A Pau, l’illogisme des décisions municipales.

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La vie des commerces palois prend parfois des tournures inattendues. La presse locale (La République des Pyrénées 11 juillet 2020) nous apprend qu’un nouveau commerce va ouvrir rue Serviez à Pau. La ville aide cette installation, mais dans le même temps elle favorise une installation de nature comparable en périphérie. Où est la logique ?

Deux jeunes entrepreneurs ouvrent ce mercredi 15 juillet un bar à salade à l’enseigne « Eat Salad ». Sous une appellation anglaise, seront servies des salades françaises aux compositions variées. L’amplitude d’ouverture, 7 jours sur 7, midi et soir, en dit long sur l’investissement de ces deux trentenaires. Il faut non seulement leur souhaiter pleine réussite, mais espérer que leur entreprise s’inscrira dans une très longue durée. Pour aider cette initiative et permettre de développer la vie commerciale du centre de ville, la municipalité a joué son rôle. En effet elle a consenti une subvention d’un montant de 40 000 euros tandis qu’une structure associative « Réseau Entreprendre Adour » leur permettait d’obtenir un prêt de 30 000 euros à taux zéro.

Simultanément, à quelques encablures, à proximité d’un centre commercial, avenue Louis Sallenave, une enseigne de restauration rapide : « KFC » (Kentucky Fried Chicken), a d’obtenu l’autorisation d’ouvrir un espace commercial. Pour lui permettre de disposer de cet espace, il a fallu démolir une villa de caractère. Sur le plan architectural le laid remplace le style local du début du siècle dernier. Peu importe que les amoureux de l’histoire béarnaise regretteront cette maison nommée « La Ventourlère ». Elle avait été le domicile de Yvonne Escoula *, romancière paloise, auteur de plusieurs livres aux éditions Gallimard. Elle a eu son heure de gloire et est maintenant oubliée. Peu de Palois connaissent son nom et son œuvre. Cette maison sera bien vite sortie de la mémoire.

Alors d’un côté on favorise l’installation en centre ville d’une enseigne de restauration et de l’autre en périphérie on permet, après la démolition d’une villa emblématique, l’ouverture d’une enseigne qui s’inscrit dans la sphère concurrentielle. Quand on sait que les espaces commerciaux de toute nature, situés en périphérie, sont la principale cause de la fermeture de nombreux commerces des centres de ville, on se demande en effet où est la logique ?

Pau, le 20 juillet 2020

par Joël Braud

*Yvonne Escoula (1913 – 1987) a publié chez Gallimard :

  • Le Temps infini (1968)
  • La Peau de la mer (1972)
  • Six chevaux bleus (1954)
  • Contes de la Ventourlère (1965)
  • Histoire de parler (1965)
  • Mémoires d’un chien (1960)
  • Tulipan (1958)
  • Sur la piste du mûrier (1953)
  • L’Apatride (1951)
  • Promenade des promesses (1948)
  • Poursuite du vent (1947)

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7 commentaires

  • Cher Joêl, je vous remercie pour ce très joli texte consacré à la maison de ma grand-mère, Yvonne Escoula. J’ai passé mon enfance dans cette maison, qui était à l’époque entourée de champs et de prés. C’est par vous que j’apprends sa démolition, mais ceci est adouci par l’hommage que vous rendez aux livres oubliés. Merci de tout cœur ! Bien à vous. FG

  •  » On se demande où est la logique « .

    Vous avez parfaitement raison de soulever ces contradictions et cet  » illogisme « au pays de Descartes.

    Le monde politique est perclus de ces contradictions. C’est bien ce pourquoi nous avons perdu la guerre en 40.
    Pourrions-nous parler de forfaiture, de félonie, de trahison ?

    Tout et le contraire de tout. A force c’est fatigant, et pourquoi aller voter?

    Comment la société civile ne peut-elle pas être troublée par ces choix contradictoires?

    Le groupe MoDem a voté, le 21/02/2019, une proposition de loi considérablement amputée de la France Insoumise  » visant à protéger la population des dangers de la malbouffe « .

    https://www.liberation.fr/direct/element/lassemblee-adopte-une-proposition-de-loi-de-lfi-sur-la-malbouffe-considerablement-amputee_94181/

    C’est encore une fourberie de plus.

    Mais à force d’être retors, il arrive à s’y perdre.

    Le 21/07/2020
    PéCé

  • Bien d’accord sur tout, j’ajouterai ma tristesse de constater que pour attirer le client on pense qu’il faut angliciser ou américaniser les enseignes, et souvent les produits vendus!

    « «Eat Salad». Sous une appellation anglaise, seront servies des salades françaises »!!!!
    Original n’est-il pas?

    «KFC» (Kentucky Fried Chicken).
    La célèbre restauration américaine est responsable, avec les autres, de l’obésité, du diabète et des nombreuses réjouissances semblables de ses clients.
    «la poitrine de poulet de recette originale est chargée en gras et en sodium (voir l’étiquette). Si vous sélectionnez le Poitrine de poulet extra croustillante, vous consommerez 390 calories, 23 grammes de gras et 870 milligrammes de sodium. »
    Ne parlons pas de l’huile de friture qui bout!
    « Kentucky Fried Chiken choix des menus et calories »

    Cette autorisation de la ville de Pau est irresponsable alors que le chemin actuel serait de lutter contre la malbouffe et ses conséquences, on laisse se multiplier les fast food.(fat food en fait!)
    De plus, la joie des clients devrait être largement modérée quand on pense aux observations que l’on peut lire dans Wikipédia:

    +Élevage et abattage non-éthique des volailles.
    +Salarié(e)s «discount» – traitement abusif des employés.
    +Conditions sanitaires souvent douteuses.
    +Soupçons d’évasion fiscale.
    En février 2018, le magazine Que choisir publie une enquête sur KFC, qui montrerait que, malgré des bénéfices en France, l’enseigne pratiquerait l’évasion fiscale pour ne payer aucun impôt, tandis que les salariés dénonceraient des conditions de travail déplorables.

    Tout cela en dit long sur la transition écologique que souhaiterait stimuler, dit-elle, la majorité municipale!!!!

    La liberté de manger ce qu’on veut est sacrée mais pas le paiement des dépenses de la Sécu pour soigner ces adeptes de l’obésité rapide!

    • Les réflexions qu’on trouve sur ce site sont parfois déconnectées des réalités…

      Où avez-vu qu’une municipalité pourrait s’opposer à l’ouverture d’un commerce qui respecte les lois et règlementations en vigueur, sur le seul prétexte de la malbouffe ? KFC aurait tôt fait d’attaquer la municipalité en question au tribunal administratif, en ayant gain de cause, et vous n’auriez plus qu’à déplorer l’argent public gaspillé dans une procédure perdue d’avance.

      Et si vous voulez fermer les commerces pour cause de malbouffe ou de menace à la santé publique, vous n’avez pas fini… Il faudra également fermer les restaurants qui servent des steaks-frites, les charcuteries, les kebabs, les débits de boissons alcoolisées, les bureaux de tabac, et j’en passe. La ventrèche tous les jours ça fait peut-être local mais ce n’est pas beaucoup plus sain qu’un KFC.

      A propos de « Eat Salad » c’est une chaîne nationale de restauration rapide, et le magasin de Pau est franchisé. Ce sont des produits standardisés dans tous les points de vente, et ils ont plus de chances de provenir de l’agriculture et élevage industriels passés par Rungis que des serres de la plaine de Nay ou de poulets bios élevés au grain.

      • D’accord avec vous pour dire que ce ne peut être sur le seul critère de la malbouffe que la ville décide de s’opposer à l’ouverture d’un restaurant. Cependant dans le secteur, il existe un grand nombre de restaurants : Mac Donald’s – Burger King – Quick – un restaurant italien dans le centre commercial – la cafétéria Leclerc – deux restaurants universitaires et maintenant KFC… Cette concentration d’enseignes de restaurants aurait pu servir de motifs pour refuser KFC.
        La démolition de la villa « Ventourlère » aurait pu au titre de la sauvegarde d’un passé historique de Pau, servir également d’argument pour refuser sa démolition.
        Enfin le souci de la redynamisation du centre ville est une préoccupation dont on peut également tenir compte.

      • «Où avez-vu qu’une municipalité pourrait s’opposer à l’ouverture d’un commerce qui respecte les lois et règlementations en vigueur, sur le seul prétexte de la malbouffe»

        Naturellement que non, mais il est parfois possible de trouver une faille comme, par exemple:

        «une enseigne de restauration rapide: «KFC» (Kentucky Fried Chicken), a d’obtenu l’autorisation d’ouvrir un espace commercial. Pour lui permettre de disposer de cet espace, il a fallu démolir une villa de caractère.»

        Complètement nul en matière juridique mais citoyen votant pour un Maire, je me pose des questions sur ses pouvoirs, alors j’ai zappé sur internet.

        1°)Établissement recevant du public (ERP) : procédures d’autorisation service-public-Pro.fr
        Vérifié le 17 novembre 2015 – Direction de l’information légale et administrative (Premier ministre), Ministère en charge de l’intérieur

        «Les établissement recevant du public (ERP) sont soumis à des procédures d’autorisation auprès du maire ou du préfet : autorisation de travaux, d’ouverture de l’établissement, d’aménagement, etc. La création, l’aménagement ou la modification d’un ERP doit faire l’objet d’une autorisation du maire, donnée après avis des commissions de sécurité et d’accessibilité. La demande de permis de construire ou de permis d’aménager doit être déposée en mairie.»

        2°)C’est au maire d’autoriser les travaux (construction, aménagement et modification) d’un ERP et donc le dépôt et l’instruction de la demande (permis de construire ou d’autorisation de travaux) s’effectuent auprès de ses services.

        3°A compter du 1er janvier 2020, le contenu des demandes d’exploitation commerciale est modifié. Il faudra accompagner les demandes, en plus d’une analyse d’impact, des informations suivantes :
        +des informations relatives au projet : selon la nature des projets, il faudra +indiquer la surface de vente, le secteur d’activité de l’entreprise, décrire le point de retrait ou le parking que vous souhaitez créer, etc. ;
        +des cartes et plans relatifs au projet : plan de masse, plan de desserte par les transports collectifs, carte du réseau routier, etc. :
        +une présentation des effets du projet sur l’aménagement du territoire ;
        et
        +une présentation des effets du projet en matière de développement durable ;
        +une présentation des effets du projet en matière de protection des consommateurs ;
        +une présentation des effets du projet relatif en matière sociale.

        Ayant nécessité la démolition d’une villa de caractère, il a bien fallu obtenir une autorisation des services d’urbanisme de la mairie pour la démolition et la nouvelle construction! Y aurait-il séparation des pouvoirs entre le Maire et le service de l’urbanisme? Le Maire serait-il obligé d’accepter les décisions des autres!

        Je suis persuadé qu’il a un pouvoir pour manœuvrer, Bayrou, quand il veut, est un fin stratège, dans ce cas il était bien d’accord!

        Les autorisations données à la suite du dépôt des trois dernières informations ci-dessus sont vraiment «discutables!»car elles jouent sur l’appréciation du sens des mots.
        Que vient faire le développement durable dans cette galère? Développement durable de quoi? De la villa de caractère qu’il a fallu détruire? Des petits restaurants du centre ville?
        Protection des consommateurs? Contre le terrorisme? Contre les agressions ou violences de toutes formes? Contre les conséquences nuisibles pour la santé des plats consommés? Dans ce cas, comme c’est vrai, je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas eu véto.

        «Et si vous voulez fermer les commerces pour cause de malbouffe ou de menace à la santé publique, vous n’avez pas fini»
        C’est vrai, mais alors ne nous plaignons pas du déficit de la sécu!

        • Le problème est que la première compétence (au sens de responsabilité pas de qualification … ) d’un Maire, c’est l’urbanisme !!! En la matière , François Bayrou a une approche très libérale ( laissons faire le marché ) . Comme il a laissé les clés à son défunt premier adjoint qui avait à peu près la même approche , nous avons la rançon des autorisations et permis de construire à tout va alors qu’il n’y a aucun besoin de ces multiples enseignes , nous n’avons aucun besoin de tous ces programmes immobiliers qui perturbent de + en + le marché local et accélèrent les vacances de logements sur l’existant . Je rappelle ici les conséquences du recensement de 2006 …. Tous les plans et scot ont été fait sur des bases d’évolution1999- 2006 tronquées . Il suffit de mettre en calque l’evolution des foyers fiscaux sur la période 2007 2017 pour comprendre que  » la baisse de population » 2008 – 2011 n’était qu’une correction, un retour à la vérité des chiffres à l’insu des élus et cadres techniques en responsabilité qui ne pouvaient savoir ce qui avait êté fait en 2006 .

          Certes tout cela n’a pu être compris qu’en 2016-2017 à cause du décalage des données connus avec 3 ans de décalage. Plutôt que de faire des légères corrections sur le SCOT en ocultant discrètement ce fait qui n’est reconnu qu’à mot couverts et en coulisse , il eût sans doute été préférable de le poser avec clarté et transparence pour apporter de franches corrections aux orientations d’urbanisme . La conséquence est que nous continuons d’aggraver la surconstruction d’espaces commerciaux et la surconstruction de logements neufs alors que nous sommes en zone non tendue depuis plusieurs années .
          On peut rappeler par exemple que cette municipalité a inscrit en 2017 une autorisation au PLU d’une mega extention de AUCHAN qui court toujours …