«La cause ôtée, les effets cesseront*.»
Les grandes catastrophes qui nous submergent de plus en plus : climatiques, sociales, sanitaires, économiques, pandémiques… sont le résultat d’un oubli volontaire de distinction entre cause et conséquence ; dommage, car si on peut agir, pour l’avenir, sur la ou les causes, on ne peut que subir les conséquences.
«En toute chose, quand l’effet devient plus grand que la cause, arrive la destruction. » Honoré de Balzac.
«La qualité actuelle de notre vie est une conséquence de nos décisions du passé.» Mohamed Chérif Naceur.
«D’actions et réactions nous en oublions que nos actes sont la cause, et non la conséquence, de nos malheurs.» Alain Leblay.
Je n’ignore pas que la notion de cause est abstraite et qu’il est souhaitable de parler d’enchaînement causal dans l’espace et dans le temps.
+dans l’espace les situations sont toujours complexes et s’enchevêtrent.
+dans le temps, elles se succèdent.
Comme on ne peut pas remonter à la cause initiale que l’on ne connaîtra sans doute jamais, on est contraint de remonter dans le temps, à une origine s’appuyant sur la loi ou des faits historiques apportant un argumentaire estimé suffisant pour étayer une opinion, ou une thèse. Il y a, dans ce cas, une subjectivité dont peut s’emparer la contestation.
Par exemple, certains soutiennent que le virus est la cause de la pandémie, d’autres qu’il n’est pas la cause mais la conséquence d’une activité économique démentielle irréfléchie.
Si cette notion de responsabilité collective est sans pertinence au plan juridique car il n’a à connaître que des individus, la donne change dans le domaine de la politique, de l’économie, de la technologie, avec l’augmentation de l’interdépendance et la montée prodigieuse du pouvoir d’intervention des hommes du XXIe siècle, capables de peser sur le destin des générations futures, voire de l’espèce humaine comme la pollution, le réchauffement climatique… la chute de la biodiversité.
journals.openedition.org › questionsdecommunication
«La montée en puissance de la globalisation, tant au plan économique que médiatique, la multiplication des échanges économiques, culturels, le brassage des populations, la multiplication de crises écologiques qui traversent les frontières, ont contribué à faire naître l’idée qu’«à problèmes globaux, réponses globales». La multiplication des instances supranationales, la création d’organismes tels que le Tribunal pénal international de la Haye, la signature du protocole de Kyoto, la multiplication de rencontres internationales, sont des indices de la montée en puissance de ce sentiment de responsabilité collective»
Ma conviction s’inscrit dans cette démarche.
De même, si le jeune mis en examen est bien l’auteur du feu en forêt de Chiberta ; est-il la cause ou la conséquence des conditions de vie imposées par la société pendant l’enfance ? Rappelons que le placement en foyer (MECS) a notamment lieu dans les cas de violences familiales (physique, sexuelle ou psychologique), de difficultés psychologiques ou psychiatriques des parents, de problème d’alcoolisme, de toxicomanie, de graves conflits familiaux, de carences éducatives, de problèmes comportementaux de l’enfant.
La société actuelle ne s’attache qu’aux conséquences dont on évoque :
+Le côté descriptif.
+Le côté émotionnel, allant jusqu’au malsain, est largement étalé dans les médias: nombre de morts surtout, le drame des familles avec nombreux enfants qui ont tout perdu, interviews détaillant la douleur des gens, leur faim, leur manque d’eau, de médicaments, leurs handicaps…
+Le côté économique: importance des sommes dépensées pour les soins, les primes…, combien les réparations coûteront-elles, qui va payer ?, recherche des responsables pour les assurances… Quand l’économie pourra-t-elle repartir afin de refaire le plus vite possible des profits ?
C’était imprévisible!
On réfléchit par contre sur les contraintes salariales nécessaires pour rembourser la baisse monumentale du PIB ! On s’empresse surtout de ne pas réfléchir sur ce qu’il conviendrait de faire pour éviter les autres désastres à venir :
changement de philosophie, de technologie, donc de politique !
Passons en revue quelques exemples autres que celui de la Covid dont les causes de l’apparition et de la diffusion sont avancées et largement évoquées, par des gens compétents, dans les émissions.
1°) Les Emirats arabes unis démarrent la première centrale …
www.lemonde.fr › International › Emirats arabes unis
Les Emirats arabes unis sont entrés samedi 1er août dans le club des pays utilisant l’énergie nucléaire civile avec la mise en service de leur centrale de Barakah, la première du monde arabe. En pensant à l’instabilité chronique dramatique du monde arabe, aux protections souvent limitées des installations, à toutes les corruptions possibles, au terrorisme, aux séismes fréquents, aux explosions «imprévues !».., la menace potentielle est internationale.
Qui lance un cri d’alarme pour dénoncer cette cause d’un danger mondial ?
2°) Du méthane s’échappe de puits abandonnés en mer du Nord
http://futurasciences.fr/tk/t/2/2270310442c1bd/4788027467/8195716eb/42031189e7/
«Les chercheurs évaluent que la seule zone qu’ils ont étudiée – 20.000 km² de fond contenant 1.792 puits – pourrait libérer entre 900 et 3.700 tonnes de méthane chaque année. Sachant qu’il existe en tout, quelque 15.000 forages en mer du Nord, les fuites pourraient être bien plus importantes encore… le méthane ainsi libéré dans la mer peut, en premier lieu, conduire à une acidification des eaux (empêchant les coquilles de se former). Il est, par ailleurs, un puissant GES. En mer du Nord, la moitié des forages se trouvent à des profondeurs qui permettent à une partie au moins de ce méthane de s’échapper dans l’atmosphère.»
Qui le dénonce ? Comme pour les munitions jadis rejetées en mer, c’est une bombe à retardement dont on n’envisage pas le désamorçage.
3°) La catastrophe de Beyrouth est naturellement le point d’aboutissement d’un très douloureux passé et d’un présent avant tout politique, mais le nitrate d’ammonium a été le déclencheur. C’est lui qui a été la cause directe de l’explosion d’AZF à Toulouse et des angoisses à Anglet.
Le nitrate d’ammonium peut transiter par le port de Bayonne …
france3-regions.francetvinfo.fr › pyrenees-atlantiques.
A Saint-Malo, jusqu’à 60.000 tonnes de nitrate d’ammonium transitent chaque année par le port, les citoyens s’inquiètent !
« Indispensable ? » en agriculture, pour les travaux publics et la construction (explosif des carrières) le nitrate d’ammonium est la cause directe, mais la conséquence surtout d’une politique agroalimentaire utilisant massivement ce produit, sans oublier que l’urbanisation et l’agriculture intensive augmentent les risques de pandémie.
Urbanisation et agriculture intensive augmentent le risque de pandémies
http://futurasciences.fr/tk/t/2/8210816888c70d/57288345c0/213582219/42031189e7/
Quand on pense aux morts et aux blessés qui résultent du stockage et des manipulations de ce sel minéral industriel, on ne peut, une fois encore, que dénoncer l’addiction de l’agriculture industrielle à ce produit et à ses retombées dévastatrices sur les sols, les fossés, les nappes phréatiques, les ruisseaux, les rivières, donnant ces développements toxiques d’algues vertes sur les plages. Tout ceci pourrait être évité. En agriculture biologique, les sels minéraux azotés (nitrate) sont interdits; les matières premières d’origine naturelle, organique ou minérale, sont autorisées sauf pour l‘azote pour lequel l’origine doit obligatoirement être organique. Les sources d’azote évoluent dans un cycle souterrain grâce à des bactéries, or les traitements herbicides et pesticides les détruisent.
Pas besoin de nitrate d’ammonium en agriculture «paysanne».
Qui, au niveau de tous les gouvernements, actuel ou passés, a lancé un signal d’alarme pour dénoncer ce type d’agriculture dangereuse dans tous les domaines ? Nicolas Hulot peut-être, mais avec la réussite qu’on sait !
4°) Une dérogation réclamée par le syndicat des betteraviers(CGB), affiliée à la FNSEA.
Les planteurs de betteraves se disent démunis face aux pucerons qui transmettent les virus de la jaunisse virale qui fait s’effondrer les rendements.
Le gouvernement a annoncé jeudi 6 août vouloir autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021, sous « conditions strictes », des semences de betteraves enrobées d’un insecticide néonicotinoïde interdit depuis 2018. Une dérogation devrait être mise en place à partir de l’automne jusqu’en 2023 «maximum».
La cause est-elle le virus, les pucerons ou ne sont-ils que les conséquences de :
Conditions climatiques d’origine anthropique (réchauffement climatique).
+Hiver doux suivi d’un printemps chaud et sec, semis tardif.
+ La sécheresse de plus en plus accusée.
La FNSEA devrait voir plus loin que ses pucerons !
Bientôt il n’y aura plus de puceron car il n’y aura plus de betterave.
La betterave est une plante dont la culture requiert une utilisation importante d’eau. En culture non irriguée, la productivité des betteraves peut subir une diminution du rendement sucre de 50 % en cas de sécheresse prolongée.
Et d’une agriculture aberrante.
+ Les gros producteurs de l’agroalimentaire et des produits phytosanitaires ont poussé les agriculteurs à utiliser massivement leurs produits ; les rendements ont augmenté mais l’accoutumance des parasites aussi, ainsi que les dépenses des utilisateurs (en intrants et matériel, arrosage, par exemple), d’où un gain financier très faible, pour l’agriculteur naturellement !
De plus, la microfaune et la microflore du sol, du fait des enrobés et des pesticides, ont disparu, d’où la nécessité de mettre des engrais industriels qui se répandent après dans les fossés, les nappes phréatiques, les ruisseaux et la mer. La monoculture sur de grandes surfaces est un excellent moyen de faire proliférer les parasites, les pesticides ayant détruit toute la faune prédatrice de ces parasites.
Dérogation jusqu’à 2023 !!! Chacun sait qu’en 2023, aucune solution ne sera trouvée, il ne faut pas d’ailleurs, les lobbys s’y emploient ; il faut continuer à vendre «l’opium du peuple» des plantes, des animaux et des hommes !
Des solutions il y en a :
+un retour à l’intelligence et au bon sens écologique de l’agriculture paysanne.
Polyculture, poly-élevage, haies boisées, fossés, jachères… ; accepter une baisse de rendement avec en parallèle des dépenses presque nulles en intrants toxiques. En agroécologie pas d’intrants, du recyclage, compostage, ou l’association de cultures pour enrichir et fertiliser le sol. Les pratiques enrichissent et protègent le sol contre l’érosion : couvert végétal permanent, haies vives ou encore le paillage.
Sans pesticides, les prédateurs des parasites reviennent. Contre les pucerons citons :
Les coccinelles. Une larve ou un adulte en dévore plus d’une centaine par jour, la Chrysope, le forficule ou perce oreille, guêpes et frelons, libellules et demoiselles, mante religieuse, la syrphe, la Sauterelle, les staphylins…,
Répartition des gains et des pertes, meilleurs prix de vente, circuits courts, demandes des consommateurs…, compensent largement la baisse de rendement.
+Un recyclage vers d’autres cultures, le tournesol et peut être l’arachide dans l’avenir !
Il faut s’adapter et non pas résister (sauf, provisoirement, pour permettre une transition culturale, les «bassines» sont à proscrire !) mais en changeant les esprits, les cultures, les méthodes et…les comportements alimentaires.
Darwin disait que celui qui survit n’est pas le plus fort, le plus beau, le plus riche mais le plus malin, le plus adapté.
S’adapter, ce sera dans tous les domaines, y compris industriel. Un exemple remarquable est celui de Latécoère.
En 1906, Pierre-Georges prend les commandes de la «Maison G. Latécoère» de 150 salariés. Elle s’est lancée dans la fabrication de matériel roulant pour les tramways de Bigorre et la Compagnie des Chemins de fer du Midi.
Pendant la première guerre mondiale, il développe deux usines à Toulouse, l’une pour produire des obus, l’autre pour construire des cellules d’avion, puis, en 1917, des avions. 101 ans plus tard, Latécoère ne construit plus d’avions, mais travaille avec les grands avionneurs internationaux, Boeing, Airbus, Dassault, élaborant les aéro-structures. Il lance, en 2020, un plan de restructuration et de transformation ; il construit des bâtiments sur la zone de Montredon, inaugurés en juin dernier.
Cette nouvelle usine est à la fois connectée, digitalisée et automatisée. Chaque machine peut ainsi fonctionner en autonomie pendant 18 heures, pour assurer une production 24 h/24, afin de réduire le temps des cycles de production à 3 semaines, contre 3 mois auparavant.
C’est l’exemple d’une entreprise qui a su s’adapter, se transformer, se recycler pour suivre l’évolution des besoins du pays. L’actualité montre que l’avion est de moins en moins conforme aux exigences du monde moderne (pollution, GES, gourmand en kérosène..) ; le retour à l’économie du passé serait une catastrophe, Latécoère, modernisée, a l’expérience nécessaire pour revenir à ses premières amours…
en construisant des wagons !
*Proverbe français ; Les proverbes et dictons communs (1611)
Signé Georges.Vallet
crédits photos:slideshare.net/Jourde/lutilitarisme-moral-cours-de-philosophie
suite du 1°)
L’Ecologiste. Trimestriel, en Angleterre depuis 1970, en France depuis 2000
« Incroyable mais vrai : au Moyen-Orient, un réacteur nucléaire vient d’être branché au réseau mercredi 19 août dernier aux Émirats arabes unis, sur le site de Barakah, construit par des Coréens. Il s’ajoute dans la même région au réacteur nucléaire de Buchehr en Iran construit par les Russes en 2011. Comme si la région était parfaitement stable et sans aucun risque de conflit… »
Wikipedia
En 2013, une série de séismes qui frappent l’Iran, dont le séisme de Bouchehr, aurait endommagé la centrale nucléaire de Bouchehr, dessinant de larges fissures sur la structure
2014-2016 : lancement de la construction des réacteurs 2 et 3
La Russie a conclu le 11 novembre 2014 avec l’Iran un accord prévoyant la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires et des activités en Iran dans le domaine des combustibles nucléaires12.
La construction de ces deux réacteurs de 1 000 MW a commencé le 10 septembre 2016 ; elle durera dix ans et coûtera dix milliards de dollars13. .
Ce rappel des causes des drames ou des catastrophes, qui nourrissent l’actualité, met chacun d’entre vous devant la nécessité morale de contribuer à y apporter solution.
Mais, immédiatement, vous vous rendez compte de ce que cette tache immense incombe aux décideurs politiques ou économiques.
Cet article n’aurait donc servi qu’à vous donner l’agréable sentiment de participer à cette « dénonciation » nationale dans laquelle tout adulte se complet ?
Non! Chacun peut se choisir un champ d’action à sa mesure, aussi petit soit-il. « L’effet papillon », vous connaissez?
Chiche qu’après une telle lecture, vous vous preniez en charge par un comportement civique, comme le confinement vous y a invités.
Les choix sont multiples. La somme de vos engagements – seraient-ils limités – portera conséquences. Y croire, sans se lamenter !
Voici un registre possible. Pour votre santé, la somme des gestes et des pratiques actives souhaitables vous est serinée à l’envi ! Pour vos déplacements, les limiter en choisissant un mode économique, tout en respectant la place que l’autre occupe sur votre parcours. Sur le plan alimentaire, vous connaissez la règle concernant la provenance des aliments. Ceci aura une incidence immédiate sur les approvisionnements choisis par votre épicier.
Pour couronner le tout, vous aurez plaisir à tirer bon sens de la lecture de cet article argumenté, en ajoutant, à l’acte incontournable du vote, votre participation à l’une des associations qui contribuent, simplement, à élever le niveau écologique et civique de tout citoyen.
Haute réflexion, justes références et citations appropriées. Merci !
L’exemple d’Anglet est symptomatique de ces événements graves multiples traités en faits divers qui découlent en fait d’une dégradation accélérée des repères éducatifs, des capacités de raisonnement submergés par l’émotionnel, du sens du bien collectif chez un nombre très croissant d’individus, plutôt jeunes par définition .
Les institutions ne peuvent pas tout mais les politiques de prévention dédiées à l’adolescence ont subies des coupes sombres considérables depuis 5 ans au sein de plusieurs dizaines de départements, dont le nôtre . Nos services départementaux de l’aide sociale à l’enfance sont au bord de la rupture et alertent le président depuis 3 ans maintenant ( encore à 2 reprises cet été par des alertes syndicales ) tout comme l’opposition, sans le moindre infléchissement en retour.
Je sais pour avoir connu l’avant sur le terrain des quartiers, que du fait de ces carences de moyens, ce sont des centaines et des centaines de jeunes qui ne reçoivent plus le ou les messages d’adultes fondamentaux pour apprendre à maitriser les situations tendues dans leurs parcours de vie souvent déjà cabossés par un entourage familial déstructuré.
Dès lors, nous comptons la multiplication des faits divers de plus en plus sordides et nombreux , gâchant les vies de leurs victimes comme de leurs auteurs .
L’adaptation à une telle problématique nécessiterait un sursaut général de l’ensemble de la population sur l’importance de l’EDUCATION et non pas des seules institutions . Il est encore permis de rêver .