Pourquoi tant de haine ?

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Lu sur tweeter jeudi « Comme cela était prévisible, deux amendements de dernière heure ont été déposés pour interdire la présence des mineurs aux arènes. Le débat de la loi aura lieu jeudi à l’Assemblée Nationale ». Ces amendements n’ont finalement pas été retenus pour des raisons techniques. Ils n’auront donc pas été discutés dans l’enceinte suprême de la République. Ils devaient s’ajouter au projet de loi Villani sur la protection animale et qui finalement n’a pas été discuté en raison du Covid. On en reste donc au satu-quo… Les cirques peuvent encore présenter des numéros avec leurs animaux, les chasseurs iront aux palombières (c’est l’époque) et les papys auront la joie d’amener leurs petits enfants aux arènes.

Jusqu’à quand ? Car Samantha Cazabonne, députée la LREM des Français de l’étranger (notamment en Espagne), en pointe sur le combat pour le droit des animaux et soutenue par les groupes animalistes les plus radicaux, a posté le message suivant sur Twitter : « Déçue par l’irrecevabilité de mon amendement (art. 45) par l’AN mais rassurée par l’idée que ce texte trouve donc plus de légitimité dans la protection des droits de l’enfant comme le demande le comité d’experts de l’ONU« . Autrement dit : ça va continuer…

Donc, après le cirque pris en grippe par Madame Pompili, la chasse décriée par les médias… cette nouvelle attaque contre une culture minoritaire, la tauromachie, ancrée dans nos traditions, est particulièrement lâche. Car interdire les spectacles taurins à la jeunesse, c’est étouffer la transmission et la tuer lentement. Irions-nous au stade si nos pères ne nous y avaient pas emmenés ? Qui peut prétendre construire une société moderne et cohérente en arrachant ses racines ? « Du passé faisons table rase » nous dit la chanson. On a vu ce que l’hymne révolutionnaire a donné : le goulag et la misère de masse… car le passé est précieux, au contraire, pour éclairer le futur…

Le grand philosophe Francis Wolff l’explique parfaitement : « En réalité, on le sait, ce qui « traumatise » les enfants, c’est la violence nue, muette, gratuite. Ce n’est pas la lutte pleine de sens et de rite de l’homme et du taureau. L’enfant apprend à distinguer le taureau de combat, qui est l’adversaire brave et noble du torero courageux, de son chien ou de son chat qui sont ses partenaires de jeu auxquels il doit soin et affection. On ne connaît aucun enfant ayant assisté à une corrida et qui serait par là même devenu cruel avec les animaux ! C’est absurde. »

Cette agression « absurde » est lancée par des individus sans honneur ni scrupule. Elle s’inscrit dans un contexte de souffrance, de désarroi et elle a pour but premier de détourner le regard de l’incapacité du Pouvoir à résoudre les difficultés sans égales que nous subissons tous. Ces difficultés elles ont un nom et une réalité bien concrète : la pandémie et ses conséquences économiques et sociales, c’est à dire le chômage, l’appauvrissement général et la restriction de nos libertés.

Au moment même où la majorité de nos élus cède aux injonctions des puissants lobbys anti-écologiques en votant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes afin de « sauver » la filière betterave (mettant ainsi gravement en danger notre santé et l’existence même des abeilles), la ministre de l’écologie interdit les animaux dans les cirques, certains de nos élus s’en prennent à la tauromachie et les médias à la chasse. C’est le talon de fer. On obéit aux injonctions des puissants pour mieux écraser les petits, les modestes qui défendent une culture traditionnelle à laquelle personne n’est obligée d’adhérer.

Qu’avons-nous fait, nous paysans ou fils de ruraux, attachés à nos racines, pour susciter cette haine d’une poignée de bobos, citadins, qui occupent les postes clés, sans qu’ils ne connaissent rien de nos cultures et de nos pratiques ? Sommes-nous des pestiférés ? De quel droit Cédric Villani ou Aurore Bergé, grassement payés par nos impôts, veulent-ils gérer l’éducation de nos enfants en leurs interdisant tels ou tels spectacles ? Méritons-nous d’être montrés du doigt, ostracisés sous prétexte que nous sommes minoritaires ? De quelle autorité peuvent-ils se prévaloir pour nous faire la morale ? Sont-ils des blanches colombes pour nous donner de telles leçons si blessantes, si humiliantes ?

C’est une singulière conception de la République et même de la laïcité -dans son acception la plus large- que de combattre les cultures minoritaires dans le but de les détruire. N’est-ce pas au contraire le rôle de l’élu de la République que protéger le faible, et que de soigner ces cultures minoritaires si fragiles ? L’éradication presque totale des langues régionales n’est-elle pas une erreur sur laquelle tout le monde s’accorde pour que l’on ne replonge plus dans un centralisme sectaire, au moment où l’on a que le mot « territoire » à la bouche.

Que faire face à un tel rouleau compresseur ? Face à tant d’injustice ? D’abord être unis et jeter les rancunes à la rivière ! Quand la maison brûle rien ne sert de se chamailler.

Dans une récente tribune dans « Le Point » plusieurs élus LR contestent la décision d’interdire les animaux dans les cirques que veut prendre la ministre de l’écologie, Madame Pompili, et son relai à l’Assemblée Cédric Villani. Il me semble que tout le monde pourrait trouver son compte dans l’assertion que l’on trouve dans ce texte mesuré : « Ce que nous devons combattre, c’est l’anthropomorphisme, cette idée qui fait de l’animal un humain comme les autres. Ce que nous devons conserver, c’est l’idée que l’animal n’est pas un objet, sans toutefois être l’égal des hommes. Qu’il a une sensibilité, des émotions, mais pas de conscience ou de sentiments ».

Pierre-Michel Vidal

Photo: Raquel Martin de l’école taurine de Salamanque.

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2 commentaires

  • La faconde de M. Vidal passe sans problème, de :

    – l’éthos ( Cf. commentaire de M. Vidal du 8 octobre 2020 20 h 18 min à https://alternatives-pyrenees.com/2020/10/07/trois-deputes-palois-sont-pour-la-non-ecologiepunitive/ :
    « — Florence Lasserre, Jean-Paul Mattéi, Josy Poueyto et aussi David Habib se sont prononcées pour la défense de l’emploi dans une filière agroalimentaire où travaillent des dizaines de milliers de salariés français et dans le même temps pour notre indépendance nationale… »)

    – au pathos dans le présent article : « — Au moment même où la majorité de nos élus cède aux injonctions des puissants lobbys anti-écologiques en votant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes — ».

    J’ai du mal à m’y faire, même si la compassion pour les abeilles est constante dans les deux cas.

    • Pierre-Michel Vidal

      Les faits sont les faits M. Larouture: tous les députés Béarnais ont voté pour la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes. Ils ont leurs raisons, je les comprends. Il y a eu en même temps une forte campagne de « lobbying » des betteraviers. C’est aussi un fait que tout le monde a pu constater. Il n’y a ni ethos (?) ni pathos (?) là-dedans, ni faconde d’ailleurs. Par ailleurs, mon sentiment pour les abeilles ne se limite pas à la compassion j’ai bien conscience qu’elles sont indispensables à l’humanité. Nous sommes devant une contradiction, mais la dialectique (que vous maniez si bien) ne nous apprend-t-elle pas à dépasser les contraires ?