Chassé-croisé palois

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Donc, ça y est, le maire de Pau a trouvé une solution pour remettre en route à la fois le centre commercial Bosquet et le bâtiment des Galeries Lafayette. Des arrangements concoctés dans un secret jugé indispensable par l’édile palois, ont abouti à un plan qui ne laisse pas de poser certaines questions.

Rappelons quelques éléments qui expliquent l’état lamentable des lieux. Le bâtiment des galeries Lafayette a été en partie détruit en avril 2016 à la suite d’un incendie. Conséquence de ce sinistre, l’activité commerciale de l’enseigne a dû migrer vers le centre Bosquet. Cela tombait bien car ce dernier connaissait déjà, depuis plusieurs années, une certaine désaffection. Les Galeries Lafayette ont ainsi pu occuper trois ou quatre pas-de-porte. Le centre Bosquet n’a ensuite cessé de voir partir les commerces au point que sur trente sept enseignes, il n’en reste plus que deux. Pour ajouter à cette situation critique, les travaux de remise en état du bâtiment des Galeries Lafayette de la place Clemenceau qui avaient eu beaucoup de mal à démarrer, viennent d’être abandonnés, vraisemblablement suite à des problèmes financiers. Il y a donc maintenant deux structures commerciales du centre-ville de Pau en grande difficulté.

Alors la mairie, par la bouche de son maire, a décidé de prendre les choses en main. Sur ce point on ne peut que se réjouir car laisser la situation se dégrader davantage sans intervenir aurait été critiquable. Le projet repose d’une part sur le rachat par la ville du bâtiment de la place Clemenceau et d’autre part sur le rachat du centre Bosquet par Essor à un fonds d’investissement chinois qui est l’actuel propriétaire. Le groupe Essor est connu pour avoir, ici à Pau, investi dans plusieurs réalisations immobilières. Il s’agit d’un groupe dont le PDG est David Pouyanne apparenté à la banque Pouyanne. Le Chinois en demande 3,3 millions d’euros. Essor envisage d’en faire un espace de jeux d’intérieur (indoor comme ils disent), commerces et restauration qui, pour reprendre les termes de son PDG, vise à redonner une dynamique à la ville de Pau.

Bon jusqu’ici tout semble à peu près calé. Mais nous apprenons, nous, contribuables palois que la ville va aider Pouyanne pour l’acquisition du centre Bosquet en lui versant une subvention, dite exceptionnelle, de 950 000 euros. Il y a de quoi s’interroger. Peut-on avec de l’argent public aider une entreprise privée dans l’acquisition d’un bien immobilier ? Est-ce qu’il est prévu une contrepartie au bénéfice de la ville de Pau ? Cela n’est pas dit et, en l’état actuel des négociations, il faut craindre que cette somme de 950 000 euros ait été allouée à fonds perdu au titre d’une subvention dite exceptionnelle.

Un autre point mériterait également d’être précisé. C’est le prix que la ville devra payer pour acheter le bâtiment des galeries Lafayette et ensuite pour le remettre en état. Cela n’a pas été évoqué, un oubli sans doute. Le contribuable voudrait savoir et souhaite, à ce propos, une plus grande transparence. Mais, en tout état de cause, dans la chronologie des opérations, la ville devra avoir réalisé cette remise en état avant que Essor n’engage les travaux dans le centre Bosquet et cela parce que les Galeries Lafayette ne quitteront leur emplacement actuel que pour rejoindre la place Clemenceau. A noter que le projet de la ville est de créer un centre commercial place Clemenceau.

Dans ce cas, il est normal de s’interroger sur la logique de cette opération. Le centre Bosquet n’attire plus ; le centre-ville de Pau, comme beaucoup de centres-villes, connaît une certaine désaffection, d’ailleurs les commerçants s’en plaignent. Alors tout d’un coup comme par enchantement, en changeant sa vocation, le public viendrait en nombre fréquenter des activités ludiques. Ce seront sans doute les habitants de la résidence seniors qui vient de se construire, qui seront les principaux clients. D’autre part, pour remplacer un centre commercial déserté, la ville va réaliser un autre centre commercial à un autre emplacement. Pourquoi et par quel miracle, un nouveau centre commercial connaîtrait un succès alors qu’il ne fait que remplacer un centre commercial qui vient de connaître un triste déclin ? Mais faisons confiance à notre grand planificateur.

Pau, le 1er février 2021

par Joël Braud

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7 commentaires

  • Le poisson voyage en eaux troubles ! Une casserole de plus en vue !

  • Effectivement, on comprend mal la stratégie d’investissement de la mairie.
    Question subsidiaire: quelle plus value encaisserait l’actuel propriétaire du centre Bosquet? Combien et quand la mise initiale? Car le groupe Essor ne serait pas le seul à profiter de la manne de la mairie.

    • Le problème est surtout quelle est la valeur de marché de ces murs ?
      Dans un coeur de ville en affaiblissement constant de par les extensions de zones commerciales périphériques réalisées ( souvent sous la conduite généreusement profitable du groupe ESSOR depuis 2015 ), celles en cours et celles programmées au PLUI, le prix de 3,3 M€ payable au fonds Chinois est forcément faussé par cette subvention publique de 950 000 € .
      Le Modem siège au parlement Européen dans le groupe des libéraux de la droite Européenne qui ne cesse de soutenir les textes prônant la libéralisation de l’économie au détriment des services publics de toute nature au nom de LA CONCURRENCE LIBRE ET NON FAUSSÉE …
      A PAU, le président du Modem fausse le marché … Sans gêne aucune.
      Dans cette affaire, ou sont les concurrents ? S’il n’y en a pas, s’il n’y a pas d’autres acheteurs, et bien le prix de 3,3 M€ doit être baissé de 950 000 € . L’argent public n’a rien à faire dans cette affaire purement privée et immobilière dès lors qu’il n’y a aucun projet de service public affiché dans le projet conjointement annoncé entre le Maire de PAU et le groupe ESSOR …

  • « Mais nous apprenons, nous, contribuables Palois que la ville va aider Pouyanne pour l’acquisition du centre Bosquet en lui versant une subvention, dite exceptionnelle, de 950 000 euros. Il y a de quoi s’interroger. Peut-on avec de l’argent public aider une entreprise privée dans l’acquisition d’un bien immobilier ?  »
    Si c’est vrai c’est purement honteux. Je me souviens Bayrou affirmant haut et fort « Pas d’argent public dans les sociétés privées ». Un mensonge de plus mais on est habitué. Pendant ce temps là de nombreux indépendants et commerçants sont en train de crever ! Pas lui !. Rappelons qu’il a déjà balancé 20 000 euros de l’argent du contribuable pour aider l’implantation d’un commerce privé au palais des Pyrénées pendant qu’un indépendant (au même endroit) déposait son bilan ! Rappelons également qu’il a balancé 200 000 Euros pendant sa campagne(pour se faire mousser), pour un avion éphémère PAU PARIS. Bayrou a vraiment NOS poches trouées. Je me demande comment on peut encore supporter les agissements d’un tel moralisateur.

    • / « Je me demande comment on peut encore supporter les agissements d’un tel moralisateur. » : il suffit de se rappeler du slogan de sa dernière campagne des municipales « Nous aimons Pau ! » avec un peu (…) de l’argent des contribuables palois… 😉 😉 😉

      Rappel : et pendant ce temps là, les taxes foncières continuent d’augmenter à Pau, depuis 2014, contrairement à ses engagements de campagne municipale en 2014 ( – 1% par an… et ce n’est plus – 0,20% par an comme modifié plus tard !!! ).

  • Rien n’a filtré dans les media et on découvre le pot …. à 950 000€!
    Quid de l’endettement de la ville? Cela va devenir un gouffre! Et il va falloir combler les grand trous!

  • Restructuration du Centre Bosquet : telle que présentée, une opération pas vraiment indispensable (…), aussi, j’ai de sérieux doutes quant à la réussite de ce projet…

    Une fois de plus, ce sont les contribuables palois (environ 46 % des palois…) qui participent à ces subventions et pas à l’insu de leur plein gré !!!

    / Peut-on avec de l’argent public aider une entreprise privée dans l’acquisition d’un bien immobilier ? Est-ce qu’il est prévu une contrepartie au bénéfice de la ville de Pau ? Cela n’est pas dit et, en l’état actuel des négociations, il faut craindre que cette somme de 950 000 euros ait été allouée à fonds perdu au titre d’une subvention dite exceptionnelle. : un prêt, plutôt qu’une subvention, aurait été plus respectueux des… contribuables palois !