Giscard à Pau
Le décès, à 94 ans, du président Valérie Giscard d’Estaing, survenu ce 2 décembre des suites du Covid 19, conduit à nous remémorer la visite officielle qu’il fit à Pau le 5 octobre 1979. Ce jour-là, il n’est resté que très peu de temps dans la capitale béarnaise. Il a été reçu à l’hôtel de ville par André Labarrère député-maire socialiste. A l’issue de cette rencontre, s’est produit un événement inattendu, en marge de la cérémonie officielle, mais qui, pour les spécialistes, a laissé un souvenir riche d’enseignements.
Des Palois se souviennent peut-être que, dans la rue Louis Barthou, un photographe professionnel tenait boutique. Le commerçant avait décidé de se placer sur le balcon au dessus de son enseigne, point d’observation idéal, pour filmer la scène. On s’attendait un peu à quelque agitation car, sur le plan social, existaient de nombreux motifs de mécontentement. Les forces de l’ordre étaient donc préparées et avaient pris position, place Royale, au débouché de la rue Louis Barthou. Leur mission était de contenir les manifestants afin de les empêcher de se trouver en contact avec les officiels. On voit donc sur le film, Giscard sortir de la mairie, accompagné de Labarrère, et soudain, jaillir depuis la rue Barthou, un projectile qui n’a d’ailleurs jamais été identifié. Le Président de la République s’en aperçoit et tourne la tête vers la foule, puis il accélère le pas. Les manifestants seront contenus mais au prix d’un effort intense de la part des policiers.
Le dispositif mis en place ce jour-là par les forces de l’ordre est le contre-exemple de ce qu’il convient de faire en la circonstance. Au point que, dans les écoles où est enseignée la doctrine du maintien de l’ordre, ce film est diffusé et commenté régulièrement. La question qui se pose est de savoir pourquoi avoir laissé les manifestants s’engouffrer dans la rue Louis Barthou ? Ils venaient, comme on s’en doute, de la place Clemenceau et de la rue Alfred de Lassence. Une erreur d’appréciation de la part des responsables des forces de l’ordre, préfet y compris. L’exemple du métro Charonne (cité fort opportunément par Pierre-Michel Vidal, dans le commentaire qu’il a fait le 30 novembre 2020 à la suite de l’article intitulé : « La police en miette » paru dans nos colonnes) aurait dû servir de référence. Le 8 février 1962, à Paris, les manifestants avaient tenté de prendre la fuite devant une charge des forces de l’ordre en s’engouffrant dans la bouche du métro Charonne. Celle-ci étant fermée il s’en était suivi un piétinement à l’issue duquel neuf personnes avaient trouvé la mort. La comparaison avec la situation de Pau est parlante puisque lorsque les policiers ont voulu repousser les manifestants engagés dans la rue Louis Barthou, une confusion s’est produite, des personnes se sont dangereusement agglutinées. Heureusement à Pau, il n’y a pas eu de victime, il s’en est fallu de peu. Après coup, chacun, responsable du dispositif a bien compris qu’on était passé près d’un drame.
Au moment où l’on nous annonce que prochainement va s’ouvrir le « Beauvau de la sécurité »*, il n’est pas inutile de revenir sur les fondamentaux de la doctrine du maintien de l’ordre. Elle sera discutée voire remise en cause lors des débats qui auront lieu. Le premier principe en la matière, est de ne jamais contraindre des manifestants à un enfermement, mais à toujours faire en sorte qu’ils puissent disposer d’un axe de repli suffisamment dégagé pour s’enfuir sans danger. A Pau, il aurait été plus conforme à ce principe de fermer la rue Louis Barthou au niveau de la place Clemenceau. Le passage de Giscard à Pau aura au moins servi à quelque chose : apprendre ce qu’il ne faut pas faire
Pau, le 14 décembre 2020
par Joël Braud
*Sur les ondes de Sud Radio, le 8 décembre 2020, Ségolène Royale a voulu faire un jeu de mots. Elle a dit : « Les Français savent ce que c’est un veau, un veau qui est beau. Je ne sais pas s’ils savent ce que c’est que le « Beauvau de la sécurité . Je vais expliquer, la place Beauvau, c’est l’adresse du ministère de l’intérieur. » Elle est drôle quand même cette Ségolène !
GISCARD ET PAU
N’oublions pas les avions renifleurs qui après avoir décollé d’Uzein , firent la preuve de leur efficacité par un survol au dessus du bassin de Lacq en reconstituant à l’envers un profil du gisement. Ainsi, grace à une nouvelle physique et une nouvelle particule élémentaire découverte par un savant italien, le pays allait dépasser le choc pétrolier . Le bon sens béarnais allait l’emporter, nul besoin de consulter l’académie des sciences.