A Pau, le sport est en berne.
A Pau, il existe trois équipes phare, ce sont l’Elan béarnais, équipe de basket qui évolue au plus haut niveau, la Jeep Elite ; la Section paloise, équipe de rugby qui se trouve en Top 14, là aussi au plus haut niveau national et enfin le Pau FC (Football Club) club professionnel en ligue 2. Les résultats actuels au niveau du championnat dans lequel chacune est engagée ne sont pas brillants, mais pas brillants du tout. Et pourtant les contribuables de la communauté d’agglomération de Pau Béarn Pyrénées font de gros efforts financiers en leur faveur. Le rapport de la Chambre régionale des comptes nous éclaire.
Commençons par l’Élan Béarnais. Cette année, l’équipe de basket connaît un classement si inquiétant qu’il laisse entrevoir une très probable relégation en Pro B (anciennement deuxième division). En effet l’Élan béarnais est dix-septième sur dix-huit équipes engagées. Pourra-t-il se maintenir ? Les trois dernières équipes sont relégables. Pourtant, selon le rapport de la Chambre régionale des comptes Nouvelle-Aquitaine en date du 15 janvier 2021 (dont le véritable titre est : Rapport d’observations définitives relatif au contrôle des comptes et de la gestion de la communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées (CAPP) et de la communauté d’agglomération de Pau Béarn Pyrénées (CAPBP)*), cette équipe a bénéficié d’une subvention de 870.000€ et de 424.139€ au titre des prestations et achats de places, soit un total de 1.294.139 € rien que pour 2019. Sur les six dernières années la totalité du soutien financier s’élève à 8.165.180 € (Source rapport de la CRC cité plus haut, page 30). C’est pas mal pour un candidat à la relégation.
La Section paloise est dans une situation moins inquiétante ; elle a l’impérieux devoir de se ressaisir pour ne pas descendre en Pro D 2. Elle est classée dixième sur quatorze avec cette particularité que les quatre équipes moins bien classées ont des matchs en retard et même trois matchs en retard pour Bayonne. Pourtant, toujours selon le même rapport de la CRC (pages 30 et 161), la section paloise a coûté très cher aux contribuables. Ainsi lorsqu’on additionne la subvention et le soutien financier on s’aperçoit que pour la seule année 2019, la section a bénéficié de 955.231€. Et ce n’est pas tout parce que la réfection du stade du Hameau a été un investissement de taille. Tandis que le budget prévisionnel présenté au vote du conseil communautaire en janvier 2015, était de 12M€ HT, l’ensemble des travaux ont coûté au final, la somme de 17,44M€ HT (+31,5%) soit 20,93M€ TTC. On dit merci qui ?
Enfin le Pau FC. Malgré deux matchs gagnés contre Guingamp et Amiens, le Pau FC risque de descendre en National 1 la saison prochaine. Son classement de dix neuvième sur vingt le met en position de relégable. Malgré ce mauvais classement il faut espérer car il reste encore 14 matchs à jouer avant la fin de la saison. Le rapport de la CRC nous dit que cette équipe a pourtant été soutenue par le contribuable, elle a reçu en 2019, une subvention de 167.000€ et un soutien financier de 261.138 €, soit au total : 428.138€. A cela, comme pour l’équipe de Rugby, il faut ajouter le coût de la réfection du stade (pages 30 et 161 du rapport de la CRC). Le 17 décembre 2015, le conseil communautaire approuvait cet investissement, la construction d’une tribune, d’un parking et divers aménagements pour un coût prévisionnel estimé à 1,9 M€ HT puis cette dépense, au final, s’est élevée à 3.946.056€ HT soit 4.748.263€TTC. Une augmentation de plus du double. Une paille ! La Chambre régionale des comptes dit d’ailleurs que cette hausse reste inexpliquée.
Il est bien brave le contribuable, surtout qu’on ne lui demande pas son avis pour engager ces dépenses. Mêmes les conseillers communautaires se font berner dans la mesure où les dépassements des budgets prévisionnels sont énormes. Le rapport de la Chambre régional des comptes de la Nouvelle-Aquitaine apporte un éclairage sur des dépenses restées très discrètes jusqu’à maintenant.
Pau, le 8 février 2021
par Joël Braud
* Rapport de la Chambre régionale des comptes de la Nouvelle Aquitaine : Communauté d’agglomération de Pau-Béarn-Pyrénées – Pau (Pyrénées-Atlantiques)
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/communaute-dagglomeration-de-pau-bearn-pyrenees-pau-pyrenees-atlantiques
Quelques réflexions par rapport aux orientations sur les investissements, subventions octroyées généreusement et un peu de gabegie (?) sur le dos des contribuables palois… :
Humble avis en guise de rappel : je reste dubitatif sur certains projets et investissements à Pau (Projet de centre-ville et financement clubs sportifs professionnels pour entre autres raisons, améliorer la notoriété de Pau, et ce, lorsque les résultats sportifs sont au rendez-vous !), mais surtout sur les subventions accordées ci et là, par notre Maire qui devrait, sauf exception, accorder des prêts, plutôt que des subventions, options plus respectueuses des contribuables palois !
Sport à Pau : le montant des subventions (Participation de la municipalité), au financement des grands clubs sportifs professionnels dont certains emploient des mercenaires bien payés (…) ainsi que les sommes allouées à l’amélioration ou la construction d’infrastructures sportives et ce, outre les subventions du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et la communauté d’Agglomération Pau-Béarn Pyrénées, destinées à financer une partie des travaux (Ex : stade du Hameau), me semble sinon contestable, au minimum discutable…
Sport et élections municipales : difficile de ne pas essayer de satisfaire de potentiels électeurs pour un candidat ou un maire candidat à sa réélection…
Rappels (bis, ter repetita, etc) :
1) Peut-être ou… probable ? : et pendant ce temps là…., des suppressions et/ou baisse de subventions (Décisions justifiées ou non) accordées à des associations dans le secteur social ou culturel ?!?
2) Sûrement et très probable pour les années à venir… : et pendant ce temps là…., les taxes foncières continuent d’augmenter à Pau, depuis 2014 et vont, hélas, continuer d’augmenter !!!
Sauf erreur de ma part, je n’ai guère entendu la soi-disant opposition sur ces sujets : manque de réactions de l’opposition dans le conseil municipal ? = « Une démocratie endormie pour une ville apaisée» !
D’ailleurs et à ce propos, lire ou relire l’article ci-après, qui résume, outre l’attractivité toute relative de la ville de Pau, les répercussions pour les contribuables palois de… l’évolution des impôts locaux :
« Pau en chiffres » (Site web « Alternatives Pyrénées » : par Joël Braud, publié le 3 février 2020)
Chapeau de l’article : « Élections municipales obligent, paraissent ces derniers temps des chiffres sur la gestion des villes. Intéressons-nous à ce qui est publié pour la ville de Pau. Après tout, ces données, mêmes si elles doivent être regardées avec objectivité, répondent au souci d’informer l’électeur parce que ce dernier ne doit pas se contenter d’autosatisfaction ni même de critiques systématiques. »
URL : https://alternatives-pyrenees.com/2020/02/03/pau-en-chiffres/
Personnellement, peu m’importe, le devenir de la Section Paloise, de l’Elan Béarnais et du FC Pau : ayant habité à Paris intra-muros pendant près de 35 ans, je n’ai plus mis les pieds sur un terrain de sport ou une enceinte sportive depuis… le siècle dernier.
Il serait intéressant de connaître le nombre de personnes qui, en période hors pandémie, vont régulièrement sur des stades pour voir les équipes phares du sport à Pau : 10 000, 15 000, 20 000 personnes par rapport aux nombre d’habitants de Pau et son agglomération ?
Rappels, car les articles ci-après, même incisifs ainsi que les commentaires, soulèvent quelques questions… :
① Article : « Henri Bayrou roi du Béarn » (Site web « Alternatives Pyrénées » : par Daniel Sango, publié le 19 février 2018)
Chapeau de l’article : « L’article « Anesthésie Générale » pose un problème récurrent à Pau et au Béarn en général : l’absence de débat politique. Pourquoi ? »
URL : https://alternatives-pyrenees.com/2018/02/19/henri-bayrou-roi-du-bearn/
② Article : « André Bayrou Maire de Pau » (Site web « Alternatives Pyrénées » : par Daniel Sango, publié le 5 janvier 2015)
Chapeau de l’article : « Décidément Pau est dans le Top 14… des investissements inutiles. André Bayrou est bien l’héritier de Labarrère. »
URL : http://alternatives-pyrenees.com/2015/01/05/andre-bayrou-maire-de-pau/
③ Article : « Incompétence générale ? » (Site web « Alternatives Pyrénées » : par Daniel Sango, publié le 18 mai 2015)
Chapeau de l’article : « Alors que l’équilibre financier du Conseil Départemental et de la Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées sont au plus mal, François poursuit sa politique d’investissements digne d’André. Incompétence générale ? »
URL : https://alternatives-pyrenees.com/2015/05/18/incompetence-generale/
« As usual : » : à suivre… 😉 😉 😉
Vôtre article démontre qu’ au delà d’ un certain seuil l’ impact de l’ argent est néfaste au sport. Quand une équipe sportive devient une vitrine politico-économique au service d’ intérêts qui ne sont plus sportifs la motivation des joueurs passe au second plan. Lorsque ce seuil est franchi injecter de plus en plus d’ argent n’ est pas une réponse raisonnable, si ce n’ est une fuite en avant. Dans ce cas là la seule solution est une remise à plat totale du problème.
Au travers de cet énorme système financier se pose aussi le problème de la survivance des petits clubs locaux qui eux peinent d’ autant à maintenir la tête hors de l’ eau, mais qui pourtant sont la réserve naturelle des recrutements des grands clubs. Il serait souhaitable qu’au delà d’ un certain seuil de financement « les grands clubs »
reversent une partie de leurs recette publicitaire aux » petits clubs » qui sont l’ âme du sport. C’ est peut être le cas, je ne sais. Peut être aussi que les grands clubs pourraient tutorer des petits clubs, afin de leur faire profiter de leur
expérience. L’ esprit sportif ne se peut concevoir dans une démarche uniquement professionnelle et financière. Un club de sport ne peut être une entreprise industrielle, ce que certain ont cru et voulu faire .
C’est un peu cela mais plutôt le fait que lorsqu’on investit de l’argent dans une entreprise on est en droit d’en attendre des résultats. Les équipes sportives de Pau coûtent cher au contribuable et sont en bas des tableaux des championnats auxquels chacune participe.
Mais vous avez entièrement raison de souligner que les équipes sportives deviennent des vitrines politico-économiques au service de ceux qui sont en recherche de notoriété.
On peut en effet, comme le fait Pierre-Michel Vidal, considérer que les activités sportives donnent du bonheur aux gens, mais dans le même temps les dépenses qu’elles entraînent doivent rester mesurées et ne pas se situer dans les dépenses prioritaires comme je le dénonce. Il y a plus urgent, dans le domaine social par exemple. La lecture du rapport de la Chambre régionale des comptes de la Nouvelle Aquitaine sur la CAPBP fait ressortir que depuis 2014, la dette a progressé de 49%.
Eh oui les impôts sont toujours pénibles à payer ! Surtout quand les dépenses qu’ils permettent sont contestables.
Le sport palois n’est pas en deuil: il a seulement de mauvais résultats ce qui est la dure incertitude de la vie. Il coûte cher c’est vrai mais il rapporte aussi en terme de notoriété et fait partie de l’animation d’une ville moyenne. Que serions nous sans la Section ? Le Pau FC ? ou l’Elan Béarnais ? L’homme ne vit pas que pain il lui faut aussi des jeux.
La question se pose plus généralement de l’avenir du sport professionnel (et particulièrement du rugby, sport de contact) dans le contexte sanitaire: A-t-il un avenir en tant que spectacle de masse? Peut-être si on considère que demain sera comme hier. Non si on pense que le risque sanitaire deviendra permanent et que l’on devra éviter les rassemblements. Est-il d’ailleurs raisonnable de prévoir des Jeux Olympiques à Paris et d’en faire la promotion? Ne vaut-il pas mieux éviter un rassemblement de cette envergure qui sera porteur de risques sanitaires immenses?
Où ai-je écrit que le sport palois était en deuil ? Il est en berne, il y a là une différence d’importance. Mais peu importe. Celui qui est en deuil c’est le contribuable. Il est pressé comme un citron et appartient à ces villes de France dont les contribuables sont le plus fortement imposés. En retour de ce très lourd investissement il espère que les équipes soient à la hauteur. Ce n’est pas le cas à Pau, ces trois équipes sont en passe de descendre. La notoriété que le sport est censé apporter à la ville, met en valeur une certaine catégorie d’élus soucieux d’avoir une image. Ils l’obtiennent c’est vrai par les équipes de niveau national. Je vous avoue très humblement que le jour où la Section, l’Elan et le Pau FC auront disparu, je ne porterai pas le deuil (puisque vous tenez à ce mot). Bien au contraire je verrai là l’occasion de diminuer les impôts. Maintenant c’est vrai le sport local permet aux quotidiens de remplir une page ou plusieurs.
En berne oui et pas en deuil, avez-vous écrit ! C’est vrai, il y a une différence. Bien que les drapeaux en berne soient le symbole du deuil.
Je tiens, comme beaucoup de palois, à la Section, au Pau FC et à l’Elan et d’ailleurs aussi à l’hippodrome qui font beaucoup pour l’économie et l’image de Pau. Ce sont des spectacles populaires qui donnent du bonheur aux gens; comme le fera aussi le cinéma avec le nouveau Mélies. Donner du bonheur aux gens ça n’a pas de prix, cela mérite un effort financier, c’est cela qui fait une ville attrayante et agréable. J’ajouterai que cela touche en priorité les jeunes générations. Les impôts sont toujours pénibles à payer mais ils peuvent être utiles.
Par ailleurs et c’est cela l’essentiel de ma contribution, il faut se poser la question de l’avenir du sport professionnel après cette crise sanitaire.