer à l’effacement des dettes accumulées en partie par ces liaisons surdimensionnées. Alors les rétablir ne correspondrait pas à un souci économique mais plutôt à l’intérêt de certains.
En effet à l’intérêt de certains, surtout si l’on s’attache à savoir qui sont principalement les usagers des ces liaisons. Josy Poueyto n’hésite pas à faire dans le grandiloquent. Elle parle de la totale circulation des biens et des personnes pour relever le défi économique et évoque les industries locales. Sans doute, mais il ne faut pas oublier que les élus locaux sont des usagers très réguliers de cette ligne. Peu importe le prix puisque c’est le contribuable qui paie, ce qui focalise leur préoccupation, c’est la durée du trajet. Et puis lorsqu’on est un élu de la République on ne se commet pas comme autrefois à voyager en train, ça fait peuple. François Bayrou est un adepte forcené des déplacements en avion. Il se rend régulièrement, toutes les semaines, dans la capitale (de la France) pour des motifs mal définis. Est-ce en rapport avec la gestion de la ville de Pau ? Est-ce pour murmurer à l’oreille du Président de la République ? Est-ce enfin pour satisfaire aux exigences du parti politique dont il assure la présidence ? On ne sait pas ; ce que l’on sait c’est que le prix des trajets ne sort pas de sa poche. Justement le prix d’un billet d’avion coûte en gros le double du billet de train. Peu lui importe, on n’est jamais si virulent que lorsqu’on défend des intérêts personnels.
Enfin l’impact écologique mérite également d’être considéré. On ne dit pas assez souvent ce que sont les émissions de CO2 calculées par passager et par kilomètre :
- train = 14 g de CO2
- petite voiture = 42 g
- voiture moyenne = 55 g
- bus = 68 g
- deux roues motorisées = 72 g
- avions 285 g
Donc selon ces chiffres*, le train émet vingt fois moins de CO2 que l’avion. Les politiques palois sont-ils sensibles à ces données ?
Notre chevalier blanc a trouvé un remède à ce désenclavement tant redouté. Il vient de négocier, avec le soutien de la communauté d’agglomération, une liaison quotidienne assurée par une compagnie inconnue jusqu’alors du nom de ASL Airlines France. Cela réjouit tout le monde … politique. Même le député David Habib est satisfait de la solution trouvée. Pour lui Air France est « une compagnie aérienne calamiteuse ». Il reproche au ministre de l’Économie d’avoir exigé que soient prises des mesures environnementales en contreparties du versement de sept milliards d’euros dont elle est gratifiée. Visiblement Habib n’a pas la fibre écolo.
Rassurez-vous citoyens, le monde d’après sera comme le monde d’avant, aussi polluant, et cela grâce à l’investissement de nos chers, très chers, politiques.
Pau, le 15 juin 2020
par Joël Braud
*Source : Agence Européenne de l’Environnement – septembre 2019
il n est pas sur que les liaisons paris / pau étaient déficitaires.
d ‘ autant plus que personne n obligeait air france à effectuer autant de rotations.
je pense qu’ un peu de bon sens pourrait souffler sur le trafic aérien pau paris avec des avions plus modernes un peu plus gros comme des airbus A 319
parfaitement adaptés et que 2 a 3 trajet par jour seraient suffisant.
mais je n ai aucun pouvoir décisionnaire et aucune compétence en trafic aérien.
Voici le lien qui me permet de dire que la ligne Pau Paris est déficitaire et devra être « restructurée ».
https://www.tourmag.com/Air-France-Hop-quelles-lignes-pourraient-etre-amputees_a99209.html
Peut-être faut-il s’interroger sur l’avenir de l’aéroport de Pau.
Au sujet de l’Institut Confucius de Pau-Pyrénées qui est une honte pour la commune et ses habitants ( lire une partie de la lettre du 27 novembre 2019 jointe en commentaire du dernier article de Pierre Michel Vidal envoyée à F.Bayrou ).
Quel est le montant des travaux de cette installation d’Institut payés par la commune et la Communauté d’agglo ?
Tout ces frais engagés pour cet Institut, c’est ça de moins pour toutes les associations Paloises.
Si la Liste MARBOT – FRANCO -CITOYENNE passe, s’engagera- t- elle à fermer l’Institut Confucius de Pau-Pyrénées, et à installer à la place LA MAISON DE LA PARENTALITé, qui est un VRAI projet pour les PALOIS, pour TOUS les PALOIS .
T.T.T.
Il vous reste 10 jours pour aller poser la question aux candidats . La permanence est place Gramont. Pour ma part je peux dire que toute l’opposition est passée à côté du sujet au moment des décisions. Le fonctionnement démocratique étant exercé depuis 6 ans dans les formes les plus minimales ( entre 30 et 80 dossiers envoyés 5 jours à l’avance avec des énoncés de délibération très réduits dans les éléments communiqués aux élus ) . Des commissions ou l’élu de l’exécutif président de séance découvre les dossiers qu’il présente en même temps que ceux de l’opposition…
Nous avons été sensibilisés à l’automne dernier par des citoyens indépendants puis sur ce site également. Je partage vos réserves. La tendance lourde à l’espionnage industriel économique et stratégique des chinois n’est pas une légende. Tous les grands pays ont ces pratiques, le problème est que le dimensionnement chinois est gigantesque et les véritables objectifs de long terme, peut être inédits. Pour ma part, j’ai tenté d’alerter le C A d’ Hélioparc sur une startup informatique en cours d’installation dans la techno pôle, ouvertement portée par deux Franco-Chinois ….
En vain, car la méfiance n’est pas trop dans la culture des décideurs , pas trop dans nos lois non plus … pour le moins, cet institut Confucius devrait faire l’objet d’un rapide audit totalement transparent avant décision.
Si pas de transparence = fermeture ! C’est mon avis . A.D.
M. P-M. Vidal, je vous corrige. « la liste Marbot » a abordé cette question si bien que Jérôme Marbot est cité par Sud-ouest du 13 mars, qui titre son article :
« Ligne Pau-Paris : « 200.000 euros des Palois dépensés pour rien », juge Marbot. »
Il a aussi abordé la question du train de nuit, disparu et réclamé par les usagers.
Merci de le faire savoir à vos lecteurs.
Dont acte ! Tant mieux. Le train de nuit, c’est une très bonne idée.
Au fait la liste Marbot a-t-elle évoquée la présence de l’Institut Confucius à Pau ? Rassurez-vous je ne lui cherche pas de poux dans la tête… c’est une juste une question (on est là pour ça) n’y voyez pas malice.
C’est une bonne question… et je n’ai pas la réponse. Confucius sert de masque (virtuel, celui-là))
Je saurais vous certifier qu’il y a bien deux p à applaudir ( ceci pour m’auto corriger..) mais ne saurais que répondre à vos interrogations sur le manque d’offensive de la liste Marbot sur ce sujet bien que vous esquissiez une supposition potentiellement pertinente ! A moins que ce ne soit la presse locale qui ne donne qu’un écho très feutré, pour ne pas dire filtré aux critiques de l’initiative ASL par la liste évoquée ?
Je peux rajouter sur l’idée de fond Pau-Tarbes, qu’avec Jo Labazée, Jean Glavany, Michel Pélieu, Pierre Forgues et Bernard Uthurry, nous avions commencé en 2013 à réfléchir à une stratégie aéroportuaire commune allant dans le sens de notre échange. De telles évolutions nécessitent du temps et la construction d’une nouvelle relation de confiance. Malheureusement le dialogue avec les nouveaux responsables Palois ( voir les articles de presse …. ) tournèrent court dès 2014 ! C’est un enjeu fort qui mériterait des positionnements clairs autant que pour l’avenir du grand prix par exemple . A.D
👏👏👏👏 Je peux me permettre d’aplaudir car malgré les 6h30 de trajet en TGV , je privilégiais le train pour les réunions de l’union Nationale des CCAS entre 2008 et 2014, départ 5h35, retour 22h 40 et 4h de réunion … Teams n’existait pas ! Et dans le train, on croise des syndicalistes, des agents territoriaux, des représentants associatifs membres d’instances Nationales , ou des Palois revenant de sejour familiaux ou touristiques… L’occasion d’échanger , de prendre le temps de l’écoute .
L’avion permet de croiser d’autres castes, beaucoup plus » m’as tu vu ? » dans des échanges très superficiels . Bon sujet pour étudiant en sociologie !
Alors oui, il est plus pratique et plus rapide, mais il est clair désormais qu’avec la découverte accélérée et contrainte par le confinement des outils de Visio conférence accessibles facilement, que ces besoins de déplacements en avion vont être réduits et c’est tant mieux . Air France a annoncé un aller-retour / jour pour cette sortie de confinement … Cela ne veut absolument pas dire que c’est un sort durable et définitif comme essaye de nous le présenter notre expert en travestissement des faits et néanmoins Maire de PAU . Une fois les agitations électorales terminées, les réalités économiques décideront du rythme de retour à une meilleure désserte par Air France .
Les politiques auront une nouvelle occasion de cesser de jouer les fiers à bras entre Tarbes et Pau pour enfin déboucher sur une structure aéroporportuaire à 2 plates formes ! L’Etat , lui devra cesser de verser son million d’€ Annuel pour la ligne Tarbes Paris, octroyé illégalement depuis près de 15 ans pour accomodement politique local, d’une part, d’autre part cela contriburait enfin à stopper l’hémorragie déficitaire d’Air France, comme vous le soulignez . Enfin, réjouissons nous sur ce dossier à venir de la convergence rare entre interêt de gestion et intérêt écologique à réduire le nombre de vols sur le territoire National !
Ce qui devrait inquiéter les citoyens Palois par contre, c’est la constance avec laquelle depuis plus d’un siècle, les droites locales s’obstinent à vouloir paraître plus grand et plus fort que le voisin ( avec un cran particulier pour les 6 dernières années puisque notre voisin désormais désigné n’est autre que le monde 😊 ! ) J’ai bien dit paraitre ! On me rétorquera comme le fait FB obstinément : » Ambition pour le territoire ? » Ambition ne veut pas dire forcement, plus grand plus fort. Plus harmonieux, plus réflechi, plus respectueux de l’humain, plus collectif, plus de respect des espaces de nature, du climat, du bati ancien. c’est aussi une très forte ambition !!!
L’aéroport de Pau est un bel habit d’apparat, mais à 300 000 passagers/ an, il deviendra vite une danseuse entretenue aux frais du contribuable LOCAL . A surveiller …
A.D .
Je vous remercie de ce commentaire bienvenu. Ceci dit, je ne comprends pas que la liste Marbot ne soit pas plus offensive sur ce point. Peut-être n’y a-t-il pas, en son sein, unanimité sur la question ? L’avion c’est si agréable, y renoncer c’est en quelque sorte le « bûcher des vanités ». Vous faîtes bien d’aborder la concurrence ruineuse avec l’aéroport de Tarbes. Il en est de même de Biarritz et de Fontarabie.
Il y a longtemps qu’un aéroport commun à Bâle (Suisse), Fribourg (Allemagne) et Belfort existe et il fonctionne très bien. Mais sans doute ce genre de réalisations doit être conduit par des hommes politiques qui ont la hauteur de vue nécessaire et le sens de l’intérêt public. Pour être clair: François Bayrou n’est pas Jean Pierre Chevénement.
La peur d’être vu comme un « plouc », ce talon d’Achille, ne fait pas un projet d’avenir.
Rappeler la convivialité du TGV et les différences sociales entre les passagers du train et de l’avion a un côté nostalgique.
Le transport aérien s’est démocratisé depuis des années maintenant et, avec la réduction de temps de transport TGV, l’aménagement des trains tend vers celui de l’avion. La discrétion pendant le voyage est quand même essentielle et la voiture restaurant y serait même en sursis.
Quid de la taxe CO2 pour le transport aérien par exemple ? Notamment : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/la-france-et-huit-pays-europeens-reclament-une-taxe-co2-sur-les-billets-davion-1146662 de novembre 2019.
Quid du transport routier qui représente ~80% des émissions.