Être : une complexité civilisationnelle.

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L’actualité s’est emparée d’un comportement qui génère de nombreux débats dans les chaumières, et pas seulement!

Être et paraître, faire sa place et y être reconnu, a une grande importance dans les rapports biologiques et culturels.

Dans le domaine biologique, le problème se pose dans les espèces sociales et la sexualité en est le fondement. Une hiérarchie est mise en place avec des règles strictes sous influence hormonale.

Dans l’espèce humaine, la sexualité a joué aussi un rôle important depuis la préhistoire. Dans un milieu très physique, violent, dangereux, la relation homme-femme a favorisé un partage des rôles, chacun complétant l’autre pour assurer la vie et la continuité de la famille, du groupe, de l’espèce.

Il a fallu attendre l’essor de la technologie pour voir apparaître un bouleversement. Désormais, le milieu, tout en restant violent et dangereux,  est devenu de moins en moins physique, si bien que le partage des tâches n’est plus nécessairement complémentaire ; la relation devient associative, d’où une évidence culturelle et sociale s’est imposée, celle d’établir, dans les faits et les lois, l’égalité intégrale des sexes et leur liberté personnelle de se comporter.

Le combat pour cette reconnaissance est rude car les résistances liées aux habitudes ancestrales et religieuses du passé, toujours présentes dans de nombreux pays, sont fortes.

Un épisode de cette lutte existe actuellement dans nos établissements scolaires ; il utilise, comme support, la spécificité biologique des hommes et des femmes: leur sexualité et son support incontournable: l’érotisme.

Elles très fières
Sur leurs escabeaux en l’air
Regard méprisant et laissant le vent tout faire
Elles dans l’suave
La faiblesse des hommes elles savent
Que la seule chose qui tourne sur terre
C’est leurs robes légères

Alain Souchon.

Chez l’Homme, l’érotisme est double :

+Un érotisme inné, transmissible verticalement, basé sur les caractères sexuels secondaires:  pilosité, couleurs, formes, gestes, rivalités… Le but biologique était de sélectionner, par le choix des partenaires, la descendance du futur. Le consumérisme s’en est emparé !

+Un érotisme culturel, acquis, éminemment évolutif, multicausal, complexe, dont le but est une adaptation à la société du moment. On peut y trouver  des racines dans le port de l’habit ; les missionnaires y ont contribué en voulant habiller les populations qu’ils voulaient convertir. Par la suite, il a fait son chemin, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Puis, on est passé, en sens inverse, de l’érotisme du mollet au non érotisme du nudisme, en passant par des phases intermédiaires dont l’une se matérialise maintenant :

Pour les uns, la tenue de quelques filles dans les collèges et les lycées n’est pas correcte, compte tenu du lieu, de ses normes, de ses objectifs.

Et il n’y a pas que les filles, on oublie de préciser que le port, chez les garçons, du pantalon taille basse, quand ils se baissent, peut être jugé tout aussi choquant !

Pour d’autres, c’est une atteinte à la liberté du choix de son habillement et par là même, à la liberté tout court ! Si les garçons ne peuvent pas se contrôler, c’est à eux qu’incombe l’effort d’introspection à fournir pour faire respecter la liberté de l’autre. En réalité, comme toujours, vouloir résoudre le problème linéairement, sans le replacer dans sa globalité, c’est peine perdue. Contrairement à l’ordinateur, on ne vit pas dans le monde binaire qu’on veut nous imposer à des fins de facilité de gestion technologique et économique. Nous vivons dans un monde complexe ou tout retentit sur tout et établit un équilibre précaire changeant.

Adolescence, instruction, éducation, affirmation personnelle, provocation, érotisation culturelle, dépendance, consumérisme provoqué, croyances, affirmation libertaire, panurgisme…, autant de domaines livrés dans le désordre qu’il faut aborder pour comprendre et orienter, suivant les aspirations sociales majoritaires du moment.

Dans le cas présent, je pense qu’il faut scinder le problème en deux :

+ Celui des très jeunes filles mineures préadolescentes ou adolescentes des collèges, niveau 5éme par exemple. La volonté de participer à la lutte des femmes pour leur liberté ne me semble pas évidente ; c’est plutôt un problème d’adolescence, et surtout d’éducation.

C’est au niveau des parents qu’il faut agir.

L’éducation est une affaire familiale à la base, complétée par la mise en place d’un modèle politico-social exemplaire.

Dans ces deux domaines, la République a tout faux ; le modèle n’est absolument pas exemplaire et elle a transformé l’Instruction publique en Education nationale, rejetant sur l’école, cette charge éducative. Or, pour des raisons multiples, c’est la faillite sur toute la chaîne hiérarchique, des politiques à de nombreux parents, père et mère.

 * Dans certaines familles, c’est l’impossibilité de s’occuper des enfants ; il faut gagner le pouvoir d’achat nécessaire pour permettre l’hyper-consommation, être brillant ;

                       certains parlent de devenir 1er de cordée, d’autres de mâle et femelle alpha !

* C’est un manque d’autorité familiale (enfant roi, non maîtrise de la langue, délégation à d’autres, pas toujours très responsables, mère seule…).

* Dans bien des familles en difficultés du fait du manque d’instruction, il n’y a pas une prise de conscience des nécessités d’établir des limites dans la vie collective.

Le manque de limites, voilà le vrai problème qui n’est pas résolu !

Les exemples sont nombreux où le comportement parental, par l’habillage voulu par eux ou accepté, de leur petite fille, dès l’école primaire, mériterait un rappel à leur devoir de parents.

L’école, par manque de moyens n’a pas pu prendre en charge, du matin jusqu’au soir, l’aide indispensable à la nouvelle mission qui lui était imposée.

+ Pour les élèves de troisième à la terminale, il en va autrement, c’est pour celles-là, souvent, un combat pour leur liberté personnelle.

Ce choix qu’elles revendiquent pose le problème de la liberté.

La première mini jupe a été commercialisée en 1962 dans une boutique de King’s Road, dans le quartier de Chelsea à Londres. Cette jupe vertigineusement courte pour l’époque a été imaginée par Mary Quant.

Le chemin de la libération du corps féminin et l’exaltation de l’érotisme commercial était en route !

Nous vivons dans un monde individualiste, érotisé à des fins financières, concurrentiel, en recherche permanente de puissance, pouvoir, séduction, immédiateté…; ce milieu est marqué par un consumérisme insidieux qui rend dépendant, sans s’en rendre compte, à la mode qui change tout le temps, pour renouveler sans cesse, à des marques(habits, parfums..) qu’il faut respecter pour rester ami(e)s ; le panurgisme est grand.

L’égalité, dans tous les domaines, de l’homme et de la femme, est absolument indispensable et doit faire l’objet d’un combat permanent pour l’obtenir ; toutefois, la liberté revendiquée du vêtement, par les unes et par les uns, en est-elle vraiment une ?

«La liberté, c’est de pouvoir choisir celui dont on sera l’esclave» disait Jeanne Moreau.

Signé Georges Vallet

crédits photos:Est-ce bien raisonnable de porter un pantalon taille basse www.lemonde.fr › Styles

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