Expériences
Devinette : si je vous dis cent trente, quatre vingts, cinquante, vous pensez à qui ? Vous pensez évidemment, en raison de votre grande culture, au général de Gaulle. En 2020, le grand homme aurait eu cent trente ans ; il y a quatre vingts ans qu’il a prononcé, depuis Londres, son fameux appel et il y a cinquante ans ces jours-ci qu’il est décédé.
Vous voudrez bien ne pas m’en vouloir de faire référence à deux expériences personnelles. J’ai gardé en mémoire deux faits qui témoignent de l’attitude de certains hommes. Je n’ai jamais adhéré à ces comportements et quand j’y pense je puis même dire qu’ils m’ont choqué.
Le premier se situe vers le début des années soixante. Je n’étais pas encore tout à fait un adolescent. Nous passions nos vacances en famille et parmi nous, il y avait un grand oncle. Il habitait à Alger et exerçait la profession de radiologue à l’Hôpital Mustapha. Il n’acceptait pas l’indépendance de l’Algérie et reprochait à de Gaulle d’en être le responsable. Il rapportait que, pendant la guerre, en 1943, il avait eu l’occasion d’examiner le général dans la cadre de sa spécialité médicale. Il disait regretter qu’à ce moment-là il n’avait pas fait ce qu’il fallait pour faire en sorte que plus tard, celui qui allait devenir le chef de l’État ne trahisse pas ses engagements envers les pieds noirs. Bien sûr cet oncle avait tout perdu et avait dû quitter l’Algérie précipitamment. Mais pour moi, c’était alors la première fois que j’entendais un homme souhaiter la mort d’un autre homme.
Le second souvenir date très précisément du mardi 10 novembre 1970. De la classe 70/10, j’avais été incorporé directement comme élève officier de réserve (E.O.R.) à Coëtquidan. Ce jour-là, nous avions appris la mort du général De Gaulle, survenue la veille. En soirée, me trouvant dans le couloir du bâtiment de la compagnie, j’ai entendu des bruits de voix, forts et gais. En m’approchant du bureau du capitaine, j’ai pu voir que les officiers étaient réunis et sablaient le champagne. J’ai compris qu’ils célébraient, à leur manière, la mort du général de Gaulle. J’ai su, ensuite, que parmi eux, plusieurs avaient combattu en Algérie. Ils considéraient que militairement, la guerre avait été gagnée et que de Gaulle les avait trahis en abandonnant le pays à « l’ennemi ». Moi, jeune homme, je ne savais pas encore qu’on pouvait se réjouir de la mort d’un homme. Je l’ai appris de la part d’officiers pour lesquels je nourrissait pourtant une véritable admiration.
Il n’entre pas dans mon intention de porter ici un jugement sur l’histoire elle-même et de disserter sur cette guerre qui, à son époque, a tant divisé notre pays. Je comprends cependant la douleur, la souffrance profonde, de ceux qui ont dû, contraints et forcés, quitter une Algérie qu’ils aimaient tant. Les plaies ne sont pas encore refermées. Je puis en témoigner. Je me souviens aussi que le général de Gaulle était alors diversement apprécié. Ils ne faisait pas l’unanimité. Il rassemblait cependant la majorité des Français. Depuis, il est l’homme d’État qui a sans doute fait l’objet du plus grand nombre d’écrits, de films et de séries télévisées. Il est le président préféré des Français. Ainsi va l’histoire.
Mais aujourd’hui encore, au vu de ces expériences, je ne saurais dire si je dois être déçu par le comportement de ces hommes ou si je dois les remercier de m’avoir permis de découvrir ce qu’est la véritable nature humaine. J’étais jeune et rempli d’illusions, ils m’ont dévoilé une réalité que je ne concevais pas.
Pau, le 16 novembre 2020
par Joël Braud
Il y a très souvent, des contradictions qui s’affichent chez les hommes politique, et notamment chez de Gaulle.
Alors que le 18 juin 1940, il prononça un discours, rendu célèbre qui reste dans toutes les mémoires même en Chine, pour rassembler les français afin de libérer la France de l’occupation nazie, il est surprenant que le 27 janvier 1964, la Chine communiste de Mao ait été reconnu par la France du Général de Gaulle dans l’intégralité de ses frontières.
La Chine de 1964 incluait des pays qui avaient été occupé militairement par l’Armée Populaire de Libération en 1949. Ces pays étaient jusqu’alors indépendants à savoir : le Turkestan oriental, la Mongolie Intérieure, le Tibet, le Guanxi, le Ningxia.
Une autre contradiction : la Chine de Mao s’était invité du 18 au 24 avril 1955 à la conférence de BANDUNG en Indonésie, conférence qui avait été initialisé par 3 pays fraichement décolonisés, à savoir l’Inde, l’Egypte et l’Indonésie, en invitant à y participer 29 pays africains et asiatiques
Quelle tromperie de la part de la Chine qui s’était alors invité comme pays colonisé alors qu’elle était elle-même pays colonisateur. Et en 2020 n’en parlons pas !!…
Certes, certes, mais ce n’est pas mon sujet.
Les propagandistes habituels qui se retrouvent sur ce site « oublient » juste de rappeler que tous ces territoires faisaient partie de l’empire chinois pendant la dynastie Qing (jusqu’en 1912) et faisaient toujours partie de la République de Chine pendant les premières années de son existence. Tout s’est délité ensuite avec des soulèvements souvent favorisés par les pays voisins (Russie), des sécessions unilatérales, la guerre civile, l’invasion japonaise, etc… En 1949, les vainqueurs de la guerre civile ont réintégré tous ces territoires dans la République Populaire de Chine.