Comment peut-on imaginer l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne ?

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Les extraits ci-dessous devraient nourrir la réflexion après la décision du président turc de reconvertir la basilique orthodoxe Sainte Sophie d’Istanbul en mosquée.

Ainsi , Margaritis Schinas un des huit vice-présidents de la Commission Européenne a déclaré : « La Turquie doit, à un moment donné, décider de sa position géopolitique… Voudra-t-elle travailler avec l’UE et se fonder sur les valeurs européennes ? Si c’est le cas, ce qui s’est passé avec « Hagia Sophia » est vraiment un mauvais point de départ».

De son côté , le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait demandé le 13 juillet au président turc Recep Tayyip Erdogan «d’annuler la décision» de convertir à nouveau Sainte Sophie en mosquée. M. Borrell a annoncé jeudi s’être entretenu avec le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusolgu des moyens d’apaiser les tensions et avoir convenu d’une rencontre avant la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE prévue fin août à Berlin. ( Une réunion pour quoi ? Pour rien puisque tout est consommé ! ).

« Cette transformation en mosquée de Sainte-Sophie est brutale même si, on l’imagine, elle est entourée de toutes les formes légales dont le président turc sait s’entourer.
Mais elle est évidemment beaucoup moins violente que celle du 29 mai 1453, lorsque les Turcs entrèrent dans Constantinople. Après un siège terrible, à midi, les rues sont de véritables ruisseaux de sang. Sainte-Sophie devient le cadre d’un sacrilège grandiose et abominable qui n’a sans doute jamais été réparé. Alors que l’on chante les matines, on entend arriver les Turcs. Les grosses portes de bronze sont fermées mais les assaillants les brisent. Les fidèles les moins beaux sont massacrés sur place ; les autres (hommes et femmes) sont emmenés au campement pour y être livrés à la soldatesque ottomane. Des princesses descendantes des plus nobles lignées sont dénudées sur place. Les prêtres sont massacrés sur l’autel alors qu’ils célèbrent la messe. En fin d’après-midi, le sultan Mehmed II pénètre dans l’église. Il ordonne que le plus vénérable des imams monte en chaire pour proclamer le nom d’Allah clément et miséricordieux ». ( Boulevard Voltaire ).

«  Il existe une constante commune à toute l’histoire de la Turquie : celle d’une volonté de purification de tous ses éléments perçus comme exogènes, de l’Empire ottoman (génocide des Assyriens en 1914, des Arméniens en 1915, et des Grecques pontiques en 1916), à la République prétendument laïque d’Atatürk (pogroms anti-juifs de 1934 et expulsion des Orthodoxes d’Istanbul dès 1955). La dernière décision d’Erdogan et de son régime islamiste découle de cette même logique guerrière.
Pour lutter contre l’islamisme, il faut d’abord prendre conscience qu’il ne se limite pas au terrorisme et aux actions violentes. Dans son rapport adopté à l’unanimité le 7 juillet 2020, la commission d’enquête du Sénat insiste sur ce point : «Les islamistes cherchent à peser sur la vie quotidienne et le rapport aux autres des Français de confession musulmane et des musulmans étrangers résidant en France, pour leur imposer une orthopraxie, des pratiques vestimentaires, alimentaires, rituelles, mais surtout une norme de comportement et de rapports entre les hommes et les femmes, afin de les séparer du reste de la population française.» ( Le Figaro ).
Ces réactions, ce rappel historique, et le constat que tout citoyen quelque peu averti peut faire, sont à rapprocher de la volonté hégémonique dont la Turquie témoigne depuis des siècles. L’empire ottoman fondé en 1299 par une dynastie originaire d’Asie a perduré jusqu’en 1922. Entre temps , la Turquie, dont la flotte contrôlait une grande partie des côtes méditerranéennes, allait devenir la première puissance d’Europe. L’Algérie avec un Dey, la Tunisie avec un Bey. étaient sous domination turque, la Libye également. La Turquie et son président nationaliste en gardent le souvenir . Ne pouvant envisager une reconquête par les armes, ils usent de leur position géopolitique en menaçant l’Europe d’ouvrir leurs frontières aux migrants à défaut d’aides financières. De fait plus rien, ni personne ne leur résiste. A preuve encore l’invasion de 38% du territoire chypriote par une offensive militaire constituant une partition illégitime de l’île. A travers ces actions, ne faut-il pas craindre la stratégie d’installer en Occident une civilisation de substitution ( bien évidemment islamique) comme l’écrit Jean-Frédéric Poisson ( L’Islam à la conquête de l’Occident ) ? Alors, la Turquie dans l’Union Européenne ?

Pierre ESPOSITO

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Un commentaire

  • Pierre-Michel Vidal

    La Turquie a une vocation européenne. C’est un pays de tradition laïque durant de nombreuses années, sous Atatürk, le fondateur de son état moderne. C’est d’ailleurs un des rares états à avoir inscrit la laïcité dans sa constitution. Peut-on ramener une grande nation à son dirigeant, Erdogan, appuyé par la nébuleuse des Frères Musulmans ? Il y a eu de nombreuses révoltes contre Edorgan, venues de la société civile et des intellectuels. Pas plus que l’on ne peut rapprocher le peuple chinois des dirigeants du Parti Communiste, on ne peut pas dire que le peuple turc suive unanimement Erdogan. Ce dernier a mis en place un état policier qui s’appuie pour partie sur l’amertume accumulée par le mépris des européens qui n’ont pas tendu la main quand c’était encore possible. turcs et les musulmans en bouc-émissaires. Ils ne sont pas comptables de la politique tyrannique d’Edorgan et tous ne l’approuvent pas.