Le vaccin, « un bien commun universel »
« Le vaccin devrait être un bien commun universel. Il faudrait ouvrir les données et que chacun puisse le produire. On est dans la merde à cause de cela aujourd’hui car ils le vendent comme si c’était de l’or en barre » ce sont les mots d’un jeune journaliste ce matin sur RTL, Pablo Pillaud-Vivien, responsable éditorial de http://regards.fr .
Voilà une juste réflexion, un combat qui devrait mobiliser la jeunesse (et les autres) car la rétention qui est faite pour des raisons spéculatives autour du vaccin n’est plus acceptable : elle est la marque des tares d’un système basé exclusivement sur le profit et qui ne prend pas en compte l’intérêt des êtres humains et par là, ses propres intérêts. Comme disait Lénine : « les capitalistes vendront la corde qui les pendra ». Les communistes chinois appliquent avec cynisme ce principe qui les conduira à devenir dans quelques années la première puissance mondiale et, ainsi, les prédictions marxistes se seront matérialisées.
Cette protestation rafraîchissante de ce jeune homme, son bon sens naturel nous changent de toutes les analyses alambiquées des spécialistes qui se multiplient à la télé et auxquels on ne comprend rien. Il y a des données simples cependant, nous avons la solution à cette terrible pandémie que nous subissons : le ou les vaccins anti-covid. C’est un immense progrès du génie humain. Mais ce vaccin qui pourrait permettre de sortir de la prison dans laquelle on nous enferme et à laquelle même nos responsables ne croient pas en réalité qu’elle soit efficace (cf. Bayrou sans masque à l’aéroport), n’est accessible qu’à « dose » réduite, limitée pour ne pas dire homéopathique.
La France vaccine peu ; à titre d’exemple deux fois et demi moins que l’Espagne. Israël qui a fait un gros effort a vacciné les deux-tiers de sa population et déjà les résultats le montent : le nombre de contaminés s’effondre ce qui signifie que, dans ce petit pays, la pandémie sera vaincue rapidement. La vie alors redeviendra normale et l’économie repartira. N’est-ce pas ce que nous voulons tous ? Quelle sera l’échéance pour ce qui nous concerne ? Elle est reculée chaque jour qui passe…
Ceci dit il y a de bonnes nouvelles. C’est le cas de l’alliance entre Sanofi et Pfitzer. D’un côté, une structure de production lourde qui a fait ses preuves mais qui s’est révélée incapable de relever le défi, de l’autre, au départ, une petite structure souple et vivante qui a décroché le jackpot dont, sans doute elle abuse –on a évoqué le chiffre de 70 milliards pour le prix de vente de la licence. « Small is beautiful », c’est une réalité du monde moderne. Une équipe de chercheurs internationaux est plus compétente qu’une institution qui a pignon sur rue mais qui n’a pas le dynamisme nécessaire.
Ces considérations mises à part, réjouissons-nous de cet accord qui permettra de soulager la tension qui existe et qui va s’accroître sur le « marché » du vaccin anticovid. Sanofi va mettre du temps à adapter ses lignes de production, mais il devrait produire à partir du mois de juillet, 100 millions de dose qui vont soulager les pays européens. C’est sans doute l’as que Véran gardait dans sa manche quand il a fait ses récentes promesses d’une vaccination pour tous très rapide, c’est sans doute pour cela aussi qu’il ne veut pas espacer le temps nécessaire aux rappels.
Cet accord est salvateur, car de la vitesse de la vaccination dépend la mutation d’un virus qui pourrait être encore plus terrible, comme on le voit en Angleterre où l’on frôle les 2000 morts par jour. Cependant il met le doigt sur les carences de la recherche et de la production industrielle en France. Plusieurs des « auteurs » du vaccin sont des chercheurs Français qui se sont expatriés car ils n’ont pas trouvé chez eux les conditions idoines à une recherche de pointe : sans doute un environnement stimulant ainsi qu’une rémunération suffisante. Nous ne savons pas retenir nos chercheurs les plus performants ; c’est un problème. Notre outil de production lui-même est en cause : on voit qu’il faudra 4 mois à Sanofi pour s’adapter alors qu’il y a urgence. Nous sommes devenus un pays qui se consacre aux services. Il faut réviser une politique industrielle d’abandon et de délégation à l’Europe dont on voit, une fois encore, qu’elle ne peut se mettre d’accord ni sortir de son tropisme bureaucratique et idéologique marqué parce que dénonce notre jeune homme sur RTL : tout doit être régi par la loi du profit, par le marché, supposé réguler tous nos besoins. On voit que cela ne marche pas, en matière de santé. Chacun prend des directions différentes et s’approvisionne où il peut. C’est le cas de la Hongrie avec le vaccin russe.
Tout ce mic-mac est peu ragoutant et le pape François a eu bien raison lors de son message de Noël de demander le vaccin pour tous. Il ne faut pas, que «le virus de l’individualisme radical» nous rende «indifférents» à la souffrance des autres, a-t-il dit : «Je ne peux pas me mettre moi-même, en premier devant les autres, mettant les lois du marché et des brevets d’invention au dessus des lois de l’amour et de la santé de l’humanité.» Les propos de Pablo Pillaud-Vivien rejoignent ce point de vue qui sans aucun doute sera adopté par de plus en plus de citoyens.
Pierre-Michel Vidal
Photo: le jeune journaliste Pablo Pillaud-Vivien (Twitter).
Dans la course à la vaccination et face à la marchandisation de la santé, cet article met en avant :
– L’indignation et quelques anathèmes émis par le journaliste Pablo Pillaud-Vivien
– Les principes rappelés sans anathème par le Pape.
Mais *en même temps* il met en avant l’efficacité et la bonne gestion israélienne voire l’opportunisme de la Hongrie qui ne signifient pas autre chose que : «**C’est chacun pour sa pomme**».
Ce que la bureaucratie européenne et sa prudence a sous-estimé et que Pablo Pillaud-Vivien n’a apparemment pas relevé.
D’autre part il y a loin du labo au bénéficiaire. Parfois moins de 4 mois… parfois plus…
Sur l’éditorial de Natacha Polony, je me demande comment vivre avec le virus dans un Etat de droit.
Dans un commentaire à cet article, M. Vallet indique que l’Allemagne a consacré 88,7 milliards d’euros pour la recherche et développement contre 48,9 milliards pour la France en 2015.
Très bien mais ces chiffres sont bruts. Ils ne permettent pas de mesurer les efforts relatifs consentis par chaque pays.
La recherche ambitieuse, c’est aussi le risque d’échouer. Moderna et BioNTech (vaccins ARN) ont très longtemps perdu de l’argent, avant 2020. Pendant tout ce temps, il a bien fallu des investisseurs persévérants. Or en France, les décideurs n’aiment pas le risque et aiment le court terme. Conclusion : dans de nombreux domaines, la France régresse, dit Elie Cohen. Et le patron (français) de Moderna dit d’ailleurs qu’il n’aurait pas pu réussir en France.
C’est gentil de vouloir ouvrir les données, encore faut-il qu’elles existent. Et on en revient au financement de la recherche nécessaire. Et puis le vaccin le plus cher (2 doses) coute 30 euros, pour sauver une vie, en fait d’or en barre c’est beaucoup moins cher qu’un billet A/R Pau-Paris par la SNCF, société publique garantie sans profit mais qui engloutit plusieurs milliards d’argent public par an, sans compter les grèves.
Essayons de nous projeter dans l’avenir : on voit bien que le vaccin n’est déjà plus une solution crédible non pour des raisons scientifiques mais pour des raisons industrielles, financières et politiques. Ce sont les limites d’un système qui n’a pas d’alternative. On ne pourra pas non plus multiplier les confinements les déconfinements. Il semble donc que la proposition de Natacha Polony directrice de Marianne soit la meilleure qui nous reste : « Vivre avec le virus, c’est retrouver la liberté ». « Si quelque chose comme une civilisation européenne doit perdurer, tandis que la dictature dérégulée à la chinoise affiche une réussite économique si flamboyante qu’elle en fait fantasmer certains, cela ne passera que par la réaffirmation de cette idée de l’homme développée depuis le XVIe siècle comme un être digne parce que libre ». https://www.marianne.net/vivre-avec-le-virus-cest-retrouver-la-liberte?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&Echobox=1611855083#xtor=CS2-5
Regardons les choses en face!
« on en revient au financement de la recherche nécessaire. »
Vous touchez un problème fondamental. Les gouvernements successifs, depuis des années ont considéré que la recherche fondamentale et appliquée était trop coûteuse surtout si on ne trouvait rien! Il en a été de même pour l’enseignement scientifique dont le démantèlement est entrain de s’achever avec les dernières réformes de J-M Blanquer.
Nos énarques qui dirigent la France sont des gestionnaires de fric dont le niveau en sciences est plus que contestable. On doit penser que l’institut Pasteur devrait arriver au top dans le monde en utilisant seulement les dons de bénévoles sollicités par la pub de la télé!
Nos chercheurs partent car ils sont trop coûteux eux aussi. ce sont eux qui vont faire fructifier les finances et parfois les prix Nobel d’outre atlantique.
L’Allemagne a consacré 88,7 milliards d’euros pour la recherche et développement contre 48,9 milliards pour la France en 2015 selon des chiffres de l’Insee. 2015, c’est une bonne date qui permet de faire le bilan en 2020.
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« Notre outil de production lui-même est en cause : on voit qu’il faudra 4 mois à Sanofi pour s’adapter alors qu’il y a urgence »
Notre outil????
En septembre 2019, le Britannique Paul Hudson a pris les commandes de Sanofi, devenant le premier patron non francophone du géant pharmaceutique français.
Quant à la production elle se fera à Francfort!
Je m’y perds un peu!, surtout avec le Brexit!
« tout doit être régi par la loi du profit, par le marché, supposé réguler tous nos besoins. »
C’est normal en régime libéral! Si on trouve que c’est insupportable, il faut changer!
« On voit que cela ne marche pas, en matière de santé. »
Ailleurs non plus pour les mêmes raisons.
» Il faut réviser une politique industrielle d’abandon et de délégation à l’Europe »
La révision doit se faire surtout au niveau de notre abandon aux pays en dehors de l’Europe comme la Chine, l’Inde…mais là encore, c’est la loi du profit qui dirige.