Le sourire d’un enfant a-t-il un prix ?
Non, il n’a pas de prix s’il sourit à ses parents ou à ses proches mais il a de la valeur.
Oui, s’il sourit en recevant de ses parents un de ces milliers de jouets fabriqués en Chine ou ailleurs, à obsolescence programmée parfois dangereuse, achetés très cher dans des commerces en France, qui, eux, s’enrichissent.
« Le prix est ce que vous payez, la valeur est ce que vous obtenez. » – Warren Buffet
Dernièrement, je soulevais le problème de la grande ambiguïté portée par certains mots utilisés par des gens pas toujours objectifs ou bien intentionnés. Cela devient une affaire d’Etat ; on se dispute, on s’insulte, on se bat même, en créant des mots nouveaux ou en utilisant des mots anciens dont on n’intègre pas la même signification.
Une lecture récente(*) vient corroborer ce danger. Elle porte sur deux mots:
valeur et richesse.
Elle montre que la captation des mots par l’économie conduit à l’aberration.
“Ello exige el valor de tomar las decisiones necesarias.” Ceci impose d’avoir le courage de prendre les décisions nécessaires.
Valor désigne la force de vie dans toutes les langues latines, et il a donné naissance à de nombreux mots dérivés comme le courage dans la langue espagnole.
On parlait des valeurs humaines, notamment le respect, l’acceptation, la considération, l’accueil, l’ouverture, l’entraide, la réciprocité, la solidarité, l’écoute, la bienveillance, l’empathie, la fraternité, l’affection et l’amour envers d’autres êtres humains, l’honneur…
“La valeur d’un homme ne se mesure pas à son argent, son statut ou ses possessions. Elle réside dans sa personnalité, sa sagesse, sa créativité, son courage, son indépendance et sa maturité”. Mark W.B. Brinton.
Maintenant,
“La valeur comme force de vie a subi une réduction et une captation par la seule dimension économique de la valeur, puis une autre réduction et une captation à l’intérieur de l’économie même, quand elle sert à désigner la création de valeur par les actionnaires”
L’eau, par exemple n’a commencé à prendre de la valeur économique qu’à partir du moment où les effets de sa pollution exigeaient de construire des usines d’assainissement ou de vendre de l’eau minérale en bouteille.
Les flux économiques marchands comptabilisaient l’eau dans le PIB.
A partir du moment où la valeur se définit par le couple rareté-chèreté, tout bien, fût-il nécessaire ou vital, s’il est abondant et gratuit, est considéré comme sans valeur.
C’est comme cela qu’on a envisagé l’environnement naturel, depuis l’ère industrielle, et on continue !
“Le défi écologique n’est pas visible à travers le PIB et fonctionne même en sens inverse.”
Université : «ce qui est gratuit n’a pas de valeur», c’est le slogan de Mme Pécresse qui veut justifier l’idée libérale “qu’il ne saurait y avoir de repas gratuit”.
« There is no such thing as a free lunch«
Elle visait la gratuité de l’école publique, la gratuité de la santé, la gratuité de l’accès à l’administration, la gratuité de la justice, la gratuité de la police et de l’armée, etc. Tout cela est « gratuit », dans le sens où il n’est pas nécessaire de sortir sa carte bleue avant d’être pris en charge par les pompiers.
C’est de la “pédagogie politique” car tout le monde sait bien que cela a un coût. Ce coût est pris en charge par la collectivité et chacun, à sa mesure, doit contribuer au financement de ces services pour que tout le monde puisse en bénéficier.
Les élections sont gratuites. Doit-on en conclure que leur résultat n’a pas de valeur ?
”C’est un véritable coup d’Etat sémantique qui nous éloigne complètement de la question de valeur comme force de vie.”
Il faut aussi se réapproprier démocratiquement et sémantiquement le mot richesse «dont la racine reich (riche) renvoie à la puissance créatrice».
Une des caractéristiques de l’espèce humaine est la très grande richesse que lui confère son fonctionnement cérébral exceptionnel : sym-pathie, empathie, partage, générosité, compassion,…
«Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences». Françoise Dolto.
Certains ajoutent le savoir, la culture…
Là aussi, la captation par l’économie nous a amenés à effacer ce contenu qualitatif spécifique au profit de chiffres sans âme.
Ce qu’on appelle richesse aujourd’hui est mesuré par un indicateur majeur qui est le PIB.
Robert Kennedy a écrit, peu de temps avant sa mort :
«le PIB mesure à peu près tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue.»
“Les exemples ne manquent pas, de la vache folle à l’Erika, de l’amiante aux accidents de la route, des conséquences des tempêtes à la crise des carburants de l’automne 2000, il y a toujours un élément commun que l’on oublie curieusement de rappeler :
ces catastrophes sont des bénédictions pour notre Produit Intérieur Brut ;
ce chiffre magique dont la progression s’exprime par un mot qui résume à lui seul la grande ambition de nos sociétés, matériellement développées, et éthiquement sous développées : LA CROISSANCE !
Français, consolez-vous, les prévisions gouvernementales chiffrent la croissance en 2021 (cette année) à 6%. Comme on peut faire confiance à l’autorité qui nous dirige (au moins pendant quelques heures !), la France est sur la bonne voie !
Croissance économique = plus de destructions = plus de PIB !
Les centaines de milliards que coûtent à la collectivité ces destructions provoquées par l’homme (pollutions, maladies, pandémies) et environnementales (tempêtes, inondations…) ne sont pas comptabilisées comme des destructions mais comme des apports de richesse dans la mesure où elles génèrent des activités économiques exprimées en monnaie.
Les 120 milliards de coûts directs des accidents de la route (qui en génèrent le triple en coûts indirects), contribuent à la croissance de notre produit intérieur brut.»
«A supposer que nous n’ayons aucun accident matériel ou corporel, ni morts ni blessés sur les routes de France l’année prochaine, notre PIB baisserait de manière significative, la France perdrait une ou plusieurs places dans le classement des puissances économiques et l’on verrait nombre d’économistes nous annoncer d’un ton grave que la crise est de retour.» Et la situation serait pire si disparaissait également de ces étonnantes additions une part des 170 milliards induits par les effets sur la santé de la pollution atmosphérique, les quelques centaines de milliards générés par les destructions liées aux tempêtes,
«et d’une manière générale tout le plomb des destructions sanitaires, sociales ou environnementales qui ont cette vertu de se changer en or par l’alchimie singulière de nos systèmes de comptabilité.»
Dans le même temps, toutes les activités bénévoles qui, grâce en particulier aux associations loi 1901, ont permis d’éviter ou de limiter une partie des effets de ces catastrophes, par exemple en allant nettoyer les plages polluées, en aidant gratuitement des handicapés, en s’investissant dans les restos du cœur… ont contribué à faire baisser le produit intérieur brut en développant des activités bénévoles plutôt que rémunérées. Elles sont traitées, comptablement, non comme des productrices de richesses sociales mais comme des « ponctionneuses de richesses économiques ». Notre société, malgré les déclarations de principe, facilite beaucoup plus le « lucra-volat », la volonté lucrative, que le bénévolat.
«Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi»
Il ne faut pas s’attendre à un changement de politique environnementale. Les dirigeants sont des hypocrites qui masquent leur détermination en démarches (convention citoyenne), en propos (« Personne n’a autant fait que nous depuis trois ans, personne ! lance le chef de l’État.) ; les ministres de l’environnement, de la droite comme de la gauche traditionnelle, sont des marionnettes au service d’une politique qui ne connaît que la croissance de la richesse économique dont la solution n’est pas dans la transition écologique mais bien l’inverse, c’est-à-dire dans de facilité qui consiste à favoriser le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, les maladies, les pandémies les inondations, la montée de la mer… car plus il y a de destructions plus il faut reconstruire.
Alors ne nous étonnons pas des très « petits pas » car l’écologie ça…. .
Signé Georges Vallet
crédits photos: Détruire la nature, c’est bon pour le PIB ? – Chroniques de l’Anthropocène
* Patrick Viveret, philosophe, ancien conseiller à la Cour des Comptes et E.Morin.
Université : « ce qui est gratuit n’a pas de valeur » – AgoraVox …
www.agoravox.fr › tribune-libre › article › universite-c…
Le sourire, la gentillesse, la solidarité, l’humanisme, la compassion l’empathie, tout cela n’a pas de prix et tout cela est le propre de l’Homme
La « valeur travail » qui avait fait florès lors de la campagne des présidentielles de 2007 de M. Sarkozy est actuellement reprise en vue de l’élection de 2022 par M. Bertrand.
Il me semble que le travail ne doit pas être dissocié de l’emploi.
Et la crise frappe d’abord les plus faibles.
Cela me ramène à ma « campagne » où, traditionnellement, trois catégories cohabitent : Les « vaillants » qui savent se prendre à tout, les « privilégiés » qui ont un emploi et les « fainéants ».
1°) «Il me semble que le travail ne doit pas être dissocié de l’emploi.»
C’est bien mon avis aussi; il y a des milliers de personnes qui cherchent un emploi et qui ne trouvent pas de travail.
Je vois plusieurs raisons à cela:
*Énormes difficultés pour rentrer en relation avec un employeur potentiel. Pôle emploi????
Il ne suffit pas de traverser la rue comme l’affirmait «intelligemment» notre Président, sauf si c’est pour ramasser des crottes de chien!
*Évolution de la spécificité des besoins qui déprécie rapidement un employé spécialisé dans un domaine. (nécessité de développer de plus en plus les formations.)
*difficulté d’associer un bassin d’emplois et une vie familiale stable avec des enfants entre autres. Association d’autant plus difficile que l’emploi proposé est souvent un emploi précaire ou de durée très incertaine.
*Faire un choix entre le revenu proposé et les dépenses directes et indirectes occasionnées par le transport pour s’y rendre.
Devrait-on considérer que l’avenir de la société et de l’emploi passe par l’éclatement du couple, la disparition de la propriété de son domicile, des enfants écartelés, une chute de la natalité du fait qu’il faut privilégier son gagne pain.
2°)*«Les « vaillants » qui savent se prendre à tout,»
Valable pour les emplois de base mais très difficile et peu souhaitable pour des emplois de qualification. Si je vois un routier devenir conducteur de machines de chantier ou agricole, je vois mal un employé de banque devenir médecin, infirmier… alors que c’est un bassin d’emplois urgents et peu payés donc économiques pour l’État !
* «les « privilégiés » qui ont un emploi»
Je ne partage absolument pas cette expression. Celui qui a un emploi n’est pas privilégié, c’est celui qui n’en a pas qui est un abandonné par la République. Vivre n’est pas un privilège, ne pas pouvoir vivre est inhumain.
*et les « fainéants »
Parlez-vous de ceux qui font la queue au resto du cœur!
Il y a des fainéants, c’est vrai; parmi eux il y a ceux qui sont handicapés, malades… (séquelles du covid, obèses, cardiaques, cancers.. psychopathologies surtout ..) Avant de condamner il faut chercher les causes et peut-être les soigner. La médecine de l’esprit est une espèce en péril!
Où placez-vous ces entrepreneurs, dans le bâtiment, l’agriculture, la restauration…qui emploient et exploitent des étrangers(ou pas) non déclarés en leur donnant des salaires de misère?
des vaillants, des privilégiés ou des fainéants?
Où placez-vous les actionnaires, ceux qui officient dans les paradis fiscaux, l’ensemble de la population, et ils sont nombreux, qui font vivre des familles, des quartiers même, en faisant le trafic de drogue?
Des vaillants, travailleurs privilégiés, fainéants? Un fait est certain, ils coûtent cher aux finances publiques, plus sans doute que les «fainéants réels».
3)«Je pense que les économies ainsi que nos sociétés peuvent évoluer en prenant en compte l’écologie et la santé par exemple.»
Moi aussi mais pas à condition de changer de paradigme sociétal et environnemental.
4°*«La création de valeur pour les actionnaires et pour l’entreprise, la productivité et la croissance sont -elles incompatibles avec cette évolution? Je n’en suis pas sûr.»
Moi je le crois car il n’est pas possible de produire éternellement plus, de consommer plus et mal, de détruire plus, de polluer plus, de stresser plus …et de rester en bonne santé tout en faisant disparaître la biodiversité, source de notre sécurité alimentaire, et apparaître toutes les pandémies végétales, animales, humaines, par exemple.
*«Le problème ne serait-il pas la sphère financière et sa recherche de taux de rendement trop élevés ?»
C’est sans doute une raison mais elle s’intègre dans le jeu logique et voulu par la politique économique institutionnelle.
Je pense que les économies ainsi que nos sociétés peuvent évoluer en prenant en compte l’écologie et la santé par exemple.
La création de valeur pour les actionnaires et pour l’entreprise, la productivité et la croissance sont -elles incompatibles avec cette évolution? Je n’en suis pas sûr.
Le problème ne serait-il pas la sphère financière et sa recherche de taux de rendement trop élevés ?