Santé, environnement, économie : une trilogie écosystémique complexe.

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La chienlit qui caractérise le monde actuel est le constat, une fois de plus, qu’on ne veut pas considérer, et surtout réfléchir, sur le fait que, dans «l’univers impitoyable», tout se tient, tout s’échange, tout se transforme en interagissant.

La politique internationale, suivie par nos gouvernements «godillots», considère que les trois piliers de notre destin doivent être abordés séparément. La preuve se trouve au sein même des gouvernements où les ministères sont indépendants et le plus souvent concurrents.

Ministère de la Transition écologique ;

Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance ;

Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports ;

Ministère des Solidarités et de la Santé ;

Ministère de la Mer ;

Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Aucune volonté de globalisation et de coordination des problèmes alors, qu’en fait, la réalisation d’une stabilité viable pour l’homme est la gestion équilibrée de trois domaines qu’on devrait réunir dans un même grand ministère :

* Environnement : climat, catastrophes naturelles, pollution, alimentation, agriculture, éducation, mer…

* Santé physique, physiologique, psychologique, immunologique, sociologique… travail, sécurité… harcèlement, violences…

* Economie: fonctionnelle et spéculative.

Les combats idéologiques actuels illustrent parfaitement cette totale ignorance de la complexité et donc des mesures sensées à prendre.

Ainsi, par exemple, Emanuel Todd, Comte-Sponville, rejoignent d’autres voix, dont celle du journaliste Christophe Barbier qui, dès février et dernièrement à l’émission C dans l’air, lançait en ces termes la question : «Jusqu’où pour protéger la population on prend le risque d’une crise économique […] mais à un moment donné pour sauver quelques vies de personnes très âgées, on va mettre au chômage quelques milliers de gens ?»

«Mais la vie n’a pas de prix», répartit la journaliste Adeline François.

Réponse de C. Barbier : «Et bah voilà ! La vie n’a pas de prix, mais elle a un coût pour l’économie. Et cet arbitrage là, dans l’ombre, dans la pénombre des cabinets ministériels, il faut bien à un moment donné l’envisager…

La vie n’a pas de prix, mais elle a un coût pour l’économie !!!!

Il n’a rien compris ; sans vie il n’y aurait pas d’économie ; c’est l’ensemble de toutes les exigences vitales qui font marcher l’économie ;

ce n’est pas un coût c’est au contraire un profit !

Ajoutons quelques remarques :

* Une société civilisée moderne n’est digne de ce nom que si elle préserve la tradition du respect et de la protection des aînés, estime Ban Ki-moon.

* À partir de constats connus et quasi inchangés depuis 1998, le Comité consultatif national d’éthique rend un nouvel avis sur le vieillissement. Il entend manifestement bousculer notre société en dénonçant ses modèles dominants peu adaptés aux problématiques liées au grand âge et propose d’agir pour intégrer pleinement les personnes âgées dans notre société.

Une société tournée vers ses vieux, tel est l’avenir !

*«Une civilisation où les personnes âgées n’ont pas de place porte en elle le virus de la mort» 4 mars 2015, audience générale du pape François.

* Une publication me semble intéressante car elle montre la relativité des conceptions :

La vie n’a pas de prix

https://www.franceculture.fr › Émissions › La Transition

«Au printemps dernier, le magazine Prospect faisait débattre Lucy Winkett, femme d’église, prêtresse anglicane, avec le philosophe australien Peter Singer. Leur dialogue est publié dans le recueil ‘’21 penseurs pour 2021’’, aux éditions Philosophie magazine.

Singer défend le principe de la primauté de la jeunesse sur la vieillesse. Winkett lui répond ceci : « si nous avions cette discussion à un autre moment de l’histoire, nous pourrions être en train de débattre de l’intérêt relatif qu’il y aurait à sauver des gens en fonction de leur couleur de peau ou de leur genre’’. La couleur, le genre, voilà bien des critères objectifs auxquels il nous paraitrait impensable de recourir aujourd’hui.

L’eugénisme n’est pas loin !

Et si malgré tout le critère d’âge doit être retenu, alors,

pourquoi ne pas soutenir le fait que la survie d’un individu dépend de ce qu’il a déjà réalisé et non pas de ses potentialités.

De ce point de vue, une personne plus âgée serait favorisée en raison de la sagesse accumulée…sagesse grandement nécessaire pour permettre à une société de traverser une crise»

* Le marché des seniors, un secteur en perpétuelle évolution

https://tousentandem.com › marche-seniors-en-perpetue…

Selon les chiffres du Ministère des Solidarités et de la Santé, en France, plus de 15 millions de personnes sont âgées de plus de 60 ans et le chiffre devrait grimper à plus de 20 millions en 2030. Le marché des seniors, ou «Silver économie», a fortement évolué ces dernières décennies et ne va pas cesser de se transformer. Les plus de 50 ans représentent désormais plus de 50 % des dépenses d’alimentation, d’équipements, de loisirs et près de 60 % des dépenses de santé. Les acteurs se doivent d’imaginer de nouveaux produits et services pour répondre aux besoins de la population vieillissante. Globalement, on estime que les besoins et services liés aux personnes âgées devraient doubler d’ici à vingt ans ; et que 250 000 emplois pourraient être créés, au cours de la prochaine décennie, dans les métiers de la dépendance: aides-ménagères, aides à domicile, auxiliaires de vie…

* Il faut prendre aussi conscience que les personnes âgées sont en interrelations et interactions constantes, dans les deux sens, avec le climat, l’environnement, la santé et l’économie; elles font partie intégrante de l’écosystème et participent à son équilibre.

Un autre sujet, lié au premier, a dernièrement été abordé à C dans l’air : « le choc des générations » dans la gestion de la pandémie et le remboursement de la dette.

Il n’y a pas un choc de générations, c’est une opposition artificielle construite, un raisonnement linéaire dont on définit à l’avance le départ et l’arrivée. Non, il n’y a pas de liens entre la vie des personnes âgées, le chômage des jeunes, la pandémie et la «catastrophe économique» ; le chômage en général, l’économie défaillante, les inégalités, ont bien d’autres raisons à chercher dans la politique libérale ; le baudet n’est pas coûteux, il sert seulement de bouc émissaire à une politique qui a intérêt à le mettre en avant.

Le «Qui va payer ?» permet de proposer une solution très libérale, c’est-à-dire qui consiste à faire payer les petits car ils sont nombreux, faciles à contraindre, et d’oublier les gros souvent inaccessibles, donc d’augmenter encore plus les inégalités.

Conscient que l’augmentation des impôts est un sujet tabou et n’est pas dans l’air du temps, on contourne la problème en évoquant, ce qui revient au même, une taxe de solidarité pendant quelques années qui serait payée par ceux qui ont touché intégralement salaires et pensions durant la pandémie ; il s’agirait des retraités, des fonctionnaires et de certains salariés du privé en télétravail.

Ces sommes seraient reversées à ceux qui ont perdu du pouvoir d’achat, aux jeunes ne trouvant plus de petits boulots, aux commerçants, peut-être aux entreprises du tourisme, de l’aéronautique, des transports aériens… ou autres industries polluantes…

On ne parle pas des dividendes versés aux actionnaires : Sanofi 3,9 milliards, Axa (3,16 milliards), L’Oréal (2,4 milliards), Total, Vivendi, Hermès…

La fortune des milliardaires dans le monde a atteint la somme inédite de 10.200 milliards de dollars durant la crise sanitaire, a constaté un rapport de la banque UBS et du cabinet de conseil PwC, publié mercredi 7 octobre. Ne parlons pas des Gafam, de la grande distribution, des labo pharmaceutiques… !

«En France les plus fortunés ont «gagné» quelques 175 milliards d’euros entre le 18 mars et le 31 décembre 2020; leur richesse a dépassé celle d’avant la crise» J-Cl Guillebaud.

Alors, NON, pas d’accord pour cette taxe qui ne touche pas les profiteurs de la crise mais ceux qui ont déjà donné !

Quels sont d’ailleurs ceux qui seraient taxés ?

* Ceux qui ont travaillé et qui ont eu une rémunération, je ne vois pas en quoi cela serait injuste et immoral donc, surtout si l’on évoque ce qu’ils ont fait..

* Les fonctionnaires qui ont touché leur salaire intégralement sont ceux qui ont fait face aux risques, certains l’ayant payé cher en participant, d’une manière ou d’une autre, à la lutte contre la pandémie, à la protection des citoyens, à la marche de l’économie, à l’instruction des jeunes ; citons tout les personnels de santé, des grands chefs de service aux soignants, infirmiers… balayeurs, les caissières de supermarchés, les facteurs, les éboueurs… tous les policiers, les surveillants de prisons, les enseignants..

C’est pour eux la double peine, celle d’avoir payé de leur personne et maintenant de voir amputer leur pouvoir d’achat.

* Les retraités ont participé bénévolement dans des associations, des services communaux, pour aider ceux en grosse difficulté ; leur pension a déjà été amputée par les hausses des prélèvements sociaux, par les aides qu’ils ont fournies à leurs enfants… Combien de grands-parents ont dû accueillir leur progéniture adulte, sans logement, sans emploi, au milieu familial éclaté…

On considère que la solidarité et le bénévolat ne sont possibles que par ceux qui ont les moyens, ils doivent donc être taxés !

* Parmi ceux qui ont touché régulièrement un salaire et qui rentrent donc dans la catégorie stigmatisée, on peut citer aussi les aides à domicile et le personnel des Ehpads ; ils n’ont donc pas encore assez donné !

Vouloir, comme c’est le cas, relancer la croissance le plus rapidement et le plus vigoureusement possible, c’est intensifier la pollution, la hausse climatique, la chute de la biodiversité, l’apparition, la diffusion, les mutations de nouveaux virus…donc de nouvelles catastrophes écologiques, sanitaires et économiques !

La trilogie écosystémique est encore démontrée !

Reste le problème de la dette ; laquelle d’ailleurs ?

La dette publique intérieure, extérieure, privée bien supérieure, «explicite», «implicite», brute ….écologique ?

«Un État ne rembourse jamais sa dette, il fait courir sa dette. Tous les États modernes font ça. Pour rembourser ses intérêts, qui sont faibles, l’an dernier, la France a emprunté encore plus. Ce qui est important, c’est la soutenabilité. À la différence d’un particulier, l’État n’est pas mortel. Il faut ni l’annuler ni réduire les dépenses.» Christophe Ramaux, membre des Économistes atterrés.

Signé Georges Vallet

crédits photos:Pourquoi certains sont-ils plus capables de gérer la complexité que… – Influencia

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