Marbot, l’Arlésien

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Vendredi 19 juin, alors que j’effectuais ma marche quotidienne du matin, j’ai été abordé par deux dames qui, militantes de l’équipe de Jérôme Marbot, m’ont remis une invitation à participer, ce même jour, à partir de 15 h 30, à une rencontre avec la tête de liste. Invitation bien sympathique, mais seulement sympathique.

Le document était parfaitement présenté, imprimé, en couleurs, et parlait de rencontre avec Jérôme Marbot et son équipe devant l’école Stanislas Lavigne, 5, rue d’Armagnac. Il y était même écrit : « Dans le cadre des élections municipales échangeons sur la ville que nous voulons pour construire « Pau de demain » – Ensemble, un nouvel avenir ! » Appartenant à la catégorie des électeurs républicains convaincus, j’ai pensé trouver là l’occasion de m’instruire sur les intentions du candidat (et de sa liste). J’ai eu le sentiment que je pourrai poser des questions et obtenir quelques précisions complémentaires sur sa profession de foi.

Alors je me suis rendu à cette invitation. A l’heure indiquée et sur le lieu du rendez-vous, il y avait trois personnes de la liste « Pau en commun ». Après quelques instants une voiture est passée et a déposé une sorte de kakémono portant la photographie de l’avocat candidat. J’ai pu échanger avec ces trois dévoués et engagés soutiens. J’ai même eu l’impression, impression seulement, que dans leurs propos, ils manquaient un peu de mordant et d’agressivité face à la liste d’en face. Ils ont dit que leur but n’était pas de critiquer la gestion du maire sortant et de son équipe mais d’être une force de proposition. Cet aspect pacifique et sans doute honorable de leur choix m’a paru détonner avec le comportement habituel d’un challenger. Enfin s’ils perdent, ils sauront pourquoi.

Et puis le temps a passé, nous étions deux personnes à avoir honoré le rendez-vous ; nous avons fait preuve d’ une patience dans laquelle je ne me reconnaissais pas. Les membres du camp Marbot tentaient vainement de distribuer leurs tracts aux parents d’élèves qui venaient récupérer leur progéniture à la sortie de l’école Lavigne. Il se faisaient rembarrer systématiquement et sans ménagement. C’est vrai qu’il faut avoir de la conviction et de l’abnégation pour s’engager de la sorte dans une démarche qui somme toute est plutôt humiliante. Mais en même temps on pouvait voir concrètement le désintérêt pour la chose politique de ces parents qui à l’évidence, n’en avaient rien à foutre de cette élection. De temps à autre, un des trois candidats appelait Marbot au téléphone sans visiblement pouvoir le joindre. Ils nous disaient qu’il était très occupé et qu’il aurait du retard. En fait de retard, il y avait maintenant plus d’une heure que nous attendions. Alors les braves et dévoués serviteurs de la liste « Pau en commun » se sont eux-mêmes lassés d’attendre, ont replié leur kakémono et sont partis.

Ah j’oubliais, dans les échanges que nous avons eus, ils ont dit avec beaucoup d’insistance que Bayrou (« Bayrou le paon », comme le nomme le Canard enchaîné) était très absent, rarement présent à Pau. Ce qui est une réalité. L’aspect le plus déplaisant du personnage se trouve dans son caractère distant et orgueilleux. Mais alors pourquoi Marbot, par cette absence à sa propre invitation, copie-t-il ainsi son adversaire à l’élection municipale ? En jouant l’Arlésien, l’avocat n’a pas plaidé sa cause.

Pau, le 23 juin 2020

par Joël Braud

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8 commentaires

  • Oui. Dommage en effet.
    J’aurai souhaité que monsieur Bayrou se lamente également, lors de cette élection, sur le problème de la fermeture des bureaux de POSTE à PAU et pas seulement sur celui de l’aéroport.
    La POSTE de Pau Université a été fermée pendant une semaine. celle de Pau Carnot n’est plus qu’un souvenir, celle de Verdun fonctionne quand elle peut en attendant de ne le plus pouvoir – et c’est un service public!

  • Au « Sieur » Larouture :
    Pour répondre à votre commentaire de ce jour, voir svp l’article du 03/09/2018 (Auteur : Joël Braud) ainsi que les commentaires…
    Titre : « Pau, pour la gratuité des transports en commun »
    URL : https://alternatives-pyrenees.com/2018/09/03/pau-pour-la-gratuite-des-transports-en-commun/

    Sans autre commentaire superflu…

  • Les questions qui auraient pu être posées à « Marbot, l’Arlésien » :
    1) Comment va t-il faire pour éviter l’augmentation de la pression fiscale qui a déjà atteint ses limites à Pau (Ex: taxes foncières…)
    2) Comment va t-il financer ses projets, dont ceux… d’ « Instaurer la gratuité totale des transports en commun d’ici 2025 » ET… « Investir massivement pour les écoles primaires et l’équipement numérique de tous les enfants : + 22 millions en 5 ans »…
    3) Quelles économies va t-il devoir réaliser et/ou comment va t-il financer les mesures précitées et aussi d’autres dans son « projet pour changer Pau » ?!?

    Liste du candidat « Marbot, l’Arlésien » : une équipe hétéroclite composée de bric et de broc (humble avis…).
    En cas d’élection de ce candidat à la mairie de Pau, je crains le pire pour les contribuables palois… 🤔🤔🤔

  • Pierre-Michel Vidal

    Le débat organisé par la presse locale a montré que Jérôme Marbot -sans doute très mal conseillé par ailleurs-, avait intérêt à la confrontation. Il a surpris par sa capacité de réaction, son calme, son sang-froid face à un homme politique très aguerri. Il a été crédible quand il a été mordant et on a bien senti qu’il en avait sous la semelle: qu’il pouvait l’être encore plus. C’est regrettable pour lui et ses partisans qu’il ne l’ait pas été… André Labarrère qui est son « grand homme » (à juste titre) n’épargnait pas ses adversaires et ne manquait pas non plus ses rendez-vous avec les palois… Alors pourquoi cette discrétion ? Marbot a tout intérêt à mobiliser ses électeurs et notamment les ralliés (écologistes et gilets jaunes) pour cela il doit être moins consensuel et se comporter en véritable challenger. Il a montré qu’il en avait les moyens; dommage donc.

  • Dommage, occasion manquée pour vous comme pour J. Marbot et son image. La veille il était à l’heure devant l’école du quartier Buisson.

    • En effet dommage, d’autant que j’avais envisagé de poser un certain nombre de questions. Par la suite, ces sujets que je voulais aborder n’ont pas été évoqués lors du débat avec Bayrou.

  • Une campagne électorale apaisée pour des Palois déjà plus ou moins endormis par les temps qui courent auquel s’ajoute le contexte COVID 19 !

    « Un désintérêt relatif pour la chose publique, l’une des dérives de la démocratie selon Tocqueville »…